Joseph Nothing – Shambhala Number Two & Three

Posted in Chroniques on April 21st, 2010 by Dat'


You’re in the painting you saw





Joseph Nothing ne m’est pas inconnu, tout en n’ayant jamais eu l’occasion de plonger dans ses disques. Tatsuda Yoshida est un des seuls (le seul ?) Japonais a avoir été signé sur Planet-Mu, et les aficionados du label anglais se souviennent peut être très bel artwork ornant son Dreamland Idle Orchestra sorti en 2001. Mais depuis presque 9 ans, et deux albums sur sur Mu, plus vraiment de nouvelles. Bref, je loupe le coche, ses disques édités par Paradinas deviennent trop rares, et l’on oublie. Étonnamment, j’ai par contre pas mal écouté son autre projet Rom=Pari, sans savoir que le même homme en tirait les ficelles.

Bref, ce japonais passé maitre dans la déconstruction de musique classique, le charcutage de samples et l’échafaudage de fresques electronica à faire bander les morts (paraît-il ) avait sorti un album il y a trois ans, Shambhala Number One, disponible qu’au japon, mais faisant frissonner la toile, les amateurs du japonais étant conséquents après ses galettes livrées sur Mu. Bon perso, je suis toujours dans les choux, jusqu’au mois dernier en fait, où l’on m’a fortement conseillé de jeter un oeil au bonhomme, un nouvel album étant sur les rails, le bien nommé Shambhala Number Two & Three.













Bon alors, attention l’hallucination, mark my words, je ne me souviens pas d’avoir vu un packaging de la sorte. Il faut savoir que le disque est double, et que derrière cet artwork qui fleur bon le chanvre ne se cache pas un groupe de rock japonais psychédélique à la Boredoms, mais bien un type balançant de l’electronica étherée. (En passant, pour rendre la drogue inutile dans le monde entier : Faire une fresque avec les covers les plus flinguées du rock psyché jap. Effet garanti)
Bref, apres avoir enlevé le fourreau de luxe, on ne peut que laisser échapper des “Oooh” et des “aaaah”, car le digipack se déplie de tous les cotés, comme un origami en pleine puberté, laissant découvir deux disques bien facétieux, et pleins de couleurs. Bref, cela ne sert à rien, c’est même presque embêtant si l’on est du genre gros bourrin ouvrant ses disques en poussant des cris gutturaux (ça existe), mais ça reste drôlement cool.

Deux disques, car Joseph Nothing nous sert un album en deux volumes, ou plutôt deux albums bien différents, aux atmosphères complètement opposées. Et autant l’avouer tout de suite, si le disque “Number Three” tend clairement vers la collection de beat gonflante, le “Number Two” risque lui de marquer dur les tympans d’amateurs de musique délicate violentée par de méchants rythmes volubiles.








En écoutant le premier titre, Xembala on peut aisément deviner ce que Joseph Nothing aime torturer : cordes et samples de musique classique, violons chialant en boucle, mélodie lacrymale et/ou candide, littéralement défoncée par des rythmes pachydermiques. Ces derniers, qu’ils soient issus d’une rythme-box ou d’une batterie samplée puis re-séquencée, sont toujours ronds, pas forcement violents, mais ultra appuyés et balancés en mode breakbeat. Bref, le concerto mélancolique s’en prend plein la gueule, martyrisé par un batteur fou, le tout zébré de scratchs épileptiques et autres bizarreries vocales saturées. La mélodie de base s’envolera vite dans les nuages à l’aide d’un synthé secondant parfaitement les cordes. On le sait, on le devine, on vient de plonger dans un disque faisant côtoyer beauté/chaos, un schéma qui, quand il est bien exécuté, peut accoucher de vrais bijoux.
A dire vrai, la musique de Joseph Nothing, sur ce Shambhala number two, se construit quasi-exclusivement sur ce postulat de départ : Je prends un sample déballant une mélodie drôlement belle, et je la défonce comme un enfoiré. Et si, ici, la maitrise rythmique est clairement indiscutable, c’est dans le choix des samples composant le squelette des morceaux que le Japonais se démarque.

Et dans ce petit jeu là, le plus marquant est surement The Roswell Incident. Apres une intro Drill’n bass solo de batterie cocaïne, Joseph Nothing sample carrément My Bloody Valentine. Mur de guitare reconnaissable entre mille, litanie brumeuse, le japonais sort la grosse artillerie, et superpose le tout avec ses propres grésillements shoegaze, et surtout un rythme complètement taré, cavalcade folle furieuse, sublime à entendre. Le titre n’arrete pas de s’envoler, ça part dans tous les sens mais en même temps tu as envie de chialer tellement c’est beau. Tu as toujours revé d’entendre un morceau de “Shoegaze-Drill’n-break”, Joseph l’a fait. Sérieusement, à la première écoute, j’en étais bloqué dans le métro, à presque en louper ma station. Attention, cela reste très sobre dans les grandes lignes : Un rythme éxplosé / un mur de gratte shoegaze point barre. Faut pas s’attendre à du Goldie. Mais bordel, ne serait-ce que d’entendre le rythme ultra massif débouler juste après l’arrivé du sample, c’est à se chier dessus.

Autre petit éblouissement à l’écoute de Out Of Place Artifacts/Ley Lines, qui sample lui la superbe intro orchestrale du Manic Expressive Enter de Her Space Holiday (hasard, j’en ai parlé il y a mois). Ce choix peut d’ailleurs s’expliquer par le fait que Jospeh Nothing et Marc “Space Holiday” Bianchi ont formé un projet commun, The Heartbreak Moment (Je ne le savais pas non plus, on en apprend tous les jours. Mais mine de rien, savoir Jospeh Nothing et Her Space Holiday ensemble sur un disque, ça ne peut que me faire briller les pupilles). Bref, encore une fois, violons en cascade, enrichit de choeurs discrets, le tout démonté par une batterie syncopé et bugs informatiques crado-noisy. On se roule mentalement dans les herbes hautes, tout est normal.

Bref, la recette est déroulée sans accroc sur les deux tiers du disque, débouchant sur des morceaux superbes (Ahnenerbe, proche du breabeat noisy, avec avalanches de samples, mais toujours supplanté d’un violon à se damner), parfois plus calmes (Agharta/Pyramid/Oparts, très belle balade au tempo plus reposé) et très rarement, un peu moins pertinent (le moyen Nordisk Mitologi, abstract hiphop mutant graduellement vers un générique façon vieu film… Peut être le seul sample qui ne touche pas réellement sur le disque). On se prendra aussi un énorme coup dans la gueule avec Utsuro Bune et son beat ultra rond et puissant, tentant d’écraser choeurs élégiaques et cordes en mode larmichettes.








L’autre facette importante du disque Two, c’est quand le Japonais abandonne les violons pour partir sur quelque chose de plus électronique, plus aérien, se rattachant alors clairement à Boards Of Canada. L’intro de Yarlung Zangbo Grand Canyon semble même toute droit sorti d’un disque du mythique groupe anglais. Certe, le lien et la ressemblance est forte, mais le morceau s’en sort drôlement bien, partant sur des synthés retro planants, vraiment beaux et maitrisés. D’autant plus que notre musicien du jour semble être épris de rythmes concassés, et continue de saupoudrer ses errances synthétiques avec les mêmes cavalcades rythmique et quelques touches d’humour (ok, sur ce titre, le gars fait du breakbeat avec un… bébé ?!?). Sur sa conclusion, le morceau va partir dans une ascension typiquement BOC, mais superbement branlée. Un vrai petit diamant.

Même divagation apaisante avec A Journey Into The Hollow Earth, bien que plus arrachée que son confrère, le placide clavier se prenant une belle drum’n bass dans la gueule. Avec toutes ces belles réussîtes, on oubliera la seule faute de gout du disque, An Enormous Delta, une espèce de divagation indienne-breakbeat qui fais franchement tache au milieu du disque, même si le dernier tiers du morceau part dans un ambiant plutôt sympathique.

Ce Shambala Number Two se finira sur ce qui est le morceau le plus expérimental de la galette, The Entrance, amoncellement de bruissements métalliques, presque flippants, qui grattent dans les tympans. La profondeur sonore est impressionnante, on se croirait presque au milieu d’une cave, plongé dans le noir, avec un monstre enchainé qui tente de nous chopper les cuisses en grognant de frustration. Bon, le morceau n’aurait pas grand intérêt si une mélodie à s’arracher la colonne vertébrale tellement qu’elle est belle ne débarquait sans prevenir. Ce violon lancinant, loin de nous rassurer, sublime le coté “mise à mort” du morceau. On est piégé, dans les pattes d’une créature reniflant et secouant ses chaines, pendant qu’un violoniste nous accorde une dernière sérénade. Le tout finissant sur une longue échappée Noisy-Drone, histoire de bien te faire comprendre que tu vas te faire bouffer. Merci Joseph, on vient d’avoir le morceau parfait à passer en pleine nuit pour voir tout le monde se mettre à pleurer en cherchant hystériquement son doudou.

Bon, ça c’est pour le Shambhala Number Two. Pour ce qui est du Shambhala Number Three, deuxieme disque, on va aller très vite : C’est pas très folichon. Cela semble à un disque bonus plus qu’autre chose, dans les titres (Yap Pure Land part 1, part2, part 3 etc etc…) comme dans les sonorités. Attention, c’est pas mauvais, et même plutôt bien foutu, mais apres la foisonnance et la beauté du disque d’avant, cette galette “bonus” fait très aride, un peu collection de beat. Certains titres sont plaisant à écouter (Part02 notamment, abstract rêche mais entrainant, ou Part07, petit vignette ambiant-clochette) mais le reste est vraiment dans le genre “bon les ptits loups, je vous file des rythmiques, vous vous occuperez des synthés vous même, je n’ai pas que ça à foutre”.









Il est donc complètement logique d’axer sa conclusion sur le disque Shambala Number Two, superbe album d’elecronica-drill-décorticage de samples. A dire vrai, le Japonais semble bien être le premier cette année à m’avoir touché avec un disque du genre. J’avais presque peur d’avoir perdu la flamme, en faisant la moue devant des disques considérés par certains comme des futurs classiques. Mais nop, ce n’était qu’une pause, ce Shambala Number Two, avec ses violons écrasés par des rythmiques folles m’enchante, et me donne envie, enfin, de me replonger dans des territoires violemment accidentés.

Car la qualité du Japonais n’est pas de tout déconstruire en pilotage automatique, mais bien de choisir avec grande pertinence des boucles et mélodies sublimes, parfaites pour se faire dézinguer par une batterie en mode mitraillette. A quasiment chaque entame, on croirait entendre le sample de corde parfait pour la situation. Jamais larmoyant, jamais pompeux, jamais grandiloquent. C’est juste candido-mélancolique, tout en retenue, ça avance par petits pas, sans faire de vague, s’immisçant tranquillement dans votre cortex. Attention néanmoins pour ceux qui possèderait le Number One sorti il y a 3 ans, il paraît que le japonais y reprend quelques mélodies pour ce nouvel opus.

Certes, le tout reste assez frustre, point de cathédrale ici bas, on assiste souvent à une construction simple, avec boucle mélodique + rythmique. A dire vrai, j’ai même eu un peu de mal sur les premières écoutes, avant de basculer complètement dans le disque, jusqu’à en devenir dingue. Le bonhomme fait aussi parfois fortement penser à Boards Of Canada (flagrant sur Yarlung Zangbo Grand Canyon, ou les petits interludes) mais s’en sort toujours avec les honneurs. Et surtout évite le plagiat en matraquant drôlement ses litanies, sortant du carcan pépère façonné par duo anglais. D’autant plus que le japonais balance quelques titres presque cultes (Je ne me remettrais pas du The Roswell Incident). Je vais d’ailleurs vite me pencher sur ce qu’a fait le musicien auparavant.



Bref, sur ce Shambhala Number Two & Three, on laisse tomber la galette Three, vague bonus un peu inutile, pour se concentrer sur ce splendide album qu’est ce Shambhala Number Two, aux mélodies superbement choisies et souvent surplombées d’un métronome schizophrène. A écouter bien fort, ou au casque. Joseph Nothing n’hésite pas à nous planter là tête bien haut dans les nuages, pour mieux nous étriper le corps à coup de rythmiques.

Une belle réussite.











Joseph Nothing – Xembala











13 Titres + 8 Titres – Third Ear Records
Dat’








Fortune – Staring At The Ice Melt

Posted in Chroniques on April 16th, 2010 by Dat'


Sid & Cassie





L’histoire, on l’avait laissé à la séparation d’ AKA, qui après avoir annoncé un virage pop, se scinde finalement en deux entités, Tepr et Fortune. Ces Fortune donc, qui ont démarré sur la base d’un titre au départ siglé Abstrackt Keal Agram (Bully), qui met tout le monde d’accord, pour petit à petit envahir le net. Doucement, très doucement, on prenant bien son temps, histoire d’être sur d’avoir bien parasité les medias avant de lancer l?artillerie. Presque trop longtemps, puisqu’il y a bien 4/5 ans entre ce premier morceau, et cet album, Staring At The Ice Melt, que l’on attendait quasiment plus. Même si le groupe avait pris la peine de nous refiler un ou deux Ep jouissifs, comme l’indispensable Debut EP, qui s’était imprimé sur pas mal de tympans. (Le remix génial de Mission par M83, ou Shadow, et sa refonte en mode Da Hool par Tepr…)

Ce texte, c’est un peu la conclusion d’une trilogie d’articles non prévues à l’avance, guidée par les souvenirs, et commencée par une divagation sur un de mes disques cultes, Bad Thriller, puis un album sorti de nul part, extirpés des limbes Internet (autant dire de l’obscurité la plus totale) : Un mix disparu d’Abstrackt Keal Agram retrouvé dans les cartons de la radio Léfésonor… Snif, j’ai le coeur serré, on approche de la conclusion, je me sens aussi triste qu’après avoir lu le dernier bouquin de la série Twilight.













Etonnante pochette que cette compilation de photos écrasées, formant un arc en ciel arrangé par Akroe. Pas de lyrics dans le livret, mais on se consolera en admettant que l’accent français prononcé du chanteur aide un maximum à la compréhension.
Le premier album de Fortune allait s’exposer à deux problèmes majeurs : Premièrement, réussir à s’insérer, un peu en retard, dans une mouvance en train d’exploser ces temps ci en France : L’electro-pop-rock dominé par Phoenix, et ramoné par tout un tas de suiveurs. Les comparaisons seront obligatoirement saignantes et difficilement à l’avantage de Fortune. Deuxièmement, outrepasser leur énorme premier morceau Bully, et sortir quelques pièces au moins du même acabit pour éviter que l’album ne soit qu’un soufflé au frometon tout flappy. Dur ?



Non. Car dès l’ouverture, Fortune balance ce que j’espérais : Quelque chose de foncièrement electro, s’émancipant, dans les sonorités tout du moins, de toute la brochette de groupe avec le mot “Poney” dedans. Fortune n’est pas un groupe de Pop-electro, mais bien d’electro-pop (ahah), et sur Under The Sun, les synthés volent de partout. Du clavier bien gras, bien pute, un peu dance, pile ce que j’aime, évitant le revival crapuleux qu’il fait bon de caller dans tous les disques ces temps ci. Commencer par un titre pareil, c’est risquer de ce mettre à dos ceux qui sont venu chercher un rock sautillant, mais Fortune à l’air de s’en foutre, et les synthés Dance en slow motion giclent dans les tympans, avec un refrain qui s’envole rapidement. Super plaisant. Et on se surprend à planer des que les étonnantes vagues synthétiques déferlent sur le dernier tiers du morceau. Dancefloor moite, cigare à la bouche avec les pieds dans la piscine, hélicoptère au dessus de miami, minijupes qui volent et nerds en mode breakdance à coté. Tu ne sais pas trop si c’est un tube pop ou electro, mais c’est pas grave, car c’est tellement bizarre et jubilatoire que tu ne réfléchis plus.
Et Staring at the ice Melt va les aligner, ces petits tubes pondu par un groupe qui semble clairement maitriser son sujet de ce coté là. C’est a se demander comment les deux bonhommes ont pu autant balancer de compos expérimentales et sombres durant la période Abstrackt Keal Agram, sans jamais laisser perler cette science du morceau imparable, de la bombe parfaitement taillée.

Niveau Tube, il y a évidemment, Bully, morceau qui surplombe pour moi, depuis 5 ans, 90% des prods electro-rock-pop, et rivalisant avec les patrons du genre (Phoenix, Pony Pony Run Run, Klaxons et leurs copains). Ce truc est énorme, c’est impossible à décrypter pour moi : Batterie martiale, refrain d’enfoiré absolu, couplets que tu chantes dans la douche en remuant les fesses, envolée de folie à la fin. Ce morceau, c’est comme sauter de toits en toits la bite à l’air, le vent dans les cheveux, avec des oiseaux éventrés dans les mains. Ce morceau c’est la joie, c’est le bonheur, l’hédonisme absolu. Tout le monde à poil, on baise en hurlant, serre-tête hippie sur toutes les têtes. Le plus drôle, c’est que ce bonheur est communicatif. A chaque fois que le morceau est passé dans un espace public, tout le monde se met à sauter de partout en agitant les bras comme des hystériques. Sérieusement, un petit monument ce truc.

Comme je disais plus haut, Fortune ne se limite pas à cette bombe déjà étrillée depuis une poignée d’année, et balance un Highway au moins aussi implacable et jouissif que son pote du dessus. Précédé de l’intro psychédélique Highway part1 (qui aura mérité à être plus longue), le morceau nous balance en trois minutes dans une construction hallucinée : Introduction planante, refrain génial, rythme techno, montée épique, et final sur synthé cristallin à chialer. Le pire dans tout ça, c’est ce petit clavier goguenard qui piaille pendant les refrains, tellement évident qu’il te rend fou, à sonner dans ta tête toute la journée.
Attendez, il y en a encore, les tympans feront overdose sur le plus lumineux Since You’re Gone, toujours aussi indiscutable dans les enceintes malgré un accent français bien grillé, ou Nothin clairement plus classique et banal, (“Oulala les mecs, il faut que l’on fasse du Pheonix là, notre disque Il va être trop bizarre sinon”) mais assez bien foutu pour se glisser dans les tubes imparables de la galette.









Petite surprise avec un autre morceau absolument énorme, Celebrate qui pourrait ravager les charts s’il n’était pas fait par un ptit groupe français inconnu avec trop de cheveux. Oui, surpris, car le morceau m’a pris de revers avec une première partie pas passionnante, sorte de disco nécrosée un peu générique. On sent le pire, et pourtant, au bout d’une minute, le titre va clairement s’envoler, la disco va laisser place à un écrin pop qui m’a filé la frousse, avec un refrain vraiment superbe. Surement, (avec Bully), la meilleure ritournelle de l’album, la mélodie est divine, superbement portée. La fin est vraiment belle, nuage dans la gueule, tu as l’impression d’etre dans clip de Music Sounds Better With You de Stardust, t’es le gamin qui court sur les collines vertes avec son avion tout pourri dans les mains, tu ries et passes pour un con mais c’est pas grave tellement ce Celebrate est énorme.

Et histoire d’enfoncer son empreinte et son style un peu plus electro, Fortune nous sert carrément un titre House, 100% electro, At Night, avec gros synthés qui s’enroulent, métronome binaire et refrain qui saccagera les bassins. Encore une fois, tu as une mélodie aussi tenace qu’un toxico en manque de came, mais cette fois c’est pour danser en oubliant son cerveau, pas pour chanter sous ta douche.
Cadence ralentie, mais toujours electro, Venus se la jouera dans la pop langoureuse (aux couplets très Phoenix, même dans le chant, mimétisme flagrant) mais qui s’affranchit des comparaisons en se laissant saillir par des grosses envolées épiques de claviers bien gras. Eglise rose fluo, histoire d’amour qui se finit dans la drogue, poursuite de fin de film sous acid. Plutot bien foutu.

A dire vrai, les seuls moments ou le disque se plante, c’est quand Fortune tente (consciemment ou non) de se raccrocher aux wagons de la pop-rock-electro française, et lâchent un petit peu leur identité hybride. Les tics ressortent, et s’intègrent bien moins que dans des groupes plus confirmés. Attention, les morceaux ne sont jamais insupportables, et toujours agréables à l’écoute, mais ils glissent sur nos tympans comme saucisses sur choucroute, laissant poindre un tout petit sentiment d’ennui, ou de déjà entendu, là ou le reste s’imprime au fer rouge. Gimme est bourré de gimmicks un peu cramés, et Fancy Role se voudrait pernicieux, mais se retrouve ronflant. C’est dommage, car la toute fin de ce dernier, avec cette guitare cristalline, est vraiment superbe. (et me fait penser à quelque chose, sans que je puisse mettre le doigt dessus) Nothin pourrait être aussi intégré dans le lot, mais arrive à s’en sortir plutôt bien avec son refrain de tueur, malgré le coté un peu sommaire du tout.

Le disque se finira avec un morceau à l’ambiance beaucoup plus grave et sombre, avec toujours autant de réussite. Poison, prenant le reste de l’album à contre-pied, en ne faisant intervenir le rythme qu’à la moitié du morceau, après une longue introduction à base gratte esseulée, voix fantomatique, et montée noisy du plus bel effet. La cavalcade reprise, le tout gardera sa chape de plomb, et virera presque dans l’agressif (toutes proportions gardées) avec de grosses nappes bien crades qui viennent secouer le morceau, avant que le tout ne meure graduellement. Vraiment bien foutu, on en viendrait presque à espérer un ou deux exercices supplémentaires de ce type dans l’album.










Alors évidemment, difficile de nier que mon avis, plus que positif, sur ce Cd, n’est pas orienté par l’amour porté à la formation précédente. Mais en même temps, le tout n’a plus rien à voir avec le passé (la seule trace, c’est Tepr crédité sur Bully) et Fortune semble se sortir avec brio de l’exercice Pop / electro / rock à la française. Certes, certains clichés gênant perlent (Gimme, Fancy Role voir Nothin), mais ceci était presque inévitable sur un long format (là où ils étaient inexistants sur les Ep précédants). Staring At The Ice Melt fleure bon la réussite, vu le nombre de points sur lesquels Fortune partait avec une balle dans le pied :

– Les mecs n’ont clairement pas la bouteille de formations comme Phoenix ou Tahiti80. Ils vont se faire écraser par les comparaisons.
– Ils ne sont pas encore chroniqués sur Pitchfork.
– Ils sont moins bien gaulés que Pony Pony Run Run.
– Ils sortent sur une petite structure (Disque Primeur, qui a des couilles).
– Leur première fan-base sont des mecs qui attendent que le groupe refasse de l’abstract Hiphop mitonné au bitume.
– Tout le monde est saoulé par la vague pop-electro.
– Ils ont oublié de mettre leur morceau Shadow dans le Lp.
– Ils n’ont pas de lunettes de soleil dans leurs clips.

Bref, la merde totale. Et pourtant, quand on se penche sur le disque, si l’on est amateur du genre évidemment, on ne peut que se le prendre dans les dents, en se laissant parasiter par les trois-quarts de l’album, rouleau-compresseurs tubesque parasitant toute une journée.
Et puis merde, là j’essaie de me la jouer objectif, sérieux and co, ça ne marche pas. J’aime ce groupe, sincèrement, profondément, tout comme j’aimais la formation précédente. Ils sont dans mes tympans depuis bien trop longtemps maintenant. J’aurais pu m’arracher les viscères en voyant ce qu’Aka est devenu, hurlant un “donnez-moi-un-Riviere-2-sinon-je-m’immole-bande-d’enculés”. Mais impossible, parce que le nouveau chapitre a débuté avec Bully, et que ce morceau est tellement mortel, qu’il m’en a presque fait oublié la fin du groupe abstract Morlaisien.



Difficile de dire si le groupe gardera cette trajectoire et ce positionnement Hybride. On l’espère, histoire que Fortune devienne grand, soit pété de thunes, fasse une tournée Usa / Japon, ressuscite Abstrackt Keal Agram lors d’un concert surprise au stade de France, puis ponde une centaine de tubes de l’acabit de Bully, Shadow ou Celebrate sur les dix années à venir en écrasant toute l’electro-pop française sur son passage. Ca devrait arriver, avec un peu de hasard et deux-trois pots de vin. En attendant, à chaque écoute, Staring At The Ice Melt me greffe un grand sourire, et me parasite la tête toute la journée. Je danse et chante mentalement dans le métro. C’est parfait.










































12 Titres – Disque Primeur
Dat’











Her Space Holiday – Manic Expressive

Posted in Chroniques on March 24th, 2010 by Dat'


I figured out a way to twist reality : just take a ton of drugs and never go to sleep.






Je suis un peu coincé pour cette introduction : J’ai déjà abordé le cas Her Space Holiday dans ces pages, déjà écris un laïus sur les voyages en train, sur les disques auquel on se raccroche constamment, des galette vecteurs de mélancolie, des disques électroniques parlant directement à notre palpitant et compagnie. Difficile donc d’embrayer sur une presentation.

Ce qui est sur, c’est qu’autour de The Young Machines, disque qui (pour moi) frôle le chef d’oeuvre, gravite deux autres albums, pour former une sorte de trilogie non officielle, cisaillée par la neurasthénie de Marc Bianchi. Renfrogné au coeur mou, ou mélancolique bouffé par le cynisme, l’americain officie depuis une demi-douzaine d’album dans un genre batard, quasi-inédit : la “Drill’n pop electronica orchestral dépressive et nihiliste”, constamment habité par un chant léthargique et abattu, faisant presque passer 3D de Massive Attack pour une Yasuko sous Lsd.
Cette trilogie, elle, est établie dans ma tête : Manic Expressive / The Young Machines / The Past presents the Future. Les albums précédant ce trio étant encore trop jeunes, avec des sonorités pas encore assez forgées, versant dans une electro-pop un peu claudicante et désargentée. Apres cette trilogie, est sorti l’album Xoxo panda and the new kid revival, tentative entièrement acoustique un peu ratée (et accessoirement une de mes grosses déceptions de 2008), laissant de coté toute sonorité électronique, forgeant pourtant l’identité du projet de Bianchi.


Non, impossible de s’en dépêtrer, Her Space Holiday est sublimé dans les trois disques cités au dessus, complètement liés les uns aux autres, et représentant presque un cheminement logique dans l’âme torturée de Bianchi, 3 phases distinctes d’une semi-depression : Manic Expressive étant le versant mélancolique et brumeux de Bianchi, qui file dans une dépression sourde, violemment bilieuse avec le magnifique The Young Machines, pour enfin finir par accepter son état, prendre du recul, et se poser en cynique désabusé pince sans rire sur le très électronique et froid The Past Presents the Future. (Que j’ai réellement appris à adorer au fil du temps, la plupart des titres, sous leur aspect clinique et Warp-ien, se révèlent être des pépites imparables)

Manic Expressive, dans se trio, se retrouve pourtant être l’album d’ Her Space Holiday le moins médiatisé (deja que le groupe ne l’est pas du tout), passant quasi-tout le temps inaperçu, et surtout mal distribué, écrasé par son imposant successeur.














Sous ce bel artwork se cachent arbres coupés et formes abstraites, pour un petit livret filé en double ( ??) qui ne contient malheureusement aucun lyrics. On se consolera rapidement en écoutant la voix monocorde de Bianchi, facile à comprendre. Ce dernier se dérobe d’ailleurs le temps du titre d’introduction, Manic Expressive (enter), superbe (je pèse mes mots) divagation orchestrale, avec un Marc Bianchi qui re-sample et copie/colle des violons (parfois électroniques), pour se créer sa petite musique de chambre, belle à pleurer. Cette track est simple, sans fioriture, ni rythme, de simples violons qui montent et se tiennent la main, avec quelques cuivres qui flirtent avec les cordes, mais ça défonce, superbe, tout en retenue. Certes, ce n’est pas au niveau de l’incroyable morceau éponyme et introductif de The Young Machines (qui est pour moi l’un des plus beaux morceaux qui puisse exister sur notre planète, avec cette deuxième partie tellement belle qu’elle m’arrache la colonne à chaque fois), mais cette rêverie d’intro entame parfaitement l’album, en imprimant une mélancolie qui sera indéboulonnable.


