Fever Ray – Fever Ray

Posted in Chroniques on February 27th, 2009 by Dat'


Liquid Words






Le marketing viral existe bien. Tout commence par une pochette bizarre, en noir et blanc, qui apparaît ici et là, sur internet. Bardé d’un énigmatique Fever Ray, la chose ressemblerait presque plus à une compilation Kill The Dj. On parle d’un disque qui s’annonce très beau, bizarre, cosmique. Ecrasé par l’aura du dernier Animal Collective, on met cela de coté, en promettant de s’y pencher rapidement. Un premier extrait sort sur le net, hypnotique, sombre. Un clip suit juste après, fascinant, à ne pas regarder la nuit avec son petit cousin sous peine de le traumatiser pour un an. Et un remix de Fuck Buttons, qui transforme l’incantation en cavalcade épique, à filer le vertige. Le disque est alors dispo en digital, mais impossible d’avoir une information pour une sortie physique. On se dit que l’on va attendre tranquillement, mais voila que le deuxième clip déboule, When I grow up, aux images sublimes, faisant office de bombe en pleine gueule.
La toxicomanie musicale ne se fait pas attendre, on commence à vouloir écouter le truc à tout prix, l’impossibilité d’avoir des infos sur la sortie physique fait le reste (sauf qu’au final le disque sort le 23 mars…), on passe à la caisse et on plonge dans ce disque direct from suède.



















Une ligne sourde, grave, grondante. Une basse écrasée, hypnotique, comme une machine tournant à vide, sans raison, seule au milieu d’un désert. Le disque débute avec l’énigmatique If I Had A Heart, exacerbé par cette voix spectrale, caverneuse et buggée. Le chant, émanant de miss Karin Dreijer Andersson, la voix du duo électro suédois The Knife (que je ne connais pas vraiment, mais l’erreur va être réparée) est constamment modifié, tirant plus vers la voix d’homme sous calmant que de celle d’une joyeuse nymphette, tout en donnant un effet de choeur. Le titre se déroule avec une fausse linéarité dérangeante. Et c’est quand le chant deviendra féminin, dénué de tout effet, que la mêlasse noisy slow-motionnée laissera perler une ouverture salvatrice, un petit rayon de soleil au milieu de l’usine. Mais genre soleil d’un coin perdu du nord de suède hein, le rayon blanc super froid qui se reflète sur des étendues de neiges hostiles et inhabitées, tentant de ranimer vainement les marmottes déjà cramés par les flocons. A dire vrai, le morceau, extrêmement sombre, beau et prenant, est assez atypique à coté d’autres compositions plus éclairées et tribales de l’album.

L’un des meilleurs représentants de la description ci dessus se pointera juste après, foutant la première grosse raclée de la galette (en plus de se présenter sur le net avec un clip de folie, tout comme le premier morceau). When I Grow Up, parcouru de percussions sourdes et de nappes éthérée, peut se prévaloir de contenir le meilleur handclap introductif de l’année 2009, claquant dans nos oreilles tel un fusil. La première attaque vocale fait très Animal Collective, la voix est presque normale, on navigue dans un délire pop-tribal en suspension enveloppé par un rythme façon transe au ralenti. Comme dans la vidéo, l’envie de nous démantibuler comme la fille prend rapidement, laissant notre corps aux mouvements saccadés pour épouser le métronome. You’ve got cucumbers on your eyes / Too much time spent on nothing / Waiting for a moment to arise / The face in the ceiling and arms too long / I wait for him to catch me. Le délire drogué claudique, nous enfume, nous enivre, avant de basculer sur une montée de synthés bien classe, cristallinne, histoire d’aller titiller les nuages après l’incantation. Grosse ascension électro, le panard absolu, superbe.

Dry & Dusty va nous permettre de faire une mini comparaison : Avec Gang Gang Dance. Celui de la période God’s Money tout du moins. Fever Ray tente aussi de construire des cathédrales electro-pop avec une manne de psychotropes tribalo-experimentaux. Comme les compos des autres zozos, c’est super touffu, riche, presque autiste, pour exploser sans crier gare dans une fulgurance pop angélique à fracasser l’échine en dix. Sur ce morceau, une montée affolante, à dresser les cheveux, avec un chant qui va tutoyer les cieux se retrouve coincé entre deux phases blafardes et embuées. Le basculement est jouissif, à crever. Pour rassurer les allergiques de Gang Gang Dance, Fever Ray ne s’éprend jamais de cette folie hystérique qui caractérise les New- yorkais. Pas de cris incontrôlés, pas d’escapades bruitistes, peu de rythmes escarpés. Ici tout est passé au ralenti, tout est posé, on ne se déparait jamais du brouillard opiacé flottant dans nos oreilles. La voix est douce, apaisée, apaisante.
Minnie Mouse a arrêté le crack, et tape maintenant dans la morphine










C’est Seven qui s’écartera un peu de la torpeur maculée de synthés des 3 premiers morceaux avec des beats tribaux beaucoup plus prononcés. Le tout est presque naïf, sautillant, avant que le refrain emporte encore tout sous son aile, avec une voix magnifiée par les claviers et les échos, genre on-chante-au-sommet-d’une-montagne-le-vent-dans-le-dos-et-juste-en-tee-shirt-mais-sans-avoir-froid façon Cliffhanger. A tomber. Le titre va encore une fois partir dans un délire de nappes mi-cheap mi-ecclésiastiques et on se tape sa petite extase réglementaire. We Talk About Even comme le dit si bien la chanteuse.

A partir de là, le disque va s’enfoncer dans un écrin beaucoup plus opaque, sur 3 morceaux peuplés de percus tribales, d’échos lancinants, de déformations nauséeuses et de sonorités un peu plus world. On a quitté la terre ferme pour voyager au fin fond de jungles mentales défoncées, flirtant même avec le bad trip, comme dans Concrete Walls, balade viciée et nauséeuse pleine de convulsions passées au ralenti.

Fever Ray renouera avec l’épique grâce au sublime (mais vraiment) I’m not done monument qui nous envoie directement sur la lune, la bave au lèvres, le cerveau retourné et les ailes dans le cul. Tout prend de l’ampleur avec minutie, les synthés s’envolent, les rythmes s’emballent, et la voix tord les tripes. Les choeurs fragiles qui déboulent dans le derniers tiers du morceau me dérouillent la gueule, paralysie, c’est trop beau. Le morceau n’est qu’une escalade, une progression vers l’absolu avant que le tout meure sur un lit de cordes. Simple mais parfaitement menée. Sûrement le meilleur essai du disque.

Keep The Streets Empty For Me en prendra le contre-pied, avec un nouvel exorcisme apaisé autour du feu, pour laisser sa place au plus long titre de ce Fever Ray, Coconut longue escapade électronique de 7 minutes. Les beats sont secs, sombres, et accueillent une mélodie limpide et cristalline. Pas de chant sur la première moitié, juste une longue intro façon electronica Warpienne qui flingue tout notion de temps. On ferme les yeux, on se laisse assaillir par le tout, avant que des choeurs superbement amenés emplissent l’espace, prennent de l’ampleur, saturent pour mieux nous caresser ensuite. Le temple chante sur des steppes Idm sous une voûte étoilée, ça tronçonne ce qu’il nous reste de colonne, on tombe dans un gouffre infini, le temps s’immobilise, hypnotique.











Tout en s’inscrivant dans cette tendance tribalo-pop-electro-droguée qui a le vent en poupe ces temps ci, Fever Ray se démarque de ses camarades en ayant une approche plus posée, plus hypnotique, plus sépulcrale. Pas hystériques pour un sou, mais toujours enlevés et expérimentaux, les morceaux de Karin Dreijer se complaisent dans une slow-motion qui sublime les mélodies et la voix, tout en insistant sur le coté viscéral des rythmes. Ceux de When I Grow Up claquent dans le tréfonds de notre cortex avant de faire vibrer nos tympans. Ils font fourmiller les articulations avant que le cerveau ait donné l’ordre de tressauter. Les mélodies et constructions sont souvent très pop, jamais noyées comme chez beaucoup de confrère, et souvent portées au firmament grâce à des synthés de folie (I’m not done, Dry & Dusty, Seven…)

Alors évidemment, cet album de Fever Ray pourra agacer à cause de son coté electro-tribalo-camé, surtout que ce dernier se retrouve moins escarpé et excité que de coutume. Ou à cause de l’accent bizarre de la chanteuse, à base de explanationeuuuuhh et de I have a missionnneuuuuuh. Mais le tout est tellement maîtrisé et hypnotique que la mandale est presque inévitable pour les amateurs du genre. Les autres s’intéresseront au moins aux vidéos illustrant deux morceaux du disque, composées d’images sublimes. La grande classe. Déjà dispo en digital, et dans prévu dans les magasins le 23 Mars.



J’ai l’impression de me répéter en cet impressionnant début d’année, après des perles comme le Animal Collective ou le Circlesquare, mais j’ai encore envie d’aligner un “grand disque” pour conclure ce texte. Je vais faire l’effort d’éviter ça, et donc soutenir simplement que la plupart des morceaux de l’album sont monstrueux, frôlant le sublime. Grosse claque.














Fever Ray – When I Grow Up
























10 Titres – Rabid Record
Dat’








Videos µ°10

Posted in Chroniques on February 22nd, 2009 by Dat'

10eme salve :



The Meal











Dj Scotch Egg – Scotch Bach













Telepopmusik – Love Can Damage Your Health














Plaid – Zeal










Dat’
Descriptions en commentaire !







Dälek – Gutter Tactics

Posted in Chroniques on February 20th, 2009 by Dat'


Everything’s Just Wonderful Go To Hell







L’enfer s’est de nouveau ouvert, laissant le champ libre aux dangereux américains de Dälek, formation presque unique en son genre. Dälek, c’est évidemment Absence, chef d’oeuvre absolu, cathédrale Hiphop Noise Shoegaze effarante, brutalisant les conventions en accouchant d’une parfaite symbiose entre un Hip-hop cyberpunk, une électro décharnée et un rock de l’apocalypse, jusqu’à convaincre (et c’est presque unique) les trois chapelles susnommées, sans guerre de genre. Rappelons que les New Yorkais sont signés chez Ipecac, le label déviant de Mike Patton, haut lieu de musique cinglée en tout genre. Ils s’étaient (presque) assagis l’année dernière en servant Abandonned Language, plus brut et moins explosif, pensant ne pas pouvoir continuer dans la direction de Absence, estimant que le paroxysme sismique de leurs musique avait été atteint.

Dalek, pour ma pomme, c’est aussi un passage lors des nuits sonores 2008 frisant avec l’attaque terroriste, faisant fuir 90% des festivaliers présents dans la salle, démontant les tympans les plus protégés et fissurant presque le plafond de la grise usine nous accueillant.
Ce Gutter Tactics était donc diablement attendu, ne serait-ce que pour entendre la voie suivie sur cet album.

















L’album s’ouvre, visuellement et musicalement, sur un extrait de discours du controversé Révérend Wright, prononcé juste après les attentats du 11 septembre 2001, façonnant un portrait peu reluisant des Usa, ce qui fut évidemment sujet de controverse à l’époque. Dälek reprend même l’une des phrases choc du texte, pour en faire son titre d’ouverture : Blessed are they who bash your children’s heads against a rock, noient les paroles sous de discrètes bidouilles électro. Groupe expérimental donc, mais groupe cultivant toujours sa facette engagée. Il est d’ailleurs dommage que le (très beau) packaging ne contiennent pas les paroles du disque, ces dernieres étant souvent difficilement identifiables vu les attaques sonores parcourant ce Gutter Tactics.

D’ailleurs, j’ai du perdre l’habitude d’écouter le groupe, tant le premier “vrai” titre du disque m’a ramassé la gueule. No question déboule telle une furie, les beats Hiphop détalant devant l’imposante masse crevante, le Mc suffoquant devant ce gouffre sonore insondable qui se délie sans faillir tout le long de la chanson, si l’on excepte le break planant en milieu de morceau. Ca frise le Absence, mais ce titre est presque un pallier nécessaire pour se sentir apte à plonger, de nouveau, dans les sombres fresques de la formation.








Heureusement, Armed With Krylon se pointe et cristallise la direction prise par cet album. Un Hiphop scandé, noyé dans des murs de guitares shoegaze hauts comme des buildings, et autres bruits electro ultra-massifs. Un rap posé sur un lit saturé, grondant comme la mort, que l’on pourrait presque saisir de la main, tant le son est dense et imposant. Violent mais pas agressif, impressionnant mais planant. My Bloody Valentine plongé dans une fosse à sévices, puis laissé à la merci d’un Mc prophétique. Mille guitares électriques en pleine complainte défoncées par une boite à rythme. Le morceau est superbe, hypnotique, un des titres immanquable de l’album. Si l’on accepte de se prendre une vraie tornade en pleine tronche.

La tornade a laissé place à la plaine désolée, dénué de tout signe de vie, croulant sous les décombres et les cadavres. Cherchez pas la petite feuille verte qui pousse au milieu du chaos, prisme d’un nouvel espoir de vie : il n’y en aura pas. Who Medgar Evers Was… se pose comme une longue (8 min) descente en rappel dans les entrailles d’un asile psychiatrique aux murs barbouillés de sang. Une lampe de poche pour seule béquille mentale, à se frayer un chemin en étant assailli par les voix rémanentes d’aliénés décédés depuis des lustres. Le titre se complait sur une longue montée instrumentale, les couches de guitares s’étirant à l’envie sur deux minutes avant que Mc Dälek intervienne, plus calme qu’à l’accoutumé, rappant au milieu de sursauts métalliques dérangeants. L’instrue reprendra le dessus, s’enfonçant dans une mêlasse noise planante, la pulsation rythmique se ralentie, calée sur des battements d’un coeur qui semble mal barré. Le malaise s’installe, on a l’impression de voir la mort en bullet-time, de se faire violer en slow motion par les ténèbres. Et pile au moment ou le tout semble nous envelopper, nous couper toute possibilité de fuir, le flow scandé revient, déchirant la noire enveloppe avec aplomb. A éviter au petit dej’.

Street Diction finira le boulot dans le genre on fait une instrue de hiphop pépère, mais en fait on va mettre un vent qui souffle à 150km/h par-dessus, et un groupe de métal dépressif au ralenti en plus, ça fera cool, avec un flow toujours aussi vindicatif et des volutes infernales qui rendrait tout typhon aussi inoffensif qu’un caleçon en soie snoopy.








Heureusement, les américains vont nous permette de souffler un peu au milieu du disque, levant le pied et nous servant un superbe A collection of miserable thoughts, débutant sur une doucereuse mélodie façon boite à musique, supplantée d’un rythme en retrait et d’une guitare enfin claire et mélancolique. Le tout déconne graduellement, les saturations se font entendre, ça se replie, ça se nécrose, Dalek n’intervient que sur le dernier tiers, toujours calme, emprunt de distance, ça sent la maladie, le joli paquet vicié, mais le tout s’éteint avant d’être trop altéré, se retirant doucement, presque timidement après les déflagrations du dessus.

La deuxième moitié du disque est d’ailleurs plus éthérée, moins compacte. Des mélodies se détachent parfois, des rythmes percent la coque sonore. L’autre morceau apaisé du disque (enfin toutes proportions gardées évidemment), We Lost Sight, cultivera toujours cet aspect Shoegaze, mais pour le plonger dans la brume, laissant éclore une mélodie cristalline, belle et fragile au milieu des saturations et des grondements, plus évasifs, toujours aussi planants, ondulant presque dans nos oreilles. Mc Dalek se fera presque résigné, balançant quelques phases au milieu de mots passés à la moulinette reverb. Of course, le morceau est toujours aussi massif et sombre, mais cette simili-légèreté sublime la compo. Comme voir le soleil se lever après avoir passé la nuit dans une mégalopole cyberpunk cradingue.
2012 (The Pillage) offrira même le seul morceau de Hip-hop normal de la galette, extrêmement plaisant au milieu du chaos. La prod est assez oldschool, et les effets noise se feront discrets, tapis derrière la rythmique sèche et les quelques scratchs.

A coté de ça, Los Macheteros/Spears of a Nation traumatisera avec ses beats ultra compactes, presque hardcore au premier abord, tonnant comme le plus grand des tambours, le tout noyé dans les larsens à filer le vertige, guitare torturée, déchirée, Métal de fin de vie. La bande son préférée de mes égouts.
Quand à Gutter Tactics le bien nommé, il nous la jouera en traître après une superbe intro aérienne, pour filer directos dans les abîmes, avec un refrain hurlant, usine s’ouvrant en deux pour vomir une nausée industrielle tétanisante, au bord de l’explosion, machines se tordant sur elles même en chialant la souffrance.

Le disque finira sur le sublime Atypical Stereotype, a la ligne de basse jouissive et monstrueuse (mais genre vraiment monstrueuse), façon dix camions dans un tunnel qui vous foncent dessus, et que l’on entend arriver, l’oreille collée contre le bitume. Et c’est un mur de guitare encore plus massif que précédemment qui va nous ravaler la façade en nous décollant du sol, alors que le Mc continue de débiter tranquillement son texte, comme si rien ne se passait. Encore une fois, le tout se révèle pourtant très ramassé, très compact, pas agressif pour un sous, et presque doux, velouté noise fondant sur nos tympans, nous enveloppant peu à peu, sans crier, sans nous apeurer, mélancolique pour mieux nous briser le cou au final. Superbe conclusion.










Difficile de parler de Dälek, de cerner les paysages opaques et sourds du groupe. La démarche est évidemment presque unique en son genre, le groupe réussissant le tour de force de convier des genres diamétralement opposés, des sons indéfinissables et des textures à couper au couteau. C’est du hip-hop, c’est du métal, c’est de la noise, c’est du shoegaze, c’est de l’électro, mais le tout est passé dans une broyeuse, pour recracher d’un cube noir aux contours insondables.

Moins jusqu’au-boutiste (heureusement ?) que leur album Absence, ce nouveau Dälek prend le parti d’une musique toujours extrême, mais plus évasive et moins rentre dedans, superposant les couches d’une façon vertigineuse, accouchant d’un vrai souterrain sonore, massif et imposant, genre shoegaze de l’apocalypse (dans son ossature). Mais résigné le shoegaze, pas destructeur.


Ce Gutter Tactics taperait presque dans le parfait juste milieu, entre la rage d’Absence et l’aridité de Abandonned Language, pour ne prendre que les derniers. Il se parre dans son ensemble d’une teinte assez proche du petit diamant qu’était Ever Somber… Ce qui permet à l’album de s’installer durablement dans nos tympans, de nous parasiter sur des journées entières, là où les anciens se posaient comme des trips absolus à ne sortir que dans de rares moments.


Un disque qui nous écrase la gueule de toute sa colossale noirceur, qui nous traîne dans les caniveaux décomposés d’un édifice titanesque, filant le vertige.
N’est pas vendu avec un panneau Au secours, malheureusement…








Mp3 :


Dälek – No Question Clic droit / enregistrer sous

Dälek – A collection of miserable thoughts laced with Clic droit / enregistrer sous








Le mirifique Ever Somber de Dälek, tiré de l’album Absence











11 titres – Ipecac
Dat’









Squarepusher – Numbers Lucent

Posted in Chroniques on February 15th, 2009 by Dat'


Chronique d’une montée annoncée






22h30 :

Les chaussettes ne sont pas de la même couleur. Pas rasé, on se rassure en se persuadant que cela cache les cernes. Une dernière bière avalée d’un trait. Les clefs de l’appart introuvables, logées avec la télécommande et une fin de saucisson entre les coussins du canapé. Je m’énerve. J’ai rendez-vous. Il y a une demi-heure. Donc en retard. Course dans les escaliers, la voisine gueule contre son gamin, qui vient de décapiter la baguette avec la lourde porte de l’ascenseur.
Bagnole en vue, Pv bien callé sous les essuie-glaces, on se torche mentalement avec. Un pote m’attend dans un bar guindé à la con, où le Perrier est aussi cher qu’une auto de collection. Je fais la gueule, mais je prends sur moi, c’est l’histoire d’une demi heure maximum, le temps de le convaincre de s’arracher de ce bouge doré, pour fouler des terres nocturnes plus escarpées.


















23h05 Zounds Perpspex :

Accoudé au bar, Alex fait le beau, son martini dans une main et la barmaid dans l’autre, tentant de renverser cette dernière avec une prose passablement érodée par l’alcool. Il ne traine pas. Je commande une bière (on ne se refait pas), ce qui provoquerai presque l’hilarité du serveur, me disant non sans dédain qu’il “va voir si je peux vous trouver ça”. Mon pote, à peine échaudé d’avoir été traité de ringard par la demoiselle, fonce s’enfermer aux chiottes pour pisser les premiers litres de casse-poitrine. Je m’emmerde, le cul posé sur ce beau canapé rouge. Alors je bascule la tête, et je tends l’oreille. La musique est étonnante, retient mon attention, là où l’établissement est normalement plus coutumier de la compile made for ascenseur.
Des synthés Dance, un peu vintage, s’enfilent sur une mélodie vaguement jazzy, me rappelant le titre de quelqu’un, sans pouvoir poser un nom dessus. Le beat est drum’n bass, assez enlevé, mais bien en retrait, évitant donc de choquer les clients autour de moi. La montée du milieu me redresse, je reprends une gorgée, Alex semble s’être noyé dans les chiottes. Un morceau qui pourrait être passe partout, mais qui peut se prévaloir d’une classe non négligeable. Parfait pour butiner en costard autour de consommations hors de prix, parfait pour se marrer dans une caisse pourrie avec des amis… la dualité du morceau est intéressante, exacerbée, par ses claviers un peu pute et cette basse free-jazz plutôt sérieuse. Alors je me laisse absorbé par la musique, le nez dans mon verre, à attendre.
Les gens me perçoivent comme un mec plein d’assurance, un peu distant mais cool.






23h35 Paradise Garage :

L’autre zozo se fait attendre. Trois solutions : il a du se faire intercepter par une connaissance / Il retente le coup avec la barmaid / Il s’est étouffé avec l’essuie-main en tentant de distraire un nez plein de coke. Les verres se multiplient sur ma table. Une demoiselle habillée d’un léger tulle bleu a voulu me taxer une clope. Un mec suant aux yeux exorbités aussi. L’atmosphère se réchauffe. La musique se pare d’un écrin plus rythmé, toujours mélangé de synthés rave old-school et de lignes un peu jazzy. Je remue la nuque, je me sens bien, j’ai envie de claquer des doigts et de taper discrètement en cadence sur la table. Mais l’alcool commence son travail de sape. Par trois fois, pendant le morceau, je me tape des vertiges qui me surprennent, comme si j’étais aspiré dans un gouffre. Surprenant, mais ultra plaisant.
Je plane, je perds un peu le fil du rythme, à moins que ce soit ce dernier qui s’emballe. Difficile de dire si le morceau est lui-même parasité par ces ellipses célestes, ou si c’est mon état qui déteint sur le panorama sonore. J’ai envie de fermer les yeux et de me laisser aspirer quand la boucle cristalline refait surface.
Les gens me perçoivent comme un mec amical et convivial, mais rêveur et passablement cramé.






00h10 Heliacal Torch :

Apres de longues tractations, ensevelies par du liquide financé par mes soins, j’arrive à traîner mon pote dehors. Pas très loin, quelques rues à traverser, pour passer dans un endroit qui passe de la musique électro un peu plus sauvage. L’une des seules caves à encore passer des vieux Warp ou Rephlex, sans distinction, au milieu d’autres bombes un peu plus dancefloor. Les gens dansent, parlent, boivent, se frôlent dans une obscurité quasi-totale réconfortante, à peine mise à mal par les assauts de décibels. Je manque de tomber dans les escaliers, file au bar, en traînant l’autre sacoche, qui rechigne en maugréant dans son col de chemise, trouvant le son “trop glauque” , avec ces bleeps acid et ce clavier un peu grave, martyrisé par des beats irrespectueux d’une quelconque bienséance rythmique.
Ca fuse, drum’n bass épileptique, je me sens revivre, les vagues de synthés super chelou me renversent peu à peu, je tente de rester stable, même si l’envie de me transformer en zébulon est forte. On s’en envoie d’autres derrière la glotte, les perspectives changent peu à peu, la salle bascule dangereusement. La conscience s’étiole, on alterne excavations sur la piste de danse et mode “pied de grue” contre le bar.
Les gens me perçoivent comme un mec joyeusement torturé qui a envie de danser en riant pour effacer ses idées noires.






01h20 Star Time 1 :

Je danse depuis pas mal de temps, étreignant mon verre comme si ma vie en dépendait. Les beats acérés me percent la gueule, me soulèvent, se transforment en coups de couteaux, le tout étant sublimé par l’ébriété, accrochée à mon cerveau comme une tique sur la queue d’un cheval. Je pense bouger comme un dieu, mais je ressemble plus à une marionnette qui verrait son propriétaire tenter d’en démêler les fils. Je ne sais pas si c’est la soif ou l’envie de pisser qui me fout une gifle, mais l’état d’euphorie se retrouve balayé par une vague de mélancolie. Je m’arrête de gesticuler, et me pose près d’un mur. Observer la foule danser, sauter en hurlant de bonheur me rend presque triste. Une solitude écrasante semble émaner des sourires. Tous ensemble dans une pièce, mais abandonné, esseulé dans son trip, dans son délire. Etre ensemble pour se rassurer, mais ne pas penser aux autres. Ou se mêler aux autres pour tenter de ne plus penser à soi. Les rythmes qui me parviennent continuent de me bastonner, sans parvenir à me défaire de cette mélopée tristounne qui flotte dans ma tête.
J’en viendrais presque à soupirer, mais une autre connaissance me tire violemment par le bras, en me gueulant dans les oreilles qu’il faut foncer dans sa voiture pour nous emmener dans un coin de folie. Ca gerbe, ça se marre, ça hurle dans la rue, ça traumatise les riverains. Dans le tacot, sur le siège arrière, je tente de dompter les volutes de l’alcool. J’ai l’impression d’être dans un hovercraft. La béatitude frise désormais le néant et la joue collée contre une vitre glacée, je chantonne dans ma tête une petite ritournelle candide et désabusée. J’ai laissé les rythmes dans le nightclub de tout à l’heure et tente de juguler tous ces souvenirs moroses, écrasés par les rires de mes deux potes, hilares à l’idée de prendre un dos d’âne à toute vitesse. Suspensions niquées. Les gens me perçoivent comme un mec triste, même planté dans une fête de folie.






03h00 Arterial Fantasy :

La soirée ne se déroule plus comme un film, seule une succession de diapositives subsiste. Avec de gros trous noirs entre les images. Habités par des odeurs. De relents vomitifs, de clope, de sueur. Par des sensations. Le béton, les vibrations, les infrabasses, le grain d’une peau super douce. Par des images. Lumières affolées, lasers verts qui brûlent la rétine, silhouettes noyées dans une purée de pois, des gens qui te hurlent dessus, une simili-overdose.
La musique évidemment. Beaucoup plus agressive, Drill’n bass défoncée par des arcs de synthés orageux, presque psychotiques. Je suis dans une cave au milieu d’une centaine de gens, à remuer comme un dingue, à m’écarteler en tentant de suivre ce rythme crevant. Aucune envie de plaire à l’équilibre. Juste sauter, rire, tourner comme un fou, oublier, jubiler sur ses beats explosés, affolants, vertigineux. J’ai l’impression d’être dans une rave placée dans une machine à laver. D’être sauvagement piétiné par la musique. Trop raide, sans pouvoir me rappeler d’un quelconque psychotrope, ou d’un serveur à la main lourde sur l’alcool. Je perçois Alex, il se marre, puis se prend une bouteille en pleine tronche. Il mugit, se tortille et disparaît dans le brouillard.
Les gens me perçoivent comme un valseur fou frôlant l’épilepsie






04h15 Illegal Dustbin :

J’ai du tomber plusieurs fois par terre. J’ai perdu ma veste, mon oeil me pique horriblement, obstrué par le sang coulant de ma tête. Je pue la bière, cette dernière formant une couche entre ma peau et mon tee-shirt. Syndrome du verre renversé. La foule s’est étiolée, il ne reste que quelques cinglés glissant sur de la gerbe, frisant l’anévrisme à force de faire du headbanging sur des frises déstructurées. Les cerveaux sont atrophiés, les pupilles éclatées. Je chute, glisse, hurle, tremble. Me remet à danser, vacille, plonge, me cogne. La salle tourne comme un manège, ma vision ne se synchronise plus avec les mouvements de ma caboche. Un vrai zombi. Le dj nous achève, hurlant à la mort dans son micro des “AAAAARE YOUUUUU DOWN FOR THE UNDERGROUUUUUUUNNDDD, PUT THE MUSIC IN THIS MOTHERFUCKIN’ PLAAAAACE” sur un morceau completement hystérique, flirtant avec le Gabber ou la Noise. Je me retrouve pilonné par des rythmes hardcore, des murs de bruits blancs, des saturations qui détruisent tout, annihilant toute notion de musique, abolissant la notion de temps et d’espace.
J’ai l’impression d’être en train de mourir, je me retrouve dans un tourbillon de rage, dans un ouragan frénétique, le paroxysme d’un passage à tabac musical. Un acouphène crisse dans mon oreille, le bruit et la violence du morceau créent un voile noir sur mes yeux, je perds pied, tressaute en tentant de suivre ce rythme de terroriste, en poussant quelques râles avec une voix cassée, sans savoir si je réussi encore à me tenir debout. Plus aucune sensation, j’ai laissé mon corps au vestiaire, et mon esprit semble écrasé par la musique, jeté contre les murs, broyé par les enceintes. Je me traîne en fait sur le sol, au bord de l’agonie, noyé dans ma bave, paralysé par cet immeuble de sons décharnés qui s’écroule sur ma gueule.
Les gens me perçoivent comme un cadavre rongé par la came, atomisé par une crise d’hystérie, ils me marchent dessus.








14h50 :

Un marteau piqueur dans la tête, le coeur au bord des lèvres. J’ai l’impression que l’on m’a arraché les yeux et les oreilles avec un piolet. Impossible de savoir comment je suis rentré chez moi. Je rampe jusqu’aux chiottes, tente de contrôler mes spasmes puis file prendre une bouteille d’eau. La lumière du jour me flingue, les talons de la voisine claquant sur le parquet du dessus sont similaires à des bombardements.
En essayant de rembobiner la soirée, du début peinard au final apocalyptique, je suis convaincu peu à peu qu’elle cristallise le meilleur moment passé avec Squarepusher, depuis un bail. Depuis son Dou you know Squarepusher ? même, si l’on excepte son magnifique ep Venus o.17. Le mec m’étrangle enfin de nouveau, me surprend, m’emporte, me passionne, revenant à ses amours Drum n’bass secs et ludiques, comme on pouvait en trouver sur Big Loada.