Première incursion vocale, et retours en terrains balisés “Her Space Holiday” avec Lydia, et grande surprise : Une demoiselle accompagne Bianchi au chant, sur une poignée de morceaux. Car sur ce Manic Expressive, l’américain invite sa copine Keely à fredonner, avant que cette dernière ne le quitte (la raison des textes ultra sombres de The Young Machines ?). Reste qu’il n’y rien d’affolant sur cette chanson, qui passe tout de même bien avec ses beats franchement explosés. Mais la mélodie ne m’a jamais réellement accroché les oreilles.

On retrouvera la demoiselle, qui chantera en même temps que Bianchi tout le long de Polar Opposite, bien plus réussi. La mélodie est limpide, les violons sont vraiment affolants, les cordes de guitares discrètes mais cristallines, un beat qui claque dur, et ce chant complètement désabusé, vaguement dépressif, qui aligne des images abstraites sur le premier tiers. Premier tiers seulement, car des la deuxième minute, le couple se tait et le morceau part dans une montée géniale, à base de claviers qui s’enroulent sur cordes continuant de chialer. On est déjà sous le charme, mais après un break presque Hiphop, le morceau va devenir mirifique, partir directement vers le ciel, avec une attaque de violons à écraser le coeur, le tout pilonné par un beat devenu franchement plus agressif. On peine d’ailleurs à croire que les cordes ne sortent que de Plug-in et samples, tant le tout est parfaitement mené. Superbe.

Mais la progression/montée/explosion de l’album, c’est sur The ringing in my ears qu’on la trouve, typique morceau à la Her Space Holiday, quasi parfait, à la nostalgie appuyée. La boucle de violon est parfaite, le rythme électronique bien crade et saccadé tape la gueule, des petites clochettes finissent le boulot mélodique et le chant de Bianchi se traine, décochant 6 phrases, pas une de plus. Le morceau va alors partir en roue libre, progression apaisée vers le paradis, avec une litanie tranquille, mais surtout un rythme Drill’n bass déboulant avec violence, accompagnant une superbe mélodie qui te crame l’échine à la broche. C’est un petit diamant timide, un truc superbe, qui monte pour ne plus jamais redescendre, clairement un de mes morceaux favoris du bonhomme. Quand la deuxième section du titre s’amorce, avec ces bleeps qui giclent de partout, lames acérées sur violons élégiaques, sans jamais être violent, ça me casse la mâchoire. Un parfait équilibre entre tressautement electronica et pop orchestrale de home studio. Tu le passes à ton enterrement que tout le monde chiale, avec le sourire nostalgique collé sur la gueule.
On se laissera tout aussi séduire par l’optimisme mélancolique de Hassle Free Harmony, limpide morceau pop, utilisant toujours parfaitement les cordes peut être le plus accessible du disque, malgré son rythme vicié (et un break surprenant). La fin invitant choeurs tire-larmes ramonera les plus sensibles.








Mais que les gros durs se rassurent, certaines pistes de Manic Expressive sont un peu plus expérimentales, versant moins directement dans le pathos de Bianchi (même si superbement maitrisé). Avec Perfect On Paper, on se trouve dans un versant plus abstract, avec un rythme très Idm, sorte de pulsation mutante qui implose, roule et craque, laissant de longs silences entre ses dégorgements. Une guitare cristalline s’occupera de filer un peu de lumière à un essai que CircleSquare a du pas mal écouter avant de sortir son premier disque. Les lyrics sont assez cinglants, et comme d’hab désenchantés, à base de “There are so many reasons why I should say I’m sorry / Should I start with the cheating and end with the lying / And I tried to chalk it up to low self esteem / I guess my selfishness got the best of me”. C’est bien sombre, ça craque de partout, une radio cassée parasite l’horizon, le tout est un peu déstructuré et loin de la pop émo servie au dessus. Pourtant, cela marche tout aussi bien, le tout forcement magnifié par la conclusion, cassant le titre en invitant synthés planants et un petit violon.

Spectator Sport n’hésitera pas lui aussi à pencher vers l’hermétisme, en laissant guitare lancinante et voix étranges se complaire sur un beat Hiphop bien sec. Encore une fois, la fin marquera les coeurs avec ce sample façon vieux film, venant illuminer le tout.
Le morceau surprise de ce disque, c’est l’absolu Key Stroke, bien different de ce que fait Her Space Holiday habituellement. La voix de Bianchi est complètement transformée dans un vocodeur, se baladant sur une instrue electro éthérée, dominée par un piano pépère. Les synthés s’envolent, Keely rajoute une touche blasée et féminine sur des refrains superbement branlés. C’est simple, on est obliger de penser à Air, ce morceau aurait clairement pu se glisser sur Moon Safari sans problème. Seule la conclusion, grosse boucherie Idm bien saturée, nous fera sortir de notre torpeur, les rythmes dérouillés te sectionnant l’artere, apres la rêvasserie précédant cette mutation. Un très joli exercice, calme et apaisé, qui me décroche l’âme à chaque écoute.

L’album se dérobera sur le long et épique Manic Expressive (Exit), à l’intro suprenante, electronica minimale habitée par une (encore une fois) bien belle mélodie, et un chant toujours aussi laconique, mais avec le sourire. La première moitié du titre est donc encore dans la retenue, avec des petits bleeps taquins et un refrain candides. Et vlan, on se croyait à l’abri, le morceau vire à 180 degrés, et fait tonner les violons, pour filer dans une deuxième moitié épique, avec rythme indus saccadé, sample de voix bizarres, et cordes qui pleuvent de partout. La litanie entonnée au dernier tiers est terrible, c’est maitrisé à mort, conclusion en or.










Manic Expressive est surement le plus mélancolique et apaisé des trois albums “accomplis” de Her Space Holiday. Dans les textes, l’heure n’est pas encore à la mise à nue et au grand déballage acerbe de The Young Machines. Bianchi jette des idées, des pensées et rêves abstraits, souvent sur des phases très courtes (la moitié des morceaux ne contiennent qu’un couplet). Sur cet album, le schéma est souvent le même : Bianchi marmonne sur un beat electronica/Idm, avant que le morceau s’envole sur des violons à chialer. Sur ce Manic Expressive, toutes les conclusions de morceaux sont superbes, à violemment écraser le palpitant.

Si The Young Machines est pour moi l’album suprême de Her Space Holiday, ce Manic Expressive en est le parfait penchant apaisé, et se retrouve presque indispensable pour comprendre et piger les deux albums suivants. D’autant plus qu’il est au final bien moins éprouvant niveau lyrics que ces deux petits frères.
Il y a quelque chose dans ce disque (et dans la majorité des prod de Bianchi) qui rend ce dernier presque essentiel. Une espèce de beauté mélancolique et calme traverse ce disque de bout en bout et l’envie de l’écouter revenant constamment, lors d’une nuit un peu trop longue, ou d’un voyage quelque peu longuet. J’aime ce disque, sans trop savoir pourquoi, le repassant dans les oreilles inlassablement la nuit, vibrant à chaque violon, secouant la tête à chaque pulsation rythmique et surtout ramassant ma colonne vertébrale à chaque conclusion de morceaux.

L’envie de s’y perdre, en ayant la conviction que sur le tryptique Manic Expressive / The Young Machines / Past presents the future, Her Space Holiday compose uen pop-electronique frolant la perfection, n’ayant jamais peur de lorgner autant vers les mélodies attrape-coeurs que les exercices electronica déstructurés. Manic Expressive, un grand petit album, bizarrement incontournable dans ma pile de disque.











Her Space Holiday – The Ringing in my Ears












Her Space Holiday – The Young Machines (parce cequ’il le vaut bien)












9 Titres – Wichita
Dat’








Autechre – Oversteps

Posted in Chroniques on March 9th, 2010 by Dat'


Good news, everyone !






Il est de coutume de dire qu’avant d’apprécier un album Autechre, d’en tirer sa substantifique moelle, il faut de longues et intenses écoutes, pouvant s’étaler sur plusieurs mois. Un truc sérieux, à planifier ses congés pour se réserver une semaine de réflexion en autarcie totale, avant de s’accorder le droit de modeler ne serait-ce qu’une brève appréciation du produit final. Les courageux se risquant à une timide critique se prendront une volée de cinglants “Tu n’as pas aimé ? Tu ne l’as pas assez écouté !”

Si la domination du duo Anglais sur mes écoutes électroniques mutante est pour moi une évidence, le précédant, Quaristice, m’avait méchamment frustré il y a deux ans. Et me frustre toujours. Frustré d’entendre des morceaux de folie se barrer au bout de deux minutes (l’immense Plyphon, pour ne citer que lui), frustré d’entendre des idées géniales se dérober sans crier gare, frustré de n’avoir dans les tympans que des vignettes, là où le tout aurait pu aisément s’épancher dans la fresque épique.
Et perdu aussi, désorienté par les multiples versions alternatives / bonus / additionnelles / accessoires de l’album. A ne plus savoir démêler le vrai du faux, l’original et la refonte, et au final avoir le sentiment grandissant que Quaristice, malgré ses morceaux de tueurs, n’était qu’un gigantesque puzzle ayant l’air sympa mais se révèlant fastidieux à faire, un album en pièces détachées à monter soi même.

Reste que ce dernier annonçait mine de rien une évolution pour le son du groupe, quelque chose de plus direct, plus accessible, qui pouvait s’annoncer dommageable ou passionnante sur l’album suivant

















Derrière cet artwork invitant à plonger dans un monde opaque et ténébreux, se trouve un bien joli digipack cartonné (une première pour le groupe ?) se dépliant à n’en plus finir pour déboucher sur une couleur verdâtre bizarre, alignant un tracklisting écrit en police 36, le tout étant toujours élaboré avec classe par les Designers Republic. L’artwork semble d’ailleurs donner quelques pistes sur l’album, en alignant quelque chose de plus organique, presque peint à la main, là où Autechre se complaisait dans les signaux informatiques depuis une poignée de sorties.



A dire vrai, j’ai un peu fait la gueule à la première écoute des 5 premiers morceaux. Mauvaises conditions peut être, car écouté directement des la sortie du disquaire, entre deux bagnoles qui klaxonnent, et puis un métro peu avare en crissements. Au final, R ess, montée crépusculaire avec son rythme bizarrement soutenu bien que claudiquant, ne m’enflamme pas des masses. (Même si je sens que je vais apprecier ce morceau dans quelques temps) Tout comme Pt2ph8, pas foncièrement engageant, un peu trop ribambelle de piou piou tournant en rond, et Qplay, qui après une très belle intro, se la joue un peu trop Autechre par Autechre pour Autechre.

Heureusement, au milieu, il y a deux bombes. Ilanders va sortir la grosse artillerie, pour broyer le filet d’émotion semblant perler du Chaos. Dans ses grandes lignes, le titre est fracturé en mille morceaux par un rythme saturé, crépitements épileptiques, giclant dans tous les sens. Au milieu, une mélodie de 5 notes qui répond à des espèces de nappes ambiant vraiment belles. Cette litanie, qui fond irrémédiablement vers ces plaintes fantomatiques, se fait écharper par la mélasse industrielle courant sur tout le titre sans jamais faillir. Un petit synthé aigu tente de faire diversion, mais c’est bien ces 5 gammes décrites au dessus qui m’impressionnent, m’obsèdent, m’hypnotisent. On à l’impression de ne pas avoir bougé depuis le début du morceau, et pourtant je trouve la fin majestueuse. Grand.

L’autre épopée de ce premier tiers d’album est l’alien Known(1), proposant un exercice peu arpenté chez Autechre. Démarrant sur une introduction limpide, à base de simili-clavecins, on a l’impression que le duo anglais va nous balancer son premier morceau Techno pour stades. Ca fleur bon la dance pute, le tube mainstream. Il ne manque plus que le gros pied de bûcheron pour secouer le tout. On ne l’aura pas. A la place, un synthé complètement détruit, réminiscences Hit Machine défigurée, brulée à l’acide, va ramper en gémissant, se roulant sur la très belle et accessible base de départ. Chanson passant sur Nrj qui se retrouve coincée dans un micro-onde, ou voix de chérubin écartelée par les machines de Brown & Booth. On pourrait presque imaginer un morceau de r’n’b avec une chanteuse déchirée en deux, qui couinerait à n’en pus finir en tentant de récolter ses viscères, pour finalement crever sans prévenir (Le morceau s’arrête bien soudainement). Hallucination étrange, quasi narcotique si l’on écoute le tout en pleine nuit.








Alors certes, la première partie de l’album ne m’a convaincu qu’à moitié, mais des l’arrivé de See On See, Oversteps s’envole, pour ne quasi plus redescendre. Ce morceau confirme l’envie soudaine pour le groupe de balancer des mélodies assurées et quasiment perceptibles par tous. Et assumer une petite filiation avec Plaid, en construisant des chapelets d’harmonies à base de “Bells” cristallines. Pour See On See, il n’y aura que ça, les notes glissant sur nos tympans comme la pluie sur une fenêtre K par K. La partie qui débute le morceau, et qui revient bien souvent durant ce dernier, est à chialer tellement elle est belle et pure, même si pas mal de gens trouveront ça fatiguant. Perso, je suis super client, et poser un morceau pareil au coeur d’un disque qui, même si plus facile d’accès, reste du Autechre, est une idée qui frise le génie.
Bulle d’air, ôde à l’évasion, colonie de vacance avec les anges, le morceau nous donne l’impression de se noyer dans une bouteille de Perrier, avec tout plein de bulles qui viennent te chatouiller les côtes. Tiens les commerciaux de la boisson française devraient l’utiliser pour leur prochaine campagne, mettant en musique une coulée de breuvage passée en slow motion, avec en arrière plan des gens contents, des lèvres roses pulpeuses brillantes de gloss qui s’ouvrent au ralenti en approchant de la bouteille, et un soleil éclairant une herbe verte comme la mort, dont la couleur vivifiante nous donnera, à tous, envie de courir en hurlant vers le supermarché du coin pour se foutre de l’eau gazéifiée plein la fouille. Ouai.

Et comme Booth & Brown ne sont plus des amateurs depuis un bail, ils alignent juste après cet adorable moment l’une des grosses tueries du disque avec Treale, histoire que tu te prenne le tout bien dans la gueule, forcément mis en valeur par le contraste entre les deux entités. Autant le dire tout de suite, je me suis fais arraché l’échine à l’arrivé de l’espece de synthé aigue, qui intervient au bout de 20 secondes, avat de se barrer trop rapidement. Cette entrée en matière est sublime, et déboule sur un long tunnel abstract ultra sombre, pesant, marécage menaçant qui progresse graduellement en buggant de partout. Moitié du morceau, on ne déconne plus, un rythme Hiphop pachydermique déboule et casse tout ce qui bouge. La grosse mandale, le robot géant qui écrase ta ville, réduit tout en bouillie. Sauf que petit à petit, la mélodie famélique semblant aléatoire se construit, et balance, sur la dernière minute, une litanie à chialer, pure et parfaite, zigzaguant entre les attentats rythmiques et coups de butoirs de machines déchainées. Vraiment, une conclusion superbe, qui pourrait clairement glisser sur les tympans si l’on ne fait pas gaffe, mais qui retournera les coeurs si l’on accepte de s’y plonger.

Os Veix 3 s’amusera lui aussi à pétrir notre palpitant de la plus belle des façons, mais en calmant le jeu, s’amusant à jouer à la fausse accalmie, en balançant rythme étouffé, cisaillements en tout genre, bruit blanc et petite mélodie émo. On croirait presque entendre un Alva Noto qui vient de prendre de la drogue. C’est pas évident, mais c’est drôlement beau, surtout au casque. (Par contre, à écouter au calme, car l’on a l’impression que le volume génral du titre est plus bas que les autres, vu les sons utilisés, tous ecrasés.) Cet amas post-apo désertique va laisser perler petit à petit des crissements cristallins vraiment beau, sorte de vie nouvelle, petit androïde innocent sortant des décombres, nouvel espoir après une guerre des robots semblant bien plus bordélique et violente que celle de Christian Bale. Tu l’écoutes dans le métro, tu te fais chier. Tu te le passe au casque à 4 h du mat’ nuit noire parce que tu n’arrives toujours pas à dormir, tu chiales parce que c’est beau, fragile, et ciselé à la perfection.








O=0, à l’instar des précités See On See ou Known1, se la jouera beatless (ou presque), en ne se développant qu’a travers synthés polissons et nappes facétieuses. Car ici, point de sonorités en train de se faire dépiauter à la perceuse, Autechre entérine l’envie de faire rêver les foules, et nous balance encore un morceau très proche des expérimentations de Plaid (O=0 étant d’ailleurs celui qui s’y apparentera le plus) Clochettes qui s’envolent, le rythme sera discret et écrasé, noyé dans les claviers évidemment parfaitement foutus. C’est joli, pas extraordinaire, mais tellement bien branlé que l’on écoute le tout en rêvassant avec un plaisir non feint.
Oversteps se terminera d’ailleurs, choix étonnant, sur trois morceaux sans réel rythme, mais clairement généreux en mélodies célestes. Le très beau RedFall télescopera harpe cristalline et déchirures noises affolantes, KrYlon (seul petit coup de mou de cette deuxieme partie d’album) occupera sympathiquement avec de grandes paraboles ambiantes, elles aussi chatouillées de cordes pincées électroniques. Mais c’est Yuop qui cassera les échines en laissant des claviers angéliques et fragiles se faire bouffer graduellement par une coulée de lave noise. La progression est superbe, à filer le vertige, véritable cathédrale sonore, superbement bâtit, avant de mourir à petit feu, comme dans tout bon disque d’Autechre.

Mais entre ces colonnes mélodiques se trouve le monument incontestable de l’album, le vrai tour de force, la violente punition : D-sho Qub.
L’intro est accueillante, mélodie affable ressemblant à un steel-drum passé sur une pédale à effet. Le rythme déboule et ça te frappe en pleine la gueule. La profondeur sonore est incroyable, les reverbs giclent de partout, la grosse folie, c’est même plus de la 3d, c’est carrément un monde qui se créé dans tes oreilles, à coté, même Cameron est vintage. Plus étonnant encore, on entend perler à l’horizon des voix, choeurs religieux tentant de se faire une place au milieu de l’apocalypse métallique. Petite pause, on a la confirmation que la chorale d’une secte vient de s’interposer chez Autechre. Les mecs font leur prière, mais les robots sont là pour annihiler la chair, et quand le bordel reprend, c’est à tomber par terre.
Sincèrement, les effets, les rythmes, les sonorités, tout est MONSTRUEUX. C’est l’apocalypse totale, ça part dans tout les sens, on retrouve enfin notre chère machine en mutation, souffrant, hurlant, vrillant, se tordant dans nos tympans en changeant d’allure à chaque seconde. Elle tonne, frappe, puis s’emballe, avant de se nécroser et disparaître. Quand tout s’éteint, on est complètement éberlué, laissé pour mort, avec pour seul compagnie ces choeurs bizarres, presque gothiques, chantant pour notre salut sur plus de deux minutes. La messe satanique selon Autechre. Pour moi, D-sho Qub est clairement le meilleur titre de la galette, et l’une des meilleures nouvelles pièces du duo anglais.











Evidemment, la première chose qui frappe quand on écoute ce Autechre, c’est son aspect mélodique, plus immédiat, plus aéré. Et cette direction prise n’est pas une mauvaise chose, après les étouffants chefs d’oeuvres proposés depuis le début des années 2000. La précédente décade d’Autechre était claustrophobe et pesante, celle si s’ouvre sur quelque chose de plus candide et accessible, sans mettre au ban la richesse des compostions de Booth & Brown. Petit revers de la médaille, ce qui frappe aussi clairement, c’est que ce Oversteps n’a plus ce coté incroyablement vivant dans ses sonorités, ce son mutant impressionnant, quasiment organique, qui façonnait les disques du groupe depuis Confield. C’est aussi pour cela que l’affolant D-sho Qub se détache des autres, étant le seul titre à avoir encore cette patte sonore complètement dingue, en 4-dimensions-je-fais-l’amour-dans-tes-tympans, alors que les autres partagent un aspect plus brut, sec et carré. (A dire, vrai, la piste japonaise bonus Xektses Sql est elle aussi bien foutue, mutation crasse et sombre d’une machine grondant comme jamais, mais l’intérêt de cette dernière est détruite par le trop long fade-in/fade-out du morceau. En gros, on a 1minute intéressante et hypnotique, au milieu de deux minutes de réglage de volume, rendant donc le truc vraiment dispensable)
Il faut aussi se faire à l’idée que le tiers de l’album est beatless, mais pas dénué d’aspérités, les synthés se chargeant d’insérer quelques éléments percussifs et ligne de basse aux grès de leur cavalcade. On se retrouve avec des compositions à la Bernard Fevre ou Plaid, avec des synthés qui partent dans tous les sens d’une façon presque candide, parfois simples en apparence, mais rudement riches au final (On est à l’opposé des morceaux ambiant peuplant le disque précédant par exemple, sur Oversteps, on tape dans le mille-feuilles de claviers).

Mais passé l’étonnement de ré-entendre un Autechre plus direct et moins scientifique, on ne peut clairement que prendre son pied à l’écoute d’Oversteps, ramenant le duo dans un écrin plus concret, chose qui devrait ravir beaucoup de gens s’étant perdus après la métamorphose du groupe en musique de laboratoire de fou furieux. Moins mathématique donc, et aussi plus ouvert sur la musique, l’album finissant clairement de convaincre les derniers sceptiques sur l’intérêt que porte le duo aux instruments africains et asiatiques. On a vraiment l’impression d’entendre du Steel-drum, Koto et autres Balafon recréés informatiquement, donnant une richesse mélodique assez incroyable au disque. On pourrait presque croire que les anglais ont carrement enregistrés ces instruments, pour les passer au filtre electro en post-production.



La chose la plus importante dans ce Oversteps reste que malgré un tracklisting fourni, l’album prend le contre-pied d’un Quaristice, en donnant de nouveau de la place à ces idées. Ici, point de vignettes géniales mises à bas après deux minutes. Les morceaux ont un schéma, et s’y tiendront tout le long de leur déroulement. La frustration du précédant laisse place à la contemplation, et l’on peut enfin apprécier des titres sans avoir peur que ces derniers se barrent s’en prévenir. L’album prouve que concision ne rime pas forcément avec charcutage et ébauches posées les unes après les autres. Ce qui est n’est pas gagné quand on est habitué aux grandes fresques façon Tri Repetae ou l’immense Untilted. Apres comme d’habitude avec le duo, balancer un avis sur l’album est toujours bien personnelle l’appréciation diffèrera réellement entre les personnes, beaucoup de personnes portant par exemple aux nues Ress et délaissant See On See, alors que c’est le contraire pour ma pomme.

Alors ce Oversteps est certes plus calme, moins impressionnant au niveau de sa dimension sonore/production (c’est un peu dommage, D-sho Qub étant là pour nous le rappeler) mais il aligne au final de grands morceaux, qui forment un album réellement passionnant, superbement mené et, (c’est une première) possible à écouter dans un bagnole la nuit avec ses potes, sans que ses derniers ne ressentent le besoin de s’égorger avec un couteau en hurlant.

Le groupe s’émancipe un peu de son image de laborantin, pour nous envoyer dans les nuages. Il fait beau sur la mégalopole Autechre, qui est toujours futuriste mais moins dans la dystopie. Les mutations organico-mécaniques lâchent les armes, se calment, et prennent le temps de rêver. Excellent disque.














Autechre – Redfall













15 Titres – Warp / Beat
Dat’










Gil Scott Heron – I’m New Here

Posted in Chroniques on March 1st, 2010 by Dat'

Crutched

J’imagine que l’on a tous des disques, des grands classiques filés par nos parents, eux qui ne juraient que par un nom, un groupe, un style de musique, qu’ils écoutaient plus jeunes. A chaque écoute, nos géniteurs surinant des “c’était un génie”, “indispensable” et “finis ton passeport maths”, en tentant de nous inculquer une culture musicale, forcemment viciée et douteuse lors des années collèges. (Je peux rétrospectivement comprendre que mes compiles Hit Machines faisaient saigner les oreilles)

Alors à chaque voyage en bagnole, ça amenait ses Cd fétiches, à coup de choix longuement réfléchis, et tout en compromis (Il n’était pas question que j’impose du NTM ou du Prodigy à ma mère, comme cette dernière n’aurait clairement pas pu faire passer 3 heures de symphonies sans entendre des intolérables gémissements de désespoir juvénile entre deux péages d’autoroute).

On arrivait donc toujours à se taper une petite playlist de disques qui ont graduellement construits certains de mes gouts musicaux d’aujourd’hui, soundtracks de longs voyages finalement dénués de la terrifiante question “c’est quand qu’on arrive ?”.

Dans mes oreilles totalement néophytes, bonnes surprises souvent (Ma première écoute du Blue lines de Massive Attack, sans savoir qui était ce groupe, c’était dans la guimbarde de ma marâtre, le Melody Nelson de Gainsbourg aussi, de la musique Tzigane à tour de bras) ou sermons musicaux horribles (infliger Aerosmith à son gosse, sérieux, sans déconner…), ça cajolait finalement dur les tympans.

Reste qu’un phénomène c’est développé chez moi, un peu bizarre. Certains de mes Cd cultes, liés à des artistes crevés ou trop ancrés dans le passé, sont restés des cd orphelins, des One-shot parfaits, mais qui ne m’ont jamais donné envie d’écouter la discographie de l’artiste. Le disque en lui même a tellement fait parti de mon enfance, tellement accroché à une époque donnée, qu’une fois adulte, il m’est impossible de creuser plus loin. Peur de tomber sur un truc vieux, avec un son de merde. Ou un truc forcement trop encensé par tous, biaisant mon rapport avec l’objet, là où mon seul référant médiatique de l’époque était le poste radio de la bagnole maternelle. Au final, je n’ai qu’un Led Zeppelin, qu’un Lightnin’ Hopkins, qu’un seul Sly & the Family Stone (je sais c’est une honte), qu’un seul Aphrodites Child, un seul Art Of Noise

Voilà, j’adore 666 d’Aphrodite’s Child, je suis ultra fan du Lightnin’ de Lightnin Hopkins… Mais parler de ces groupes, ça me gonfle. Verifier ce qu’ils ont fait d’autres est presque une torture. Parce que je ne suis pas amoureux du groupe, mais bien d’un seul disque, d’un objet marquant certaines étapes importantes d’un développement, comme une peluche doudou que l’on file à un moufflard. Hey, au final, au gamin, tu lui piques son doudou pour le remplacer par une autre peluche de la même marque, ben il ferait la gueule, point barre. Lui, il veut son poisson en peluche tout pourri, il s’en branle d’avoir les autres productions de Smoby, malgré tout le savoir faire de cette marque dans la création de jouets, révolutionnant bien des fois la façon de jouer de nos bambins.

Gil Scott-Heron fait parti de ces mecs là. Un grand musicien, surement. Un disque qui est passé dans la bagnole tous les trois tours de périf, surtout. The Revolution is not Televised, Pieces of a Man, et compagnie, j’aimais bien, même si je ne comprenais pas grand chose. Mais quand on me signifie que le bonhomme renait de ses cendres pour sortir un nouvel album, ça ne m’intéresse pas vraiment. Ca va être vieux, dépassé, plein de croûtes. Puis je vois que le bonhomme est signé sur XL Recordings, alors je suis curieux. Sans réellement chercher, je tombe, bonheur de l’internet, sur une vidéo du premier morceau extrait de I’m New Here.

Et je prends ma grosse baffe.

Pas vraiment de bio sur le bonhomme, car je ne ferais que paraphraser du wikipedia, loin d’être un érudit sur le sujet. Tout ce que je sais, c’est que Gil Scot Heron, indiscutable figure de la Soul / Blues / Spoken-word d’antan, révolutionnant bien des choses avec ses textes subversifs, était devenu depuis quelques années (selon les dires du label) une vraie épave, sac à dope trainant dans la rue entre deux peines de prison pour possession de came.

Pour le concept du disque, en fait, on va faire court. XL Recordings a eu la brillante idée de faire copuler la voix éraillée de Gil Heron avec des beats électroniques minimalistes et cradingues. L’album est tout bizarre, tout cassé, incomplet, bourré d’interludes, de morceaux pas finis. Et pourtant, au milieu de cet espèce de fresque désolé, se trouve de vrais trésors. Des morceaux qui m’ont arraché la mâchoire, la gueule, les viscères, et tout se qui s’y accroche.