Il faut d’ailleurs préciser que ce Numbers Lucent, n’a strictement rien à voir avec Just a souvenir, malgré un design très ressemblant et survenant à peine quelques mois après. Ici, seuls les rythmes épileptiques sont rois, seuls les synthés gras sont présents, la basse tressautant comme jamais. Beaucoup moins claudiquant et rétro, adieu les guitares un peu dégueux. Et pas vraiment de titre commun, le tracklisting étant indépendant de l’album tout juste sorti.

Pris séparément, les moments de la soirée ne paient pas forcément de mine, mais le tout compose une montée d’une intensité jouissive, que l’on doit écouter d’une traite, partant sur des sphères tranquilles et old-school, pour finir dans un gouffre de violence presque assourdissant, chose un peu délaissée par l’anglais depuis des années. Enfin une sortie sans temps mort, réussie de bout en bout.


Sans compter que la soirée m’a coûté, en tout et pour tout, 9 euros, et que le tout est dispo en vinyle comme en Cd. Un vrai bonheur.











6 Titres – Warp
Vinyle et CD
Dat’











Circlesquare – Songs About Dancing And Drugs

Posted in Chroniques on February 9th, 2009 by Dat'


I decided that the dog was probably killed with the fork because I could not see any other wounds in the dog, and I do not think you would stick a garden fork into a dog after it had died for some other reason, like cancer for example, or road accident…







J’avais parlé de Circlesquare dans l’article traitant du dernier Portishead. Pas pour une ressemblance musicale quelconque, loin de là. Mais pour cette atmosphère émanant de Third, impossible à décrire. Une ambiance de mort. De renoncement. Pas de dépression ou de noirceur factice. Non, un abandon absolu. Abdiquer timidement, sans misérabilisme. Baisser les bras, se soumettre à la noirceur du monde, et s’en foutre.
Le premier album de CircleSquare, “Pre-earthquake Anthem” sorti en 2003, fut une grande claque. Attiré par l’objet car vendu par je ne sais quel magasine comme un rejeton de Mezzanine de Massive Attack, (Ce qui est completement faux, si l’on excepte la ligne de basse de 7 minutes ressemblant vaguement à Angel). Je m’attendais à tout sauf à tomber sur un disque pareil. Une musique dépouillée, écorchée, sombre et lumineuse à la fois. Une musique où un gringalet égrène une voix spectrale sur des beats électro cradingues et des cordes de guitare anémique ( Panda Bear à coté, c’est Satriani). Avec autant de silence que de notes. Une plongée en apnée dans une cave, dans un esprit tordu, presque reduit à l’état de légume, ne se rappelant que de ritournelles éparses, gimmicks remplaçant peu à peu dans son cerveau enfumé les souvenirs de sa famille. Un vrai petit chef d’oeuvre, qui faisait mourir d’ennui toutes mes connaissances, mais qui me fascinait, jusqu’à parasiter mon discman lors des nuits les plus longues, à l’instar d’un Plastikman ou d’un Rythm & Sound. Avec une devise d’une pertinence absolue, seule notation de la pochette : Best heard from the floor.


Puis (presque) plus de nouvelle de Jeremy “Circlesquare” Shaw, si l’on excepte un ep introuvable (qui contient l’énorme Fight Sounds). Toujours voulu parler de ce type dans ces pages, sans en avoir le temps, sans jamais tomber sur la bonne occasion. On oublie alors presque l’artiste, qui se résume à un disque bien trop étrange et profond pour être ressorti tous les deux jours. Et voila qu’au détour d’une nouvelle page de magasine, qui taxe le bonhomme de nouvelle révélation (Hein ?!?), on apprend que Circlesquare est de retour sur un nouvel album, au titre évocateur, Songs about dancing and drugs. Un grand malade.













La pochette du précédant essai impressionnait par son style épuré et sombre. Ce nouvel album se calque en négatif sur le premier, éclatant d’un blanc parfait, orné d’une simple ampoule cassée, et de l’implacable slogan habituel au verso, Best heard from the floor. Rien de plus. Cette ampoule, qui semblait peinturlurée de noir avant d’être défoncée, est parfaite. Car chez le Canadien, même la lumière est nuit. Que les allergiques du premier disque se rassurent, Circlesquare a donné un peu d’énergie à sa musique. Rien de méchant hein. Mais on peut maintenant parler de rythme, là ou cette notion frisait l’ubuesque sur le précédant opus.









Le premier titre, Hey You Guys, entretiendrai presque l’illusion d’un Circlesquare tourné vers le soleil. Un soleil bouffé de mélancolie, comme celui d’un dimanche matin, après une nuit blanche, dernier moment de bonheur entre potes avant de partir vers de nouveaux horizons. Le morceau est presque pop. Les notes sont belles. La voix de Jeremy Shaw est assurée. La guitare grince, mais reste constamment soutenue. La gratte, un synthé étrange, et le chant, point barre. Le refrain est beau. Epuré, minimaliste, mais beau. Un rythme sourd vient se greffer au tout, comme si le chanteur se mettait à taper sur la table de ses poings, à intervalles réguliers. Le titre s’enrichit peu à peu, s’engaillardit, ravi de poser le pied dehors, de voir un ciel bleu et des gens qui sourient en tenant leurs mioches dans les bras. Break sombre, on hésite, l’envie de ramper vers l’endroit sombre sous le porche nous tenaille. Mais tout bascule, Circlesquare part dans une ascension absolue, éblouissante, cristalline, où guitares se mêle aux synthés angéliques pour un shoegaze mutant, flirtant avec le sublime. On plane, on vole entre les nuages, on tourne au ralenti sur soi même en ouvrant la bouche pour avaler la pluie avant d’apercevoir un arc en ciel, comme dans la fin des films américains. On se laisse couler au milieu d’une eau azur, pure comme la mort, un sourire zébré sur le visage. Putain c’est tout simplement magnifique.


Mais alors que l’on se lâche sur cette ascension des dieux, Dancers nous file un violent coup de planche derrière la tête. Pour nous traîner dans une cellule, habitacle forcé pour écouter Circlesquare. Ce titre pourrait être le plus controversé du disque, celui qui affolera les passions ou qui se posera comme élément rédhibitoire. Le rythme est prenant, électro-déglingué, cassé, piétiné. Claquant comme un coup de talon. Jeremy Shaw y est implacable, déclamant un texte étrange. Le tout noyé sous des larsens nauséeux et autres paraboles noisy. Ca tremble de partout. La cave se transforme en rave illégale dans un immeuble abandonné, avec pour seule lumière un projo honnis par la propreté. Toi t’es dans un coin, à regarder ce petit monde gesticuler, baver. Une foule esquintée, échinée, perdue dans ses chimères opiacées. Certains tombent, et ne se relèvent pas, trop occupés à ne pas mourir sous les convulsions. D’autres baisent salement contre un mur noirci par la sueur. Certains lèchent le sol, à la recherche d’une seringue maladroitement égarée. Le groove claudiquant commence à faire son effet. On frôle l’envie de se mêler à la foule. De se frotter au malin. Circlesquare assène de sa voix grave des People in the back, people in the dark, people by the door, people to the left, people on the roof, people on the floor / Where world is the better place, it’s the better place / Everybody start to dance, now we’re all dancers. Il halète comme un chien, il interpelle en mode vicié, il parasite le tympan. La salle est vide. On est à semi-mort, le nez dans la merde, sans souvenir des minutes passées, sous l’effet de la musique, à se tordre comme un possédé.










Timely du haut de ses 8 minutes (les morceaux sont longs, oscillant tous entre 5 et 13 minutes), semble se prévaloir d’un écrin plus posé. On se veut enfin bienveillant. Le premier tiers repose simplement sur des claquements de doigts et une guitare douce, agréable, à la mélodie caressée. La voix est claire, chaleureuse, emplie d’échos. Un beat perle, sec, débarque en catimini. Un grondement se fait entendre, crade. Le ton de Jeremy Shaw se fait plus grave. Il répète une phrase en continue, fin de vinyle déclamé éternellement. Ca tremble, ça vrombit, avant de s’éteindre sur une saturation indus. Le chant se transforme en incantation désespérée. Fin du combat, on dépose les armes et on compte les cadavres.

On erre sur le champ de bataille, cherchant une âme encore pure dans ce marasme. Music For Satellites est peut être la composition se rapprochant le plus des élucubrations de Pre-earthquake Anthem, completement décharnée, avec sa première moitié ne reposant que sur une parabole sombre, et une voix spectrale. Rien d’autre. Lugubre. Pourtant, le tout cultive l’apesanteur. Cosmonaute dérivant dans le néant, mais rassuré en passant en revu les souvenirs de ses gamines, sautillants autrefois sur ses genoux. Alors on dérive. On se laisse porter par ses vagues opaques et nébuleuses. Mais un rythme surgit, completement nécrosé, déchiré, implosant façon coeur de vieillard mendiant en fin de vie. Ce rythme, vicié, déviant, s’apparente à un seau de boue versé sur votre gueule. Complètement incongru dans le tableau, puis rapidement naturel car maculé de merde. Circlesquare se bloque encore sur une phrase, I gat lost out there est répétée en boucle jusqu’à péremption. Superbe.

On étoufferait presque, à racler les cendres de la sorte. Alors le bonhomme nous balance un Ten to One plus enlevé, partant des le début sur les chapeaux de roues, avec un métronome régulier, électro pernicieuse mais presque domptable sur une piste de dance, si l’on a pris assez de came. Bon, ce n’est pas non plus la fête d’anniversaire de mon petit cousin, et la voix est toujours désincarnée, sépulcrale, même si le refrain frise le tube. Le dernier tiers est à tomber, la mélodie virevoltant sur un texte déclamé d’une façon énorme, des synthés sont de plus en plus appuyés, tourbillon electro-dance souillé par la dépression.









L’autre titre à jouer sur cette dualité allégresse / abdication est l’alien Bombs Away, Away démarrant sur des notes de guitare nauséeuses chères à Circlesquare, pour partir dans un simili-gospel percuté par une basse électro caverneuse et des handclaps biens méchants. On se laisserait presque aller à la gaieté, mais le tout bascule sur une trompette mortuaire, completement isolée, noyée dans les reverbs des cordes du départ. Le mec de tout à l’heure, errant sur la terre dévastée, n’a pas retrouvé de compagnon d’infortune au milieu des corps labourés, et se rabat sur sa trompette pour lancer un dernier hommage. On verserait presque une larme. Très beau. D’une classe folle. Mais completement saugrenu. Presque dérangeant.

Surtout que l’introduction de notre patient suivant, Stop Taking (So Many), semble rechapée des ballades alcoolisées de Jamie T, toute guillerette avec ses pouet et son chant candide. Mais genre 30 secondes hein, parce qu’après cette ouverture, le titre s’enfonce dans un long toboggan mélancolique, où seul un piano aigu, des bidouilles électro lancinantes et une voix détachée vont glisser, tournant sur eux-mêmes, se répétant indéfiniment.

La galette se terminera sur le marathon All Live But The Ending, longue plage flirtant avec le quart d’heure. Et ce ne sont pas d’interminables nappes de synthés qui peupleront cette longue échappée, mais un rythme au groove de folie, Techno minimale poisseuse, viciée, vrillant au grés des minutes, copulant avec la voix de Mr Shaw, en roue libre, haletant ou scandant ses paroles sur des bleeps de plus en plus pressants. La sauce monte, on se croirait dans une rave passée en slow-motion, un clavier superbe accompagne la tranquille cavalcade, on se laisse happer par le brouillard, on se balance de droite à gauche comme un zombie en manque de poumon à croquer. La lobotomie fait son travail de sape. Et le morceau se déroule, avance sans faillir, si l’on excepte quelques bugs. On croirait presque entendre une pièce linéaire, pourtant le tout prend de plus en plus de corps au fil des minutes, devenant massif, étouffant, imposant. La panique commence à nous étreindre, la gorge se serre, mais le morceau déboule, claque, les synthés s’envolent, le rythme tonne, le train se rapproche, inflexible, avant de foncer dans un tunnel bourré d’échos et de larsens devenus dingues, crissant dans nos tympans. Seule une gratte acoustique toute flinguée survivra, entonnant sa dernière sérénade, avant de se barrer et nous laisser seul, comme des cons, décharnés, morts de faim, rongés par l’humidité, implorant une étincelle, enchaîné au mur de la cellule de fortune.







Jeremy Shaw habite toujours dans sa cave crasseuse sur ce nouveau disque. Il a juste fait installer une petite fenêtre. Que l’on n’ouvre pas. Jamais. Seule utilité : profiter d’un mince filet de lumière, avant de continuer à pourrir dans la poussière.

La musique de Circlesquare incarne le moment précis où la balle a quitté le pistolet, mais n’a pas encore écrasé votre tempe. Le moment précis où tout s’arrête, avec pour seule lumière une poignée éparse de souvenirs vous giclant à la gueule.


Le temps est long. Circlesquare en profite. Grand disque.










Mp3 :


Circlesquare – Dancers (short version)











Circlesquare – 7 Minutes











Circlesquare – Fight Sounds
Extrait du Fight Sounds EP









8 Titres – !K7
Dat’









Starkey – Ephemeral Exhibits

Posted in Chroniques on February 5th, 2009 by Dat'


Let the beat build







En se posant comme l’une des principales têtes du Dubstep, le label Planet Mu s’est offert une visibilité non négligeable, s’offrant un prisme radicalement différent de ses (presque) ex-excavations electronica ou des sauvageries d’ Aaron Funk. Le mini problème, c’est qu’à force de multiplier les sorties et d’axer sa politique sur les wobble-direct-from-london-basement, on commence à lever un sourcils en voyant les sorties sortant de ce cadre se réduire comme peau de chagrin. Le dubstep à la Planet-Mu, à majorité sombre, âpre et industriel, commence à se généraliser, sans etre toujours foufou (Le nouveau Distance, un peu monotone, alors que le premier était un bijou) et l’on se plait à rêver de trouver un Pinch, un Scuba ou un Burial au sein de la team du boss µ-ziq.


Et en se détachant un petit peu du catalogue, en ne prenant pas la peine de jeter une oreille à chaque sortie, on passe justement à coté de ces aliens tirant leurs écrins de base vers des territoires inexplorés, angéliques ou fantaisistes. Neil Landstrumm a fait parti de ces joyeux larrons, dynamitant les codes du genre avec son excellent Lord for £39.
L’autre semi-alien du panel est incarné par Starkey, artisan de Ephemeral Exhibit, americain déroulant un programme concassant electronica mélancolique, dubstep rageur, beats façon mandales, d’envolées de synthés simili-rave et d’excavations 8bits pas piquée des hannetons. Rien que ça.



















On passera sur les habituels minimalistes livrets estampillés µ pour s’engouffrer sur Gutter Music, cristallisant plutôt bien ce que l’on peut trouver sur ce premier Lp de Starkey. Ca bastonne dur, ça vrombi méchant, ça tressaute pas mal. Les enceintes font la danse de saint-guy sous l’effet des graves, on se dit que l’on va en prendre plein la poire. Et c’est là que le boulot du type se fait sentir, le titre bascule brièvement sur une petite mélodie à la teinte jolie, guillerette et fragile, avant de se faire submerger par les grincements dubstep. Ce dernier hésiterait entre coup de talon et échappée vers les étoiles ? Oui. Mais pas que, le dernier tiers du morceau partant dans un énorme trip Techno, avec un simple rythme binaire pour accompagner la belle mélopée synthétique. On lève les bras, sublime conclusion, un bonheur.