D’abord, ce disque, c’est Me and the Devil, le truc sur lequel je suis tombé et qui à cause duquel je me suis littéralement precipité vers un magasin de disque pour chopper la galette. Ce morceau, c’est une prod Trip-hop quasi basique, aka un beat Hiphop bien rond, des cordes qui chialent leur maman, et deux trois samples charcutés. Ce beat bordel, parfait, taillé à la serpe, bien sombre. Parfait. Et vlan, le Gil se ramène, et éructe littéralement son texte. Il ne le chante pas, il le crache, il l’expulse, tu sens chaque mot racler sa gorge pour venir punir tes esgourdes. Tu sens que sa voix, c’est celle d’un mec à moitié mort, qui a sucé la clope par paquet de douze, qui avale ses dents tous les trois matins, et qui crache du glaire aussi rouge qu’une carte son Edirol. C’est un peu la voix de ton grand père avant de crever, celle du clochard qui t’as demandé de la tune ce matin, celle du mec greffé au comptoir du PMU cherchant le reste de sa vie dans sa septième bière. C’est une voix que tu connais, parce que c’est la voix d’un peu tout le monde. Des gens rossés par le boulot, par la vie, par la solitude.

D’ailleurs, le Gil Scott Heron, il a beau téter dur la poudre blanche, il te taille toujours des textes absolument affolants (sur le disque, car là, c’est le texte d’un vieux morceau de Blues, by Robert Johnson qui est utilisé). Et ce morceau qui pue la mort, il parle de la mort. D’un mec qui semble mort. Et s’il ne l’est pas encore, il semble tellement seul que c’est tout comme…: “I don’t really care where you bury me when i’m gone / You may bury my body / Down by the highway side”

Alors voilà, le mec il te crache ça à la gueule, on ne sait pas vraiment si il va finir la chanson vu comment son organe déraille. C’est tellement fragile vu le chant, et en même temps tellement imparable vu l’instrue, que tu te prends ça aussi violement qu’un coup de pompard en plein bide. Forcement, ce morceau (Selon les crédits Damon Albarn a participé au truc), c’est très Trip-hop, c’est un peu le Massive Attack des grandes heures. C’est aussi un peu Hiphop, avec ce métronome simplissime mais parfaitement branlé. C’est aussi electro, vu ce Bug récurant qui intervient souvent, cassant le morceau, et rajoutant un coté instable et fin de vie au tout. A écouter bien fort. Cette grosse claque. Cette grosse grosse claque.

Gil Scott Heron semble avoir un passé de vif détracteur, dérouillant la société et ses rouages à chaque phrase. Depuis son précédant disque (que je n’ai jamais écouté évidement), devenu fantôme, Gil Scot Heron ne semble plus en vouloir au monde, mais bien à la vie elle même. Alors il va parler de lui sur ce disque. Et de la faucheuse. En Spoken Word parfois, en chant déraillé aussi. Sur On Coming From A Broken Home 1 & 2, le bonhomme va parler, avec sa voix ultra grave, de son enfance, élevé par sa grand mère jusqu’à la mort de cette dernière. Le tout, bizarrement, sur une boucle du Flashing Light de Kanye West. La même, on va l’entendre déblatérer sur une guitare folk avec I’m New Here.

Mais que l’on ne s’y méprenne pas, c’est bien la musique électronique qui est à l’honneur sur ce disque. Une espèce d’electro minimaliste, rêche, âpre, crade. Complètement squelettique, délabrée et glauque. Your Soul and Mine glace le sang avec son beat Techno bien puissant, ses cordes de violons pesantes, et cette voix qui part dans des reverbs aux parfait moments. Le texte, c’est une description d’un enfer, ou du purgatoire… ou peut être simplement d’une vie normale, en fin de cycle…

On a Running aussi, spoken work ultra pessimiste, sur un beat (??) Hiphop décharné (on ne peut pas faire plus)… Ou le plutôt bon The Crutch, électro poisseuse qui va partir dans un Hiphop d’apocalypse, parfaite continuité du sermon le précédant.

Mais je m’égare… Car en plus de Me and the Devil, le disque contient deux autres corrections magistrales. Where did the night go tout d’abord, petite vignette d’une minute trente. L’instrue ? un espèce d’alien industriel-techno-slowmotion désertique. La voix ? un Spoken Word noyé dans les reverbs. Les lyrics? Simple tranche de vie. Un texte sur la solitude, d’une violence sourde. Ce texte est tellement sincère, tranchant, pertinent, qu’il n’y a pas besoin de plus d’une minute de musique pour se le prendre en pleine gueule. C’est bien simple, entre la neurasthénie maladive de l’instrue, et la tristesse infinie des paroles, tu écoutes le morceau, puis tu arrêtes le disque. Tu réfléchis un peu, tu prends une clope, une bière, ce que tu veux. Tu regardes un peu par la fenêtre, tu pousses un soupir, bien long. Enfin, tu reprends les rênes de tes pensées, et enfin tu presses Play de nouveau.

L’autre grosse tarte, c’est New York is killing me, seul titre qui semble être réellement accompli, terminé. (avec évidemment Me and the Devil et le très beau I’ll take care of you, où le chant de Scott fait encore des noeuds avec ton échine)

Ce morceau, c’est la perfection aussi. On démarre sur des handclap bien secs, et un beat electro pachydermique. Gil Scott te crache de nouveau sa voix battue en pleine gueule, qui semble vouloir se briser à chaque phrase, et une vieille basse désaccordée déboule et te file des fourmis dans la nuque. Tu as l’impression d’écouter un vieux Blues complètement dépressif, passé dans une moulinette electronica. C’est tout saturé, c’est crade, c’est beau. Ca se tord dans tous les sens, ça grésille, ça vibre. Ce truc tout malingre va se retrouver illuminer par des choeurs genre Gospel coupé à la hache, qui perlent ici et là… Moitié du titre, je me fais arracher la colonne vertébrale, les choeurs reviennent et tonnent comme jamais, un synthé lunaire s’incruste et balance le tout dans les hautes stratosphères du sublime. Ce morceau de folie, un vrai diamant.

Ce disque m’a retourné l’âme, et pourtant, ce disque est raté. Enfin, pas raté du genre mauvais, juste qu’il est presque incohérent dans ses choix. On a une tonne d’interludes de 15 secondes, où Gil Scott Heron règle ses comptes avec lui même, d’un ton complètement désabusé et rigolard, avec des diatribes qui feraient passer 99% des punchlines pour des rédactions d’écoliers. On a aussi la moitié de l’album qui semble filer des morceaux trop courts, pas finis, encore en post-prod, comme une ébauche. De plus, ce disque est presque seul, unique dans son genre. Faire poser une légende sur des instrues rachitiques, électroniques et à l’agonie, c’est bien risqué, et probablement se mettre à dos la majorité des potentiels acheteurs. Les communiqués de presse comparent les instrues de ce disque à du Burial et du The XX… et même si les mecs ont du encore bien fumer pour trouver cette comparaison, il est tellement difficile de définir le disque, de lui trouver un lien avec une autre galette, qu’on les excusera presque.

Le plus drole, et le plus incoherent dans l’histoire, c’est que ce disque aurait pu être un classique, un vrai manifeste. Ce I’m New Here aurait eu des morceaux plus longs, mieux construits, essayant de fournir plus de perles comme Me and the devil, Where did the night go ou New York is killing me, qu’il aurait été absolument incroyable, et aurait pu se poser comme le premier vrai disque de Blues-electro experimental. Le blues du futur peut être. Un truc avec des beats Techno, des synthés expérimentaux, mais toujours cette mélancolie poisseuse, cette tristesse étouffante. Si si, c’est possible, écoutez les titres précités.

30% de ce disque, c’est ce qu’aurait du faire Massive Attack sur leur dernier album, et ce que GonjaSufi n’arrivera probablement jamais à faire (même si j’attends dur l’album du bonhomme). Le reste, ce n’est que boucles rachitiques, Spoken-blues-word expérimental et interludes ultra courts en pagaille. La galette fait 28 minutes, mais ce n’est pas trop grave, car on est à chaque fois sur de se le passer deux fois consécutivement dans les oreilles.

Voilà, XL Recordings aurait pu faire un classique absolu, un truc géant… Mais ce disque est imparfait, boiteux, complètement crevé. Un peu comme Gil Scott Heron finalement. On a l’impression que le mec avait des choses à dire, voulait se sortir un peu la tête de ses errances psychotropées quotidiennes, et qu’il en avait rien à branler de nous taper un chef d’oeuvre. Lui, il veut juste déblatérer tranquille sur la mort, la drogue et la solitude, en posant sur des beats nécrosés et dépressifs. Lâcher ses pensées, puis repartir on ne sait où, entre deux impasses cradingues.

Et pourtant, paradoxalement, ce disque malingre, glauque, rongé par la came et l’isolement… Ce truc complètement défectueux, court, incomplet, impossible à conseiller… semble être ma première violente claque musicale prise en 2010.

Gil Scott Heron – Me and the Devil / Your Soul and Mine

15 Titres – XL Recordings

Dat’


Abstrackt Keal Agram – Hell Mix

Posted in Chroniques on February 22nd, 2010 by Dat'


Bonus (Thanks to Léfésonor)













Bon, je parlais dans le récent article sur le Dark Side of the Gooom de Doppelbanger d’un mix disparu et introuvable d’Abstrackt Keal Agram, sorti gratuitement sur le label Gooom…

Ce Hell Mix bien eclectique, passant de l’Electro au Hiphop, en passant par le Folk/Rock et quelques aliens, compilait inédits (Le remix de Tepr du magnifique morceau “Dernier Chapitre” du Psyckick Lyrikah, une première version d’Ambition as an Hellridah du même Tepr ), introuvables (“Destruction Tool” de Para One, du Poor Boy…) et classiques (Mobb Deep, Dizzee Rascal, Nike Drake…).

Mais il avait completement disparu du net depuis 5 ans environ… (La fermeture de Gooom en fait)



Ma bouteille à la mer lancée sans une once d’espoir (j’essaie de sonner dramatique) a été réceptionné par Fairywaves, et sa radio Léfésonor,qui vient donc tout juste d’uploader le tout. Le Hell Mix d’Aka refait surface dans les commentaires du Doppelbanger :
Hier je retrouve ce mix d’Aka dans un vieux cd de backup. Pê que ce n’est pas le fameux Hell mix, en fait je n’en sais rien : pas de playlist de mon côté, et pas d’infos sur le net.


Yop, confirmation, c’est bien le Hell Mix, et l’on se complète, car j’avais gardé l’Artwork et le Tracklisting (juste en dessous)


Certes, l’objet n’est pas indispensable en lui même, mais incarne l’une des dernieres choses pondues par le regretté groupe breton Abstrackt Keal Agram, mythique dans le coeur de trois mecs au fond de la classe (j’en fais parti)… et qui, en plus, ne manque pas de nous servir une sélection de bon gout, et des moments épiques (l’énorme “Rico Flam II feat Arm” de Robert le Magnifique…)







Donc, le tout peut se trouver là :


Abstrackt Keal Agram – Hell Mix


Streaming : http://soundcloud.com/vanacc/abstract-keal-agram-gooom-gmx-001-hell-mix

Downland : http://media.soundcloud.com/vanacc/abstract-keal-agram-gooom-gmx-001-hell-mix/download







Et autant rendre à Cesar ce qui est à Cesar, allez voir ce qui se passe du coté de la radio Belge Léfésonor, car une radio qui gardait ce mix d’AKA dans un coin de sa cave ne peut etre qu’une excellente radio… :
(Si vous avez le Gooom Mix de Cyann & Ben, disparu aussi, je prends aussi ahah)



Site Internet de la Radio : http://lefesonor.org/

Léfésonor Radio Soundcloud : http://soundcloud.com/vanacc


Merci vraiment à Fairywaves, ça fait vraiment plaisir de pouvoir enfin reposer une oreille sur ce mix, depuis le temps, et je suis sur que je ne vais pas être le seul… !





Tracklisting :








Article sur (l’indispensable) Bad Thriller d’Abstrackt Keal Agram : http://www.gamekult.com/blog/datura333/152030/Abstrackt+Keal+Agram+Bad+Thriller.html





Yeah !










Mix – Gooom Records
Dat’









Rival Consoles – IO

Posted in Chroniques on February 18th, 2010 by Dat'


Coke & Dream





J’avais brièvement parlé dans le Top 2009 du morceau Flesh de Rone, (disponible seulement sur le Bora Ep ) qui m’avait littéralement dynamité le poteau vertébrale, et qui continue de me scotcher à chaque écoute. A dire vrai, ce qui m’impressionnait le plus, c’est ce glissement si naturel entre la première et la deuxième partie du morceau, passant d’un tunnel techno imparable à une fresque analordienne à s’en friser la mâchoire tellement elle est parfaite. Je vous jure, à chaque fois que j’écoute ce truc, je me prends ma grosse baffe, ma punition auditive. Certes, les deux parties du morceau sont vraiment bien branlées, mais c’est vraiment ce changement, ce revirement intervenant au milieu du morceau qui me renverse. Ce genre de procédé m’a toujours fasciné dans la musique.

Cet amour de la rupture tristoune dans la musique electro, je le dois à un morceau : IO de Plaid, parfait morceau squelettique et dance, mutant petit à petit en complainte dancefloor dépressive. Bon des exemples comme ceux là, il y en a des tonnes. Mais c’est celui là qui me revient toujours en mémoire, des que j’entends une progression, un glissement de la sorte, passant de la folie des stroboscopes au fin fond d’un paquet de mouchoir. Voilà, c’est ça OI de Plaid.

Sinon l’album de Rival Consoles s’appelle IO.













Cette introduction farfelue n’est point anodine, et son rapport avec le cd traité aujourd’hui ne se limite pas qu’au titre. Car après un premier court morceau qui démonte, (la sonorité cristalline qui débarque à la fin est assassine), se présente le morceau titre, IO qui dévoile clairement le concept de l’album : Que l’on ne s’y trompe pas, on navique bien dans les eaux d’un amoureux des compos Rephlex et Aphex Twin. Sauf que le bonhomme semble bien apprécier les dancefloors, en hésitant pas à nous balancer des rythmes d’enfoirés. La première moitié du morceau, c’est donc une espèce de tuerie acid-analord qui se tord dans tous les sens, matraqué par un pied imparable et une mélodie de folie. Et tout à coup, la tempête se calme, pour laisser place à une espèce d’élucubrations ambiant, à la An Ending Ascent de Eno. Mais toujours déboité par les basses. Ok, joli coup, mais un peu téléphoné.

C’est réellement avec le troisième morceau, 1985 que l’on va se prendre le disque dans la gueule, et se dire que putain, on va l’aimer cette galette.
Non sincèrement, ce morceau est dingue. Tu sens des le départ que tu vas en avoir pour ton argent. Ca grince, ça craque, le rythme Techno réveillerait un mort. Hop, une première mélodie s’immisce dans le bordel, et ça devient beau, vaguement triste mais toujours ravageur. Ca monte, ça monte, ça gagne en puissance et toi tu commences à perdre pied. Deuxieme salve mélodique après un break parfaitement placé, les poils s’hérissent, le cerveau se noie, stroboscopes, minijupes et pipe à crack. La mélodie est épique. Pas d’autre mot. Le titre était un truc dansant crade, il devient une charge sublime et épique. Sans compter que le tout se fait tabasser continuellement, que tout vibre, ça charge dans les sens.
Tu dansais pépère dans ton bar meat-market crado, mais quelqu’un avait glissé un produit dans ta conso pour te vider les poches à la sortie. En attendant toi, camé sans le savoir, tu t’envoles sur ce bout de piste collant, tu ouvres les bras vers le ciel en riant, même si t’es tout seul. Les semelles qui dérapent sur du vomi-red bull de la veille, la tête dans les étoiles à piloter un vaisseau spatial. Bordel c’est énorme. Je ne raconte même pas les breaks saccadés finaux, quasi-orgasmiques, nous laissant sur une petite mélodie à clochette dépressive.

Juste un peu plus loin, Electorate reprend un peu le même schéma, avec son début de tueur, funk electro crade, à renverser un club entier, avec des saturations qui giclent dans tous les sens, une bizarre mélancolique, et un beat qui se la joue roller-coaster. Et zou, au milieu, tout à coup, on change la donne, pour filer vers une montée complètement folle. C’est même plus épique là, c’est carrément tous les super-heros qui viennent te ramasser la gueule en même temps. Grosse progression en apesanteur, qui hésite constamment entre déprime et envie de planer, avec en prime des petits tintements synthétiques très Para One. Je veux entendre ça en live, voir la foule sauter dans tous les sens, pour chialer juste apres.









Rival Consoles (inconnu au bataillon, il parait qu’il faisait de la drill’n bass sur du classique avant) semble donc être amateur de ruptures, changement de tons et autres surprises culbutant électro imparable et mélancolie IDM. Et sur l’album, il y a encore plus parlant comme exemple, comme sur Preoccupied Fashion Bastard, complètement schizophrène. Bon, déjà, on va me prendre pour un fou, mais je suis sur que la première partie du morceau est une référence au Yeah Yeah de Bodyrox & Luciana (ou un remix, une relecture, ce que vous voulez… ou peut être une parodie vu le titre) Même synthé saccadé, quasi-même mélodie imparable, structure plutôt semblable… cela me semble trop gros pour n’être qu’un simple hasard, il ne manque plus que la voix déraillée.
Quoi qu’il en soit, Rival Consoles veut sonner pute, et le fait avec conviction. Bref ça vrille dans tous les sens, gros tube en perspective, la pièce devient moite, ça transpire à grosses gouttes. Ligne acid qui s’interpose, morceau qui se meurt, le dancefloor vient de se trancher l’aorte : il n’y a plus rien, à part un synthé Analordien à crever, superbe mélodie mourante, culbutée sur le podium par un rythme souffle-au-coeur.

Même combat avec Xpr Vr, l’un des sommets de l’album. Démarrant sur un Dub glacé aux basses pachydermiques (sans déconner), ce morceau au nom imprononçable va se laisser, encore une fois, envahir par une ligne Acid grésillantes et crasseuse. Encore une fois, on veut nager dans les cotillons, l’alcool et les urinoirs, mais rien n’y fait, Rival Console semble vraiment vouloir casser le moral des clubbeurs en mille, le titre partant dans une sublime (sans déconner²) fresque façon moi-aussi-je-veux-faire-du-Aphex-mais-je-le-fais-bien, avec des synthés qui chialent, une bassline qui mute et un rythme toujours techno, mais claudiquant. Genre qui te dit que tout va bien, pour te vomir sur les pompes la secondes d’après. La party est finie, pleurez maintenant ! Yep, ce morceau, c’est le twist d’une soirée qui semblait réussie, la rupture parfaite : Tout allait bien, les fêtards se dandinent devant un Dj en essayant d’être cool. On cligne des yeux, et l’on voit tout le monde affalé sur les sofas, camé jusqu’à l’os, à s’étrangler avec sa propre merde.

Histoire de légitimer le parallèle avec Rephlex, Rival Consoles sortira des compos rentre-dedans pour nous filer un vrai titre Drill’n bass avec Agenda, reniflant dur le Aphex Twin, entre une section rythmique façon jet de verre pillé en pleine poire, moogs au bord du gouffre et mélodie chair de poule. Bon ok, j’ai l’impression que le bonhomme utilise carrément les mêmes presets qu’Aphex, mais c’est rudement bien foutu, donc on apprécie.

Et si 70% du disque repose sur ce phénomène de rupture au milieu des morceaux, Rival Consoles a le bon gout de nous balancer quelques morceaux plus linéaires, mais toujours aussi jouissifs. Digital Fuck se la joue rouleau compresseur rave-melancolique avec une belle mélodie et un rythme simulateur de baffe. Func se la joue électro-mysterieuse avec des nappes drôlement bien foutues. Seul Pvar me laisse un peu de marbre finalement.
L’album finira sur une dernière cavalcade club-geek-épique avec ARP qui démarre en mode acid-funk putride, bouffé par les bugs, et les assauts rythmiques et les saturations, pour débouler presque sans prévenir, sur une nouvelle escalade analordienne vraiment belle, toujours un peu neurasthénique mais pas trop quand même, qui s’étendre tranquillement.










Bon, pour relativiser un peu, ce IO de Rival Consoles, c’est typiquement le genre de disque que j’aime dès la première écoute, malgré des références trop pesantes. Certes, Aphex Twin est passé par là, Windowlicker et XMD5A en tête. Tiens, on croirait presque que Rival Consoles tente de fusionner ces deux grands morceaux sur IO. C’est presque du Fan-service. Sauf que le bonhomme arrive à tracer sa voie en donnant une patte clairement plus club et rentre-dedans à ses morceaux, se détachant en une seconde de la myriade de clones à la Aphex. Certes, c’est chair de poule à la Analord, mais ça te retourne aussi le cerveau comme un samedi soir à coup de beat Techno imparables. Cela semble assez anodin au premier abord, ça se revele vraiment bien foutu au final.


De plus, cette construction quasi exclusivement basée sur la rupture, sur le changement de schéma, d’atmosphère, de mélodie, est un truc qui me fascine. A l’instar de Tepr et son album Cote Ouest (ze référence), Rival Consoles fait toujours évoluer ses morceaux, en partant d’une base dance pour la fracasser avec du triste, du beau. Du club vers la mélancolie, de la fête vers la semi-dépression. Certaines fins de morceaux sont vraiment belles, d’autres absolument épiques, et toujours bien amenées.


Un grand disque ce IO ? pas du tout. Mais une vraie bombe pour les amateurs de mélodies à crever sur des beats de bucheron, sans hésitation. L’histoire d’une nuit de folie, qui tangue et se nécrose petit à petit. End of party.














Rival Consoles – 1985








Mp3 :


Rival Consoles – 1985 (Enregistrer sous)









11 Titres – Erased Tapes Records
Dat’








Massive Attack – Heligoland

Posted in Chroniques on February 12th, 2010 by Dat'


Things that I’ve heard will (maybe) chase me to the grave






A l’instar du dernier Portishead, j’ai attendu ce nouveau Massive Attack trop longtemps. 7 putain d’années, à s’enflammer à chaque annonce, suivre ce Weather Underground annulé 3 fois, constamment repoussé, prévu depuis 2007, avec des invités annoncés de partout (de Callier, à Patton, en passant par Fraser et Tunde Adebimpe, le seul qui aboutira finalement). Je les vois en concert en 2008, les nouveaux morceaux semblent assez énormes, mais sont quasi-entierement jetés à la poubelle par 3D et DaddyG quand ils se rendent compte que les inédits se retrouvent deja sur youtube.

Il y a les rumeurs par centaines sur le nouveau disque aussi. 100thWindow s’etant pris une volée de bois vert à sa sortie, ultra critiqué et molesté par les fans, on annonce un son plus chaud, plus rond, moins neurasthénique. Perso, j’avais adoré ce dernier, mais refaire la même chose aurait pu être dommageable, donc bonne nouvelle. De toute façon, Massive Attack a toujours changé sa musique d’un album à l’autre, défrichant un nouveau terrain pour le groupe.














L’artwork fait quand même drôlement peur. Heuresement, on peut choisir 4 couleurs de disque, histoire de limiter au plus les dégâts sur la cornée, mais quand même, l’agression visuelle est de mise. Surtout quand on voit les très beaux artworks qui se faufileront sur la version deluxe de l’album, on peut clairement se persuader que 3D a du bien ruiner le mini-bar avant de faire son choix. Reste que l’on trouvera les lyrics dans le livret, excepté pour les morceaux Rush Minute et Atlas Air, qui ont été oubliés, dixit le booklet lui même. (Je crois que les morceaux de 3d n’ont jamais leur lyrics, à confirmer…)






Alors évidemment, HeligoLand, c’etait d’abord l’Ep Splitting The Atom, excellente mise en bouche, premier marche pied assez exceptionnel, annonçant en quelques titres un album qui sentait la grosse claque. Commençons par ses derniers, puisque le majestueux Pray For Rain ouvre le disque. Morceau dingue, il m’avait tué sur place à la première écoute, il y a bien 5/6 mois. Percussions tribales rampantes, piano lugubre, et surtout cette voix de folie, ce filet fragilo-melancolique de Tunde Adebimpe, le chanteur de Tv On The Radio, dont je suis l’une des groupies officielles. Le titre se déroule sur presque 7 minutes, passent par trois phases, dont une complètement renversante à partir de la 3 minutes, progression lumineuse, montée quasi orgasmique, soutenue par des synthés electro et guitares shoegaze à crever, un truc qui t’etouffe et te fracasse la gorge. Surprise, on attend que le tout te pete à la gueule, mais ça débouche sur une steppe pop aérienne un peu bizarre, avant de revenir au galop vers le coté tribalo-mortuaire du départ. C’est superbe, c’est un diamant noir de folie…

…Avec son pote Splitting the Atom, cristallisant tous les espoirs de revoir un Massive Attack plus laidback, plus hiphop, plus lazy. Parfait morceau je-m’en-foutiste, ce Splitting the Atom hypnotise illico grâce à son beat rond et sédatif. Regroupant la formation actuelle de M.A autour du micro (3D, DaddyG et Horace Andy, toujours considéré comme un semi membre à part entière), on se délecte forcement de la voix grave et pesante de DaddyG, qui surclasse tout le monde. Profitons-en, car c’est le seul moment où l’on entendra le bonhomme sur le disque, bien dommage (je m’attendais à l’entendr eun peu plus, comme sur Mezzanine). Horace Andy habite parfaitement le refrain, et 3D balance son petit verset dépressif pour conclure le morceau d’une façon encore plus détachée. On imagine parfaitement les 3 mecs affalés sur un sofa, à siroter une bière et fumer leurs clopes, chantant les versets de la chanson à moitié défonçés/endormis, en regardant ce qui se passe dans la rue d’un oeil morne. Ce morceau est une réussite totale.

Dans l’Ep Splitting The Atom, il y avait aussi deux versions alternatives de morceaux qui se retrouveraient dans l’album. Psyche était superbe, sorte de Dub glacé sublimé par la voix de Martina Topley Bird. Arg, qu’ont-ils fait de cette version ?!? le Psyche (Album version) troque son instrue en diamant contre une espèce de boucle de guitare épileptique et rachitique, qui tourne en rond à n’en plus finir. Je suis tout colère. Attention, le titre reste très bon, c’est d’ailleurs le morceau que j’ai le plus écouté pour le moment sur l’album, tant il est entêtant, et le chant bien placé. Mais merde, quand même, la version de l’Ep était grandiose, comparée à cette comptine expérimentale conduite par un guitariste semblant souffrir d’hyperactivité, laissant peu de place à la voix de l’ancienne muse de Tricky.
Tout le contraire de Bulletproof Love, qui est renommé Flat Of The Blade sur l’album, qui ne m’avait vraiment pas captivé sur l’Ep. Et là pan, Massive attack te balance le morceau craqué de l’album, l’instrue post-nuke, reminescences Autechre-iennes en train de crever. Tu voulais du moite sur la nouvelle galette des anglais ? tu aurais de l’expérimental décharné, cancéreux, gisant dans sa propre bile…
Ce morceau est vraiment beau, bien que difficile à ingérer à la première écoute. Le rythme n’en est presque pas un, simple crissement irrégulier et métallique, sursautant au grès des élucubrations de Guy Garvey, et parasité par un gros bleep drogué. Les robots ne se soulèvent même plus, la révolte est terminée, tout le monde se nécrose dans un grincement de limailles d’après combat. Pourtant, le morceau va allumer le Luminou grâce à un synthé au moins aussi clamsé que ses potes du dessus. Sauf qu’il est d’une beauté incroyable, que la voix de Garvey s’élève, semble porter le morceau vers le soleil, aidé par des cuivres étouffants… avant de retomber tranquillement vers les craquements neurasthéniques du départ. Grosse hallucination torturée de la part du groupe, mais belle aventure au final.

En parlant de cuivres qui t’écraseront la gorge, Girl I Love You remplit parfaitement son office. Longue montée crasseuse et sombre, habitée par un Horace Andy toujours aussi énorme (j’adore la voix de ce chanteur), le morceau n’est pas sans rappeler certains exercices de Mezzanine, avec sa bassline caverneuse, ses “fausses fausses notes”, cette progression mi-mélancolique mi-dépravée. Horace Andy devient dingue petit à petit, le morceau aussi, invitant des cuivres rageurs qui se greffent graduellement au tout, avant de suicider tes tympans sur la conclusion. Petit malaise à la fin de la première écoute, pour au final se convaincre de la grandeur du morceau.
Tiens sinon, il y a Babel, et sa drum’n bass en fin de vie, permettant à Martina T.Bird de chanter sans se faire bouffer par les machines, tout en profitant d’une ligne de basse bien foutue. Encore une fois, le morceau est tout cassé, super désabusé, surtout quand le tout semble s’arrêter, pour finalement partir dans une attaque électronique clinique, froide, saturée, mais vraiment bien foutue.








Heureusement, il n’y a pas que des morceaux cliniques et dépressifs sur Heligoland (oh mais attendez… ce n’était pas le contraire qui était prévu à la base ?) La demoiselle Hope Sandoval pose lascivement sur Paradise Circus premier single de HeligoLand, avec un clip spermatique qui avait fait pas mal de malheureux employés, se croyant à l’abris des regards d’un boss pernicieux. Bon je ne vais pas tourner en rond : Paradise Circus est pour moi l’un des plus beaux morceaux pondus par Massive Attack. Carrement. Et ceci n’a aucun rapport avec la vidéo. Non, vraiment, un chef d’oeuvre, morceau de trip-hop sensuel parfait, avec les meilleurs handclaps entendus depuis des années, une mélodie divine, et une voix… cette voix… et surtout cette montée de violon bordel. Superbement dosée, cette montée finale donne tout son sens à un morceau tout en retenu, presque timide, mais juste sublime. LE morceau que je voulais entendre de la part de Massive Attack. Certains trouveront le tout gnangnan, trop lisse ou autre, mais ils n’ont pas de coeur, ils sont tous méchants. Au départ, j’étais un peu déçu que Live With Me avec Terry Callier ne soit pas sur l’album, mais au final pas grave, on a son alter-égo féminin, avec Paradise Circus, qui frôle la perfection auditive. (Bon, ce n’est pas encore au niveau de Group Four, le meilleur morceau du groupe tous disques confondus pour moi, mais quand même). Sinon le remix de ce morceau par Gui Boratto est sublime aussi.

Un album de Massive Attack ne serait pas complet sans les complaintes narcoleptiques de 3D. Au menu, un très bon Rush Minute, rock glacial, décharné, qui s’enrichit tranquillement, pour finir sur une très belle levée de guitares, de lamentations et de sons passés dans tous les sens.
Mais c’est l’épique Atlas Air qui retiendra toutes les attentions, en culminant du haut de ses 8 minutes. Débutant sur un synthé tout cheap, le morceau va vite se faire ronger par une bassline imparable, un chant toujours aussi morne mais hypnotique, et un rythme qui va peu à peu se greffer dans notre cortex. Les effets pleuvent de partout, ça monte à n’en plus finir, en se permettant même de lâcher une espèce de ligne electro-acid bizarre. Le morceau va passer par un interlude presque ambiant, avant de se déchainer dans une tornades electro bien méchante. On n’atteint pas les épiques sommets de Antistar qui concluait le précédant album, mais ça reste de haute volée.

Pour la piste Japonaise bonus, on nous accorde un inédit, Fatalism, remodelé par Ryuichi Sakamoto (rien que ça) & Y.Takahashi. Guy Garvey revient pousser la chansonnette, mais se retrouve haché menu, dans une electronica IDM bien expérimentale, avec au milieu des ruines, le Piano de Sakamoto qui se promène. A chaque fois que la voix tente une amorce, des beats acérées déboulent, et Garvey voit se prend constamment du verre pilé rythmique en pleine gueule. Pourtant, au milieu de cette fresque opaque, la voix va finalement percer, chanter un refrain vraiment beau, avant de se retrouver de nouveau avalé par les glitchs sautillants.

Au final, sur Heligoland, seul Saturday Comes Slow fait un peu la tronche. Attention, c’est un bon morceau, plutôt beau et bien foutu, avec Damon Albarn au micro (qui a bossé sur d’autres titres du disque d’ailleurs) qui chante parfaitement cette pop tristounette (à la montée réussite). Mais je ne sais pas, je trouve qu’elle ne cadre pas des masses avec l’album, que le morceau fait vraiment “hey les mecs, on a Damon Albarn sur notre album, on va lui concocter un morceau à la Damon Albarn”. Dommage, une ambiance beaucoup plus Massive Attack aurait été intéressante.











Bon, au vu du texte, cet album sent le carton plein, la bonne réussite, le retour que l’on attendait. Pour sur, je ne suis pas déçu. Reste que cet album soulève quelques interrogations. Deja les annonces précédant l’album : 100thWindow s’est tellement fait ramoné par les critiques et les auditeurs, que le groupe anticipe le tout en annonçant un “retour au sources”, avec un son clairement chaud, rond, chaleureux, avec une électronique au second plan, bref, à mille lieux de la galette précédente. On croirait presque à l’opération de sauvetage d’un label qui flippe de se retaper les réactions post-100thWindow, et qui balance à tout va des “WHOUHOU LE NOUVEAU MASSIVE ATTACK VA ETRE SUPER CHALEUREUX, C’EST DEJA L’ETE DANS TA TETE, TROP LA FETE SOUND SOUNDSYSTEM A BRISTOL COMME AU BON VIEUX TEMPS ne pas avoir peur, achetez le disque s’il vous plait, 3d a déconné ya 7 ans, ne vous inquiétez plus” histoire de rassurer un peu tout le monde.


En écoutant le disque, puis en lisant pas mal de chroniques officielles, je me demande pas si la majorité des medias ont pas un peu trop cajolé le communiqué de presse, comme bien souvent. On lit donc partout, et avec les même tournures de phrases (ahem…) que le groupe revient a un son moite, vibrant, presque convivial, à l’opposé de 100thwindow…… Le retour aux sources on vous dit !
Perso, quand j’écoute ce disque, j’ai dans les oreilles un truc malade, électronique, expérimental, froid, et surtout bien dépressif. Alors oui, comme le disent si bien les chroniques, Paradise Circus, Splitting The Atom et Saturday Come Slow font revenir Massive Attack à un son plus rond, plus chaleureux, plus trip-hop. (et encore, pour Saturday, c’est pas vraiment Ibiza hein.) Oui aussi, le son est clairement plus dépouillé et direct que les cathédrales de la précédant galette. On identifie enfin les différents éléments qui composent le morceau.


Mais à part ça, entre la drum nécrosée de Babel, la boucle épileptique et squelettique de Psyche, la drill décharnée de Flat Of The Blade, l’electronica ultra hermétique de Fatalism, le désert glacé de Pray For Rain, la complainte neurasthénique de Atlas Air… j’ai devant moi un album quasiment aussi froid, électroniques et désabusé que 100thwindow…… Ce qui détache Heligoland de son précédant, c’est des compositions plus abruptes, plus live, plus dépouillées. Et surtout une variété bien plus grande d’un morceau à l’autre, 100thWindow étant forcement assez linaire, grand bloc glacé qu’il était.
Mais attention, pour moi, c’est loin d’être une critique, et au final, je suis plutôt content que Massive Attack ne se transforme pas en fête foraine comme le laissait suggérer les premiers échos. J’aime ce son froid, désabusé, lancinant, électronique, tout comme j’aimais le Massive Attack rond et Triphop d’antan. Reste que beaucoup ne trouveront toujours pas leur compte dans Heligoland, qui est très loin d’etre le contre-pied annonçé de 100thwindow…… Au mieux, une simple continuité, plus ouverte, moins repliée sur elle même. Plus accessible peut être, bien que toujours aussi au bout du rouleau.


Si HeligoLand n’est pas pour moi une révolution, ni un album ultime, il est très bon, et comble plutôt bien mes attentes. Certes un peu inégal, certes pas vraiment incontournable, mais de qualité. Au final le disque souffre de trois défauts, pas forcément en lien direct avec la musique :


– Le disque peut se prevaloir un peu du syndrome Best-of, avec certains titres renvoyant à différentes périodes du groupe (le traumatisant Girl I Love You ou Rush Minute qui lorgnent vers Mezzanine, Atlas Air et Flat Of The Blade vers 100thWindow, Splitting the Atom et Paradise Circus vers les premières galettes du groupe). Pas foncièrement gênant, mais cette variété sonore prive Heligoland de la force qu’avaient ces prédécesseurs, véritables machines de guerres monolithiques.

– Heligoland donne clairement l’impression que le groupe a tiré ses meilleures cartouches en premier (Splitting the Atom, Paradise Circus et Pray For Rain étant pour moi clairement au dessus du reste, et se mettent au niveau de ce que le groupe a pu créer de mieux) ce qui fait que la première écoute du disque désoriente quelque peu, quand on se retrouve dans se marasme glacial et désabusé, et que l’on ne retrouve pas les hauteurs promises par les premiers extraits.

Massive Attack prend le risque indeniable que l’album soit éclipsé violemment lors de la sortie prochaine du Heligoland entièrement remixé par Burial, comme prévu depuis quelques mois.




Reste un album qui contient son petit lot de morceaux dantesques (les trois précités juste au dessus et Girl I Love You). Contrairement à Blue Lines, Mezzanine (l’album ultime) et 100thWindow, Heligoland brille par ses individualités, et moins sur son ensemble. Personnellement, cela me suffit amplement…













Massive Attack – Splitting The Atom











Massive Attack – Paradise Circus











Massive Attack – Flate Of the Blade












11 Titres – Virgin
Dat’










Dopplebanger – Dark Side Of The Gooom

Posted in Chroniques on February 5th, 2010 by Dat'


Déterre ton cadavre





Attention, aujourd’hui on va dans le grenier, on souffle sur la poussière, on cherche derrière ses meubles, on débarrasse les corps du placard, P.Bateman te regarde. Parce que là je sors un disque qui m’a marqué pendant des années, mais qui n’était plus disponible nul part, parti en fumé à la mort du label hébergeant le tout… Et qui réapparait soudainement sur le net, grâce à son créateur lui même. Mais avant, petit flashback.

Je vous ai déjà bien emmerdé avec tous mes laïus sur Abstrackt Keal Agram, Tepr and co, mais peu sur Gooom Records. Ce label français, ultra éclectique, est à l’origine de l’explosions de formations comme Abstrackt Keal Agram (ahah ! ), Cyann & Ben, Montag, Villeneuve, et surtout M83, la star de la maison. Musique électronique, post rock, rock folky drogué, hiphop, expérimentale, le label était partout, et le faisait bien : des tonnes d’albums cultes de (Bad Thriller d’Aka en passant par tous les M83, les SPECTRE de KG, Happy like a autumn tree de Cyann & Ben, le Grand Pic Mou de Mils…) et des affaires bien gérées à coup de compilations méchamment bien senties (Gooom Tracks Vol 2 et Vol 2.5, les grosse partouzes electronicahiphoprockfolkindeshoegaze de l’époque)
Bref, Gooom Records, c’est un amour de jeunesse, et était pour moi le meilleur label français, seul label éclectique jusqu’au bout des ongles ET parfait dans chaque genre musical. (Je ne déconne pas, j’aime ce putain de label, j’ai brulé mon appartement quand on a annoncé sa fermeture, j’ai sincèrement vécu certains de mes meilleurs moments musicaux avec ces mecs)

En plus d’être le daron qualité de la musique en France, les ptits loups de chez Gooom étaient bien gentils, en nous filant régulièrement des compilations et Mix gratos, à télécharger directement sur leur site internet (qui est maintenant remplacé par, au choix : une sempiternelle page sexcam erotik show du plus belle effet / une page error 404 / des news bloquées en 2001). Le tout toujours bourré d’inédits et autres alter-versions de folies. (Dont un Dernier Chapitre de Psy-Lyrikah reconstruit par Tepr ) Aux manettes des mix, Mils, C&B et surtout Abstrackt Keal Agram, pour un culte Hell Mix désormais introuvable. Comme tous les autres, que j’ai perdu lors de mon changement d’ordi. (Annonce sponso chroniques auto : Si quelqu’un a ce mix dans sa besace mp3, qu’il n’hésite pas à le balancer ici, il fera au moins un heureux et je lui fais un bisous gratos)





Mais vers la fin de vie de Gooom, qui se portait comme un charme, (il cachait bien son jeu le salopard), apparaît un mix toujours filé pour pas un rond, par Dopplebanger. Avec un concept différant des autres Gooomix : Dans Dark Side Of The Gooom, le but était de faire copuler des morceaux des artistes du label avec des grosses stars Mtv (et plus si affinités)
Aucune idée de qui était ce Dopplebanger, car à l’époque, j’étais autant à fond dans Gooom que dans les Bootleg, et qu’il y avait tellement d’artisans du genre qu’il était difficile de s’y retrouver.

Le Bootleg, Bastard pop ou Mash-up, maintenant, ça sent un peu le ranci, le concept s’est tellement autodetruit/autoparodié qu’il me fait horreur (heuresement, un dernier bastion résiste à l’envahisseur). Mais si l’on regarde la scène française au milieu des années 2000, le Bootleg était à son apogée, porté par un site absolument incontournable à l’époque, abreuvant les internautes de nouvelles créations glanées sur le web, ou soumises directement au Webmasteur. (Si je ne me trompe pas, c’était l’ancienne version de Bootlegsfr.com, le bastion justement, qui reste la seule bonne référence pour trouver de la came de professionnel)
Bref, on avait des mecs comme Dj Zebra, comaR, ToTom, Loo&Placido, Moule, Creasos, Reno and co, qui poussaient le concept du Bootleg d’une façon intelligente : Ne pas se limiter au simple accouplement de deux morceaux à chier pour faire rigoler ses potes (quoique, le Just Loose the accordion de Dj Nono est un classique dans le genre), mais créer de la bonne musique, ou magnifier la matière originale. On se retrouvait donc souvent avec des mélanges mutants, sur le schéma d’une instrue obscure, d’un groupe underground, et des vocals d’artistes mainstream (ou le contraire, et vice-versa). C’était génial, ça défonçait, et quand tu balançait ça chez tes potes ou dans une soirée, le résultât était toujours le même : Des airs ahuris, des sourires, puis une envie de sauter partout.
Certains mélanges étant tellement parfaits que l’on croyait presque à une version originale (Ray Charles vs l’ost de O’Brother par Zebra, l’enorme Etienne de Crecy vs Yeah Yeah Yeahs de Eve Massacre, le Blur vs Madison Avenue de Mcsleazy ou l’hallucinant Vertigo Tripper de je ne sais plus qui). Les mecs organisaient en plus des nuits dans des caves à Paris, en Auvergne ou à Morlaix, spécialisées dans le Bootleg, avec des concours, Djset, striptease et compagnie. Bref le bootleg en France a commencé à frétiller, les mecs derrières ont pu avoir des tribunes dans les medias, putes & coke across the universe.

Ca n’a rien avoir avec les artisans du dessus, mais si je fouille dans mon cerveau rongé par les médocs, le bootleg a commencé à se suicider au moment de l’apparition d’une émission de Mash-up sur Mtv (qui n’existe plus je crois bien), et de Jingle-Bootleg pourris sur Fun Radio toutes les 5 minutes. S’acharner à couper de la merde avec de la merde, ça ne marche pas. Le genre doit désormais tapiner pour se faire entendre, et la recherche musicale passe au second plan, l’objectif premier étant désormais d’associer deux morceaux ultra mainstream qui viennent de sortir, histoire que tout le monde puisse reconnaître la source, et trouver ça super lol.
Heureusement, les mecs cités au dessus ont pu résister à l’hécatombe, comme le génie Dj Zebra, qui transcende désormais le concept en faisant carrément des concerts bootleg, d’autres qui produisent leur propre sons, et certains (CormaR) qui continuent toujours de faire rimer Bootleg avec minutie (on en trouve encore pas mal sur le site précité donc), ne taffant pas simplement à l’arrache avec un UHU stick musical.


Ne paniquez pas, je reviens à mon sujet initial : Dopplebanger et son Dark Side Of The Gooom. Le concept est limpide, on va faire entrer les petits gars de Gooom chez les grosses pontes. Déclaration d’amour au label, preuve que AKA et M83 peuvent produire des tubes, ou simple exercice de style, difficile à dire. En tout cas, le tout était bien évidemment filé gratuitement en 2005. Dopplebanger vient de re-uploader l’album pour le bonheur de toute la famille. Idée de la décade.















Pas de Packaging évidemment. Mais accompagné d’un joli artwork et un tracklisting ô combien salvateur. Alors évidemment, on change un peu la donne pour cet article, vu que le taff de Dopplebanger est strictement celui de polir/retailler des compositions déjà existantes. Certes. Mais le bonhomme semble avoir un talent indéniable pour assortir les couples et les faire baiser en public.

A dire vrai, on va pas non plus s’embêter à décortiquer chaque piste, vu qu’une phrase redondante reviendra tout le temps : Tout colle parfaitement, et Dopplebanger est un putain de génie. Easypeasy, on invite Gel et Abstrackt Keal Agram pour flirter avec Kelis & Nas sur le titre d’ouverture, Thug Nerves. Evident, notamment sur le final épileptique.
Abstrackt Keal Agram encore, avec son immense Audio Crash, qui accueille Eminem et son ineffable Loose Yourself. Je vous regarde, vous commencer à rire. Ben non, on croirait que le morceau AKA a été fait pour Eminem. Même progression, même petites cordes pincées pour faire monter la pression, un beat de bucheron. Avec, en plus, la patte bien noire et expé d’AKA, qui file au morceau une profondeur insoupçonnée, changeant le rythme un peu linéaire de l’original. Les cordes bien sombres et les bugs informatiques des bretons copulent à la perfection avec le flow de notre Marshall Mathers, en offrant en prime une bien belle progression. Balaise.
De nouveau AKA et Eminem (qui épaule le Terror Squad) pour un Nato Leans Back, bien plus laidback que le précédant, le déstructuré Nato d’AKA est retravaillé à merveille pour en faire une petite bombe bien posée. On appréciera l’arrivée des cordes sur la fin.

Sur Dirt Off You Spectre, Jay-Z va se payer la part du lion avec un sublime Spectre de KG (Merde, pourquoi n’ai-je jamais parlé de ce mec là d’ailleurs ?), un des types de l’ombre de Gooom, qui a sortit un indispensable “Adieu à l’electronique”, ôde a la musique lumineuse et torturée. Rien à voir avec l’instrue du Jay-Z original, Dopplebanger transforme un morceau quasi-pimp en merveille electronica progressive. Ici tout est lent, écrasé, les montées superbes filent la frousse, la mélodie est parfaite et colle étonnamment au flow de Jay-Z(sincèrement, vu le fossé de genre entre les deux morceaux, faut être sacrement cinglé pour avoir ne serait-ce que pensé à créer ce bootleg)

Mais le groupe qui se taille la part du lion sur ce Dark Side Of The Gooom, c’est bien M83, qui apparaît 6 fois sur le disque : Requiem for a Flame nous envoie dans les étoiles accompagné de Miss Kittin et Boom Bip, Look at my celebrity en duo avec Villeneuve et chapeauté par Twista défonce. On pousse même le vice de recycler le cultissime titre Dance que tout le monde écoutait (allez avouez, faut pas avoir honte) avec son walkman : You’re Not Alone de Olive. Ca se trouvait dans Hit Machine vol°15, ça devient un morceau de post-rock désabusé du plus bel effet, grâce à Kids Indestructible (remixé par M83). Ok, cool c’est bien tout ça, mais elle est ou la grosse mandale ?







Juste ici : Sur ce disque, il y a THE bootleg, the only one, le roi parmi les rois : Pussylicker. Alias M83 vs Aphex Twin vs Khia. Un morceau qui tourne depuis des lustres sur le net/youtube/blogs sans que personne ne sache vraiment d’où il vient (il est souvent crédité Switch ou Diplo, carrément…)
Donc ouai, ce truc, c’est une tuerie absolue, et mérite à lui seul le clic pour downlander cette galette. Le Run Into Flowers de M83 se mêle à la perfection aux rythmes cultissimes du Windowlicker d’Aphex. C’est beau à en crever, les synthés me niqueront toujours les vertèbres, et le groove vicié du barré des cornouailles ne peut que finir les tympans à coup de pelle. Ouai, on pense déjà en avoir pour notre argent, quand la salace Khia déboule et finit de démonter le tout. Khia (au flow légèrement acceleré), elle est contente, elle se paye l’instrue de sa vie sans le savoir, faut dire que le morceau d’origine n’était pas des plus jouasse. Bref, c’est absolument imparable, une bombe gigantesque, un morceau à part entière, un truc incroyable. Je l’écoute depuis 5 ans, et je saute contre mes murs en poussant des cris à chaque fois. Pas de problème, le plaisir ne vieillît pas. Medhi dit des friandises pour ta bouche. Ce Pussylicker, c’est la vie.

Autre tuerie en pleine poire, et toujours avec M83, qui va se laisser chevaucher par Missy Elliott sur Slow Gossips. Certes, la Missy n’a pas attendu Doppelbanger pour déboîter sur des rythmes de folie (“Wake up”, instrue du siecle), mais ce mélange Gooomesque pourrait presque se poser comme référence. En utilisant l’un des seuls morceaux en 4/4 des shoegazeur, Doppelbanger balance Gossip Folks dans un tunnel techno à s’arracher la peau du cul tellement c’est beau. Parce qu’evidemment, il y a des mélodies qui s’envolent vers le paradis, des couches de synthés qui s’empilent aussi facilement que deux potes dans un boulard, et une Missy qui pête les plombs au milieu du tapage. (Alors qu’elle semble plutôt calme dans le morceau de base, comme quoi une instrue peut clairement changer la perception d?un morceau)
Pour le couplet de Ludacris, tout s’envole, c’est absolu, et ça se termine sur une incartade tellement épique que tu as déjà cassé ta sono à coup de point pour aller planer dans les nuages avec pleins de drogues dans les veines. La violence.

Bon alors, évidemment, dans un disque de Bootleg, il y a des trucs qui ne marchent pas vraiment. Genre Villeneuve vs Aguilera, un peu inutile, ou le Purple Consusion vs Ol’ dirty Bastard, qui se fait inévitablement plier en deux par l’original de l’ex-membre du Wu. Mais on s’en fout un peu, car à coté, Doppelbanger arrive a transformer l’insupportable Crazy in Love de Beyoncé (Désolé pour Pitchfork, mais non, ce titre m’est impossible) en très belle gemme aérienne grâce à l’incontournable Unrecorded de M83 (décidément), tout en suspension, ça te filerait presque la larmichette.
Doppelbanger utilise aussi la cultissime accapella de Sweet Pussy Pauline “Wait a minute motherfucka, do you play baseball ?” pour un morceau marathon avec Mils, qui semble parfaitement convenir aux exigences de la précitée. Idée casse gueule, résultât imparable.










Bon en fait, ce texte ne évidemment pas à grand chose, j’aurai pu me contenter d’un “Faut télécharger Dark Side Of The Gooom, ça défonce”. D’ailleurs c’est un peu ce que j’avais prévu. Mais je suis tellement épris ce disque et Gooom records qu’il fallait absolument que je m’épanche un minimum. Merde, quand on aime quelqu’un, on lui écrit une lettre enflammée à la lueur d’une bougie, pas un simple sms genre “hello thx bye”.

Ouai Dopplebanger, ça fait 5 ans que j’écoute ton disque, ta tape, ton mix, ton mash-up, ce que tu veux et que j’ai toujours les yeux qui brillent, tellement il est bien foutu. Bon, faut pas déconner, il me fout un peu la mort aussi ton truc, parce que ça me rappelle à chaque fois que Gooom est crevé, que Abstrackt Keal Agram n’existe plus (au fait Fortune sort son premier disque en mars), que KG s’est perdu en foret (faut dire qu’il a mal choisi son pseudo celui là, il doit y en avoir 500 avec le même nom), la même pour Mils, que Cyann & Ben (tiens dommage qu’ils n’apparaissent pas sur ce disque) ne fera pas un truc aussi bon que Happy Like, que M83 a définitivement laché l’electro (pas trop grave, ça reste plutôt bon) et tout pleins d’autres trucs dont tout le monde se branle, sauf les trois du fond dont je semble faire parti, à rêvasser près du radiateur d’un collectif qui m’a dynamité les tympans.

Et puis sincèrement, certains morceaux de l’album sont absolument énormes, entre le KG vs Jay-Z à sucer le goudron de bonheur, le A.keal Agram vs Eminem qui devrait passer sur mtv, le M83 vs Missy qui ferait passer le Macumba pour une boite à mac et évidemment le mythique-que-pour-moi-cultissime M83 vs Aphex vs Khia, qui a presque donné envie à Dj Zebra de démissionner. J’ai prêché dans le vide pendant 5 ans, à parler d’un disque qui n’existait plus. Que Doppelbanger ait refoutu ça en ligne, c’est inespéré, profitez en avant que le tout disparaisse injustement une nouvelle fois dans les limbes d’internet.



En gros, ce disque, en plus de filer du Bootleg de bourgeois qui ramone 99% des morceaux du genre, c’est aussi, et surtout, la plus belle déclaration d’amour que l’on peut faire à un label et ses musiciens. Je ne sais pas trop comment terminer cet article illisible bourré de ( ), désolé si c’était chiant, mais c’est le coeur qui parle, et le mien est tout mou quand on touche la corde sensible.
Dark Side Of The Gooom, faut télécharger ça tout de suite car c’est gratuit, c’est beau, c’est génial, et ça sauve des vies. Au moins.







A télécharger sur le blog de Dopplebanger : Dopplebanger – Dark Side Of The Gooom












Dopplebanger – Pussylicker (M83 & Aphex Twin & Khia)











A télécharger sur le blog de Dopplebanger : Dopplebanger – Dark Side Of The Gooom

14 Titres / Gooom
Dat’












Four Tet – There Is Love In You

Posted in Chroniques on January 27th, 2010 by Dat'


I’m at the top of the top but still I climb, Jumping off of a mountain into a sea of codeine






Si Four Tet est considéré par beaucoup comme l’un des bonhommes important de la musique électronique, il toujours été un acteur discret, privilégiant toujours les vignettes electronica naïves aux beats tapageurs. Et malgré son omniprésence dans les magasins de disques grâce à une batterie d’Ep et une position de remixeur acharné, on oublierait presque que le producteur n’avait pas sorti de vrai album depuis 5 ans. On avait laissé Four Tet faire un buzz de folie l’année dernière en sortant son mystérieux Ep fait avec Burial, quasimment impossible à acheter, et générateur de fake en pagaille. Bien que déroutant dans sa commercialisation, et quelque peu avare en informations (sympa les écritures au cutter à même le disque) ce Moth/Wolf Cub était une vraie réussite, poussant Four Tet dans quelque chose de plus urbain, plus techno, tout en gardant ce coté candido-mélancolique indissociable de l’anglais. Et les premiers sons de There Is Love In You semblaient pencher vers cette direction, ce qui ne pouvait qu’être une bonne nouvelle pour nos tympans.













Pour tout avouer, je trouve l’artwork assez moche. Tant qu’a nous cramer la cornée avec un nuage de couleur, autant garder un truc dans le style de l’Ep Love Cry, pas foncièrement esthétique certes, mais plus frappant que ce pot pourri kaléidoscopique. En plus ils sont gentils chez Domino, ils nous donnent un sticker de la pochette wouhou. Nous prefererons nous extasier devant la très belle photo de slips accrochés sur une corde à linge, à l’intérieur de la cover.