Le Dubstep-bassline-baltimore-trucmachin de Starkey, c’est hésiter constamment entre le rentre dedans d’une bonne grosse saturation poisseuse et la mélancolie-ravissement de mélodies electronica. Ou Dance. Mais un peu triste la Dance. Alors le mec doute. Bousille ses divagations avec des agressions sonores. Ou fracasse un semblant de tube bourrin pour le plonger dans un coffret chimérique. Comme Pictures qui démarre sur les chapeaux de roues avec son clavier épileptique et ses basses mutantes, à retourner n’importe quel clubber en manque de sensation. Ça tabasse, balançant un rythme crade et bien frontal mais la chute arrive, le titre déboule sur une mélodie 8bits en apesanteur, les beats se sont espacés, on plane au dessus des nuages, c’est plutôt beau. Et au lieu de repartir dans la bronca du départ, le titre va se lover sur une drum & bass décharnée, qui se débattra avant de se faire ensevelir par l’attentat final.

Et comment escamoter le schizophrène Marsh, qui part sur un dub ombrageux et sombre après une intro mystérieuse. La terre tremble mais ne se soulève plus, c’est l’earthquake des bas fonds, proche de pas mal d’exercices croisés chez Planet-µ ou Jarring Effect. Le tout est écrasé, ralenti, habité de voix fantomatiques glaçantes. On pense assister au pépère déroulement du morceau écrasé, âpre mais habité, qu’une rupture opère encore, majestueuse : des synthés analordiens s’infiltrent dans la séquence, partant dans une longue ascension que n’aurait pas renié un Aphex Twin période The Tuss. Cathédrale toute fragile, le casque audio se glace, expirations transformées en fumé, il neige, flocons et tout plein d’autres trucs. Superbe.









C’est Escape qui réussira sûrement le meilleur grand écart du disque, avec sa belle intro s’étalant sur plus de deux minutes, mêlant des petites clochettes à la Plaid avec un pur synthé 8 bits tire-larmes, le tout scellé par un bon beat bien rond. Ça monte, ça se déroule, c’est drôlement beau. D’autant plus qu’une saturation de folie va débouler sans prévenir, parachutant tout ce beau monde dans un chaos en Slow-motion du plus bel effet. Et malgré les violents griefs noisy, la Gameboy à coeur ouvert continue de lâcher sa tristesse. Le break laisse cette dernière chialer tranquillement, avant que l’insubordination reprenne le dessus, la pauvre console est piétinée, déchirée, explosée, ça hurle de partout, absolument jouissif.

Mais l’album ne se base pas que sur ces ruptures de tons, les morceaux cultivant parfois leurs dualités dans le même mouvement, à l’instar de Bang Bang the Witch is Dead, morceau à la ligne de basse caverneuse, couvrant une belle mélodie au simili-accordeon que l’on croirait sorti d’un Barb4ry du groupe Ez3kiel, ou de Pressure qui détruira une autre échappée “analordienne” par de dantesques coups de burins.
Le meilleur du genre est incarné par le massif Dark Alley, tout en progression, imprimé par des synthés rave-pute affolants, piliers soutenant une vague de saturation énorme, tentant de concasser des voix Dance-r’n’b passées en mode delay, avant de partir dans un trip Drum’n bass excellent, toujours secoué par le rollercoaster cradingue qui part dans tous les sens. C’est Masterboy torturé par une perceuse en roue libre.


Ephemeral Exhibits sait aussi se pencher totalement sur un extrême, livrant des charges bien frontales comme Last Chance, qui se cabre toutes les trois secondes comme un forcené, ou des titres beaucoup plus calmes et electronica, comme le sympa (mais un peu linéaire) Time Traveler. On lui préférera le très beau Miracles, recyclant aussi des vocals Dance sur une mélodie simple mais cristalline, pour un ensemble Hit machine drogué passé au bullet-time, habillé de bulles synthétiques façon labyrinthe de glace.
L’album finira sur le long Spacewalk calme balade dub aux claviers cheesy enfumés, parfait dans un train, à regarder les paysages défiler avec un oeil torve. Le morceau est plutôt deep, tranchant avec les envolées folles que l’on trouve tout au long du disque, marquant obligatoirement les nuques avec son métronome viral, pulsations en mouvement perpétuel. C’est presque un tube, mais c’est en même temps completement neurasthénique, un peu détaché, bouffé par les nuages. Ca donne envie de danser au ralenti en tentant de mater ses pompes au milieu du brouillard tabagique, puis de se laisser tomber dans un canapé super moelleux en battant de la mesure avec sa main. Bien cool.










La pochette illustre finalement pas trop mal le disque, avec ses arbres gris-morts qui se retrouvent supplantés par des couleurs pétaradantes. Car si la musique de Starkey explose, vrille et semble en mesure de retourner pas mal de tympans, il y subsiste un coté mélancolique, semblant traîner ses vieux démons en boite de nuits, noyant ses remords dans sa pinte de bière, avant de gesticuler comme un dément sur la piste.

Sans exploser les barrières d’un genre toujours en explosion, Starkey offre une petite bouffée d’air frais par rapport à d’autres sorties Planet-Mu, en s’amusant à touiller son dubstep avec de beaux échafaudages electronica ou quelques élancements Dance / 8 bits. Mais le mec ne tourne pas le dos aux vrombissements propre au genre, et cultive une dualité assez intéressante, belle ( la fin de March, Miracles ou Spacewalk…) et surtout, jouissive (bordel, les soubresauts d’Escape ou la conclusion de Gutter Music ! ). Et d’un point de vu éminemment subjectif, j’ai toujours aimé les disques reposant sur des ruptures, changeant d’ambiance au sein même d’un morceau, se tirant d’une première moitié saccagée pour se nicher dans une montée planante, ou de partir d’un constat dance-pute pour filer vers un écrin mélancolico-electronica.


Une petite bombe…











Starkey – Escape (short version)









12 titres – Planet Mu
Dat’










Citrus – Pits Are The Pits (25 Gold=Rare=Debris) Complete discography

Posted in Chroniques on January 30th, 2009 by Dat'


The gold and the debris
















Ceci n’est pas un article à proprement parlé, mais une petite update de l’article du 6 Novembre 08, traitant de Citrus.




Les japonais ont du entendre par télépathie mon appel désespéré dans la conclusion de l’article parlant de Citrus, groupe à la carrière bien courte, se résumant à une poignée d’Ep et moins d’une heure de musique, en presque 10 ans de carrière. Ces nippons font parti depuis 8 ans des affres d’une amnésie collective nébuleuse, trop bizarres pour être portés aux nues, et discographie trop rachitique pour être gravés dans les indispensables japonais (au contraire des Boredoms ou de Cornelius, ce dernier aillant d’ailleurs propulsé Citrus grâce à son label)


Hasard assez énorme (j’en suis encore étonné !! ), un peu plus d’1 mois après avoir posté mon article, j’apprends qu’un Complete Discography du groupe est annonçé, et doit sortir le 21 janvier au japon. Hop importation en urgence, détournement d’avion postal, papier bulle traumatisé, la bête est reçue, estampillé d’un titre qui pue la classe : Pits are the pits (25 Gold=Rare=Debris). Yeah. Cela change des The-very-best-of-the-essentials-of-and-I-love-you-thanks-you-public…. Le tout sur un livret cartonné epais qui se déplie en poster moche, que personne n’osera accrocher au dessus de son lit. On s’étonnera aussi du verso de la pochette, présentant le disque ensanglanté et crucifié au mur avec violence.









La compilation confirme déjà une chose : la discographie du groupe tient tranquillement sur une seule galette. Avec des inédits en plus. Et encore, il reste de la place. On a donc la majorité des morceaux des 3 ep traités précédemment, et l’intégralité de l’Ep Splash en plus, ce qui est une bonne nouvelle, ce dernier étant impossible à trouver. Le son développé par Citrus sur ce Splash y est assez intéressant, beaucoup plus éthéré et apaisé que les autres productions. Le punk hystérique noyé dans les malabars et les beats électro débiles s’effacent, et laissent place à un rock shoegaze, plutôt mélancolique, mâtiné de belles envolées et pétris par un mur persistant de guitares électriques. Tuesday Sunday, Lazy Jaz peut même se prévaloir d’être le plus long morceau de toute la carriere des japonais (tenez vous bien, un morceau de 5 min 30 ! quand on dépasse quasiment jamais les 2 min 30, c’est à peine croyable, ils ont du prendre des drogues ce jours là. Ou ne pas en prendre justement) et déroule un Shoegaze planant et plutôt beau, parcouru de cuivres toujours aussi Toys ?r us. Sinon c’est évidemment un peu bordélique, semblant être enregistré entre la salle de bain et les toilettes, tout en ayant un charme branquignole assez fou.


Mais outre cet Ep et les autres galettes traitées dans l’article de Novembre, le disque est bourré de morceaux super rares (les morceaux lambdas étant déjà utopiques à trouver, imaginez le truc), glanés au grés de vinyles ultra limités, de mini enregistrements lives réalisés en mono dans la cave d’un immeuble tout pourri de Shibuya et de split-ep retrouvés au fin fond d’un magasin niché entre deux love-hotels.
Les quelques inédits sont dans l’ensemble vachement apaisés, beaucoup moins dingo-débiles que les titres présents sur les Ep, et jouant moins sur la surprise, même si Crane Crystal Thunder in the Wonder Safari pourra convaincre les derniers réticents que la came, c’est vraiment mal. J’hésite entre le jingle de karaoké, la croisière s’amuse remixée par des barges et la pub Téléachat faussement niaise.

Le meilleur essai reviendra à l’énorme Hivernate Under The Ground, pourtant très court, morceau Punk rageur et cradingue qui va se transformer en ritournelle super belle, avec violons qui volent vers le ciel, beat techno cheap et nappes de synthés toutes jolies. Dans le pur style Citrus. Ça donne envie de courir partout en ouvrant les bras, en tournant sur soi même et allumer des feux d’artifices, après avoir démoli les murs à coup de guitares.










Bref, ce Pits are the pits (25 Gold=Rare=Debris) ( la classe ce titre, vraiment ) a le mérite, en plus de m’apprendre que l’on peut dire debris en anglais aussi, de compiler un groupe qui était condamné à l’oubli, derrière une poignée de Ep rachitiques disséminés pendant la décennie précédente. Et de me donner la possibilité d’écouter l’ep Splash, que j’ai pas mal cherché en arpentant le monde. Le disque est au final vachement bien calibré, alternant morceau calmes et pépites punk-techno-pop (facette la plus exposée du groupe), pour un tour d’horizon… plus qu’exhaustif du groupe, par la force des choses, vu que ce dernier peut se prévaloir d’avoir accouché de moins d’une heure de musique sur disque. On a donc les indispensables comme la totalité de l’ep Wispy, No Mercy, Colo colo Meets the stripes, les Rockin’ cruise et autres Every song landed near by his fire place

Un vrai petit trésor en gros, un testament parfait pour un groupe completement cramé, ayant peu d’équivalent, dans le fond comme dans la forme. Qui donnee nfin la possibilité d’écouter le groupe autrement qu’en cherchant ad vitam eternam des Ep quasi introuvables, et à prix d’or.


Je me permettrai, encore content de ce heureux hasard, de remettre ma conclusion déjà apposée à l’article de Novembre, (c’est surtout moins fatiguant que de devoir repondre une conclusion version paraphrase) qui résume bien ce que l’on peut trouver chez Citrus, et donc à fortiori dans ce Best of, vous inviter à aller sur ce dernier ( ICI ) pour des descriptions plus précises de pas mal des morceaux composant ce Pits are the pits et de mettre son tracklisting pour clore le tout :







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Conclusion du 6 novembre 08

Intéressant contraste, la musique de Citrus est hors norme, tout en se complaisant une pop mainstream, archi-usitée. Justement, ils en prennent tous les gimmicks dégoulinants pour les exploser, les fracasser. Rendre décadent, corrompu, vicié, toutes les petites fofolles en minijupe qui se trémoussent derrière un micro plus gros que leurs hanches. Citrus agis dans la régression la plus totale, celle qui vous invite à vous rouler dans un monde où les arbres se marrent, le soleil se dandine et le sol est rose fluo Tout en étant poursuivi par un malade psychotique qui veut vous bouffer le cerveau. C’est un peu Hannibal Lecter lâché dans le monde de Roger Rabbit avec un forfait 3 meurtres achetés, un 4eme offert.
Citrus est au final qu’un groupe Punk, des cinglés complets, qui, au lieu de hurler dans un micro et tout casser à coup de guitare, auraient décidés de dynamiter la pop guimauve en se noyant ouvertement dedans. Ce qui, au final, est une démarche sûrement encore plus punk que celle de balancer de l’essence sur la scène et le public, puis de jeter une allumette.


Citrus me fascine. Par sa propension à pondre des aliens invraisemblables dans le fond comme dans la forme, des trucs punk dance improbables, super courts, qui aliènent un esprit sain en moins de temps qu’il ne le faut pour le dire. Puis qui vous parasitent, s’installent dans votre cortex, s’immiscent dans vos viscères, vous obligeant à chanter le refrain pourri d’une des chansons pendant que vous faite les courses ou que vous imprimez un dossier. C’est comme ça que l’on peut perdre son boulot.


Mais Citrus me fascine aussi par sa force, son entêtement dans le non-achevement, dans l’autodestruction. De sa musique tout d’abord, avec ces petits tubes pop ringards qui se retrouvent maltraités, décomposés ou étranglés par des délires difficile à assumer. Entêtement de ne jamais faire de grands morceaux, de compositions marquant au fer rouge, préférant balancer des vignettes qui se consomment en 2 minutes 30 maximum, comme le plus vulgaire des bonbons. Mais à l’instar des friandises têtes brulées de notre enfance, ces chansons passent et défoncent la langue, les oreilles et le cerveau. L’absorption n’aura durée qu’une poignée de minutes, mais l’on se retrouve avec une empreinte permanente pendant la moitié de la journée, si l’on en abuse.
Entêtement enfin sur le fait de s’être cantonné aux Ep, rachitiques, maigres, et rares, alors que le groupe avait tout pour balancer, au moins, un album completement dingue, dérouillé et candide, adulé et honnis par tous.



D’ailleurs, le groupe disait en rigolant, dans une interview, que c’était pas très punk de faire des albums, et qu’ils seraient fiers de ne faire que quelques singles, puis de se disloquer, et d’être oubliés à jamais.



Objectif accompli. Et c’est bien dommage.


Edit 29 janvier 09 : Objectif raté en fait, et c’est tant mieux.