J’ai toujours bien aimé Four Tet ses disques pouvant souvent être considérés comme des incontournables, mais le schéma redondant electronica-champêtre m’empêche parfois de réécouter certains de ses essais aujourd’hui. Niveau musique, j’ai su tout de suite que cette fois, ça allait titiller, au moins un minimum, mon coeur mou. Les éléments sont limpides, durant tout le disque : Rythme binaire, mélodies mélancoliques et Vocaux éthérés/pitchés à la mode ces temps ci. Angel Echoes démarre d’ailleurs parfaitement l’album, avec un rythme rapidement accompagné de voix superbement placées, entre dance dépressive et soul cramée. Rien de plus, ça va juste monter, monter, afin de nous foutre la gueule dans les nuages. Four Tet joue sur la progression, enrichissants ses compositions à chaque seconde, rajoutant de petits éléments ici et là.
Cisaillé à la perfection, aérien mais pas apathique, ce premier morceau déboule directement sur Love Cry marathon techno-tribal de 9 minutes. Très rapidement, le rythme fait son office, s’infiltre, nous endolorit la nuque. Des bleeps bizarres jaillissent graduellement, c’est la montée céleste, nightclub crado en fin de nuit, une demoiselle susurre dans nos oreilles au bout de 5 minutes. Et cela continue de cavaler avec retenue, de nous filer des fourmis dans le bassin, une bassline s’installe, les voix s’évaporent, s’entrelacent, copulent, délire quasi-libidinal dans nos tympans. La montée est parfaitement dosée, tout intervient au bon moment, un régal. Il suffisait de voir d’ailleurs le morceau en streaming pour se rendre compte que le tout formait un cônes parfait, augurant d’une progression jamais entravée.
Et comme pour son split avec Burial, les compos de Four Tet sont casse-gueules et risquées, pouvant vite sonner répétitives dans une oreille distraite. Pourtant, et malgré dix minutes de “boum boudouboum love cry love cry love me love cry love me tchak tchak boudoudoudouboum boumbboum love cry love me love cry love me tchak tchak boumboumboum”, impossible de se lasser, de ne pas se laisser prendre au piege à chaque nouvelle écoute.

Et ce constat ne se défile point tout au long du disque, qui semble presque linéaire et écrasé au premier abord, pour révéler à chaque morceau une vraie progression, la base de départ se retrouvant constamment enrichie d’éléments nouveaux, souvent célestes, illuminant une fondation souvent aride et hypnotique. Circling ne me fera pas mentir, simple House mélodique qui va petit à petit s’enorgueillir de synthés cristallins à te casser la colonne vertébrale en mille. On se perd, on s’enivre, et des voix d’anges sorties de nul part finissent de nous écraser étouffer avec les nuages.
Dans le genre tu-ne-sais-pas-si-tu-dois-danser-ou-chialer, on partira bien loin avec She Just Like To Fight plus proche des anciennes compos de Four Tet, avec duel électronique/folk, en juxtaposant une superbe guitare sur un beat métronomique qui tape dur. Le morceau se déploie en une espèce de fresque electro-pop sublime, avec choeurs timides et bric à brac rythmique, à t’écraser le coeur.

Bien heureusement, l’anglais balance quelques morceaux un peu plus Up-tempo, histoire de relever un peu le disque. Sing est parfait, avec son rythme imparable, et ses progression encore une fois bluffante, avec les éléments arrivant les un âpres les autres, en rand d’oignon, pour te violer le cerveau. (Putain quand les voix déboulent la deuxieme fois, raaah ! et ces handclap, bordel… !) Le titre est vraiment magnifique, je tuerai pour entendre ça en fin de soirée dans un nightclub renversé par l’alcool, les gens gisant ivre mort sur les sofas.
La même pour Plastic People, imparable morceau House, bijou hypnotique incroyable, avec un rythme et une boucle à se damner. Pas grand chose encore une fois, mais tout est branlé à la perfection. Le pire, c’est ces espèces de filets de voix, feulements que l’on entend des le tiers du morceaux, mais qui se retrouvent réellement au premier plan que dans la conclusion, après s’être tapé (avec un plaisir non feint) une règlementaire ligne mélodique à base de clochette et de tintements candides. Petite tuerie, à se cramer la cervelle tellement c’est beau.










L’album semble alors frôler l’excellence, alignant un bilan sans faute. Oui, mais non. Je n’arrive pas à être aussi dithyrambique que les autres articles peuplant le web depuis quelques jours :
Car pour moi, un problème est quasi-omnipresent sur There Is Love In You : La gestion du temps… :
Si Four Tet, sur cet album, passe maitre dans l’art de juxtaposer ses sonorités, comme dans l’art de faire monter la sauce et d’installer une vraie progression dans ses fresques techno-émotives, il semble parfois, intentionnellement ou non, jouer sur la frustration. Un problème que l’on retrouvait sur le titre Wolf Cub notamment. Qui semblait presque être une introduction gargantuesque débouchant sur un morceau sublime… pour s’arrêter une minute après.
Sur cette galette, tout est beau, tout est bien foutu, rien n’est foncièrement raté… Mais on ne peut que rager sur la tournure de certains morceaux : On s’emmerde un peu sur la première moitié de This Unfolds, trop longue qui aurait pu servir d’intro pour une deuxieme moitié sympathique. (Le vrai rythme débarque au bout de 5 minutes, et c’est dommage tellement il démonte). Bon encore, ce n’est pas trop grave. Ce qui est plus embêtant, c’est le contraire : Angel Echoes est sublime, mais ne dure que 4 minutes. Le couper au moment où le tout semble s’envoler, c’est criminel. Même chose pour Circling ou She Just Like To Fight qui auraient mériter de se deployer bien plus longuement. C’est frustrant dans le sens ou Four Tet, juste à coté (avec Love Cry ou Sing), nous prouve qu’il sait tailler à la perfection de très longs morceaux.


There Is Love In You devrait d’ailleurs facilement se poser comme un classique dans de nombreux magazines / medias electro. Perso, à cause de cette gestion du temps un peu frustrante et omniprésente au long du disque, et peut être un coté un peu inoffensif (c’est bien joli, mais on aurait presque envie de secouer le disque pour lui faire cracher ses tripes une ou deux fois), je fais un peu la moue, mais c’est vraiment histoire de pinailler. D’autant plus que Four Tet m’offre quelque chose dont je rêvais depuis la dernière : Un disque dans la plus stricte continuité de son Ep Moth / Wolf Cub, dualité incroyablement bien dosée entre morceaux imparables et fresques lumineuses, avec en bonus ces voix dance pitchées qui ne cesseront de m’ensorceler.


Ce There Is Love In You est de toute façon vraiment bien foutu, drôlement beau, la grande classe, et se pose en album nécessaire pour ceux qui auraient besoin d’une électro un peu aérienne, urbaine mais détachée de toute âpreté, de toute morosité. Grace au métronome techno courant sur tout le disque, on danse sur les nuages en regardant la ville grouiller, et l’on divague en se droguant avec les mélodies quasi-parfaites de l’anglais. Ne boudons pas notre plaisir, ça n’arrive pas tous les jours.












Four Tet – Angel Echoes











Four Tet – Love Cry











9 Titres – Domino Records
Dat’











TOP 2009 – Rétrospective

Posted in Chroniques on January 3rd, 2010 by Dat'


Rétro 2009 :




Je pensais que l’année 2008 était une excellente année, mais 2009 s’est déchirée. Difficile de faire un top disque, d’écarter certaines galettes alors que la qualité n’a rarement été aussi présente.


Comme l’année dernière, ce top ne prêche pas le goût unique, et se présente comme une sélection bien personnelle pour dépenser son 13 mois, ou l’argent de mémé, avec amour et passion. Evitez les coups de talons si vous n’adhérez pas à ce top donc, et surtout n’hésitez pas à poster vos coups de coeur en commentaire, pour compléter cet article…
Car évidemment, il doit y avoir de grands absents, oubliés, ou pas écoutés.


Cette rétrospective se présente avec un Top 12 album, sans distinction de genres, un top de 6 EP, un top albums gratuits, un top demi-album et deux trois trucs supplémentaires…















TOP 2009 Albums :


Les titres en bleu renvoient à leurs chroniques respectives









Wisp – The Shimmering Hour

Wisp a longtemps été considéré comme l’un des seconds couteaux de l’IDM, à l’instar d’un Flashbulb. Quoi qu’il fasse, ses productions se sont toujours heurtées à un mur de comparaisons rabaissant obligatoirement chaque sortie du bonhomme, écrasées par l’ombre de ses mentors U-ziq ou Aphex Twin. Manque de bol pour les critiques, c’est Aphex lui même qui a signé Wisp sur Rephlex, histoire de sortir cet immense Shimmering Hour. Décortiquons : Drill’n bass / Moog qui chialent / Violons / Mélodies presque émo / Synthés sublimes / Jungle affolée / Aphex Twin / Une pointe de grandiloquence / Déstructurations lumineuses / Ascensions musicales épiques / Eclairs techno / Teintes rephlex analordiennes / Electronica à crever. L’équation est simple, si vous aimez au moins trois des éléments cités, sautez sur cet album.
Certes, les références sont toujours là, mais Wisp digère le tout pour porter le mélange aux nues. On est jamais une overdose de break/ruptures, tout est dans la mélodie, certains morceaux sont incroyables, n’arrêtent plus de s’envoler, filent l’irrépressible envie de danser au milieu des comètes. C’est un broyeur de colonne vertébrale non-stop sur 70minutes. Pour moi, c’est tout simplement le disque le plus beau et ambitieux que l’electronica a pu pondre depuis des années. Et devrait garder ce statut pendant pas mal de temps. Je parlerai de ce Wisp à mes gosses en passant pour un vieux con. Mark my words.



Circlesquare – Songs about dancing and drugs

Il a fallu 7 ans pour que Circlesquare donne enfin de ses nouvelles. Le Canadien déroule toujours dans ce Songs About Dancing and drugs une musique hantée, rongée par le noir, la saleté, la drogue. Rock-electro certes, mais loin des putasseries indie tentant de faire danser à coup de beat saturés. Ici, tout sent le souffre, la dépression, la solitude. Les rythmes grondent, se nécrosent, pourrissent. La guitare crachote, à peine capable de vomir trois accords sans crisser. L’ampli se meurt, le chant abandonne, tout en laissant toujours perler une once d’espoir et d’optimisme. Et pourtant, derrière ce rock de fin du monde, il y a un morceau lumineux ( Hey You Guys ), un tube salace et grinçant ( Dancers ), un morceau pop-mélancolique qui se transforme graduellement en mélasse électronique sépulcrale ( Timely ), et une conclusion incroyable de 13 minutes, long tunnel techno mutant peu à peu en folk mortuaire. Les morceaux s’amusent à violer le temps, à étirer l’espace, à vous droguer l’esprit. Tout s’arrête, l’album cristallise le décompte entre le moment où vous venez de sauter d’un immeuble et celui où vous allez vous écraser comme une merde sur le pavé. En ayant pris soin, une dernière fois, de profiter des rayons du soleil.



Rone – Spanish Breakfast

Un petit français sort de nul part et m’arrache le coeur. Parfait petit mélange entre rythmes techno et mélodies electronica, Spanish Breakfast semble anodin au premier abord. Mais il parasite, il s’impose dans vos liste d’écoutes, semble vous appeler au réveil ou en sortie de boulot. Du magnifique Spanish Breakfast aux bulles aériennes Poisson Pilote ou Aya Ama, en passant par le claustro-mélancolique Tasty city, le disque ravi. Rone invite même Alain Damasio pour discourir de sa “Horde du contrevent” sur un morceau electro de toute beauté. Ce disque aura en plus eu le mérite de me faire découvrir Flesh, toujours de Rone, paru sur l’Ep précédant la galette. Flesh, c’est juste un morceau qui frôle la perfection. (Imaginez un morceau techno aérien se transformer peu à peu en complainte analord tire-larmes).
Spanish Breakfast n’invente rien, il est court, ne surprend pas. Certes. Mais c’est aussi le disque que j’ai le plus écouté cette année. Que je dois connaître par coeur, qui m’envoute encore à chaque écoute, qui me transporte à chaque morceau, porté par des mélodies magnifiques. C’est la réponse irrémédiable à la question “Tiens, que vais-je écouter aujourd’hui ?”. C’est devenu une habitude, un petit classique personnel, un disque de chevet casé dans un coin de mon cerveau, à force de morceaux discrets mais indélébiles. Donc forcement un des disques de l’année.











Clark – Totems Flare

On serait tenté de croire que l’anglais est abonné aux classements de fin d’années, se faufilant en tête sans prendre son ticket. Il n’en est rien, Chris Clark n’a, encore une fois, pas volé sa place cette année. Il se permet de pousser le vice encore plus loin, après ses fresques mirifiques de Body Riddle et l’électro tonitruante de Turning Dragon. Sur Totems Flare, Chris Clark explose ses propres limites, part dans tous les sens, ne se prend pas au sérieux, et pousse même la chansonnette. Clark créé des hymnes imparables, pour les dynamiter la seconde suivante : De la pop débile de Rainbow Voodoo au funk putride de Look into the heart now, en passant par l’épique Growls Garden, à la dance de Outside Plume ou le rouleau compresseur techno de Totem Crackerjack, et à la mélancolie de Future Daniel ou Talis, tous se retrouvent démontés, dépecés, écrabouillés par des saturations, implosions et cassures qui subliment les matériaux de base. Evidemment, comme de coutume avec le bonhomme, la densité du son est effarante, les effets affolants. Home Run pépère sans se forcer. On sent même que Clark on garde encore sous le pied, c’est dire.



Few Nolder – New Folder

Je n’ai pas eu le temps d’en parler cette année, et c’est une honte. Car ce disque est grand. Le Lituanien Few Nolder prend la tangente de ses potes de Planet-Mu, et nous livre un premier album de Techno parfaite, racée, classe, superbement taillée. Si toute la galette est parcourue par un rythme binaire et souvent pachydermique, Few Nolder arrive à distiller dans chacun de ces morceaux une teinte différente, balayant des territoires bien distincts : Tabassage progressif avec No Mo, l’idm de Fluttery, Superbe house chantée en lituanien sur El Snig, ou le space disco chelou de Malyska, on a l’occasion de voir du paysage sans dévier du fil rouge de l’album (aka bousiller les oreilles avec un pied techno hypnotique). En Tête de liste, le ravageur Top, tube salace parcouru d’une mélodie Plaid-ienne magnifique, et le dantesque (11 minutes) Brenn, et ses circonvolutions à crever (je tuerai pour entendre ce titre en club). Premier album sans faute, draguant le palpitant tout en donnant irrémédiablement envie de danser. Il faudra compter avec Few Nolder dans les années à venir.



Animal Collective – Merriweather Post Pavillion

Chef d’oeuvre annoncé et porté aux nues avant même sa sortie, Merriweather Post Pavillion aurait pu être sujet à débat s’il n’émanait pas de la troupe de cinglés formant Animal Collective. Ces derniers poussent encore le bouchon encore plus loin, et semblent vouloir se poser comme le premier groupe pop drogué et incontournable du 21éme siècle. S’affranchir de ses racines cinglées pour taper dans la vraie pop, évidente et sincère. Alors sur cette nouvelle galette, on va arrêter les lyrics abscons et cracher des mélodies évidentes/imparables. On oublie les hurlements incontrôlés (un peu dommage) et l’on se fait un fix d’arc-en-ciel. In The Flowers est sublime, My Girls lumineuse, Summertime Clothes à crever, Daily Routine se joue simulation de noyade et Brothersport deja culte. Animal Collective célèbre l’envie de se marrer en se faisant des bisous, et ravive l’âme d’enfant enfouie en chacun de nous, un peu trop souvent mise au placard ces derniers temps. En plus vous pouvez vomir gratos grâce à la pochette.











A Place to bury strangers – Exploding Head

Les groupes de rock/shoegaze crado se bousculent au portillon depuis deux ans, et le Wall of sound mélancolique connaît un curieux revival. A Place To Bury Strangers semble vouloir faire table rase d’un coup en balançant les guitares les plus saturées et noisy qui soient, histoire de réduire les concurrents à l’état de groupes à berceuses. Mais au milieu de ces bourrasques acérées se cachent de formidables morceaux pop aux mélodies imparables, débouchant sur de vrais monuments. La batterie est souvent martiale et électronique, le chant complètement désabusé, et à l’écoute, on saute pourtant contre les murs en s’aspergeant de bière. Le disque contient d’ailleurs deux tubes viciés énormes (In My Heart et Everything Always Goes Wrong) et la conclusion traumatisante de 2009 (I Lived My Life To Stand In The Shadow Of Your Heart). Ecouter Exploding Head, c’est comme se mettre devant MTV avec du verre pilé enfoncé dans les yeux et du sable plein la bouche.



Like A Stuntman – Original Bedouin Culture

Ces Allemands sortant presque de nul part auront balancé avec Original Bedouin Culture l’un de mes coup de coeur de l’année. Pop planante, réminiscences tribales, grosses teintes électroniques, le tout n’est pas sans rappeler une tonne de groupes sortant de Brooklyn. Si le tout démarre d’une façon sympathique, bien qu’ordinaire (si l’on excepte le superbe Fake Beards Our Hands Sweat, pop experimental décomposé rappelant S.Tokumaru, parasité par un gros beat electro en horizon), le disque prend son envol à partir du 6éme morceau, enchainant perles sur perles, propulsant l’album vers le sublime. Pour schématiser, Like a Stuntman telescope les compositions d’Animal Collective période Water Curses avec les chant de Tv On The Radio (le mimétisme vocal est frappant sur certaines pistes).
Mais le groupe propose plus qu’une simple assimilation et propose des fresques à crever, compos jouissives et belles comme le jour. No Tundra No Sun, Owls, Off Flavour ou Drive To Cologne rivalisent avec le meilleur de Merriweather Post Pavillion, hachent la colonne vertébrale et donnent envie de glisser à poil sur collines d’herbes vertes fluos. Et le tout se posent surtout comme certains de mes morceaux préférés sortis en 2009. Attention, pas de gros délire hystérique, ici tout est calme, retenu, ciselé à l’extrême. Au pire, prenez les timides premiers morceaux de l’album comme un tremplin vers le paradis. Pop Psyché, rock électronique et divagations camées, c’est bien en Allemagne que l’on a trouvé le meilleur représentant du genre cette année.



Themselves – Crownsdown

“Motherfucker guess who’s back !” C’est par cette agressive diatribe que démarre le nouvel opus de Themselves, groupe dont on espérait plus rien depuis des années, DoseOne et Jel étant à fond sur leurs projets Subtle et 13+God. Le projet culte du Mc épileptique n’a rien perdu de sa superbe, et surprend même en revenant vers un Hiphop sombre, grinçant et industriel. Les machines s’affolent, implosent, se rebellent, et DoseOne bouffe son micro comme jamais. Mais on sait depuis un bail que les cerveaux du duo volent dans des dimensions parallèles, et le disque part vite dans un délire hiphop/pop/electro de haute volée, avec un Daxstrong poignant, un Skinning The Drum qui traumatisera tous les possesseurs de Mpc, et surtout un DeadCatClearII hallucinant, se posant comme l’un des tous meilleurs titres estampillé Anticon. Ce Crownsdown, c’est un peu le disque-dans-ta-gueule de l’année, même si le duo s’occupe de te consoler en ramassant gentiment tes dents après la mandale.
“Eye holes, claw and cracking flesh”.











Ben Frost – By The Throat

Rod Modell nous avait fait le coup l’année dernière avec son superbe Incense & Black Light. Cette année, c’est Ben Frost qui nous fait le privilège de nous en foutre plein la poire avec une musique expérimentale sublime, empruntant autant à l’ambiant qu’au métal, doom et musique acousmatique. Bon, le premier titre, Killshot, m’a foutu un coup de talon en pleine tronche, et il n’en fallait pas plus pour que je tombe amoureux du disque. Apres deux morceaux suivants trop repliés sur eux mêmes, By The Throat (qui porte parfaitement son nom) n’en fini plus de décoller, ne cessant de balancer nappes planantes, cordes superbes, bruit blanc et guitares lourdes, bourdonnantes comme la mort. L’affolant Hibakusja, épique montée cauchemardesque ou Peter Venkman 1 & 2, entre ses violons, ses choeurs à crever et ses attaques noise en laisseront plus d’un la gueule en sang, gisant sans vie dans un caniveau. Comme l’artwork le suggère, avec Ben Frost, on ne danse pas avec les canidés. On se laisse bouffer vivant, et sans anesthésie.



Yimino – Autonoe Vora

Sorti en catimini, le disque de Yimino semble raviver la flamme de cette electronica émotionnelle à la Plaid, réminiscence neurasthénique des premiers Autechre. Le disque, malgré un travail assez incroyable sur les samples de voix et les nappes, est ultra référencé, frôlant le copier/coller avec certaines travaux de Plaid. Mais le tout est tellement maitrisé, tellement bien fait, tellement simple et beau que cette donné ne rentre absolument pas en compte à chaque écoute. (Tout en se prévalant d’un magnifique morceau de conclusion) Et puis que voulez-vous, cette electronica éthérée, qui prend au trippe, et qui n’existe presque plus en l’état (soit elle vire vers le mathématique, soit elle vire vers l’acoustique), c’est du pain bénit pour moi. Comme je disais en commentaire, ce genre de ne me fait pas planer, ne me cajole pas. C’est beau, apaisant, mais ça me démonte en même temps. C’est des trucs qui me tordent l’âme, qui me cassent la gueule, qui m’étoufferaient presque avec mes propres pensées. Voilà, c’est un peu ça Autonoe Vora : Une usine à sentiments, une enfilade de morceaux nous renvoyant directement à nos propres souvenirs.



Fever Ray – Fever Ray

Passez toute la vague tribalo-pop-electro-droguée en Slow Motion, et foutez le tout dans un cimetière. Fever Ray, c’est Gang Gang Dance remixé en Screwed & Chopped, c’est Henzel et Gretel qui se mettent à la chanson. La voix, sépulcrale, est hypnotique, paralysante, vous étouffant par tous les ports. Les synthés avances vers vos tympans comme une marée de mélasse. Mais ne croyez pas que la suédoise se complait dans un nuage trop sombre. Certains morceaux sont lumineux, tutoient les cimes, envoient directement au dessus des nuages (I’m not done, sublime morceau, et les non moins indispensables Coconut ou When I Grow Up). Viciée, cancéreuse, malade, mais pop avant tout. Un objet bizarre, enfumé, bancal, qui devrait s’insérer tranquillement dans les albums underground cultes.
Fever ray a de plus développé tout un univers autour de son album, à coup de vidéos absolument sublimes, intrigantes, flippantes, superbement produites. Privilégiez la version japonaise, qui rajoute trois morceaux, dont l’excellent remix de If I had a heart par Fuck Buttons, ou la version collector sortie en fin d’année, avec un disque live et un dvd des vidéos suscitées.






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Top 2009 – EP








Mount Kimbie – Maybes – Sketch on glass
Lily Allen – The Fear
Aoki Takamasa – 113

Mount Kimbie aura pour moi sorti les deux meilleurs Ep de 2009, draguant fortement les adeptes d’un Nu-abstract flirtant avec le Uk Garage et l’electronica vaporeuse. Faisant parfois aussi bien que les ténors du genre (50 Mile View, At Least) le duo sait aussi titiller la corde sensible avec de très beaux morceaux draguant notre palpitant, comme avec le quasi-parfait Maybes. On attend un long format avec grande impatience.

Pour Lily Allen, je vais surement me faire descendre. Mais c’est le problème avec ce genre de morceaux. The Fear aurait été fait par Archive ou Air que l’on aurait crié au génie. Mais vu que la demoiselle fait les pages des magasines people, il est plus difficile d’en parler sans se recevoir une poignet de gravier. Et pourtant, sur The Fear Ep, tout est là : Superbe production, synthés à crever, forte teinte électro, mélodie imparable. Et l’anglaise fait même mieux avec la face B, Kabul Shit, morceau electro-pop impeccable, porté autant par sa mélodie que ses bidouilles synthétiques. Lily Allen peut se prévaloir en 2009 d’avoir sorti les morceaux comprenant certains des plus beaux claviers de l’année.

On avait parlé d’Aoki Takamasa dans ses pages, bonhomme que je ne connaissais pas, et qui semblait avoir une disco longue comme le bras. Coup de bol, le Japonais a signé sur Raster Norton pour sortir un Excellent Ep d’Idm crasseuse, saturé et neurasthénique. Mais Takamasa insère surtout un sens du groove (qui manque cruellement à l’Atavism de SND) assez incroyable à ses vignettes informatiques, donnant un coté imparable et jouissif à ce bug vivant.



Monolith – Volume 1
Floppy – Everything Ep
Burnkane – You Know

Sorti il y a quelques jours à peine sans prévenir sur Rephlex, Monolith ravit avec cet Ep nickel, superbe galette analordienne, fortement inspirée par Aphex et The Tuss. Les nappes sont vraiment belles, les moog chialent, les mélodies titillent le coeur et le petit coté dancefloor-funky permet à Monolith de ne pas être une simple Analorderie de plus. Le morceau 22 Livingstones est terrible.

De la Chiptune/8bits venant du Japon, il y en a trop. Des cd qui toussent des blip blip pouet pouet s’axant de plus en plus sur le coté rigolo stressant que sur la vraie recherche des mélodies, overdose. Les Tokyoites de Floppy prennent la tengeante, et sortent un Ep (et un album, deux ex machina) de 8bits ultra mélodique, chantée, candide. Mais c’est comme ça que le courant musical se révèle, en titillant nos âmes de gamins niais et nostalgiques. Everything (doté d’un clip bien bien kitsch) est un superbe morceau de Chiptune pop épique, partant dans délires roller-coaster-new-wave parfait. La Gameboy décidément tristounne, Floppy nous gratifie avec Setsugekka d’une complainte où guitare acoustique, violons, vocoder et chiptune qui chiale iront se planter directement dans notre paquet de mouchoirs. Floppy se place à coté des rares mecs, come Tepr ou 4mat, à faire chialer avec une Gameboy.

Plus sombre, Burkane balance sur Planet Mu un excellent deux titres de Dubstep bien sombres et caverneux. Les rythmes claques, les basslines grondent, reverb dans ta face et vocal de haute volée sur You Will Forget, Hiphop dubstep déviant, genre Tricky vs Kanye West posant sur du Starkey. Excellent premier essai, curieux d’entendre ce que le producteur nous réserve pour 2010.






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Les meilleurs albums gratuits à télécharger en 2009, et qui ne sont donc pas très chers :








G-Side – Huntsville International

Dans le genre “euh vous êtes sur que l’album est gratuit, il n’y a pas une erreur quelque part ?”, ce G-Side joue les patrons. Parfait pièce de Hiphop Us, avec des beats pachydermiques, des couches de sons monstrueuses, des flow nickels. Mixtape qui se pose comme un vrai album, avec des morceaux imparables, aussi imposants (So Gone) que mélodiques (So Wonderful) voir tout simplement immédiat comme les affolants Whats It All About ou Feel The…
Mais c’est surtout pour l’énooooorme track Huntsville International que le tout vaut le downland, alien ouvrant le disque, avec ses violons qui foutent la mort, une instrue electro au petits oignons, une première partie chantée épique et planante contrastant avec conclusion qui démontera plus d’une mâchoire. C’est génial, ça a fait un noeud avec ma colonne, G-Side défonce, et si ils filent un truc pareil gratos, j’ose même pas penser à quoi va ressembler le prochain à venir.

Téléchargeable ici : http://limelinx.com/files/b4c32a89f19512d3cf6556637b23b7f5




Rooftop Access – Reals And Dreamity

Des albums hiphop ou electro (l’album de Debmaster sorti sur Hiphop Core vaut aussi son coup d’oreille) qui trainent gratos sur le net, il y en a des tonnes. Mais du Post-rock progressif et ultra léché comme celui de Rooftop Access, ça ne court pas les rues. Le mec sait jouer avec les nerfs, maitrisant parfaitement ses compositions, et passant de guitares/nappes planantes aux soulèvement épiques ultra noisy (Jeff Graff, Ezra) avec un naturel désarmant. Mais le tout n’est pas qu’un clone de Mogwai, et teinte son post-rock d’elements ambiant de toute beauté, comme le superbe Usual Bridge III, où choeurs ecclésiastiques vont petit à petit se télescoper aux rythmes et grattes qui s’envolent. Rooftop Access pond même un sublime morceau Shoegaze cristallin (From The Rooftops, seul morceau faisant moins de 8minutes) et se permet d’inclure un passage electro-dance dans l’incroyable Dreamity, brisure electro-rock-noisy qui en renversera plus d’un (Mon dieu la deuxieme moitié du morceau, elle sort d’où ?). La qualité de la production étonne pour un truc amateur, et tout amateur de Post-rock electro qui prend son temps avant de tutoyer les nuages seront aux anges. Un des vrais beaux disques de l’année.