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Citrus – Pits are the pits (25 Gold=Rare=Debris, the complete discography)
01 Live In Tapes #1
02 Rhythm Waves
03 House Coach
04 Young Fidelity
05 Another World
06 Blue Mercedes (Simply Eternal Reality)
07 Rockin’ Cruise
08 “A Speeding Wheel, Speedway Wheels”
09 Another World
10 M.W.M.U.Early
11 Snog 6 / Misery
12 The Cannanes / Frightening Thing
13 Every Song Landed Near By His Fire Place
14 Freestate Watch Closely
15 Crane / Crystal Thunder In The Wonder Safari
16 Live In Tapes #2
17 “Wispy, No Mercy”
18 Colo Colo Meets The Stripes
19 Hivernate Under The Ground
20 Live In Tapes #3 / Cymbal Hit! (Like My Feelin’)
21 Cymbal Hit! (Like My Feelin’)
22 “Puff Away, Something Grow In The White”
23 Ripple In Still Water
24 “Tuesday Sunday, Lazy Jazz”
25 Your Building





Mp3 :


Citrus – Colo colo meets the stripes Clic droit enregistrer sous

Citrus – Your Building Clic droit enregistrer sous








25 Titres – Felicity
Dat’








Citrus – Boat, Drive In / Jazz the Poops / Bend it ! Japan / Wispy, No Mercy

Posted in Chroniques on January 30th, 2009 by Dat'

Baby Herman







Citrus ( シトラス pour les intimes ) est l’un des groupes les plus bizarres du monde. Attention je n’ai pas dit qu’ils faisaient la musique la plus bizarre du monde. Juste que la carrière du groupe est hors norme. Pour faire simple, on pourrait dire que ces japonais n’ont même pas fait une heure de musique, en 8 ans de carrière. “Ouai comme tous les groupes qui ont fait un seul album, avant de tomber dans l’oubli “. Pas faux. Sauf que les Citrus ont sorti 5 ou 6 ( ?) disques. Enfin, Ep. Genre on fait 8 ans de carrière, mais 5 Ep, puis on se sépare, fini, walou, game over. Pas d’album ! D’autant plus inexplicable que le groupe fut une des têtes de la pop barge propulsée par Cornelius, et qu’il n’était pas méconnu ans la scène indé Japonaise. Soit. Mais 5 Ep, c’est déjà pas mal, ça fait quand même plus d’une demi-heure de musique, il ne faut pas déconner. Et bien non, vu que les morceaux font pas plus de 2 minutes 30, et qu’il y en a max 5 par galette.
Le pire c’est qu’il est extrêmement difficile de trouver des infos sur le groupe, hébergé par le défunt label de Cornelius, Trattoria Record, maison de tout le fleuron pop-electro flinguée que l’on pouvait trouver là bas. Donc, ils ont peut être fait plus de projets, ou des trucs cachés sous d’autres pseudos, mais impossible de le savoir. (Même s’il est acquis que le groupe a fait quelques split Ep avec d’autres artistes, comme Withney)


Ok, bon mais la musique, elle est bien au moins ? Difficile à dire. C’est de la Pop. Ou de l’électro. Ou du rock. Avec pleins de bruits bizarres, de samples horriblement cramés, de percussions direct from carrefour, de bugs, de rembobinages, de pouics et de mélodies qui te donnent l’impression de prendre de la drogue en regardant un Disney. Du Dance-punk-pouet peut être. Attention, le résultat est souvent énorme. Largement de quoi faire des albums longs formats, de tout faire péter et de rentrer dans la légende. Mais non, que dalle, zero, on devra se contenter des Ep.

En écoutant la première fois Citrus, on ne peut que détester. Ou se foutre de leur gueule. Logique. Ou alors vous êtes très malade. Pourtant, tout le monde doit être fan de Citrus. Citrus fédère. Il faut faire écouter Citrus à ses camarades et petits cousins. Citrus créé la joie. Citrus donne la vie. Citrus EST la vie. (Entre deux crises de schizophrénie hein) Hop, une petite sélection reader digest s’imposait.

















Alors le plus drôle, c’est que certaines galettes de Citrus sont vendues comme des disques “normaux”. Comprenez le Packaging classique, la boite en cristal épaisse quoi, pas celui qui est tout fin. Le prix aussi est “normal” si on tombe sur un méchant vendeur. Imaginez la tête du mec qui ouvre l’objet, tout content, qui place la galette dans sa platine et qui voit apparaître 12 minutes. Ca fait bizarre, mais c’est très drôle. Si si, essayez avec un ami et prenez le en photo. Surtout que les intitulés de certaines chansons sont tellement loufoques et longs, que l’on n’a aucune idée du réel Tracklisting en regardant une pochette.








L’aventure Trattoria a débutée avec Boat, Drive In, Ep déjanté, cristallisant ce que l’on peut trouver chez Citrus, définissant en 11 minutes le son du groupe, abordé par l’indescriptible petit Sun On My Paintbox, qui débute par une mélodie pourrie, un beat hip-hop vite balayé par une guitare rock bien claire. Pour chant, on va se taper des voix douces (deux chanteurs dans Citrus, un monsieur et une madame) qui partent un peu en couilles. Le groupe ne devait pas avoir de fric, et appuie sur un jouet de chien qui fait “pouic” pour imiter des scratchs.
Cymbal hit ! (Like my feelin’ ) balancera une pop débile, super candide, à base de beats Techno bons marchés et d’une gratte acoustique un peu country. Les paroles sont du même acabi, genre I fly over the clouds and I see pink dinosaurus laughing with flying showers. Etonnant, c’est une vraie trompette que l’on entendra dans ce marasme, introduisant une montée bien joyeuse, annihilant violemment toute notion de bon goût. Il faut imaginer le générique de Candy passée dans un hachoir maculé de cocaïne.
Alors forcément, après ça, The word Atena means address in our language paraîtra presque rassurante. Pop-rock song habitée par cette gratte électrique étouffée, bien cradingue, le chant se fait moins décérébré, presque spoken-word dans les couplets, même si les refrains restent bien perchés. Pas inoubliable, mais parfait pour avoir la banane le matin, avec sifflements et tout le tralala.
On lui préférera la balade Big day coming from Northwest, assez belle, (un mot rarement adjoint aux musiques de Citrus), entêtante et lumineuse. Bon les cordes semblent un peu alcoolisées, le rythme un peu décalé, mais c’est cool.








Jazz The Poops, 1 an après, reprend les choses là où le groupe les avait laissé : en balançant une pop déglinguée, aussi joyeuse et dépravée qu’un nouveau bachelier camé jusqu’à l’os, mais plongé dans un ensemble halluciné et extatique. Rien que Rythm Waves : Le tout début sonne comme une chanson bluesy, ça sent le groove, le bar enfumé et la prohibition. Manque de pot, un gros YEAH viole nos oreilles, un beat technoïde ringard déboule sur un synthé bontempi, et la chanteuse arrive à peine à aligner le refrain car elle manque de souffle. La guitare bien crade déchire, mais reste en arrière plan, comme si l’ingénieur du son avait baissé le volume de la piste avec son coude, sans faire gaffe. Le tout, toujours aussi ingénu, se la joue chamallow avec ce dédoublement de voix. Rockin’ Cruise poussera encore plus le vice, avec un panel de cuivres midi, un aspect presque héroïque en collant rose troué et une pulsation bien sourde et dégénérée. C’est San ku kaï qui sodomise Picsou dans Las Vegas Parano.
La formation nous refera le coup de la balade avec Everysong Landed Near By His Fireplace, avec une gratte cette fois plus mise en avant, et un everything fine… entêtant. Les bruits d’étoiles et les cuivres sont archi cramés, mais pas grave, le tout est captivant, par sa naïveté et sa simplicité. On passera sur la minute de Ghost Humming, simulateur de jazz band enregistré dans un bocal de poisson rouge, le tout passé en slow-motion.







Impossible de parler de Citrus sans parler du titre Colo colo meets the stripes, titre paru dans l’excellente compilation Bend it ! Japan regroupant plein de groupes de Trattoria. Le Cd étant d’ailleurs un excellent moyen de découvrir pas mal de barges peuplant le label de Cornelius. (Foncez sur le superbe morceau de Hirohisa Horie & Aiha Higurashi, sans compter que la galette contient quelques bombes assez énormes, completement frappées)
Bref, au milieu de ce joyeux bordel, le groupe balance un scud aliéné, qui, placée dans une compile rock, ferait fuir tout auditeur un peu sain d’esprit. Pourtant ça commence normalement, avec cette ligne de gratte presque punk, bien enlevée. On bouge la tête et on se jette contre les murs, en s’arrosant de bière. Au moment où le refrain arrive, on s’apprête à sauter partout en s’arrachant les cheveux et en hurlant, mais non, car un beat Dance déboule avec un synthé cristallin, alors qu’il n’a rien à foutre ici, et la chanteuse se met à prendre une voix d’ange. Quinze secondes à peine, avant que la guitare se remette à cracher ses boyaux. Mais Miss Dance revient à la charge et veut copuler avec Mr punk pour une bonne charge finale. Deux minutes à peine, on a rien compris à ce qui vient de se passer, et on se sent tout bizarre.








Etant donné que je n’ai jamais pu mettre la main sur l’Ep Splash !, on va omettre ce dernier pour arriver tranquillement sur la dernière galette du groupe, sortie juste avant sa séparation. Wispy, No Mercy, outre un titre qui tue, constitue sûrement le meilleur Ep de Citrus. Celui qui se tient de bout en bout, proposant les diverses facettes des japonais en 5 titres. Et si Blue Mercedes (Simply Eternal Reality) pourra incarner le summum du mauvais goût à la première écoute, on tombe, en tendant l’oreille, sur un titre pop completement barré, au rythme déraillé sous le pilonnage, entre sautillements dance, roulements de tambours et drum nécrosée. La chanteuse semble entonner un générique de dessin animé en mode yeux-ecarquillés-je-tourne-sur-moi-même-car-j’ai-perdu-la-tête-mais-je-semble-toute-gentille. C’est super direct et foisonnant au possible, ça se chante dans le metro avant d’aller au boulot et ça se hurle après avoir pris des champignons, le nez dans le caniveau. House Coach n’adoucira pas les choses, en prenant pour base un titre pop débile coupé en morceau, sur lequel on chante un autre titre de pop débile coupé en morceau. On est dans un roller-coaster, personne n’a attaché sa ceinture, mais on se marre quand même juste avant de prendre le looping, en pointant du doigt les gens qui tombent.
Young Fidelity aurait pu rassurer sur la santé mentale de ces tokyoïtes avec le punk bien sale du départ, avec un chant vindicatif blindé de parasites, si il n’y avait pas un nouveau break dance avec plein de bruits de “scintillements”, et un rythme Drum & bass épileptique. La schizophrénie a son hymne. Wispy, no Mercy serait bien le morceau le plus compréhensible de l’ep, rock normal dans la forme, si ce dernier ne donnait pas l’impression d’avoir été enregistré au fin fond d’un gymnase vide, avec le micro placé sur les gradins. Et une rythmique encore plus épileptique que son camarade précédant, évidemment.
A dire vrai, c’est Your Building qui calmera le jeu, en se prévalant d’être le seul et unique morceau vraiment beau de Citrus. La petite perle du groupe, tout en retenue, sans refrain, sans construction réelle, une petite descente calme, doucereuse, mélancolique. Bon ça reste tout boitillant, tout bizarre, le morceau s’effaçant petit à petit, instruments par instruments, comme pour annoncer la retraite définitive du groupe, mais c’est enfin rationnel.












Intéressant contraste, la musique de Citrus est hors norme, tout en se complaisant une pop mainstream, archi-usitée. Justement, ils en prennent tous les gimmicks dégoulinants pour les exploser, les fracasser. Rendre décadent, corrompu, vicié, toutes les petites fofolles en minijupe qui se trémoussent derrière un micro plus gros que leurs hanches. Citrus agis dans la régression la plus totale, celle qui vous invite à vous rouler dans un monde où les arbres se marrent, le soleil se dandine et le sol est rose fluo Tout en étant poursuivi par un malade psychotique qui veut vous bouffer le cerveau. C’est un peu Hannibal Lecter lâché dans le monde de Roger Rabbit avec un forfait 3 meurtres achetés, un 4eme offert.
Citrus est au final qu’un groupe Punk, des cinglés complets, qui, au lieu de hurler dans un micro et tout casser à coup de guitare, auraient décidés de dynamiter la pop guimauve en se noyant ouvertement dedans. Ce qui, au final, est une démarche sûrement encore plus punk que celle de balancer de l’essence sur la scène et le public, puis de jeter une allumette.


Citrus me fascine. Par sa propension à pondre des aliens invraisemblables dans le fond comme dans la forme, des trucs punk dance improbables, super courts, qui aliènent un esprit sain en moins de temps qu’il ne le faut pour le dire. Puis qui vous parasitent, s’installent dans votre cortex, s’immiscent dans vos viscères, vous obligeant à chanter le refrain pourri d’une des chansons pendant que vous faite les courses ou que vous imprimez un dossier. C’est comme ça que l’on peut perdre son boulot.


Mais Citrus me fascine aussi par sa force, son entêtement dans le non-achevement, dans l’autodestruction. De sa musique tout d’abord, avec ces petits tubes pop ringards qui se retrouvent maltraités, décomposés ou étranglés par des délires difficile à assumer. Entêtement de ne jamais faire de grands morceaux, de compositions marquant au fer rouge, préférant balancer des vignettes qui se consomment en 2 minutes 30 maximum, comme le plus vulgaire des bonbons. Mais à l’instar des friandises têtes brulées de notre enfance, ces chansons passent et défoncent la langue, les oreilles et le cerveau. L’absorption n’aura durée qu’une poignée de minutes, mais l’on se retrouve avec une empreinte permanente pendant la moitié de la journée, si l’on en abuse.
Entêtement enfin sur le fait de s’être cantonné aux Ep, rachitiques, maigres, et rares, alors que le groupe avait tout pour balancer, au moins, un album completement dingue, dérouillé et candide, adulé et honnis par tous.



D’ailleurs, le groupe disait en rigolant, dans une interview, que c’était pas très punk de faire des albums, et qu’ils seraient fiers de ne faire que quelques singles, puis de se disloquer, et d’être oubliés à jamais.



Objectif accompli. Et c’est bien dommage.






Edit 29 Janvier 09 : Chronique du Citrus – Pits are the pits, the complete discography









Mp3 :




Citrus – Colo Colo Meets the Stripes Clic droit / enregistrer sous


Citrus – Young Fidelity


Citrus – Blue Mercedes (Symply Eternal Reality) Clic droit / enregistrer sous










4 titres + 4 titres + 5 titres – Trattoria Records
Dat’












Buraka Som Sistema – Black Diamond

Posted in Chroniques on January 26th, 2009 by Dat'


High Tones







J’étais en train d’écrire sur le nouveau Tim Exile, quand cet enfoiré d’ordinateur a soudainement décidé de se foutre en l’air, et de me laisser en plan, devant un écran désespérément noir. Alors rien de grave, le processeur aime encore trop la vie pour se griller à jamais, et il s’est rallumé en ronronnant comme un chat devant son mou, l’air de rien, innocent et candide. L’enfoiré. Ce dernier a avalé l’article dans le même mouvement, me recrachant qu’une saleté de fichier corrompu. Comme le gosse qui vient de faire une crise d’hystérie dans le salon, cassant un vase, jetant des épinards sur les murs et criant à s’en traumatiser les amygdales, avant de vous faire les yeux doux pour avoir un pain au chocolat ou une pochette surprise. Parce qu’il dit qu’il est gentil et qu’il a eu un bulletin honorable tout ça non mais sans blague.

Evidemment, il n’y a rien de pire que de redevoir refaire entièrement un truc dans le genre, si l’on excepte les plats de flageolets, les mamies qui marchent très lentement dans la rue en prenant toute la largeur du trottoir, et l’impossibilité de trouver un ouvre boite quand on a besoin d’ouvrir une boite. Bref, c’est assez horrible. Par contre, je peux vous dire quand même que le Tim Exile est excellent, complètement barré, assez beau, et bien qu’éloigné (un peu) de ses déflagrations chez Planet Mu, dérouille pas mal de disques dans le genre. Mais pas plus car je vais vite avoir envie de re-savater mon ordi en hurlant, (pourquoi est il aussi corrompuuuu ? pourquoi ?) après avoir refréné ce sentiment en déchirant trois coussins, meurtri une ex-tranche de pain et tenté l’auto noyade sous la douche.
Alors quand on est énervé, on a envie de danser comme un psychotique, de sauter contre les murs, et de rouler par terre avec style. Un truc qui nous charge en plein ventre, qui secoue, qui délie. Deux solutions, parler d’un disque ambiant-industriel pour enfonçer définitivement le clou, ou sauter sur le Buraka Som Sistema, histoire de remuer dans tous les coins en tapant sur son clavier.

