Téléchargeable ici : http://rooftopaccess.net/




– Les Gourmets – Tout doit disparaître

Nos gourmets nationaux sont de retours, apres un Soyons Sales de folie et fortement electro. Et vu que c’est la crise, autant sortir un album gratos, rempli de bombes imparables. Bonne nouvelle, les textes sont mieux chiadés que sur le précédant, et les productions affolent toujours, taillées à la serpe, prouvant que les deux beatmakers du crew sont loin d’êtres manchots. De l’acide Etrange Noel au vraiment cool Play The Game en passant par le rouleau-compresseur Mogwai (avec un Cyanure complètement hystérique) on en a pour notre non-argent. Mais c’est surtout l’absolument jouissif Mercedez Benz (“Yo pas de clein d’oeil dans le métro / laisse moi zoum zoum zen dans le métro”) et le vraiment bien foutu Paradis Terrestre (avec un Andy Kayes qui se paye décidément que des instrues parfaites) qui parasiteront les tympans. Le groupe nous refait en plus le coup de l’outro à chialer. Bon ok, on veut un autre morceau avec Nil svp. Sinon, après l’indispensable album Le plus gourmand… balançé sur le net il y a 4 ans, on va bientôt croire que le groupe nous file toujours ses meilleures galettes gratos.

Téléchargeable ici : http://www.gourmets-music.com/






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Liste des 25 morceaux les plus écoutés en 2009 :


Ce petit top ne reflete pas forcemment mes ecoutes (on va dire que les écoutes chez soi sont souvent des morceaux plus simples et directs que ce que je prends pour aller dans le metro) mais il peut permettre à certain de faire quelques decouvertes en passant sur youtube. Il n’est évidement pas centré sur 2009, et comprend donc quelques classiques perso. (c’est simple, j’ai acheté un nouvel ordi en janvier, il n’y avait plus qu’à recopier la liste)

Nom de groupe / Titre de morceau / Nom d’album (avec lien chronique si existante)



1) Themselves – Rapping For Money feat Clouddead / The FreeHoudini Mixtape (What else?)
2) Andy Kayes – One Life One Shell / Invisible
3) Rone – Flesh / Bora Ep (Le truc incroyable)
4) JJ – Ecstasy / N°2
5) Flight Of The Conchords – Carol Brown / I Told You I Was Freaky

6) Falty DL – Anxiety / Love is a Liability
7) Hudson Mohawke – Star Crackout / Butter (album moyen, superbe morceau)
8) Mount Kimbie – Maybes / Maybes Ep
9) Clark – Pending Dusk Wrench / Turning Dragon Japan Edition
10) Rone – Bora feat Alain Damasio / Spanish Breakfast

11) Themselves – DeadCatClearII / Crowns Down
12) Plaid – This City (Carl Craig Remix) / Tekkonkinkreet Remix Tekkinkonkreet
13) Rone – Poisson Pilote / Spanish Breakfast
14) La Caution & Château Flight – Une Epave Sur La Route / Crash Test
15) Link – Amenity / The First Link Ep (l’un des plus beaux morceaux electro pour moi)

16) Phoenix – Liztomania / Wolfang amadeus Phoenix (J’ai cru devenir fou avec ce titre cette année)
17) Raoul Sinier – The Hole / Tremens Industry
18) Lil’ Wayne – I Feel Like Dying (Flying Lotus Remix) / None
19) The MFA – Disco 2 Break / Zone Day Ep (un classique, même si je suis le seul à le penser)
20) Slagsmålsklubben – Sponsored By Destiny / Boss For Leader (Terrible bombe à claviers puputes)

21) ATK – Attaque à Mic Armé / Nouvelle Donne
22) Raoul Sinier – This Little Mouse / Tremens Industry (La fin est immense)
23) G-Side – Huntsville International ft Sounds Of Silence / Huntsville International
24) GonjaSufi – Ancestors / Warp 20 Tokyo Sampler
25) Moderat – Rusty Nails / Moderat








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Man Of The Year 2009 : FALTY DL








Si Falty DL se pointe dans cette rétrospective 09, c’est pour l’ensemble de son année. Le New yorkais n’a pas cessé de balancer des releases et d’apparaître un peu partout. 3 Ep, un album et un mix pour Fact Mag (et encore j’ai du oublier quelque chose), le mec n’a pas chomé. Et c’est tant mieux, tant Falty Dl devrait compter sur la prochaine décennie. Car si ses sorties ont des imperfections, elles contiennent sans exceptions de vrais diamants. L’album Love is a liabilty balance un très bon mélange de Uk garage / dubstep / 8bits / electronica, ultra mélodique, sensuel et mélancolique. Mais c’est surtout dans ses 4 derniers morceau que le disque devient génial, avec en tête Paradise Lost, parfaite ascension shoegaze-gameboy, et le sublime Anxiety, aka le meilleur morceau genre moi-aussi-je-veux-faire-comme-Burial (et dieu sait s’il y en a beaucoup dans le genre)
Pour Bravery EP, l’américain pousse encore plus loin le coté Dubstep/uk garage classieux, délaissant les quelques teintes Chiptune de son album pour accoucher de titres bien cool, toujours dans le délire rythmes claudiquants et voix pitchées. On retiendra surtout Play Child morceau à la Burial qui va partir tout à coup dans une montée electronica à vriller l’échine, et Bravery, delire uk garage déstructuré qui va basculer sur une ligne Dancefloor tellement jouissive qu’elle en devient scandaleuse.

Sans faute aussi pour le To London Ep, avec son To London tubesque, (pas loin de certaines excavations de Chris Clark, mais dans un moule dubstep), Metacognist, vignette tribalo-sexy chelou, et Tom@ramp, très belle vignette ambiant-8bits. Party Ep sera plus discret, mais comblera les amateurs du genre, avec un morceau titre qui se déroule sans accroc, et un très bon Alpafun, bien saccadé et doté d’une jolie mélodie en clochette.

Falty DL est surement le mec dans le Dubste/Uk Garage qui m’émoustille le plus, en attendant une release tant espérée du Londonien Burial.







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Meilleurs demi-albums de 2009 :








Jega – Variance

Alors là je suis tout colère. Non sérieusement, je l’attendais comme le messie ce Jega, et je ne suis pas le seul. Et si il y a bien un album parfait pour exprimer le concept de “demi-disque” cette année, c’est bien ce Variance. Le concept est fumeux, mais passe encore (foutre deux disques de 30 minutes juste pour justifier une séparation Lumiere/ténébre, c’est sympa, mais vraiment à chier d’un point de vu pratique quand on a un lecteur Cd). Car la première moitié de l’album (la galette 1 donc) ravira les amateurs d’electronica mélancolique et cristalline.
Mais le deuxieme disque balance une vague electro breakée faussement sombre, remplie de rythmes qui vrillent sans savoir pourquoi, comme si le mec voulait passer en revue les effets dispo sur ses plug-in. On se retrouve avec une mauvaise copie de Out From Outwhere d’Amon Tobin sans émotion, si l’on excepte le bien branlé Kyoto. Bref, on en viendrait presque à considérer que ce Variance est un très bon album d’une demi-heure, pas plus.


Sebastien Schuller – Evenfall

Autant y aller franchement, le premier disque du français Sebastien Schuller, Happiness, était pour moi un petit chef d’oeuvre. Superbe electro-pop lacrymale, à t’arracher le coeur (Weeping Willow, Tears Coming Home…) ou electronica taillée à l’extrême (Edward’s Hand, ou Wolf, titre absolument incroyable, à te détruire le moral en 3minutes), la galette a accompagné une partie de ma vie sans jamais la lâcher. J’attendais comme un dingue le nouveau disque, Evenfall, pas mal fois repoussé. Trop attendu peut être. La première moitié du disque ne me séduit pas. S’écoute, mais s’oublie immédiatement (si lon excepte le joli morceau d’ouverture). Les mélodies à crever l’aorte ne sont plus là, le coté électro s’est émoussé, le tout est trop sage, trop lisse.
Et tout à coup, à partir de New York, pile au milieu de la galette, Evenfall s’envole. La deuxieme moitié du disque est absolue, divine, à crever. Sebastien Schuller te viole les trippes, à coup de litanies en diamant, de bleep electro qui volent et de cette voix qui hulule à te rendre fou. (Putain la fin de Midnight ! Non, celle de High Green Grass ! Quoique, celle de Battle est à pleurer. A moins que Last Time…) Bref, sublime et magique deuxieme moitié d’album.


Capsule – More ! More ! More !

Si un pays a été frappé de plein fouet par la vague French Touch Ed Banger, c’est bien le Japon. C’est simple, impossible de ne pas entendre en club un BusyP ou un remix de Sebastian dans une soirée. Depuis trois ans, les groupes nippons balançant une electro crade et saturée à la Justice pullulent, et les mix Cd composé de 80% de tracks françaises font les beaux jours des disquaires. La qualité est là, mais le rip-off est incontestable. Contraiment à ses compères Mademoiselle Yulia, 80kidz ou DexPistols, le duo Capsule a l’intelligence d’adapter l’electro française à la sauce japonaise : Beat de bourrin et synthés saturés oui, mais on va mélanger le tout avec une petite dose de J-pop pour midinettes. Si l’influence Ed Banger est incontestable (Le morceau Runway est un copier-coller de Mr Oizo, on me l’aurait présenté comme un inédit de LAmbs Anger, je l’aurai cru sur parole, et Capsule sample carrément notre Oizo sur E.d.i.t, façon pas-vu-pas-pris… et impossible de ne pas penser à Daft Punk ou Justice), le tout sent bon le tube dance-cheesy camé.
Alors évidemment, comme souvent dans ce genre d’exercice, la moitié du disque est dégueulasse (Phantom, Pleasure Ground, The Mutations Of Life, ou Adventure, quasi-tous à la site, au secours) le disque propose d’énormes tubes electro salaces en bas résille. The Time Is Now défonce, Jumper est imparable, More ! More ! More ! bien marrant, Runway excellent… (mon dieu ces noms de la honte, mais j’assume) avec en point d’orgue l’ultra violent E.d.i.t donc, déflagration de folie qui renverserait plus d’un dancefloor français. Sans compter que lesmorceaux sont bien longs pour un disque du genre. Faut prendre ça comme du Justice avec du gloss et des talons hauts. D’ailleurs Capsule explose ses concurrents en terme de vente. L’effet mini-jupe justement.






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Meilleure réédition / Meilleure Soundtrack / Meilleure Compile 2009 :







Serge Gainsbourg – Histoire de Melody Nelson
The Flight Of The Chonchords – I Told You I Was Freaky
Dj Baku – Japadapta


Le label américain Light In The Attic a eu l’extrême bonne idée de sortir une réédition remasterisée d’Histoire de Melody Nelson de Gainsbourg. D’un point de vue objet, si je vois pas vraiment la différence avec le master original (je dois avoir les oreilles bien niquées) les mecs ont mis les petits plats dans les grands avec un livret de grande classe. Evidemment, c’est niveau musique que tout se passe, et cela permet de nous replonger dans ce qui est pour moi le meilleur album de notre clopeur professionnel, et surement l’une des plus grande oeuvre émanant de l’hexagone. Ecouter Melody Nelson, c’est comprendre tout un pan de la musique d’aujourd’hui, de Beck à Mirwais, en passant évidemment par Air. C’est écouter un disque rock-progressif-expérimental de folie. C’est entendre les meilleures lignes de basses/grattes de l’univers. Et c’est surtout se perdre sur l’inéffable et absolu Cargo Culte, fresque musicale ultime.

On fait le grand écart, et je sais que I Told You I Was Freaky n’est pas une sountrack à proprement parler, mais c’est comme ça, impossible de séparer cet album du sitcom absurde Flight Of The Conchords (contrairement au premier disque). Reposant majoritairement sur des textes ravageurs, cultivant la punch-line et la connerie intraduisible, le disque prend tout de même le temps de nous émerveiller avec quelques superbes morceaux, avec en tête le superbe Carol Brown, le morceau pop de l’année. (On ne le répètera jamais assez) A prendre comme un dessert après avoir dégusté l’indispensable deuxième saison de la série télé du même nom.

Pour la compilation, c’est Dj Baku qui s’y colle avec Japadapta, encyclopédie du hiphop Japonais actuel mixée sur quasiment cinquante titres. Si le Hiphop traditionnel est évidemment bien représenté, les limites sont très rapidement brisées, comme bien souvent avec le pays du soleil levant. Baku s’autorise donc des titres aux teintes plus electro, dubstep, abstract, voir même rock, punk et noise ( ?!?). On se retrouve avec un mix roller-coaster gargantuesque, indispensable pour tous ceux qui s’intéressent de près ou de loin au hiphop japonais, genre d’une richesse incroyable, et malheureusement passé sous silence hors de son pays d’origine. Essentiel.








Best Video 2009 :





Haut la Main pour 2009, ce superbe clip illustrant le traumatisme pondu par Hecq et Exillion.

A voir aussi le parfait When I Grow Up de Fever Ray, l’hypnotique Heaven d’Unkle à regarder en HD, et le super bien branlé Dimanche de Grems, grosse mandale pour tout le monde en terme de qualité d’image.








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Mais aussi (et enfin… )



Massive Attack a enfin pointé enfin le bout de son nez, apres des années de report. Et pour le moment, autant dire que le groupe tient ses promesses, entre un premier Ep excellent (Pray For Rain en tête) et un nouvel extrait, Paradise Circus, ravivant le trip-hop sensuel et dépressif des plus belles années. L’album sort fin janvier, l’attente risque d’etre longue. En plus Burial devrait remixer cet Heligo Land entièrement, comme l’avait déjà fait Mad Professor il y a 10 ans pour la galette Protection.


– Un nouveau prix de sympathie pour Lone, qui a sorti deux albums cette année, l’un avec Kauver and Brause sous le nom de Kona Triangle, et un nouveau solo il y a peu, Ecstasy & Friends. Rien à faire, le mec à beau faire la même chose depuis 3 disques, j’adore cet abstract fortement teinté Boards Of Canada. En espérant que le bonhomme sorte un peu de sa coquille, hâte d’entendre là suite.


– 2009, c’est aussi l’année où un fou tente l’aventure de créer son label, alors que plus personne n’achète de disque et que la musique va mourir dans d’atroces souffrances. Le nom de la structure, c’est Cooler Than Cucumber aka CTC records, il a sorti un premier Ep du beatmaker AbSurd, à l’artwork de toute beauté, naviguant entre abtract et hiphop expé. Le patron, c’est un pote, et vu que ce mec est une encyclopédie du Hiphop déviant, je suis près à parier que l’on va devoir compter sur lui l’année prochaine (et celle d’apres).


Aphex Twin et le Label Rephlex petent un plomb pour noël, et foutent tout leur catalogue pour 2010 en téléchargement sur leur site internet. Au programme une vingtaine d’analord inédits, mais surtout des nouveaux albums de Wisp, Aleksi Perala, D’arcangelo, Dmx Crew and co, à des prix parfois ridiculement bas… Pas eu le temps de tout écouter, je vais prendre mon temps pour digérer et apprecier, mais ça promet dur pour 2010, en sachant que le tout devrait sortir en version Cd sur l’année qui vient. Rephlex redevient agressif et conquérant, ça fait plaisir apres quelques années quasi-apathiques.


Dj Baku joue les gros bourrins en 2009, et en plus de sortir le nécessaire Japadapta, le japonais nous lache un concept disc avec douze Mc japonais (12japs), un split album avec Dalek (Baku vs Dalek), un split Ep avec Goth Trad, et deux disques live. Sans oublier qu’un nouvel album est prévu pour début 2010. Et sinon c’est quand que l’on édite ce mec en Europe ?


– Le faux espoir de l’année, c’est le disque Ad Explorata de Sound Tribe Sector 9. Inconnu au bataillon, je me baladais dans un magasin quand je commence à bloquer sur la musique. Le premier titre me tue, entre claviers planants, guitare cristalline ultra mélodique, synthés qui volent de partout. Joli. Quand tout à coup un rythme tribal qui déboule pour envoyer le tout au ciel, je perds conscience, et lache des “Oh putain oh putain c’est quoi ce disque…?”. Bon, je décide d’attendre un peu dans le magasin histoire d’en écouter plus, avant d’avoir les couilles de demander au vendeur ce qu’il vient de mettre dans les enceintes. Alors vous connaissez la tactique, on fait semblant de s’intéresser aux trucs dans les rayons (“Comment ? je tiens ce livre à l’envers ? mais non, c’est une technique de méditation littéraire”). Le deuxieme titre déboule, violence, même recette mais cette fois les synthés partent en pluie d’arpeges, les rythmes tonnent, la guitare pete un plomb. Pas d’hésitation, j’achète. Et je m’emmerde, le reste de l’album n’est qu’un simple gloubiboulga jam-session tribalo-electro sans saveur, à mille lieux des deux superbes premiers titres. Fait chier.


– La Hype, c’est toujours aussi bien quand les albums sont bons. Si l’on n’a plus à présenter le dernier Animal Collective, on aura aussi pu se délecter d’un excellent Atlas Logos et d’un très bon The xx.


– Ok, l’anniv Warp, ça devait être pour moi (et pas mal d’autres) un truc énorme, avec achat de goodies et inédits en rafale, à en bruler sa carte bancaire. Si la box Warp est incontestablement un parfait objet pour marquer le coup, il est évident que tout le monde avait les yeux tournés vers le Warp Unheard, aka le disque contenant des inédits de certains groupes phares de la maison. J’hesite entre le cadeau venant du ciel ou le foutage de gueule. Le disque contient de véritable perles (les morceaux d’Autechre, Plaid et le magnifique Boards Of Canada valent à eux seuls l’écoute du disque), mais on a l’impression que celui qui a sélectionné les morceaux a fumé un paquet de drogue. Sur la moitié du disque, il ne se passe absolument rien. Outre Chris Clark qui file un interlude de moins de 2min ( ??) Flying Lotus est représenté par un morceau horriblement vide, tout comme pour Elektroids, Broadcast et Seefeel. Tu mettrais ton oreille contre un coquillage que ce serait plus excitant.
C’est d’autant plus incompréhensible qu’à coté de ça, Flying Lotus nous file 10 ans de musique gratuitement, et que durant le Warp 20 Tokyo, le label file un sampler avec des inédits de Bibio, FlyLo ou Clark qui entèrent de loin ce que l’on peut écouter sur la compile Unheard. Bref, on empile du néant payant pour filer ensuite gratos des trucs en or. Un beau concept que ce Warp Unheard. Mais bon, il y a l’inédit sublime de Boards Of Canada au milieu, alors on ne fait pas trop la gueule quand même.


– Pour rester chez Warp, et Chris Clark plus précisément, mon petit doigt me dit que l’on devrait peut être voir arriver un album Live de l’anglais en 2010. Pourquoi ? Parce que l’on nous a discrètement teasé toute l’année de ce coté là. Au Japon, la vente de Totems Flare c’est accompagné d’un Cd live de Clark, contenant 10 minutes de morceaux inédits affolants avant de couper brutalement, sorte de bande-annonce sadique de ce que pourrait être un live de clark sur Cd. De plus, lors du Warp 20 Tokyo, le label file à tous les visiteurs un morceau live gratuit de Clark, bien jouissif, Nordic Wilt Live Edit. Pendant le concert enfin, le bonhomme avait le droit à un vrai cameraman qui tournait autour de lui, alors que les autres artistes se sont contentés de cameras posées sur leur desk.
En plus tout le monde s’accorde d’ailleurs à dire que les Live de Clark sont énormes (là ou un H.Mohawke pousse le button Play et va boire un café), donc la force de vente est là. Bref 2010, au mieux un album live de Clark, au pire un Warp Live album/Dvd, ce qui serait déjà bien cool. Je ne rembourse pas si ces prédictions bancales ne se réalisent pas, désolé.


– Coup de chapeau à Tehanor pour sa chronique sur le Hypersona de 36. En plus d’être de loin l’article le mieux branlé de l’année, le mec nous a fait découvrir un excellent album d’ambiant, porté par des morceaux superbes comme Forever ou The Box, véritables bijoux. Ca change des copier-coller de communiqués de presse.
Et tant qu’à faire, la même pour les excellentes doubles interviews de Jekyll & Hide, les articles/news toujours en avance de AdiktBlog et les chroniques du site A Découvrir Absolument (peut être le meilleur site français, qui continue discrètement son petit bonhomme de chemin depuis des années. Ils m’avaient fait découvrir Gang Gang Dance il y a des lustres, alors que personne n’en parlait en France, c’est dire comme je les porte dans mon coeur)


– On a beaucoup parlé de Twilight 2 Tentation, le film de vampires végétariens. Pas nécessairement parce que Robert Pattinson il est trop beau, mais pour sa BO pas piquée des hannetons, bourrées de groupes indé (Yorke, Lykke Li, Grizzli Bear, Bon Iver, St Vicent…) tranchant avec le coté blockbuster du film. Je sais que ça a fait grincer pas mal de dents (“Oh non, mon groupe favoris est dans un truc mainstream, il est souillé à jamais mon dieu m’a vie est foutue“) mais perso, je trouve l’idée géniale. D’une part parce que les morceaux sont très bons (Le Thom Yorke défonce), mais aussi parce que plus on multipliera les actions de la sorte, plus le paysage musical opérera sa mutation. Foutre ce genre de musique, même policé, dans un rouleau compresseur commercial pareil, c’est infiltrer intelligemment les tympans de nos petites soeurs, qui, au final, iront peut être creuser un peu plus loin ce que font justement Yorke, Grizzli Bear ou St Vincent. Comme dit sagement le Mc de Tha Blue Herb, “being underground is about producing your own stuff without being enslaved to record companies; Not to get exploited by TV or radio but to exploit THEM; Make money with your own ideas and be responsible for what you do; Play some maddening music loud as you can with the like-minded heads in various regions”
Bon évidemment, c’est surtout une maniére assez intelligente pour les producteurs du film de se faire plus d’argent, en trouvant l’idée parfaite pour piquer la curiosité d’un public qui n’aurait jamais daigné s’intéresser à leur film plein de dents cariées. (Pitchfork a même parlé toute l’année du film et de sa Bo, c’est dire, promotion gratos non négligeable.) Bref, je suis curieux de voir la Bo de Twilight 3, même si je ne crois pas trop à un nouveau coup de la sorte.


DoseOne semble bien chaud pour 2010, et nous prépare des projets en rafale. Au programme : un nouveau 13&God (avec The Notwist), un disque en duo avec Fog pour la prochaine sortie d’Alan Moore, le créateur de Watchmen. Mais surtout un album des Nevermen, super groupe composé de DoseOne, Tunde Adebimpe (Tv on the Radio) et Mike Patton. Le mec semble vouloir reigner sur le monde, pas de problème, je vote pour lui.


– Sinon je suis encore bloqué sur le sublime disque de Matt Elliott sorti l’année dernière, c’est normal ?


– Un truc bizarre cette année, c’est le nombre de clip/vidéos ultra suggestives, voir carrément porno. Tout le monde se fout à poil, on ne se refuse rien. Massive Attack, Rammstein, Girls, Flaming Lips, Major Lazer, voir Make the Girls dance et Matt & Kim (qui ont la quasi-même idée de clip au meme moment…) la liste est longue. Les télévisions ne passant de toute façon plus de musique, la promotion internet est clairement déterminante et laisse beaucoup plus de liberté, autant y aller à fond. Ca sent le cul pour 2010.


Die Slow de Health, mon dieu, cette tuerie. Pareil pour Liztomania de Phoenix. Et Go ! de Thavius Beck


Benjamin Biolay m’a flingué cette année, avec certains morceaux de son La Superbe. Bon c’est un double album, de chanson française de surcroit, alors il y a des trucs à éviter. Mais quand le français se lâche, il accouche de morceaux sublimes, comme Brandt Rhapsodie, 15 Aout, Buenos Air, Jaloux de Tout, Night Shop, Les grands ensembles… Et surtout le morceau titre La Superbe, parfait morceau trip-hop bizarre avec des violons à tomber.


– Pour ma pomme, les Chroniques Automatiques ont, depuis création, dépassé les 500.000 visiteurs début décembre ! Merci vraiment à tous ceux qui passent dans ses pages, qui les font vivre à coup de commentaires, de conseils, de mails et autres, c’est évidemment ça qui fait tourner le blog en premier lieu !
Merci aussi à tous les musiciens/labels qui me font un minimum confiance aussi…
Desolé enfin pour la non-régularité de parution des articles, pour la ligne éditoriale brouillonne et la finition parfois plus que douteuse des textes, mais au final, c’est le reflet du mode d’écriture choisi et d’écoutes parfois chaotiques. J’espere que c’est ce qui en fait son charme.
Enfin, quand vous allez voir un live de perceuse/drill/hardcore, protégez vous les oreilles bordel de merde, car un acouphène c’est pas la mort, mais ça parasite dangereusement la vie. Silence pour ennemi, c’est peut être pour ça que je continue à aimer la musique par dessus tout.

Promis, l’année prochaine, j’essaie de faire un Top moins long.



Tout ça, et bien plus encore pour 2010, dans le plus grand chaos… les Chroniques Automatiques rempilent au moins pour un an supplémentaire ! (Avec surement des surprises)






Yop,


Dat’
Chroniques Auto









Flight Of The Conchords – I Told You I Was Freaky

Posted in Chroniques on December 27th, 2009 by Dat'


And when we were sharing that twin room in the hotel, I put a wig on you while you were sleeping







A l’instar de l’année dernière, on va terminer cette cuvée d’articles 2009 par un disque sortant de l’ordinaire (avant la traditionelle rétro de l’année). Il ne sera pas question cette fois de pigeon géant mis en vente lors d’un téléachat drogué. Je vais même faire un petit écart avec la ligne directrice de ces pages. Car si l’on parle bien d’un disque, il serait ubuesque de se limiter à ce dernier, un peu comme une soundtrack, ou un projet chelou bien design. L’envie de pondre un truc dessus, c’est en voyant, il y a deux semaines, que les deux musiciens de Flight Of The Conchords arrêtaient leur série télévisée. Car Flight Of The Conchords, c’est évidemment un groupe, mais aussi un programme qui passaient sur HBO, aux USA, depuis deux ans. Un sitcom aux apparats banals, épisodes comiques qui pourraient filer vers le broyeur géant des productions américaines avec bandes de potes et rires enregistrés.

Mais voilà, Flight Of The Conchords se construit grâce, et pour, la musique. Le groupe, ayant des centaines de chansons derrière eux, ont l’idée de construire une série intégrant directement ces dernières dans le scenario. Mieux, on va se la jouer mise en abîme, la serie parlant d’un groupe from New Zealand qui tente de percer en bougeant à New York. Ce qu’a fait le duo à la base. On garde les mêmes noms, mêmes références, certaines chansons chantées dans la sérié furent balancées des années avant dans les petits théâtres/radios quand le groupe tentait de percer.

On s’attache donc rapidement à ces deux loosers qui galèrent, benêts écrasés par leur naïveté et les clichés New Zelandais. Qui n’ont pour seule fan qu’une stalker professionnelle névrosée. Qui n’ont pour lieu de concert que bars d’aéroport ou foires au saucisson. Et qui, subitement, se transforment en génies lorsque qu’une “réelle” chanson du groupe est intégrée à l’épisode, clip musical déboulant en pleine discussion (1 ou 2 par épisode).
La première saison étant un succès sur HBO, le groupe repart pour une deuxième saison en poussant le vice plus loin. Continuer de tisser des épisodes autour de morceaux sortis il y a des années, tout en créant de nouveaux morceaux pour les besoins de certaines histoires. Syndrome l’oeuf et la poule : La musique est elle créée pour le show tv, ou ce dernier est-il construit en fonction de la musique ? Pour les disques, même problème. On ne sait pas si les albums doivent être pris comme des galettes à part entières, ou des teasers musicaux-humoristiques renvoyant directement à des scènes ancrées dans notre mémoire visuelle.