Une précision, de taille, s’impose. Pour le moment, le disque est disponible en deux versions : Portuguaise (celle d’origine) et UK. Aucune différence dans la langue employée, le portugais restant au coeur du disque, nationalité du duo. C’est dans le tracklisting que les deux versions diffèrent, d’une façon importante, avec des morceaux exclusifs à l’une ou l’autre. Nous y reviendrons. Sachez donc que cet article traite de la version anglaise, sortie sur Fabric. (Un topo en fin d’articles pour les points exclusifs entre les deux versions)
Ceci ne nous empêchera pas d’apprécier le joli fourreau en carton, bizarrement découpé, permettant de faire son Own Black Diamond Stencil histoire de repeindre les murs de sa ville. On est bien content.









Pas d’hésitations dès l’ouverture du disque, ça va tabasser. L’affolant titre Luanda / Lisboa, se paie une introduction jouissive, à base de paraboles cradingues et beats qui claquent comme la mort. On sent que le truc va nous peter à la gueule, 10 secondes avant le démarrage du Space Moutain, on serre les fesses et l’on s’accroche à la barre. Vlan un rythme affolant, dingue, percussions africaines tgv, bien supplantées de basses électro histoire d’arrondir le tout, base du Kuduro, musique directement extraite d’Angola (puis rapidement adopté au Portugal), mélange de rythmes africains et de sonorités techno. Les petits synthés âpres et imparable finissent de parachever le tout, on vient de se prendre un coup de pelle en pleine gueule. Hypnotique et imparable, artillerie lourde.

Mais Buruka Som Sistema se sert du vecteur Kuduro pour y greffer des Mc portuguais, accouchant sur les deux tiers du disque d’un Kuduro-hiphop-electro-dérouillé à vous aplatir les hanches en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Et c’est évidemment grace à l’énooooooorme Sound Of Kuduro que ce Black Diamonds explose dans nos tympans, se prévalant d’avoir M.I.A au micro, en plus des Mc portuguais Saborosa et Putoprata et du Dj angolais Znobia. Bon sinon c’est simple, le rythme est juste à crever, le refrain est imparable, les couplets sont tellement scandés et rageurs qu’ils servent presque de base rythmique et percussive à eux seuls. C’est la folie furieuse, l’installation sonore de ta chambre part en fumée, et on a envie de faire comme les danseurs dans l’excellent clip du morceau, sauf que c’est trop dur, alors on se contente de danser en se tortillant la nuque. Je n’ose pas imaginer l’apocalypse que doit provoquer ce morceau quand il est lancé en public.

Et Black Diamond recèle de pépites du genre, electro-hiphop completement hystérique, majoritairement rappés en Portuguais, comme le très bon Yah ! rouleau compresseur saturé aux basses terribles, laissant la demoiselle Petty se démener tranquillement au milieu du conflit. On retrouvera cette dernière sur l’épileptique et métallique ddddd…jay, titre giclant de partout, filant la frousse au voisin, qui va vite foncer décrocher le téléphone pour appeler le commissariat du coin, surtout après le break presque hardcore intervenant dans les deux tiers du morceau. Quand aux notes finales, c’est juste histoire de sonner la révolte.
Impossible de résister enfin à Tiroza, machine de guerre déstructurée qui part completement en couille, implacable dans ses couplets, conviant les percussions africaines tempétueuses avec des beats Techno pachydermiques.

Mais c’est Skank & Move qui s’avancera comme la tuerie du disque (avec le « Sound of Kuduro » énoncé plus haut) accueillant l’anglais Kano, tête du Grime et souvent croisé aux cotés de The Streets ou Wiley, pour un morceau juste monstrueux. On se retrouve en pleine meute, une tribu t’encerclant pour mieux te foutre la fessée, le rythme est dingue, Kano impérial. Le refrain file le vertige, l’effet sur les voix est saisissant, jouissif, on a l’impression d’avoir dix gars déclamant leurs griefs directement dans nos cerveaux. Grosse punition.









Ce disque contient aussi quelques gemmes délaissant le hip-hop, pour des titres stricto electro ou presque, permettant de mettre les rythmes et synthés encore plus avant. L’alien de l’album tout d’abord, General, qui troque le flow hip-hop pour un chant pop africain + gratte plongeant le disque dans un écrin plus joyeux et candide. Plein de couleurs, super plaisant, on se laisse bercer le sourire aux lèvres, mais le titre vire de bord, et part dans un trip dance pute que n’aurait pas renié Tepr dans son Cote Ouest après un tour du monde. Gros rythme bien gras, petits synthés bontempi, hit machine tout ça, la voix passée au vocoder vient se greffer de nouveau au tout, c’est super beau, un peu débile niais, on plane au dessus de fleurs qui dansent et de lapins roses qui font la roue sur une herbe verte fluo.

IC19 tranchera lui aussi avec le reste du disque, nous balançant rapidement dans une cathédrale 8 bits, après un départ Hip-hop saccadé. Même combat que le paragraphe du dessus, c’est tubesque, les synthés Nintendo s’envolent, tourbillonnent, pétrissent la nuque, on lève les bras, et l’on se renverse des que le tout fricote avec des percussions tribales. Excellente incursion Kuduro 8 bits, si tenté que l’on puisse nommer cela ainsi.

Dans un genre plus dans le moule ce Black Diamond, Kurum balancera un lit de percussions toujours nickel, avec un synthé trançouille à se damner, sur des choeurs d’enfants fantomatiques. New Africas Pt 1 & 2 finiront le travail d’une façon plus mystique, avec ce break completement psychotique oscillant constamment entre Thunderdome-style en safari, et Hiphop abstrackt en slow motion.










Vient alors les précisions sur les deux versions de l’album. Pour simplifier, la version UK perd deux morceaux de la version portugaise (dont le morceau titre Black Diamond feat Virus Syndicate, ce qui est étrange) pour en gagner trois nouveaux, dont celui avec Kano, Skank & Move ou le très bon Yah ! . Le groupe a préféré jouer la cohérence plutôt que de bourrer l’album avec des nouveaux titres en plus, et nous évite l’overdose, le disque étant extrêmement cohérent au final. Le disque devrait être dispo en France courant février, mais la version Uk est facilement commandable.
Alors certes, de rares titres pourront refroidir un peu ( Aqui Para Voces un peu fatiguant et bourrin ), mais l’ensemble fait très mal. Avec ses sommets incontestables ( Sounds Of Kuduro, Luanda / Lisboa, Skank & Move, Tiroza…) et des morceaux un peu aliens aérant la recette ( IC19, General…) le disque se permet d’être le reflet de sonorités sous exploitées dans le paysage actuel, et donnant une résonance non négligeable au Hip-hop portugais, pas super courant dans nos magasin. Les flow croisés dans le disque, de par leurs tons vindicatifs, mettent en valeurs des beats souvent affolants, qui risque de balayer plus d’une paire d’enceintes.

Tout en confirmant, s’il fallait encore le rappeler, que certains des meilleurs rythmes viennent d’Afrique.


Violent.





















Buraka Som Sistema – IC19










13 Titres – Fabric Records
Dat’








Animal Collective – Merriweather Post Pavillion

Posted in Chroniques on January 26th, 2009 by Dat'


If this disc was a chick, I would die for a fuck








Gang Gang Dance en fin d’année dernière, et Animal Collective pour ouvrir ce mois de janvier. Le réveillon ne pouvait pas être mieux entouré. On ne va pas refaire une dissertation sur Animal Collective, qui avait illuminé 2007 avec un excellent album, Strawberry Jam, et une sublime excursion solo d’un de ses membres, Panda Bear. Le groupe nous avait habitué à chaque disque, depuis quelques temps, à prendre le contre-pied du précédant d’une façon parfois violente, déboussolant les frileux de montagnes russes. Mais les albums étaient tous traversés d’une envie commune, d’une mission implacable, s’efforçant de dépecer la pop dans toutes ses diagonales, pour la plonger dans un écrin tribal-psyché-electro-folkonirique.

On se demandait comment les New-yorkais allaient pouvoir pousser le bouchon encore plus loin sans se répéter, après un Strawberry Jam de folie, ou se tourner vers une recette moins folle, qui décevrait presque à coup sur. Enfin, quand je dis “on”, j’exclu les chanceux aillant pu voir le groupe en live, ce dernier étrennant certains morceaux de ce Merriweather Post Pavillion depuis plus d’un an.



















Hop vous avez tous vomi à cause de l’artwork, normal. En plus vous tremblez en pensant à l’apocalypse dans les rayons de la Fnac, les gens tournant de l’oeil en masse à chaque passage devant l’album, répandant leurs viscères dans des sacs plastiques prévus à cet effet distribués à l’entré du secteur disque par un magasin prenant soin de ses clients. Meurtre de la rétine. Rassurez vous, cette illusion d’optique ne semble marcher qu’en louchant bien fort une fois le disque en main. Il faudra donc attendre l’édition vinyle pour pouvoir organiser de super puke party avec tous ses amis, après avoir accroché le disque au mur. Il est de plus déconseillé de montrer le tout à un enfant, ou à quelqu’un qui est en train de conduire, contrairement à la très belle photo d’intérieur contenant un Tracklisting illisible (sauf si on le tient à bout de bras, en plissant les yeux, avec une lampe braquée dessus). Encore une expérience surprenante, merci Animal Collective.


En fait, je voulais essayer de me la jouer branleur prenant de la distance devant un disque qui subjugue tout le monde, mais je n’y arrive pas. Parce que j’ai été littéralement enchanté par ce disque. Enchanté… C’est un mot que l’on n’utilise pas assez souvent pour décrire son ressenti face à un disque, mais c’est celui qui convient le mieux, pour le coup. Enchanté, à sourire comme un con à l’écoute de certains morceaux. A faire budibidibiduuuu (c’est la mélodie d’un des titres ça) en allant pisser ou se faire un thé. A penser que dans le métro, on ne va pas pouvoir s?empêcher de trahir son écoute avec d’imperceptibles mouvements de la main. A pousser le bouton Mute de la Tv lors de la pub, pour mettre un ptit morceau histoire de. Un vrai gamin qui ouvre continuellement son cadeau.









Rien que le premier titre, In The Flowers illustre parfaitement ce sentiment. La première moitié, très aquatique, super calme, dérivée de Water Curses, laisse les voix fantomatiques se complaire sur des cordes cristallines. Ça tourne, ça bulle, on câline de séduisantes sirènes qui vous entraînent vers le fond l’air innocent. Et vlan, une fête foraine déboule, gigantesque, tourbillon d’accordéons et de manèges à chevaux détraqués par un beat hardcore. Au casque, l’effet est sublime. Mr Kite ressent les bénéfices de son Rivotril, c’est énorme, on plane comme un vieux camé qui serait tombé au milieu d’un dessin animé avec des clowns zombies qui mangent des enfants mais en fait tout le monde est cool car on se sent bien et c’est beau. Et les chants mêlés d’Avey Tare et Panda Bear donnent envie de chialer tellement c’est parfaitement placé. Quand tout se dérobe, on a les yeux qui brillent comme à l’entrebâillement de son premier Milky Way, le sol s’est fissuré, belle mandale.

Le pire, c’est que l’on a même pas le loisir de reprendre son souffle, le disque nous refilant le tube potentiel d’Animal Co, My girls, un morceau pop éthéré à la recette implacable : synthé vintage qui tourne dans l’air ad nauséam + handclaps claquant comme la mort + rythme sourd qui fait trembler la terre + refrain sublime qui pourra être chanter dans tous les coins de la terre avec le même sourire beat nous zébrant la gueule. I don’t mean to seem like I care about material things like a social status / I just waaaaant four walls and adobe slabs for my girls… Tout est clair comme de l’eau de roche, c’est juste un petit bijoux, je ne sais quoi dire d’autre. Peut être la chanson la plus pure d’Animal Co, celle qui pourrait jouir d’un statut incontestable, qui pourrait tourner pendant 150 ans, en se révélant comme dernier témoin de l’oeuvre du groupe, quand les radios existeront plus et que l’on écoutera la musique avec des seringues directement enfoncées dans les bras, ou par télépathie avec un récepteur greffé à coté du coeur.

Comment ne pas parler de Summertime Clothes, véritable correction, morceau completement fou, commençant sur un lit électro déglingué, presque dérangeant, avant de partir dans un trip pop Beatles à crever, imparable, avec une phrase enterrant toutes les divagations de hippies mises à bas depuis dix ans : I wanna walk around with you. Just you. C’est tout, mais c’est déjà énorme, ça nous fait partir dans une bourrasque tribalo-electro-pop à se griller les neurones, adieu colonne vertébrale, bonjour psychotropes en 256 couleurs.Ca tourne de partout, c’est super joyeux, t’as envie de prendre tes potes par les bras et de tourner en rond en te saoulant, tout en gueulant cette phrase greffée en mouvement perpétuelle dans le cortex, puis de partir avec ta bien aimé pour courir au ralenti dans un champ de blé brûlé par le soleil. Trop bon. Mais genre gigantesque.

Sinon Also frightened me scotche la gueule quand ils se mettent à hurler Are youuuu alsoooo frighteeennneeeed ? tellement c’est parfaitement et sublimement amené, Bluish se paie un moment frousse avec ses refrain à tomber entre deux couplets neurasthénicorgasmiques, et No More Running va tenter la pop chorale slow motionnée qui te fait perdre tout repère temps / espace, à l’instar de l’album de Panda Bear.











Daily Routine démarre en trombe, avec de grosses percus tribales, et un clavecin hystérique un peu irritant. Malgré ce dernier, on saute dans tous les coins, on pense se rouler à poil dans la savane entre deux lions affamés, mais le groupe se paye un bad-trip, tout se ralenti, pop-dub, un piano résonne d’une façon superbe, les synthés se transforment en ligne d’horizon, chute vers l’infini. Vous voyez les films où un mec, après une cavalcade en pleine nuit, vient de se faire tirer dessus à coté d’une rivière, il fait aaaarrrg puis il tombe dans l’eau, et alors il coule lentement en regardant le reflet de la lune qui s’échappe vers le ciel alors que lui se sent appelé inexorablement vers le fond mais en fait c’est parce qu’il peut plus nager car il a trop mal, des bulles montent de sa bouche vers la surface pour composer le dernier escalier de vie qu’il verra dans la sienne, alors il pense une dernière fois à sa femme qui s’est fait buté par ces fils de pute de la pègre et aussi à sa fille encore en vie, il espère que jimmy s’occupera bien d’elle mais en fait il s’en fout car son cerveau commence à déconner à cause du manque d’air et il se met à voir des formes bizarres et donc il est content, il sourit et il meurt en fermant les yeux et c’est la fin du film, tout le monde est triste mais heureux en même temps car c’est une putain de belle fin pour un film pareil ? Ben voila c’est un peu ça, Daily Routine

Guys Eyes se la joue pop completement déglinguée, avec ces saturations électro qui montent, qui montent, et qui rendent dingues, transe ralentie, avec un refrain toujours aussi beau, chorale de voix des deux chanteurs s’entremêlant, qui ne semblent n’avoir jamais aussi bien collés tout les deux, avant un What I want to completement libérateur et extatique, frôlant le tube de stade avec la petite mélodie rachitique distillé en horizon. Quand à Lion in a Coma c’est le gros délire tribal qui donne envie de se frotter contre les murs enroulé dans sa couette, pop sucrée, faire l’amour avec des lunettes violettes sur le nez en tapant des mains comme une otarie, avec ces voix toujours en plein concours professionnel de Scoubidou, avant l’imparable Lion in a coma / lion a coma ! que tout le monde voudra chanter en sautant par sa fenêtre.

Le disque fini sur l’ineffable Brother Sport, délire ahurissant tournant sur le web depuis des mois, énorme fusée hédoniste completement extatique, chanson pop parfaite qui va se transformer en délire rave tribal débilitant, avec ce tunnel de plus de deux minutes où la boucle de 3 secondes va se répéter à l’infini, jusqu’à nous rendre tous chèvre, mission lobotomisation. On n’a plus qu’à danser en bavant comme des nazes, retourner à l’état de primitifs en quête de shoot pour s’envoyer en l’air dans les airs avec n’importe qui d’assez fou pour nous suivre. Quand le groupe se remet à chanter, c’est le sourire le plus gigantesque qui nous étreint la gueule, des plumes de pleins de couleurs sur la tête, à remuer méchamment le croupion comme des dindons flippés à la veille de thanksgiving. Ultime.









Alors je vais faire comme tout le monde, ou presque. Dire que ce Merriweather Post Pavillion est un grand disque. Un truc halluciné, super joyeux, qui te transporte, qui te flingue, qui t’envoie où tu veux dans le ciel, l’univers et tout et tout. Qui alterne moments épiques, extatiques et splendides avec une cohérence impressionnante.
Un disque qui rassemble tout ce que l’on pouvait trouver de mieux à travers les essais du groupe, un truc qui transcende la pop, qui la casse, la compresse, pour recracher quelque chose de completement barré, d’affolant, d’absolu.


Qui sublime votre âme d’enfant, qui ravit, file la frousse et donne des ailes.









mp3 :


Animal Collective – Summertime Clothes clic droit / enregistrer sous










Animal Collective – My Girls











11 Titres – Domino
Dat’










O.Lamm – Monolith

Posted in Chroniques on January 10th, 2009 by Dat'


French drill n’pop core VS Japanese colorful underground







Explosions. GameBoy. Petites voix. Boum boum. Boite à rythme. Perceuse. Shibuya. Nightclub qui se transforme en flaque de peinture multicolore qui se dresse vers le ciel, chevauchée par une vache psychopathe qui chante du Pierre Perret en prenant une ligne de coke marron, qu’elle a eu gratos car jetée dans le caniveau par des Mexicains trop exigeants. Comme ceux de Traffic, le film de Soderbergh, avec tout pleins de policiers énervés, de méchants supers calmes et de peluches mignonnes serrées contre des joues d’enfants, mais qui contiennent en fait plein de drogue, et donc le gosse a des boutons sur la gueule parce qu’il a trop serré son doudou. Voila le vrai danger de la drogue, merci Traffic. Bon, j’essaie de m’en sortir comme je peux en racontant n’importe quoi, car je ne pas grand-chose sur O.Lamm, et qu’il me faut une introduction. Il fait parti des mecs dont on possède un ou deux disques, que l’on trouve surpuissant, mais dont on ne sais rien, ou presque, tant les galettes se suffisent à elles-mêmes. Limite tes potes les connaissent plus que toi, tellement tu les as fait chier à les passer à fond, alors qu’ils trouvent ça insupportable.
O.Lamm est français. Et euh… ah oui, il aime la musique électronique. Et il sort ses disques sur Active Suspension (Label français, maison de Domoti, Encre, Konki Duet et… oh tiens, Shugo Tokumaru !). Son disque Hello Spiral aussi. Voila pour la Bio.

Mais par contre, tout ce que j’ai dis au début, c’était vrai, et parfaitement coppulable (je viens de l’inventer) avec ce Monolith de O.Lamm. Pleins de mots giclent dans notre cortex à l’écoute de cet alien, jouissif, de ce disque fracturé délirant, pétaradant de partout, faisant partouzer des délires nippons avec des excavations electronico-françaises. On peut intervertir les deux nationalités, ça marche aussi. Bienvenu dans le cerveau d’un grand malade. Qui coule par les oreilles, le cerveau.




















Même le packaging est flingué. Tout est écrit à la main, lardé de petites fresques bien perchées. Intention louable, les paroles des quelques pistes chantées sont scribouillées dans le livret. Scribouillées dont parfois illisibles. Ce qui n’arrange pas nos affaires, vu que les guest vocaux sont déchirés, brisés, secoués, torturés, violentés par les machines d’O.Lamm. Evidemment, impossible d’escamoter l’artwork principal, qui suinte méchamment la classe.









Genius Boy est intelligent. Les lyrics semblent en être persuadés, mais c’est surtout que le bonhomme est le meilleur représentant pour illustrer ce Monolith. Il a même son propre clip. En voila un qui réussira dans la vie. Mais qui s’est pas mal fait tabasser à l’école aussi, à cause de ses lunettes. Et c’est O.Lamm le bourreau, qui prend ce Genius Boy, apparente J-pop toute mignonne, pour le foutre dans un Mixeur. Avec une vieille Nintendo, un disque de Venetian Snares, un autre de Cornelius, une crise d’épilepsie, du Lsd, et les petits poneys roses de pauline, la copine de la cours de récré avec qui on rêvait de faire le jeu de la bouteille. Ah et il ne faut pas oublier de sauter sur le mixeur, à la fin.
Le titre prend à contre-pied dès le départ, en nous refourguant en pleine mâchoire un chaos absolu, tressautant comme un damné en pleine crise, ou un chien en manque de papouilles. C’est des beats qui débarquent d’une façon hystérique, avalés par des mélodies Chiptune elles-mêmes dérouillés par des mitraillettes drill’n bass de dessins animés. Hop, une certaine Kumi Kamoto commence à chanter d’une voix toute mignonne, le morceau semble se calmer, et Genius Boy est bien un souffre douleur : Genius Boy they drunk your blood, Genius Boy they broke your bones, Genius Boy what have they done…. Pop japonaise, on se recoiffe après avoir essuyé la tempête du siècle, mais non, le mec craque, ça gronde de partout, ça tremble, la voix disparaît sous un déluge de bleep, et c’est déjà terminé. Tu viens de te prendre dans la gueule 10 génériques de Manga empilés et remixés par un Squarepusher qui aurait avalé trop d’ecstasys, t’as tourné sur toi-même comme un dingue en faisant semblant de tirer sur tes voisins avec un pistolet en plastique vert fluo, mais c’est pas grave, pas besoin de thérapie, ça va bien quand même, parce que le morceau est juste énorme.

Heureusement, le français calme le jeu sur les premières secondes de The Mac Guffin, où un sample de corde à la sauce orchestre se fraie un chemin au sein de quelques beats éparses. Mais rapidement, le titre se met à bugger completement, implosant sur lui-même, se cabrant toutes les trois secondes sur des brisures acérées. Comme si un morceau de Drill essayait de percer la coque d’un Quartet ensommeillé. Surprise : Game boy hardcore, les chevaux sont lâchés, ça part en couille, des choeurs retentissent, tout s’éteint, c’est le générique d’un ersatz de San Ku Kai qui déboule, c’est héroïque, apocalypse noise traumatisante qui fracasse tout, la chanteuse dit Goodbye and Kiss me et elle a bien raison, car on risque pas de la revoir la demoiselle, vu la violence de la dernière attaque. Hors normes.

Alors Open Malice va plonger les tranchées drum échevelées du dessus dans un coin plus Hip-hop, avec Zoé du Konki Duet au mic, pour une piste que n’aurait pas refusé Mr Oizo dans son dernier album. La voix se retrouve agressée par un lit en constant bouillonnement, toujours pleins de bugs et autres soubresauts camés. Groove imparable, R ?n’b de terroriste qui va s’étendre grâce à une conclusion orgiaque roulé dans une électro poisseuse sur plus de deux minutes.









Mais il y a des titres calmes dans Monolith, ou c’est le massage cardiaque convulsé pendant 60 minutes ? Oui, bien heureusement.
Tammy Metempsycho Darling se la jouera petit tube à la mélodie 8 bits guillerette, tranquille et candide. Bon il y aura bien quelques cavités perturbant vos oreilles, et autres défaillances noisy et expérimentales, semblant donner des coup de couteaux à l’ossature de base, mais sans trop commotionner les tympans. Jusqu’à ce break grinçant comme la mort, simulateur de photocopieuse agonisante, qui propulsera le morceau dans un écrin plus syncopé.
Silviphoebia flirtera avec la pop candido-slow-motionnée, avec Midoki Hirano qui susurrera sur des petites clochettes et autres bruits non identifiés, rapidement embrassée par la complainte d’un Yoshi dépressif, lui-même pilonné par un beat écrasant. Joli.

Mais heureusement, pour les acharnés, les Battletoads coupés à la coke reviennent vite pour foutre des coups de tatanes dans tous les coins. Return Of The Night Giant en ébranlera plus d’un, dans un déluge expérimentalo-tabassage de Gameboy autechrienne, charcuté par un androïde désaxé. Hop, changement de procédure, on fonce dans un Hip-hop lo-fi chaloupé, ça fourmille dans les hanches, tu claques des doigts même si c’est bizarre de faire ça là-dessus. Prends ta respiration, le morceau prend un virage Techno Hardcore imparable, les murs sont démolis, on a sauté de partout en faisant la grande roue, c’est l’anarchie, les voisins se suicident, bonheur. Mais ce n’est pas fini hein, on frictionnera nos cadavres avec une batucada à base de casseroles, de bruits de bouches et d’ordinateurs passés dans une broyeuse.
Sinon, l’énorme Electric Emily tapera dans le breakcore neurasthénique en noyant des mots japonais calmement égrenés avec une perceuse en fond sonore qui achève le travail avec sadisme, et le court Bu-ri-n-gu za-no-i-zu ! finira de convaincre que Monolith, c’est super cool, et que Ratatat aurait bien voulu ce morceau dans son Lp3.

Le disque finira par le long et anxiogène City of Julie tunnel techno vicié qui va se transformer en complainte épileptique saccadée, brisé en mille, avant de filer sur une vague plus dancefloor (toute proportion gardée, on sent un peu de dDamage dans le morceau, quelque chose d’ultra crade mais branlé comme jamais, qui pourrait rendre fou une assistance entière). Heureusement, on a un cours d’anglais à la fin, ce qui est drôlement sympa de la part d’O.Lamm.











Le français fait parti des rares artistes à broyer le concept de linéarité, pour nous refiler des montagnes russes affolantes, des morceaux bourrés de surprises, se cabrant à la moindre occasion, nous filant claques sur claques avant de nous noyer dans une piscine de jardin rose fluo. On peut rapprocher la démarche d’O.lamm à celle de Mr Oizo, même si la forme, elle, est assez différente. Car O.Lamm a du être profondément bousculé par la vague de diamants dérangés en provenance du Japon, ceux qui brillent façon néon, qui explosent de partout pour mieux vous cajoler la minute suivante.


Impossible de me faire croire que le morceau Star Fruit Surf Rider de Cornelius n’a pas marqué O.Lamm au fer rouge, tout comme les délires improbables de groupe comme Citrus (Blue Mercedes avec un rythme plus déstructuré aurait pu faire parti de ce Monolith sans problème). On sent une certaine fascination répulsion de la J.pop, le plaisir coupable de prendre son pied à écouter une mélodie ultra mielleuse, avant de sauter dessus à pied joint en s’immolant la gueule, et de tout charcuter avec son sampler… Le plaisir de se foutre des conventions, de la bienséance et autres normes barbantes. Ça pête de partout sans jamais se prendre au sérieux, c’est des mini-jupes roses fonçant dans les purikura avant se s’atomiser à la bière au deuxième étage de l’Atom. Irrépressible envie de mélanger la violence de breaks ravagés avec les mélodies candides d’une pop sucrée.



Ce disque, c’est un peu le mec qui ferait un live en pleine rue avec deux Gameboy, une scie sauteuse et une pédale à effet, horrifiant les passants scandalisés, et faisant fuir toute âme qui vive. Excepté les enfants, ravis de voir un tel capharnaüm jouissif se produire en public. Et deux ou trois zozos capables de voir la vie en rose au milieu d’un attentat rythmique violemment déstructuré. Un indispensable pour les amateurs d’aliens saccagés et bourrés de surprises.













O.Lamm – Genius Boy














O.Lamm – Bu-ri-n-gu za-no-i-zu!












12 Titres – Active Suspension
Dat’









TOP 2008 / Rétrospective

Posted in Chroniques on January 3rd, 2009 by Dat'



Rétro 2008 :






L’année 2007 avait été une très bonne année, pleine de sorties excellentes, de surprises et autres joyeusetés. Elle parait presque morne à coté de 2008, qui a été completement folle pour nos portefeuilles. Avalanches de disques, retours inespérés, découvertes tombées du ciel, vieux disques d’occaz inestimables à 2 euros… Les banquiers font la gueule, et pas simplement à cause de la bourse.


Evidemment, comme l’année dernière, ce top ne prêche pas le goût unique, et se présente comme une sélection bien personnelle pour dépenser son 13 mois, ou l’argent de mémé, avec amour et passion. Ne me donnez pas des coups de talons si vous n’adhérez pas à ce top donc, et n’hésitez pas à poster vos coups de coeur en commentaire, pour compléter cet article… !
Evidemment, il doit y avoir de grands absents, oubliés, ou pas écoutés.


Cette rétrospective se présente avec un Top 12, sans distinction de genres, (et pas forcement dans l’ordre), un top EP, et deux ou trois rubriques supplémentaires



Mais 2008, c’est aussi beaucoup de sorties digitales, de disquaires qui ferment et d’albums-clef-Usb vendus à la Fnac…
Laissons donc la parole à mon fidèle assistant, qui veut à tout prix profiter de cette tribune pour passer un message :














TOP 2008 Albums :


Les titres en bleu renvoient à leurs chroniques respectives.








Clark – Turning Dragon

Clark nous avait laissé sur un sublime Body Riddle, effarant, dans sa propension à nous arracher la gueule comme dans la façon qu’il avait de traiter le son. De nous jeter à la gueule des nappes écrasantes, à se tordre de bonheur tellement le tout était gigantesque. Bonne nouvelle, Turning Dragon, c’est le pendant furieux et hystérique de l’album précédant. Des mandales absolues, furibardes, traumatisantes (New Year Storm ou Beg, au secours), qui bénéficient de la production affolante de Chris Clark, doublant la force des titres. C’est aussi une conclusion, Penultimate Persian, à arracher les ailes d’un ange avec un couteau de boucher pour se les planter dans le dos, tellement c’est ultime dans le genre Idm planante tire-larmes dancefloor. C’est enfin un titre, un seul, renversant, qui s’avance pour moi comme étant sûrement la meilleure composition de l’anglais : Arch Of the North. Un morceau caverneux, tunnel pétrifiant, qui se mue en merveille, lit de synthés mélancoliques à te piétiner le coeur. On peut mourir après avoir écouté un truc pareil.
Turning Dragon, c’est se prendre 11 fois de suite un immeuble en pleine tronche.