Ce qui fait l’originalité incontestable du groupe, c’est surtout ce lien fort entre la musique et la série, parcouru par le même humour absurde, naïf et irrévérencieux. Entre des paroles à tomber par terre (perdant donc 90% de leur intérêt si l’on ne comprends pas l’anglais) et des épisodes frôlant parfois l’absurde le plus total, proche d’un humour qui ne peut même plus se justifier, à l’instar d’un Mr Oizo. On cultive donc l’absurde à sa racine, comme pour l’épisode “New Fans”, qui ferait rire un mort, ou celui du chien épileptique, ahurissant de connerie maîtrisée (“Love Is A Weapon of Choice”).













La deuxième (et donc dernière) saison finie, le nouveau Lp du groupe sort tout naturellement. S’il est incontestable que la deuxième saison balayait, avec succès, bien plus de styles musicaux que la première, donnant encore plus de folie au show, il était difficile de dire si I Told You I Was Freaky pourrait aussi bien se tenir en “stand alone” que le précédent. Car oui, le premier disque (au packaging superbe), s’il est clairement lié à la série, marche avant tout comme un vrai album rock-pop-folk-hiphop. Bien marrant certes, complètement cramé et un peu con-con aussi, mais loin d’être qu’un simple habillage sonore.


Le parti pris de ce nouvel album est diffèrent, ou plus assumé, en apparence. I Told You I Was Freaky va faire la part belle parodies, balayant un nombre incroyable de genres en une douzaine de titres. Impossible de ne pas relier une bonne moitié des morceaux à leurs homologues officiels. C’est là ou le bas blesse quelque peu. Si l’on accroche pas à des titres comme Same Girls de R.Kelly ou My Humps des Black Eyed Peas, la pop/rock 70’s, voir des trucs New-Wave mainstream, difficile d’accrocher aux versions des New Zelandais. (Les morceaux We’re Both In Love With A Sexy Lady, Sugalumps, Devil Woman ou Fashion is Danger donc) Musicalement parlant tout du moins, car niveaux lyrics et tics vocaux, c’est de haute volée, (spécialement sur la relecture de Same Girls/We’re Both ) et l’on risque de passer pour un con en écoutant ça dans le métro, la banane sur le visage.
Même chose pour d’autres morceaux, drôles et sympathiques, mais difficilement écoutables sans avoir vu la série auparavant, sans même savoir qui le du morceau ou de l’épisode a été créé en premier. (Le lubrico-religeux Angels, ou l’accapella Friends, qui marche moins sans la tronche de Murray faisant ses vocalises)

Merde, ça fait déjà la moitié du disque qui fait la moue, plus proche de la blague et de la soundtrack que du vrai disque. Heureusement, le groupe en a encore sous le pied :
Dans tous les morceaux, (et c’est d’ailleurs ce qui distingue les Flight Of The Conchords des autres groupes “marrants”), chaque mot, chaque ligne, chaque déclamation est une punchline en puissance. Les mecs ont un talent dingue pour choisir les phrases qui tapent, poussent au rire et parasites le cortex dans le même mouvement. On n’est pas à la recherche de la simple blague de fin de couplet, ou à l’effet de style stérile parodique. Ici, on traite le matériel de base avec respect (existe t’il, à part eux, un groupe issu du rock s’amuser avec le Hiphop sans se foutre de la gueule de ce mouvement ?). Jouer avec les phrases et les sonorités semblent aussi importantes que de provoquer le sourire. (D’ou le fait que la série soit quasi-impossible à traduire d’une façon pertinente, pour les morceaux tout du moins)








On a déjà deux trois ritournelles folk/pop dignes du premier opus, à l’instar de la déclaration enflammée Rambling Through The Avenues Of Time qui se nécrose petit à petit. Mélodie évidente, lyrics taillés à la serpe, bourrés de blagues ultra imagées, basées sur un ping pong vocal entre les deux chanteurs.
You Don’t Have To Be A Prostitute, référence évidente à Roxanne de Police, se place dans nos oreilles en inversant parfaitement les rôles (Germaine doit se prostituer pour racheter une guitare, le groupe n’ayant plus un rond, et l’Air Guitar ne semblant pas plaire aux New-yorkais). Ils transforment les métaphores de l’originale en fresques faussement depressivo-crues, avec une bonne louche d’humour en plus (les choeurs, les interventions de l’intéressé, les rimes complètement tirées par les cheveux, le final au steel pan…)
Quand l’absurde est poussé à l’extrême, on à le droit à un mortel I told you i was freaky, changeant de structure à chaque couplets, passant du Hiphop electro salace au rock indie, avec quelques doses funk et même un break pop planant complètement niais, le tout saupoudré de lyrics nonsensiques, (foutus en images dans la série, c’est dire)
Même topo pour les imparables et marrant To Many Dicks On The Dancefloor, à l’electro dancefloor débile et jouissive, ou Hurt Feelings avec les deux zozos se posant comme des rappeurs aux sentiments bafoués. Refrain évident, idées à la con indispensables (clavecin, chorus larmoyant, paroles “autobiographiques”…) et clip branlé comme jamais.

Le problème, c’est que mon jugement est biaisé, étant complètement lié à la série elle même, ne pouvant se détacher du disque. Toutes les phrases se mettent en images. Difficile, voir presque impossible, s’intéresser à ce disque si l’on n’a pas parcouru un minimum la série avant. Sauf pour un morceau. Et vu que je ne suis pas objectif pour un sou depuis le départ de ce papelard, autant y aller franchement, et finir de perdre toute crédibilité. Il y a un morceau énorme dans ce disque, un truc unique, qui se démarque de la série, du disque lui même, et de la majorité de ce qu’à fait le groupe : Carol Brown. A dire vrai, si j’ai commencé cet article, c’est simplement pour vous parler de ce morceau, et de la série. Mais vu qu’un disque se glisse entre les deux, on essaie d’etre exhaustif…

En fait, pour moi, Carol Brown est le titre pop de l’année (voir plus, Pitchfork l’a oublié dans son top de la décade), un petit diamant venu d’ailleurs. Drôle, beau, niais, touchant, acerbe, désabusé. Des lyrics parfaits, passant en revu toutes les fois ou le chanteur s’est fait largué “Loretta broke my heart in a letter, told me she was leaving and her life would be better / Joan broke it off over the phone, after the tone, she left me alone / Jen said she’d never ever see me again, when I saw her again, she said it again/ … / Fran, ran, Bruce turned out to be a man / Mona, you told me you were in a coma”
Mais c’est au niveau de la musique que le groupe défonce. Déjà parce que l’ingrédient principal du morceau, c’est l’Omnichord, aka l’instrument des dieux (que j’aimerai acheter depuis un bail). Une sorte d’harpe électronique ultra cheap fabriqué par la société Suzuki, mais qui donne de superbes sons cristallins (les sortes de blibliblibli du refrain, plus les rythmes tous pourris, façon bontempi du reste). Ces espèces de vagues mélancolico-cheap habillant le refrain me filent la frousse. Mais le pire, c’est que ce dernier est chanté par Sia, et que la voix de la dame est toujours aussi grisante. Pour finir niveau coups de talons, les refrains dans des choeurs (sensés être les toutes “ex-girfriends” chantant en même temps) superbement placées. Et tout en étant beau, le tout fait évidemment toujours marré, en particulier avec cet énième ping-pong vocal entre Germaine et Sia : “He doesnt cook or clean, he’s not good boyfriend material – Ooh, we can eat cereal / His relationships never last – Shut up girlfriends from the past / This guy is a fool, He’ll always be a boy, he’s a man that never grew up – I thought I told you to shut up”
Pourtant le morceau reste tout simple, presque anodin, replié sur lui même, loin des déconnades musicales et visuelles parcourant la série (L’épisode contenant le morceau Carol Brown a d’ailleurs été réalisé par Michel Gondry). Par son coté super cheap surement. Mais en tendant l’oreille, on aura l’occasion de se faire arracher le coeur avec grâce.










Mis à part ce morceau (et encore, je l’ai apprécié à travers ma télé en premier lieu), il est clair que ce nouvel album risquera de n’intéresser que les amateurs de la série. A première vue vague badinage musical, le disque n’est à mettre dans ces oreilles qu’après avoir parcouru le show tv. Car contrairement au précédent, qui insérer quelques grosses blagues dans un album cohérent, ce I told You I Was Freaky repose quasiment sur la plaisanterie, en prenant soin de parsemer le tout de quelques rares merveilles. Alors pourquoi parler du disque ? Pour donner envie de regarder la série, et revenir sur la galette après. Car Flight Of The Conchords est assez unique dans son genre, dans le fond comme dans la forme. Tournures retorses et humour complètement absurde, avec certaines scenes quasi absconses sur quelques épisodes, le sitcom prend la tangente fasse au milliers de séries comiques américaines.
Mais outre le fait que le tout pousse au rire, la serie est une ode évidente à la musique, aux millions de groupes galérant dans les garages et les pubs miteux, en passant plus de m à accorder sa guitare qu’à balancer de la musique. L’humour et le caractère naïf des deux têtes principales suffisant à rendre le tout drôle et jamais moralisateur. Une ode à la débrouillardise, et surtout au Self Home Made.

Car là où la serie se démarque réellement, c’est dans son mode de fonctionnement, étonnant pour un sitcom à succès aux USA : Les deux Flight Of ont le contrôle quasi totale de leur oeuvre filmique/musicale, qui n’existe à la base que par leurs propres morceaux créés depuis des années. On a donc une serie qui existe pour la musique, et une musique qui existe grâce à la serie. Tout le contraire d’un objet télévisuel qui a besoin d’un simple habillement sonore, ou de compos créées sur commande. Contrôle évident sur les compositions, le duo faisant tout lui même dans leur coin, ce qui est presque pas croyable quand on les entend s’attaquer au Hiphop ou à l’electro avec autant de talent et d’humour que pour leurs habituelles comptines folk/pop.
D’autant plus qu’ils se permettent même de ne pas inclure certains de leurs meilleurs morceaux au sein des LP (“Think about the epileptic dogs”, “Pencil in the wind”, “Bret you have to going on”, “Frodon don’t wear the ring”…). Contrôle enfin de l’écriture des blagues, des scènes, mais surtout du déroulement du show en lui même. Et décideront donc d’eux même de stopper la série, malgré une attente assez énorme concernant une troisième saison.
Peut être que ces Neo-zelandais veulent justement que leur musique recommence à exister par elle même, et non plus dans ce méli-melo image/musique impossible (surtout pour la deuxième saison) à démêler ni séparer. Les mecs auront réussi, à coup de blagues absurdes et d’idées musicales assez folles, à faire infiltrer la musique indépendante dans toute sa splendeur au sein d’une bulle mainstream et populaire (certaines vidéos sur youtube dépassent allègrement les dix millions de visionnages), sans heurt ni baissage de froc.

Le tout est tellement singulier, que Flight Of The Choncords est de toute façon condamner à ne réellement marcher que dans trois pays : USA, Australie et Nouvelle Zelande. La faute à un humour trop illogique, mais aussi trop référencé, des épisodes étant parfois exclusivement centrés sur les différences culturelles entre les US, et la N.Zelande (et donc le frère ennemi Australie). Tout en se heurtant évidemment au problème des paroles de morceaux intraduisibles. (En même temps, c’est logique, on ne va pas s’amuser à traduire tous les disques venant de l’etranger)



Bon, ça c’était la conclusion Télérama, parce que au final, on s’en fout un peu. Pour faire simple, la serie Flight Of The Conchords est à crever de rire (et pourtant je suis pas client de ce genre de trucs, mais la serie défonce la plupart des trucs comiques émanant des USA) et surtout l’amour de la musique transpire à chaque seconde de cette oeuvre filmique. Si fort que la serie pourrait être portée comme étendard d’une culture indie qui ne cesse d’exploser. Surement la meilleure série télévisuelle ayant pour sujet principal la musique, depuis… aucune idée en fait. Tellement rare qu’une grosse machine laisse une place aussi importante à ce thème, que le tout ne peut être qu’indispensable. Le groupe même réussi le tour de force, dans la plupart des consciences, (il suffit de parler à un américain) de se placer sur le podium de ce que l’on connaît de mieux de la Nouvelle Zelande, avec les moutons, le seigneur des anneaux et… euh… les moutons. Le duo semble juste avoir envie de se marrer et de faire de la musique en même temps. Ils ont trouvé le meilleur moyen pour le faire.

Bref, ne pas acheter ce I Told You I Was Freaky en premier, mais bien se tourner vers les dvd imports (Et le disque éponyme précédent, lui, vaut vraiment le coup même sans avoir le sitcom devant les yeux). Regarder la serie, se marrer comme jamais, puis revenir sur les disques, qui passeront de la galette extravagante crétine inutile au statut d’album indispensable. Et tomber amoureux de Carol Brown.













Flight Of The Conchords – Carol Brown












Flight Of The Conchords – Hurt Feelings












Flight Of The Conchords – If You’re Into It













Flight Of The Conchords – Inner City Pressure













14 Titres – Sub Pop
Dat’









A Place To Bury Strangers – Exploding Head

Posted in Chroniques on December 18th, 2009 by Dat'


Freak From Desire





Il y a des disques qui semblent avoir été créé pour vos oreilles. Pas de surprise en les écoutant, n s’avait à quoi s’attendre, et on prend violemment son pied car le tout s’adresse directement à votre coeur, tout en s’escrimant à nous foutre des coups de talons dans la gueule. Le premier album d’A Place To Bury Strangers était tout tracé pour pétrir ma colonne vertébrale, ce qu’il avait fait sans sommation. Une galette incroyable, affolante, mais difficile à encaisser d’une traite.

Mais pris au bon dosage, cet amas supersonique grisant et crissant posé par ces 3 New Yorkais pouvait clairement se poser comme l’un des renouveaux d’un Wall-Of-Sound qui avait bien besoin de se retrouver de nouveau sur le devant de la scène. Plus âpre et moins policé qu’un The Pains of Being Pure at Heart, et mieux branlé/moins branle-couilles qu’un Wavves, APTBS a joué avec mon impatience en annonçant son nouveau Exploding Head, qui promettait de cadrer les débats sur 10 gros titres façon réacteur de 747 en pleine gueule. Mais beau et mélancolique, le réacteur, tant qu’à faire.













Le groupe n’a en tout cas pas changé son gout pour les pochettes moches et minimalistes. Le packaging semble toujours sortir d’une photocopie de l’arriere du magain, genre le vendeur veut se faire de l’argent de poche en remplaçant les cd neufs par des Cdr. Il n’a même pas pris la peine de faire les photocopies en couleurs, l’enfoiré.


Le disque, lui va démarrer sur les chapeaux de roues, et convier tous les éléments inhérents à APTBS : Guitares étirées en mode shoegaze, ligne de basse folle, chant nonchalant, batterie métallique et saturations electro qui s’envolent. It’s Nothing va pourtant imprimer une petite évolution dans le son du groupe : (un tout petit peu) Moins radical. Les morceaux ne sont plus des océans Noise dans lequel se noie une litanie pop, mais plus des compos évidentes qui se retrouvent dérouillées par des assauts ultra cradingues. (On va dire que le groupe a privilégié une direction prise parfois sur le premier opus, comme sur I know i’ll see you, et moins les pétages de plombs absolus).
Sur l’ouverture d’Exploding Head, le premier riff entendu est imparable, incroyablement jouissif, et envoie notre cerveau valdinguer contre les murs en dix secondes. La voix, bien que semblant toujours au bord du suicide, balance un truc que l’on pourrait chanter sous la douche après avoir foutu 3 doses de Cocaine dans ses miel-pops. Attention, morceau imparable et structure identifiable, certes. Mais on a toujours la preuve que le leader du groupe maitrise bien son business à distortion (le mec à une entreprise de tuning/modification de pedales à effets, un truc dans le genre, et l’on peut aisément comprendre que les clients en ont pour leur argents en écoutant les disques du groupe) car le tout est noyé dans des reverberations qui fileraient la trique à un Kevin Shields.

A dire, vrai, c’est le single In Your Heart qui m’a foutu la première mandale du disque, et qui m’a fait accepté sans peine la tournure nouvelle du groupe. Non mais ce riff de départ, sublime, cristallin, défoncé. Donnez moi ce riff, je veux le chérir, le cajoler, le faire gueuler, je veux tuer mes voisins avec. vlan, la batterie est sèche comme la mort, les le chanteur lance un couplet affolant, tubesque. Qui tient autant de la pop que d’une New-Wave anémiée. Le refrain est incroyable, hymne de stade pour drogué, les spectateurs se mutilent et s’arrachent les intestins pendant la mi-temps. Et au milieu du titre, cette guitare incroyable va s’envoler toute seule, dans un solo qui me fout les boules à chaque fois, la colonne cisaillée en mille-morceaux. Le titre repart dans sa course effrénée, tentant d’éviter le déluge noisy qui pointe, et qui va tout embarquer dans les 30 dernières secondes, avec un final épico-noisy qui à rasé mon paté de maison à la première écoute. A fond. Tube énorme. Ouai les références pleuvent, ouai ça ressemble trop à [insérer-un-nom]. Mais bordel, quand aussi jouissif, pas de problème, je tend la joue pour me prendre le coup de coude.
Tu n’es même pas à la moitié du morceau que tu as déjà pris la bouteille de coka pour micro, et que tu te mets à sauter dans ton appartement en gueulant des lyrics incompréhensibles. Casser ses meubles avec APTBS, un bon hobby.

Dans le genre merde-j’ai-avalé-mes-lunettes-en-faisant-du-Headbaging-tout-seul-comme-un-con, Dead Beat se pose en challenger de poids. S’il n’a pas la beauté froide du diamant décris juste au dessus, il se pare d’une introduction de folie, qui n’est pas sans rappeler certains exercices des zozos de Christine23Onna : Ligne de basse Tarantinesque dérouillées par de grosses zébrures electro-noise, genre rockabilly psyché vs Terminator. Le chanteur à pas l’air content alors il dit des “what the fuck, don’t play with my heart” pendant que le tout se soulève histoire de vous crever les tympans. Imparable. (arf déjà dit, l’adjectif risque de revenir souvent).

Sans oublier le monstrueux Everything Always Goes Wrong, avec son mur de guitare crachant comme cents dérapages au frein à main, et des couplets impara… (merde, chié). Le break du milieu, entre rythme militaire et guitares folles, avant une montée mélodique incroyable, finira d’éclater les mâchoires. On aura même le droit à des titres plus pop-shoegaze comme l’excellent Exploding Head ou l’oubliable Smile When You Smile (qui peut certes de pavaner au moins pour sa fin en or)








Mais mais mais mais mais, où sont les cathédrales noisy-pop-indus-ultra-crades du premier opus ? Où sont les crises de nerf à la To Fix the Gash in Your Head, qui ferait passer Machine Gun de Portishead pour la Bo d’un Pixar? Ben déjà, elles étaient pas mal presentes sur les titres ci-dessus, censé être calmes. Ne pas s’inquiéter, le petit cousin sera de toute façon traumatisé.

Reste que pour nos morveux les plus récalcitrants, APTBS a pensé à nous. Lost Feeling sera le premier à parasiter les neurones, même si le titre semble au départ presque posé, avec son rythme tribal, son chant toujours lymphatique mais bien mis en avant (la voix est moins noyée dans le bruit sur ce disque, d’une maniere générale). Ca avance bon an mal an sur deux minutes, même si l’on sent le tonnerre gronder, une guitare s’évertuant à rugir en fond sonore. Et quand on commence à s’habituer à cette machinerie claudiquante, une saturation géante, par deux fois, nous prend par les cheveux et nous jette à terre, en n’oubliant pas de nous peler la gueule en la frottant sur le goudron. Le pire, ce’st que cela reste super beau, et jamais “violent”. Dur, âpre et assourdissant, oui. Mais douloureux, jamais. Au contraire, les soulèvements, vous caressent, câlinent, avant de vous étrangler et vous écraser. On voit pas venir le coup de grâce venir, et l’on prend son pied jusqu’à la limite sonique tolérée.

Ego Death en sera bien plus sombre, avec chant calme et guttural, violé par une batterie indus, et surtout une gratte qui ne se maitrise plus, qui laisse échapper les soubresauts avec des effets de folie, avant qu’un Tgv noise vienne rouler sur le morceau, histoire de l’envoyer dans l’espace dans un décollage tonitruant. Roller-coaster de la saturation shoegaze, les deux dernières minutes agissent comme un typhon passant dans le casque. (Par contre si l’introduction n’est pas un copier/coller du “New kind of kick” des Cramps, c’est que j’ai perdu une oreille)

Le groupe a d’ailleurs gardé sa plus grosse cartouche pour la conclusion du disque grâce à I Lived My Life To Stand In The Shadow Of Your Heart. Là ce n’est même plus une explosion sympa ou un mur du son qui accroche. Non, APTBS décide carrément de te passer les tympans au napalm. Pourtant, au départ, ils jouent les malins en balançant une première partie imparable (…), entre guitare cradingue de folie, batterie en mode hystérie et chant toujours aussi anémié, mais incroyablement accrocheur. Bref, le morceau est une tuerie, pendant 3 minutes, on se prend un tube ultra crade dans la mâchoire, on saute partout et on se casse des bouteilles de bière sur la tête. Mais le morceau part dans un tunnel presque minimaliste. La guitare est presque seule, on sent, vu le coté empressé du tout, que quelque chose va nous sauter à la trombine.
Mieux, c’est carrément la terre qui nous avale, le building qui nous tombe dessus, le tapis de bombe. Une énoooooooorme saturation nous écrabouille, écharpe, déchire. (je me suis même surpris à lâcher un “oh putain” dans le métro). On en sait même plus si c’est des guitares ou des machines qui hurlent, nous tabassent, nous brule, on se retrouve dans une capsule noise affolante, renversante, qui nous fait sauter la tête, pendant que nos tympans montent au rideau. Cette fin de morceau, c’est quasiment légitimer l’album en son entier. Nous avoir fait courir dans des nuages métalliques et mélancoliques, pour nous surprendre et nous écraser sur la toute fin. Ecraser. C’est surement le mot parfait pour définir ce climax, cette conclusion. Qui nous balaye, lamine, terrasse.










Difficile d’être objectif, ce disque de A Place To Bury Strangers étant presque du fan-service pour moi, regroupant tous les éléments que j’adore plus que tout dans cette musique : Mur du son impressionnant, rythmes crevés, saturations (in)contrôlées, mélodies mélancolico-chialantes, envolée shoegaze, et petites fragments de pop complètement concassés au milieu du chaos. Car se sont ben des tubes que le groupe salope, détruit, implose. APTBS pourrait tourner sur Mtv, mais ils semblent trop adeptes du suicide sonore pour s’en occuper. Car entre l’incroyable In My Heart, le drogué Dead Beat, le génial Everything Always Goes Wrong, ou la fin complètement orgasmique de l’album, on peut dire que le groupe ne se refuse rien, et semble vraiment exceller, sans jamais trop en faire, ni prendre pour finalité de cracher du bruit pour cracher du bruit. (Il faudra faire par contre le choix d’une bonne sono ou d’un bon casque, le disque étant insupportale sur les enceintes crachotantes d’un ordi portable par ex…)

Certes, il y a pas mal de groupes ces temps ci qui surfent sur un revival guitares crades / pop noisy / compos saturées. Les textes pourront aussi en énerver certains, typiquement shoegaze, avec des histoires d’amours qui vont pas, des coeurs brisées, des canettes vides et des cheveux qui bougent au ralenti sur un travelling de soleil couchant la vie c’est trop dur. Mais pour moi, avec Exploding Head, le groupe compile tout ce qui peut se faire de mieux dans le genre, et recrache une copie quasi-parfaite, ultra digeste (risque du genre), et ne faisant jamais l’impasse entre la vraie fureur noise et la mélodie pop, trouvant l’équilibre absolu entre les deux entités.


Grand disque, superbe et jouissif comme la mort. Mind-blowing, comme dirait l’autre.












A Place To Bury Strangers – In Your Heart













A Place To Bury Strangers – To Fix The Gash In Your Head (premier album)











10 Titres – Mute
Dat’











Yimino – Autonoe Vora

Posted in Chroniques on December 8th, 2009 by Dat'


Mélodie, Tu m’en auras fait faire…






J’ai un peu perdu la foi lors de la sortie du Variance de Jega. Apres avoir attendu pendant des années un disque semblant incarner le messie d’une electronica qui se raréfie, tomber sur un double disque au concept étrange (2 disques de 30 minutes chacun, c’est incroyablement pratique), et la musique incroyablement datée m’avait un peu décontenancé. Le nuage que j’avais réservé pour la sortie de l’album s’est barré sans m’attendre. Attention, j’y reviens assez souvent, le premier disque étant une bonne galette d’electronica lumineuse et aérienne, palliatif parfait, mais sans franche dimension, d’un album de Plaid qui semble coincé dans les machines du groupe depuis des années. Le problème, c’est le deuxième disque qui ne m’a clairement pas inspiré, vague rejeton sans relief d’un Out From Nowhere d’Amon Tobin, si l’on excepte l’impressionnant morceau “Kyoto”. Bref, après ça, je ne savais plus quoi attendre et je me suis tourné vers le bien cool Few Nolder du même label en rêvant à des mélodies divines.

Pendant ce temps, un groupe semblant debarquer de nul part a sorti sur son propre label un album super mal distribué, donc forcement difficile à écouter sans que quelqu’un vous mette la tête dedans. Ca tombe bien, c’est ce qu’il s’est passé, encore merci pour les échanges de commentaires sur ces pages. Il suffisait en plus d’aller fouiller vers ce qu’avait fait Plaid récemment pour entendre parler de Yimino, vu que le groupe culte anglais s’est fendu d’un remix sur l’Ep Doe.
















Et l’alliance de Plaid et Yimino pouvait pas plus couler de source quand on entend la musique de ces derniers. A dire vrai, en les écoutant la première fois, j’ai cru à un Side project des deux londoniens tant les ressemblances sont grandes. Le même amour pour les rythmiques vrillées et mélodies cristallines / fragiles. Pour s’en convaincre, il suffit de se plonger dans Doe, premier extrait de l’album, qui draguera sans peine les amateurs d’une electronica Warpienne, celle que personne, ou presque, ne fait plus depuis quelques années. L’intro est sombre, crasseuse, grosse ligne de basse tentant de se faufiler entre les rythmes zébrant les tympans, et le tout aura pu se trouver sur Spokes sans trop de problème. Mais le morceau prend son envol avec un break intervenant bien rapidement. Et c’est à partir de ce moment, 1min 11 pour être précis, que je suis tombé amoureux du groupe. Une mélopée, superbe, se déplie, s’élance, s’élevé vers les cieux. Rien de spécial, simple strates de synthés planants supplantés de quelques notes claires. Pesque scolaire, mais là, ça te fonce sur la gueule. C’est bien subjectif une mélodie, vous allez me dire. C’est sur. Mais quand elles font mouche, il n’y a rien de mieux. Plus qu’une simple ascension musicale, le tout devient vecteur de souvenirs, de divagations mélancoliques et autres introspections plus ou moins stériles. On prend son pied, on laisse son âme divaguer en écarquillant les yeux en se promenant dans une mégalopole blindée de lumières. Le rythme tentera bien une soudaine embardée, les claviers s’enrichiront graduellement, mais on s’en fout, on est déjà parti, à ruminer sur le passé et à avoir peur de l’avenir.

Et le disque entier repose sur ce système, sur cette dualité rythmes drill/electronica martelant des mélodies angéliques. Gros bloc de 70 minutes, (et avec des titres descendant rarement sous les 5 minutes) le disque ne laissera que peu de chance aux allergiques d’une musique suintant l’Idm candido-melancolique se pressant jusqu’à la fin des 90’s. Jamais le disque ne frôle les délires neurasthéniques abscons embrasant le cerveau mais laissent le coeur en arriere. Car le palpitant est bien la matière première pétrie tout au long de ce Autonoe Vora. Et contrairement à certains, si Yimino ne danse pas encore sur notre coeur, il se débrouille pour au moins le cajoler, l’enserrer de son mieux. Tous les titres, ou presque, sont là pour ça. Pour nous envoyer au ciel sur un lit de claviers cristallins, tout en nous lardant de coup de couteaux avec des beats escarpés. On crève sur le superbe Kelpy, on rêve sur sombre et beau Miagranov, on abandonne son âme sur le cabossé puis planant Sevenhead.









Là où Yimino surprend, c’est dans son amour pour les samples de voix, cutés, dérouillés, tordus, qui parasitent certains morceaux du disque. Loin d’être de simples apparats, ces intervenants anonymes sont utilisés comme de vrais axes mélodiques et percussifs. Squeeze Me commencera d’une façon commune, avec arc de synthés paraboliques et beat qui se tord, crisse, vrille, mute constamment, roulant sur la mélodie comme un gamin sur son tapis après avoir eu le mauvais cadeau de noël. Drolement, joli, ça convole au grés des nuages, s’infiltre dans nos tympans. Bref, tout se passe tranquillement jusqu’à ce qu’un certain Pigeon ( ??), à l’accent bien prononcé vient balancer ses réflexions agrémentées d’une tonne de Fuck Fuckin’ wicked fuckin’ sixteen i try fuckin’ hard…. Le morceau bascule dans un espèce de The Streets qui voudrait flirter avec un Amber d’ Autechre. Et les lyrics sont broyés, coupés, histoire de copuler au mieux avec le rythme convulsé du morceau, et avec cette mélodie qui n’arrête plus de monter et de nous étrangler.

On retrouvera ce procédé sur quelques morceaux, dont le très réussi No Gamet, invitant le discours d’une demoiselle, pour le poser sur une electronica céleste mais tordue. Souvent sombre, et coupée par des tunnels Idm décharnés, le titre va petit à petit fondre vers un Hiphop electro hypnotique. Même combat pour Bracket, qui commence d’une façon bien sombre, avec des machines se nécrosant sur elles-mêmes, implosant sous des impulsions sonores semblant aléatoires. La même demoiselle refait son laïus, mais c’est pour laisser cette fois le morceau partir peu à peu vers le paradis, se dernier laissant une mélodie lumineuse perler graduellement, parvenant à éviter au mieux les aspérités d’une electronica sauvages, qui tentera des soulèvements presques indus pour détruire la belle. Ca crache, ça se cabre, les beats se déchirent, se bouffent entre eux, mais au final, il ne reste plus que cette mélopée enfantine et sereine.

Au final, Yimino arrachera les coeurs en plaçant le meilleur titre de l’album en fin de celui ci, avec Ze-Ka. Et là je déconne pas, c’est du sublime. On sent que c’est du sérieux des l’introduction, avec cette mélodie malade en fond sonore, fragile, portée par les échos. Les rythmes défigurés tente de faire couler le sang, mais la sérénité s’empare vite du tout. La voix féminine est ici réduite à de simples intonations servant à construire une mélopée divine. Et ça s’eleve, ça monte, ça s’enrichi de tous les cotés. Et moi je lâche irrémédiablement prise, je joue avec le néant, je flirte l’inconscience. La nana se tait, alors un synthé parfait prend le relais, les notes cristallines pleuvent, c’est bourré de petits détails et l’on accepter de se laisser dériver, de se faire écraser le coeur, de se noyer. Le cerveau vomit ses souvenirs, la gorge se serre. Ca me fait chier, j’ai le coeur trop mou, Le groupe a su pondre le genre de morceau electronica planant que je trouve parfait, le genre de fresque sur lesquelles on tombe parfois, en replongeant dans sa collection de disque. C’est marrant, ce morceau semble avoir des années de voyages, de souvenirs greffé sur lui. Il semble s’enraciner sur une multitude de périodes de ma vie, ses joies, ses rencontres, ses peines, ses découvertes, et pourtant je ne le connaissais pas il y a une semaine. Il semble naturel, comme s’il m’avait accompagné pendant des années, comme le font encore certaines galettes de Plaid ou µ-ziq. Et Je suis sur qu’il continuera à parasiter mon cheminement pendant pas mal de temps…










Peut être parce que Yimino arrive, avec une musique semblant pourtant coincée dans une période archi-reférencée, à nous faire divaguer, à nous donner envie d’oublier, de partir, de rêver un instant. Certes, ils n’inventent rien. Certes, ils ressemblent à trop de groupes, trop de références. Certes, ça pourrait être un disque oublié de Plaid. Mais les mélodies accouchées par le groupe semblent si évidentes, si naturelles qu’on oublie rapidement de poser des balises. Que ce disque soit sorti il y a dix ans, ou juste la semaine dernière, on s’en fout. Oublions certains Unheard miteux de Warp, laissons de coté les disques semblant être accouchés dans la douleur comme celui de Jega, et ne pestons plus devant ceux qui ne semblent pas vouloir sortir comme le prochain Plaid.

Quand on a la chance d’écouter une électronica aussi belle que celle façonnée par Yimino, on arrête de penser, et l’on en profite pour déconnecter et chialer. Un peu, tranquillement, dans son coin.














Yimino – Doe















13 Titres + 3 videos – Ominim Records
Dat’












Animal Collective – Fall Be Kind

Posted in Chroniques on November 30th, 2009 by Dat'


Seek Magic





Le groupe est au panthéon, ou n’arrête plus de vendre son cul. On pleure sur la métamorphose d’Animal Collective, ou l’on crie au génie à chaque sortie. Ces dernières provoquant autant de commentaires fiévreux et délirants que de critiques dégueulant d’agressivité. Inévitable chemin de croix d’un groupe passant du monde de l’underground hysterico-drogué aux front-lines des magasins de disques.

Le génial Strawberry Jam naviguait encore entre deux eaux, son fessier hésitant entre deux coussins, oscillant constamment entre mélodies pop imparables et nervous breakdown sous psychotropes. Mais les New-yorkais ont décidés d’enfoncer le clou avec Merriweather Post Pavillion en ce début d’année. Album de 2009, album de la décennie, nouveaux beatles, disque dégueulasse, horreur absolue… à voir. Si l’on peut encore douter de leurs choix esthétiques, il fut pour ma part difficile de faire la moue devant un album pareil. Frisant parfois la perfection ( In The Flowers, Brothersports ) ou accouchant de superbes mélodies (Summertime Clothes, My Girls, Also Frightened) Animal Collective cultive de plus en plus son coté candide, ingénu, voir presque niais dans sa façon de déclamer des textes tout simples sur des perçus droguées.
Les pistes de Fall Be Kind, sont sensées avoir été façonnées pendant la session du dernier album. Le groupe pensait que cela valait quand même le coup de les sortir sur un ptit Ep, bonne intuition.













Joli dégradé sur fond d’anus. Voilà. Sinon je suis un peu colère. M’étant mal renseigné, je pensais que cette sortie, à l’instar du Brothersport Ep sorti en ce même mois, que le tout allait être en vynile/digital point barre. Alors bon, tan pis, je me fends la morale en achetant Fall Be kind, et voilà que quelques heures après, je me rends compte qu’une version disque va sortir sous peu. Bien bien bien.




Graze fait, et va faire parler d’elle. Ce morceau ne risque pas de laisser indiffèrent. Fou rire incontrôlé, rejet immédiat ou envie de s’envoler dans les nuages. Quand ça commence, c’est pourtant très beau. Sorte de son cristallin, ouverture à la Disney ou autre gros logo 20 Century Fox avant un blockbuster. Ca brille, ça plane, ça virevolte. Les voix se posent à la perfection, elles hululent, feulent, transportent. Gros tunnel doucereux, mille feuille de synthé, piano qui perle. On divague et dérive dans l’espace, les bras écartés, les yeux fermés, en oubliant même les comètes qui nous frisent les poils du cul. C’est vraiment classe, tendant vers une perfection amniotique.
Alors quand tout se stoppe, ralenti, s’éteint, on ouvre les paupières en grommelant un peu, avec l’idée que les mecs vont nous faire chier avec une envolée chelou. Que nenni. C’est pire. En fait, c’est même carrément n’importe quoi. Une petite flute guillerette s’incruste et balance le morceau dans une cascade de sourire. C’est complètement nigaud, ça frole l’hérésie, mais comme d’hab, c’est tellement bien négocié par le groupe que ça provoque un enchantement instantané. Stop la déprime, viens danser avec le faux groupe indiens qui font de la musique sur la place de l’église le dimanche en vendant leurs Cd 15 euros.

La flute, elle, est accompagnée par des grosses saturations électroniques qui nous tirent à gros boulet dans le buffet, le tout chevauché par quelques rythmes tribaux. Mais c’est surtout ce chant, ces paroles, parfaites ben que complètement simplistes qui affolent, enivrent, ravissent : “What do you have to go / What do you have to go / What do you have to go / What do you have to go / What do you have to go / What do you have to go / What do you have to go / What do you have to go / What do you have to go / What do you have to go / What do you have to go / What do you have to go / What do you have to go / What do you have to go / What do you have to go”, ça s’envole pour ne plus retomber, c’est juste énorme. La libellule de Bernard et Bianca fait un strip avec un bonnet péruvien, on danse tous tout sous le pont de Brooklyn en s’arrosant de grenadine, les rapetous s’occupant de distribuer le Lsd. Tu voulais danser Twist sur Animal Collective lors de ta prochaine réunion de famille ? nickel.

J’ai bien conscience que ce Graze pourrait représenter le comble du mauvais goût. Faut dire que les mecs ont un peu abusé sur deuxième partie, c’est quand même chaud, les premières répétitions devaient être épiques, les mecs ont du bien se fendre la poire. Mais je ne sais pas, impossible de ne pas avoir la banane en écoutant ce truc. Tiens, j’ai acheté Fall Be kind en fin de soirée, et j’ai du écouter ce morceau une demi-douzaine de fois avant d’aller me loger sous ma couette. Mauvais sommeil amené par les somnifères, le corps s’arrête mais la tête ne cesse de penser, s’accroche à des détails de la journée, qui reviennent sans cesse, ras de marée d’idées, on ne peut bouger mais le cerveau tourne à plein régime, demi-sommeil insupportable. Et bien cette nuit là, impossible de me débarrasser de cette flute à la con : “Bon allez il est 4 heures du matin et je dois me réveiller dans 3 heures, t’es bien marrant, maintenant je dors, ta gueule le cerveau, lâche moi” “Tududupioupioudududu Why do you have to go ? tududupioupioududu why do you have to gooowhooouuuhooo ? tudududupioupioupioupiou” “RAAAAAAAAAAAAAH”. Mais sinon, j’aime beaucoup. Je l’ai même rechanté le lendemain dans la douche.








Attention, Animal Collective sont des petits malins, et nous prennent à contre pied. En écoutant Graze, on serait bien tenté de croire que l’Ep va être bourré d’ambiances estivales, de passages “toi aussi participe à la fête de la musique”, et autres envolées joyeuses façon mariage de ma grand mère. On se fourre un doigt dans l’oeil. Car Fall Be Kind est, à l’instar d’un “Water Curse Ep”, un disque complètement aquatique, gluant. Se rouler dans les nuages après avoir fumé de l’opium. Attention, toujours aussi extatique. Mais on ne se base plus sur une structure directement reconnaissable. Le groupe va étirer, et surtout user de la répétions. Car ce Fall Be Kind, c’est aussi prendre une phrase, un mot, une intonation et répéter le tout à l’infini, overdose, en suivant les circonvolutions de claviers taquins.

What Would I Want ? Sky est encore une compo en deux parties, sur presque 7 minutes. Mais ici, point de jupons qui se secouent en mode French-cancan aliéné. C’est la mélasse sonore, l’abandon, le truc qui tourne et cajole. Une espèce de complainte tribale passée en Slow motion, pas si loin de certains exercices de Panda Bear en solo. Le chant, au fin fond de cet océan, est superbe, mélodie immédiate, qui meurt dans ce sable mouvant musical. Et hop, le morceau s’ouvre encore, l’expérimental mute en pop absolue, pur animal collective, avec refrain en choeurs, rythme parfait et chant à tomber. La mélodie de cette deuxieme partie a fait des noeuds avec ma colonne vertébrale, et les “What Would I Want ? Sky What Would I Want ? Sky What Would I Want ? Sky What Would I Want ? Sky What Would I Want ? Sky What Would I Want ? Sky What Would I Want ? Sky What Would I Want ? Sky What Would I Want ? Sky” parasitent toute une journée. Decidement, cet Ep n’est pas bon pour l’équilibre/encéphale. Superbe.

Toujours plus amphibien, le groupe tente d’adapter la Bo de “La petite sirène” pour les dépressifs avec Bleed, bizarre vignette distendue, laissant les voix se balader et hululer sur des cordes et synthés non identifiables. Tant qu’à mourir noyé, autant prendre son temps, on préfèrera donc la version de Bleeding présente dans le Brothersport Ep, qui dure plus de 9 minutes.








On a Highway bien qu’à peine moins linaire que son pote du dessus, revient dans l’hypnotique et le superbe. Encore bien difficile à décrire le morceau est en mode multicouches, profondeur sonore de folie, on s’embourbe dans un marécage d’échos et l’on prend son pied. On a l’impression, avec une oreille discrète, que le morceau n’avance pas des masses, mais la progression est bien là, cachée, se révélant avec minutie au détour d’un rythme qui tonne puis se dérobe, de synthés qui s’intensifient, de zébrures noisy ou de chants qui s’entremêlent. On chante les lyrics au boulot histoire de passer pour un épileptique bloqué sur une seule phrase, c’est à base de “On a Highway / On a Highway / On a Highway / On a Highway / On a Highway / On a Highway / On a Highway / On a Highway / I Can’t Breath / I Can’t Breath / I Can’t Breath / I Can’t Breath / I Can’t Breath / I Can’t Breath / I Can’t Breath / I Can’t Breath”. Bref, c’est vraiment beau, tout en retenue, ça fourmille de détails, et ça fini avec des voix qui baisent en apesanteur. Peut être pas aussi fun que les loustics du dessus, mais surement mon morceau préféré de l’Ep.
Tiens d’ailleurs, je parlais tout à l’heure d’un sommeil que l’on ne trouve pas à cause d’un cerveau en suractivité. Avey Tare conclue la chanson avec un “Can’t help my brain from thinking”. C’est un peu ça.

On finira sur le monolithe I Think I Can, s’étirant sur plus de 7 minutes. Pur Animal collective : Transe tribale au ralenti, chant hululant en matant la lune, pipe à crack qui n’en peu plus de servir. On hésite constamment entre la joie candide, ou la pré-dépression jonchée de psychotropes. Morceau à tiroirs. Mais pas successifs les tiroirs, tous en même temps, empilés en bordel, plusieurs écoutes ne sont pas futiles pour démêler le tout. Les voix s’envolent dans tout les sens, les perçus résonnent, la mélodie se tricote à chaque instant. Mais ce sont les deux notes de pianos cristallines jetées ici et là dans le morceau qui illuminent ce dernier. Et encore une fois, après 5 minutes de tribulations amniotiques, Animal Collective ouvre la porte, et nous lache sur un morceau pop encore une fois évident, avec des lyrics qui repartent en Nervous Breakdown répétition, façon “Will I get to move on soon? / Will I get to move on soon? / Will I get to move on soooooon? / Will I get to move on soon? / Will I get to move on soooooon? / Will I get to move on soon? / I think i can i think i can i think i can aaaaiiiiiiiiee / I think i can i think i can i think i can aaaaiiiiiiiiee / I think i can i think i can i think i can aaaaiiiiiiiiee / I think i can i think i can i think i can aaaaiiiiiiiiee / I think i can i think i can i think i can aaaaiiiiiiiiee / I think i can i think i can i think i can aaaaiiiiiiiiee / I think i can i think i can i think i can aaaaiiiiiiiiee”. Et encore une fois, on a envie de chanter avec lui, de sortir de son appart et de sonner chez tous les voisins pour faire la ronde et aller faire les cons en ville en riant à gorge déployée. Apres le mariage de la grand mère, la réunion de famille, voici la Bo pour la fête des voisins, une fois par an c’est à chier, avec Animal Collective, fais le tout les jours. Bonheur.









Pas de suspense, j’adore ce petit 5 titres des New-Yorkais, offrant sur 30 grandes minutes un versant peut être plus expérimental du groupe que sur Merriweather, en étant pourtant toujours plus pop et ouvert. Si l’on excepte la deuxième partie de Graze, tout est accès sur la répétition, des mots, des mélodies, des structures. Une répétition ad nauseam qui ne sature jamais, profitant de compositions riches comme la mort. Le tout en Slow Motion. Répétition, progression, rien n’est mollasson, tout est suspension. Masterpiece, tout ça et plus encore.


Personnellement, si Animal collective garde cette constance dans la qualité de sa musique, je n’ai qu’une envie : Que le groupe continue de gravier les échelons, de parasiter les supermarchés, de pointer son nez à la radio, de faire la BO de Twilight 4. Continuez à droguer la ménagère, à faire de la pop lumineuse, à tourner dans les bagnoles. Mr des transports, passez ces morceaux dans les bus et les métros au lieu de vos jingles abêtissants beuglant sur les retards et pickpockets. On aura tous le sourire jusqu’aux yeux en faisant la queuleuleu sur le quai et en tapant dans nos mains comme des débiles. Le monde n’en sera que meilleur. Comme le reste de la planète, Britney Spears et James Cameron vont surement bientôt se tourner vers Animal Collective, et cela s’annonce passionnant.











Animal Collective – Graze










5 Titres / Domino Recordings
Dat’













Bibio – The Apple And The Tooth

Posted in Chroniques on November 17th, 2009 by Dat'


Seagull screaming kiss her kiss her






L’année 2009 fut bien chargée pour Bibio : Un album sur Mush (Vignetting the Compost) ode au field recording, folk nostalgique et electro éthérée très Boards Of Canada, puis un deuxième disque sur Warp à peine trois mois plus tard, Ambivalence Avenue, oscillant constamment entre folk et abstract hiphop, pour finir en cette fin 09 sur ce nouveau The Apple and The Tooth, disque batard de 12 titres, comprenant inédits et remixes.

Ce pote de Chris Clark, beaucoup l’ont justement croisé, la première fois, sur le TED Ep de l’anglais, remixant l’énorme rouleau compresseur electro en utilisant strictement que guitares et effets… Depuis, Bibio justement semblait dernièrement ne pas savoir (ni pouvoir) quoi choisir, ce qui lui a valu autant de critiques que d’éloges : sur son très bon dernier album, il sautait souvent du coq à l’âne, passant d’un simple morceau de guitare noyé dans les échos à de l’abstract imparable, en passant par une ou deux digressions dancefloor. Alterner deux facettes au grès du Tracklisting, aussi éloignées soient elles, dans un même album, ne semblaient pas déranger son géniteur. Le genre de disque qui semble au départ parfait pour une écoute au coin du feu, pour tout à coup se braquer sur une ambiance plus festive, avec hochement de nuques et bières jetées sur les murs. Resultat assez rare au final, car pouvant plaire à tout le monde, de l’amateur de vignettes musicales à passer dans sa bagnole jusqu’au collectionneur chevronné de sonorités Warp.













Le label a surement compris que le bonhomme avait du potentiel, et n’a pas attendu trop longtemps pour sortir cette nouvelle galette, sensée montrer le futur visage des compos de Bibio grâce aux inédits et prouver que les compos d’Ambivalence Avenue était au final promises au CrossOver. Pour l’occasion, le label a mis les petits plats dans les grands, avec une édition vynile ultra limitée (enfin bon, ces dernier temps avec Warp, on ne sait plus trop ce que cela veut dire) qui vaut vraiment le coup d’oeil paraît il, avec sa “Gold Sleeve”. Pas croisée en magasin, on se rabat sur l’édition disque, à l’artwork quand même drôlement beau.

Bibio en avait embêté certains en alternant au sein de son dernier album Folk et electro, sans jamais les mélanger, n’ayant pas cette cohérence qu’avait son excellent Vignetting The Compost. On se retrouvait donc avec un fil directeur étrange, modulant les paysages d’un morceau à l’autre, comme si quelqu’un changeait de disque sans prévenir, malgré le fait que la galette enfermait quelques perles (Lover’s Carving, Jealous of Roses, Cry !Baby!, S’Vive putain…) Chez Bibio, cette hésitation semble finie, si l’on s’en réfère aux 4 inédits présents. Le folk, la guitare cristalline et le chant fragile semble toujours bien présents, mais ici, ils se coltinent directement beat Hiphop et synthés electro. La colonne vertébrale n’est plus directement identifiable, et l’anglais s’amuse à faire rebondir son Folk dans tout les sens, là où il se complaisait auparavant dans la contemplation.


The Apple And The Tooth justement, est le parfait exemple de cette direction. L’atmosphère y est super enjouée, beat abstract imparable, ça claque dans les mains, guitare acoustique qui vole dans tous les sens, voix noyée dans les échos qui hululent. A l’écoute, c’est sourire zébrant le visage sans s’en rendre compte, avec claquement de doigt obligatoire sur le final mêlant claviers, petite flute taquine et bleep Gameboy. Rien de spécial, juste vraiment plaisant.
Même combat pour Rotten Rudd plus folky, mais bien vite rattrapé par un rythme bien communicatif. Hop ça repart presque aussi vite que c’est, c’est un peu linéaire mais c’est drôlement sympa.

Bibio nous offrira un morceau plus escarpé en la présence de Bones And Skulls, qui démarre sur une intro limpide, avec guitare belle comme le jour, chant lancinant qui parasite, mélodie évidente. On prend sa chaise, on ferme les yeux et on ouvre la fenêtre, pret à se faire dorer par les rares rayons de soleil (et chopper la creve) en dodelinant de la tête. Mais voilà qu’un parfait métronome Hiphop vient nous tabasser et faire son office, alors on abandonne l’assise pour remuer du cul au milieu de son appart. Bibio se tait, un choeur vocodé intervient, fait planer le morceau, qui va mourir sur une jolie conclusion au piano, même si tranchant un peu avec l’aura enjouée du depart. (On aurait bien vu un titre entier pour ces trente dernières secondes en fait…)
On termine dans les inédits avec un Steal The Lamp renvoyant Bibio derrière ses machines. C’est bien synthétique, ça tourbillonne de partout. Mais l’anglais c’est promis de jouer les entremetteur sur ce disque, et ne va pas se la faire strictement electro. Aors il se remet à chanter, et accompagne le lit de clavier avec son éternelle gratte acoustique, pour une étrange ritournelle de manège. L’attraction se bloque et explose, le morceau part dans un trip Dubstep drum’n bass surprenant mais comme d’hab bien négocié. Ça gronde, bassline qui chauffe, amen break qui claque sur la dernière minute. Nickel. Et ça assure en plus parfaiterment le lien avec les remixes qui s’empilent sur la suite du disque.








On commence avec Chris Clark, qui retouche S’vive. Bon attention, pour moi, S’vive, c’était la bombe absolue du disque. Superbe morceau electro, à la mélodie géniale, à chialer, tournant sur un rythme mutant et imparable, petite bombe qu’aurait pu créer un Mr Oizo venant de tomber amoureux, ou un Nil Hartman voulant tâter l’Abstract Hiphop de plus près. Sérieusement, ce morceau défonçait sur Ambivalence Avenue, c’était sauter sur un dancefloor en voyant son âme soeur courir dans un champ de pâquerette, jouer à Mario Kart avec ses potes tout en écrivant une lettre d’amour, boire une canette de Banga orange en pleurant dans un vocoder avec un caleçon sur la tête. Bref, un truc cool, ce S’vive.
J’aime énormément Clark, et j’ai bien souvent confiance en lui. Son remix du titre décrit ci-dessus, est excellent, il tabasse (grosse montée en sa moitié), imposante machine à danser. Ok. Mais il n’y a plus la magie décrite précédemment. En privilégiant le coté dancefloor, il en oublie la mélancolie, qui ne s’éparpille plus des masses. Donc bon, jolie cette refonte, mais impossible, dès la moitié de l’écoute, de ne pas avoir envie de rejouer l’original. Les fans de Clark se consoleront en écoutant son dernier remix, pour Let’s Get Clinical de Maximo Park, qui est une vraie boucherie.

Et c’est un peu le problème de certains remix (voir des inédits) parsemant ce The Apple And The Tooth : Ils sont souvent très bien (c’est déjà ça vous allez me dire), mais ils tronquent parfois ce qu’il y avait de plus important dans les compos de Bibio : la beauté des mélodies, le petit truc à fleur de peau qui surnageait souvent sur Ambivalence Avenue.
Eskmo oublie le coté enjoué de Dwrcan pour se concentrer sur sa facette sombre. C’est superbement executé, mais pareil, on regrette un truc, en pestant sur un remixe pas forcement justifié. Wax Stag transforme l’abstract de Sugarette en long morceau electronica-retro-analordien bien foutu aussi, mais pas foncièrement renversant. (Même si le dernier tiers vaut le détour)


A l’opposé, d’autres semblent avoir tout pigé, et utilisent la substantifique moelle des morceaux de Bibio, plutôt que leurs apparats. The Gentleman Losers transforment l’ensoleillé Haikuesque en superbe folk sombre, façon caverne de glace, avec une montée électronique en conclusion.
Letherette (jamais entendu parlé) s’attaque à Lover’s Carving. On sent le drame, vu la beauté du morceau original, avec son superbe changement d’ambiance, cette mélodie de folie qui émanait de la deuxième partie. Une vignette presque magique sur Ambivalence Avenue, la pièce maitresse du coté folk de Bibio, le truc qui file la banane et donne envie de chialer au même moment. Et bien Letherette reprend cette litanie de la deuxième partie, la fait rechanter, l’étire, l’écrase sous les échos, et balance un rythme abstract de folie par dessus. Evidemment, cela n’égale pas l’original, mais ça démonte tellement que l’on écoute le titre (un peu court) trois fois pour bien encaisser sans trop baver. La boucle, le rythme, la mélodie élégamment distillée, tout défonce. Superbe morceau, très bon remix sans prétention ni débordements superflus.
Dans le même genre, on appréciera aussi le boulot de Keaver & Brause sur Fire Ant qui rehausse le coté “put your hands in the air” de l’original, tout en insufflant ce qu’il faut de mélancolie, en plus de la très belle ouverture finale.

Mais la palme revient à Lone, bonhomme discret qui m’avait enchanté l’année dernière avec son excellence premier album, et qui revient fin Novembre avec un nouvel opus. (En plus du Kona triangle sorti il y a peu, galette faite avec Keaver & Brause justement)
Lone arrive à transcender le matériel de base, et s’empare de l’interlude All The Flowers pour l’étirer sur plus de 4 minutes, avec son abstract Hiphop fortement teinté de Boards Of Canada reconnaissable entre mille. La mélodie et la phrase de l’originale est reprise ici, répétée ad nauseam, mais parfaitement cajolée par un rythme bien rond et des synthés en cascade. Handclap, headbanging, champ de blés et pétales de fleurs qui volent, on n’en demandait pas plus.
Le disque se finira sur une refonte de The Palm Of Your Wave par Bibio lui même, qui arrive aussi à upgrader l’original, en transformant son folk fantomatique en très belle ritournelle de fête foraine dépressive, rongée par le field recording et des simili-accordeons. La colonne vertébrale reçoit bien le message, vraiment beau.









Moins schyzo que son précédant disque, ce Apple And The Tooth montre un Bibio semblant vouloir lier les deux éléments qu’il affectionne depuis un bail, son folk et ses travaux plus electro-abstract. On pourrait arguer sur le fait que les nouveaux morceaux sont un peu moins à fleur de peau, titillent moins les coeurs mous. Certes. Mais ils filent le sourire, allègent l’âme, rendent candide. Et l’auto-relecture de Bibio en fin de disque rassurera les inquiets de voir les morceaux stricto-guitare disparaître. Les remix, même s’ils sont pas toujours pertinents, restent tous largement écoutables et plaisant, pas de déchets ou de gros raté, ce qui reste assez rare dans ce genre d’exercice ( ahem… ). D’autant plus que certains sont de vrais bijoux, comme la relecture de Letherette ou celle de Lone. Et pour mon plus grand plaisir, placés pour la grande majorité sous le sceau de l’abstract hiphop/electro. Le tout formant une très bonne petite galette, sans prétention aucune (pourrait-on craindre le contraire avec l’anglais ?)


Ecouter Bibio, ça te donne envie de marcher dans la rue en profitant du soleil et de l’air frais, tout en tappant la bise à tous les passants, la grippe A, angines et toutes autres saloperies devenant immédiatement chimères. Sourire. Et claquer des doigts.











Mp3 :


Bibio – Bones & Skulls ( Enregistrer sous)









12 Titres – Warp
Dat’