Shugo Tokumaru – Exit

Je ne m’attendais pas à une claque aussi énorme avec ce nouveau disque de Shugo Tokumaru. Son précédant, LST, était excellent, mais sur Exit, le Japonais renverse tout. Ce mega-multi-instrumentiste ouvre clairement sa recette et nous refourgue un disque de Pop expérimentale completement déglinguée, ravissante, incroyable. Plein de détails, bourrés de surprises, completement perché, ce disque ressemble au projet d’un schizophrène rongé par la came qui tenterait de faire un disque des Beatles avec des bouts d’ Animal Collective. Certains morceaux flirtent avec la perfection (Lala Radio, juste sublime), d’autres partent en vrille avec ravissement (Green Rain, ou Clocca, titre imparable, completement dingue, génial) ou plonge dans la pop branquignole et claudicante (Button, petit chef d’oeuvre). On visite un monde plein de couleurs aux paysages changeant à chaque clignement de paupière. On écarquille les yeux comme un con, pour ne pas louper une miette du décor.
C’est fou, tout cassé, sublime. Un indispensable, sans hésitation.



Fuck Buttons – Street Horrrsing


Dès la première minute, j’ai adore ce disque. Dès la première minute, je me suis dis “putain, tu vas recevoir quelque chose de grand en pleine gueule”. Et ce fut violent. Le premier morceau, Sweet Love from Planet Earth, est juste mirifique. D’une beauté sous-jacente, d’une violence sourde, le disque arrive à faire le pont improbable entre petites mélodies mélancolico-fragiles et sauvagerie divine, à base de vrombissements terrassants, et hurlements aliénés qui semblent survenir de loin, très loin. On ne peut escamoter la Techno très The Field de Bright Tomorrow, qui va se retrouver déchiquetée par des larsens godzillesques, ou l’orgue dépressif de Race to Your Bedroom qui file en enfer.
Le disque de Fuck Button a clairement le cul entre deux chaises, trop saturé pour beaucoup, et pas assez pour certains (on est loin des fresques apocalyptiques d’un Merzbow, tout le disque reste supportable, n’usant jamais de sonorité agressives). Mais c’est justement dans ce grand écart, dans cette cristallisation d’une Noise popisante, d’une electronica névrosée et paranoïaque, que ce Street Horrrsing se pointe comme un disque fabuleux. Une Noise au coeur d’artichaut sûrement. Un album “trip”, unique.












Gang Gang Dance – St Dymphna

Il est (presque) loin le temps où Gang Gang Dance se la jouait simulateur musical de secte autiste broyée par la drogue. Bon ok les volutes de psychotropes titillent toujours les narines, mais les New Yorkais balancent avec ce St Dymphna un disque beaucoup plus ouvert et direct que les précédant. Rassurons les amateurs d’expérimental, le nouvel album fera toujours fuir 99% de la population. Mais le groupe réussi le tour de force de mêler la musique la plus opaque qui soit avec des matières beaucoup plus brutes, plongeant leurs excavations tribales dérouillées sur des ritournelles pop, des synthés gras pute et autres réminiscences Techno. La chanteuse essaie de calmer son chant façon Minnie Mouse sous coke, et la formation se paye même le luxe d’accoucher d’un tube hip-hop ultime en invitant le flow de Tinchy Stryder, grimeur anglais, sur Princes. Bref, ce délire Tribal-electro-pop-camée est tellement énorme et jouissif que même sauter par la fenêtre et courir à poil dans les herbes hautes, ben c’est pas aussi cool.



RAoul Sinier – Brain Kitchen

Ce Brain Kitchen fut le point final de 12 mois passé à sortir tout pleins d’Ep et albums (l’énormissime Wxfdswxc2 ) pour Raoul Sinier. Et comme si ce dernier voulait marquer les mémoires avant de partir en vacances, Brain Kitchen va hurler, crisser, gronder, imploser, fulminer comme jamais. On savait le bonhomme sauvage, on connaissait son amour de la torture auditive, et son goût du cassage de boite à rythme à coup de talons, mais ce nouvel album va plonger le son Ra dans une radicalité pétrifiante, ode au soulèvement des machines : Beats pachydermiques, claviers ultra âpres, atmosphères de ravagés. Le disque impressionne pour son travail effectué sur les rythmiques, façon “colonies de fourmis” épileptiques, ou presses à vinyles devenues incontrôlables. Le tout se cristallisant sur un titre effarant, Stone Pills, maelstrom grouillant qui se noie graduellement dans une usine se tordant de douleur. Un coup de poing dans la gueule. Mais genre super beau, le coup de poing.



Matt Elliott – Howling Songs

Sink now, weary head, you will feel very bad soon… pourrait-on dire, à l’écoute de ce sublime album. Matt Elliott aka Third Eye Fondation continue son épopée dans les territoires Balkans emplis de spectres et de morts vivants. C’est du folk qui passe sous un rouleau compresseur Noise, c’est de la musique tzigane qui se retrouve avalée par un fou en pleine crise, qui pleure sur le cadavre de son gosse avant de tirer au hasard dans la foule. C’est des violons qui te cassent la mâchoire, c’est des montées qui t’arrachent le coeur, c’est une voix qui s’immisce dans ton cortex. Si tu as envie de pleurer en écoutant Something About Ghosts, c’est normal. Si tu as envie de te tirer une balle dans le crâne à cause de Bomb the Stock Exchange, c’est normal aussi. Ce disque, c’est une spirale morbide, sombre, putride. Un truc qui prend la gorge, qui étouffe. Un truc sublime.











Paul Kalkbrenner – Berlin Calling

La honte, je n’ai pas eu le temps de parler de ce disque, lynchez moi en direct sur Nrj12. Berlin Calling, c’est l’album de Paul Kalkbrenner, mais c’est aussi la Bo d’un film du même nom (que je n’ai point vu) narrant les péripéties d’un Dj en thérapie, après une surdose de poudreuse. Techno belle comme le jour, super atmosphérique, emplie de claviers en apesanteurs (Azure, Square 1), ritournelles habiles (Aaron, l’un des titres les plus classes de l’année) ou bombinettes imparables (Altes Kamuffel, Gebrunn Gebrunn). L’album est juste parfait, cristallisant tout ce que je préfère dans la Techno, la pure, la grande. Qu’une envie, voir le film, et entendre les compositions s’accoupler avec des images.
Beau à s’en lacérer la colonne vertébrale. C’est superbe, viens danser, ça brille, vertige, t’es mort. Hop.



Bomb The Bass – Future Chaos

A première vue, ce disque n’a rien de spécial. Une electro-pop bien foutue, assez sombre, passée au chalumeau. C’est l’histoire d’un pape de la musique électro secouée, qui revient, pépère, après avoir produit des pontes comme Neneh Cherry ou Depeche Mode. Justement, de son passage chez Depeche Mode, Mr Simenon a du garder des séquelles. Il nous sert un disque où les voix de Paul Condon ou Fujiya&Miyagi, entre autres, se baladeront sur des instrues cradingues et mentales. Mais tout est effectué à la perfection. Le disque parasite petit à petit les tympans, déverse une aura mi-levrette mi-dépression, mélangeant foutre et sanglots sur des compositions à se damner. Certains morceaux sont superbes (Hold Me Up, So Special, Black River…), tout s’enroule, entre brochettes de bleeps, beats étouffés et claviers lunaires, accouchant d’un Trip-hop technoïde hypnotique.



Rod Modell – Incense & Black Light

Imaginez vous balader dans une mégalopole la nuit, écrasé par une pluie violente, aveuglé par des panneaux lumineux pourrissant les rues d’images. Dans un demi-coma, apres deux nuits blanches, vous passez dans une rue regroupant pas mal de boites de nuit. Et sous l’averse, vous percevez les “boum boum boum” des nightclubs, les basses arrivant à transpercer les murs de bétons. Ce Incense & Black Light, c’est un peu ça. Des murs de bruit blanc, omniprésents, des nappes métalliques non identifiées, genre train passant au dessus de vous, et des rythmes électro, étouffés, parfois presque inaudibles dans ce brouillard sonore. Cathédrale des bas fonds, réveil difficile d’après léthargie, balade dub dans un nuage de fumée, simulation de perte de conscience, électronica logée dans des profondeurs insondables. Pour les fans de bruits blancs et de promenades nocturnes. Superbe.











Portishead – Third

Putain, 10 ans comme dirait l’autre. Attendu, annulé, reporté, abandonné, recréé, faké, leaké… on aura tout vécu avec ce nouvel album de Portishead. Comme le pot de confiture en haut d’une armoire qu’une saleté de gamin ne pourra jamais atteindre avant d’avoir les couilles qui pendent, cet album a miroité dans l’inconscient de tout le monde, ceux marqués à jamais par les deux premières livraisons des Bristoliens. Third devait être le meilleur album de Trip-hop de 2008. Obligé. Juré craché. Un point c’est tout, non mais sans blague. Manque de pot, le meilleur skeud de Trip-hop de l’année, c’est celui de Leila (Blood, Looms and Blooms), autre revenante de l’age enfumé aux vinyles qui craquent. Pas que le Portishead est raté hein. Juste que Portishead, maintenant, c’est plus du rock. Un rock degueux, âpre, dépressif, ultra-cradinque et désespéré. Moins sombre que le disque précédant, mais beaucoup plus las, désenchanté, désabusé. Un truc qui ne passera jamais à la radio (très drôle d’ailleurs de voir ces dernières annoncer la sortie événement de Third, pour passer Glory Box juste après…). Le seul équivalent qui me vient à l’esprit en écoutant ce disque, c’est l’excellent album de Circlesquare, “Pre-Earthquake Anthem”. On a de l’indus martiale à se crever les yeux (Machine Gun), des compos pour s’étouffer avec sa propre merde (The Rip, Magic Doors, Nylon Smile) et des ovnis mi-hystero mi-suicidaires (Silence, We Carry On). Le tout forme un album presque inclassable, ovni dans le marché du disque actuel, tout du moins dans les “grosses” sorties, celles avec grandes affiches à la Fnac et reportages à la Tv, tous embarrassés de devoir se traîner Machine Gun pour illustrer leurs propos. Balaise.



K-the-i??? – Yesterday, Today and Tomorrow

Pas eu le temps d’en parler aussi, et c’est bien dommage. L’album de K-the-i??? assure, en nous balançant une brochette de titres certes concis, mais souvent implacables. Bien aidé par Thavius Beck, qui produit entièrement l’album, et dont on reconnaît immédiatement la patte, comme ses cordes sur Before the Session ou Decision, et ses beats ultra syncopés, qui réveilleraient un mort (Decision, encore), l’imposant K-the-i ??? mitraille sur des prods méchamment escarpées, flirtant parfois avec l’expé (Sabbath Faster). Cerise sur le gâteau, un chapelet d’invités viennent poser sur le disque, de Busdriver à Subtitle, en passant par Nocando ou High Priest d’ Antipop Consortium. Excellent disque, qui permet de patienter tranquillement en attendant le nouvel album de sieur Thavius, prevu pour 2009.



Depth Affect – Hero Crisis

Belle surprise que ce Depth Affect. Remettant au goût du jour une musique que les français savaient si bien faire il y a quelques temps, à savoir l’abstract Hip-hop-synthé un brin mélancolique. On assure sur les boucles qui claquent, on vise les mouvements de nuques, mais on n’oublie jamais des mélopées vraiment jolies, souvent mélancoliques, qui vous envoient direct dans la lune. L’album s’ouvre d’ailleurs sur son meilleur représentant, Junior International, qui cristallise parfaitement ce que l’on trouve dans ce Hero Crisis : Des synthés à crever, un travail sur les voix hachées assez impressionnant, des beats cinglants et une fin super belle, lumineuse. A noter deux énormes titres où s’ébattent Subtitle et Awol One en featuring. Celui de Subtitle est juste imparable, et Awol One filerait presque la larmichette tellement il tue dans cet écrin tristounnet. Une valeur sure pour les amateurs des regrettés Abstract Keal Agram, Tepr et autres Prefuze73.







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Top 2008 – EP :






Nil – Comme un (Presque) Printemps

Bon il n’a pas fallu chercher longtemps pour trouver le meilleur Ep de cette année. L’electro de Nil, c’est un peu la fusion parfaite entre rythmes qui font fourmiller les bassins, et mélodies qui donnent envie de chialer. Sur les trois titres présents sur la galette, Nil donne l’impression d’avoir chié ses plus belles mélodies, d’avoir foutu sur la table tous ses sentiments, de nous avoir prêté son coeur le temps d’un quart d’heure. Le mec veut nous faire danser sur ses tripes, et il y arrive, d’une façon absolue, grâce à ces ritournelles immediates, écorchées par ce grain de son parfait. Cet Ep, c’est passer de la folie d’un club au gouffre de la mélancolie en un claquement de doigt. C’est comme écrire une lettre d’amour enflammée, en pensant constamment à la rupture. Il suffit de s’écouter Ma disconica ou Comme un printemps pour s’en convaincre. En plus, le bonhomme a recyclé sa Datafunk sur l’excellent mini-album des Gourmets, Soyons Sales , pour accoucher d’un gros tube qui te casse la colonne vertébrale en huit, pour en faire des petits morceaux, et les filer au clébard du voisin. On attend de pied ferme le prochain Ep, prêt à braquer le disquaire.



A1 Bassline – Girl Thing

Alors là, c’est typiquement le truc mi-pute mi-rouleau compresseur que j’aime. A dire vrai, sur les 4 titres de l’ep, deux titres, instrumentaux assez communs, passent à la trappe. Mais My Baby et Girl Thing, qui accueillent la midinette ( ??) Saffi, sont renversants. Pour schématiser, la musique d’A1 Bassline, c’est le dubstep qui copulerait avec Dance Machine, c’est The Bug qui prendrait Corona en featuring. Les refrains sont super cheesy, les synthés bien gras, les basses vrombissent comme des machines de guerre, les titres sont imparables, ça tabasse, très simple, c’est pleins de couleurs, les enceintes tremblent à s’en déchirer la membrane, bonheur. C’est super putassier et vachement sombre dans le même mouvement. C’est la lolita en mini jupe rose qui se retrouve chez des sauvages. Ultra jouissif.



Mondkopf – (Declaration of) Principles

Il fallait chercher bien profond dans les bacs des disquaires des Halles, mais on a trouvé le mec qui a tabassé l’année 2008 avec des rythmes pachydermiques à filer le vertige, à l’instar du Das Glow de l’année dernière. Passage à tabac à base de kicks monstrueux donc, mais pas que, Mondkopf façonnant des synthés trance pour mélodies cristallines. Sainte traumatise, Christmas secoue. Avec en point d’orgue de cet Ep le fabuleux Ave Maria, électro chair de poule tout en progression, d’une ampleur folle, à raidir toutes les échines du coin. En bonus, le remix d’Hello Kurt, super bien foutu.


Sans oublier le The Sharpaganda Theory: Lesson 1 de Ben Sharpa fracassant, avec son énorme titre Hegemony, et le Water Curses d’ Animal Collective, plus posé que le précédant album, mais toujours aussi onirique.





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Autres catégories :



Le disque qui devrait passer à la radio, mais qui ne passera jamais à la radio, et ça, c’est bien dommage.




Trouble Over Tokyo – Pyramids

C’est un peu l’injustice de l’année. Bon il y en a des centaines, des milliers de galettes qui devraient passer sur les Tv et radios, parce qu’ils sont trop bien. Evidemment. Mais ce Pyramids est pour moi l’un des disques de 2008, petite mixture pop électro faite par un ptit anglais, tout seul, dans son coin. Le truc, c’est que le bonhomme a une voix de folie, genre Justin Timberlake qui arrête de sautiller dans tous les coins. D’ailleurs le disque de Trouble Over Tokyo pourrait passer en rotation sur Mtv, mais le probleme, c’est que l’anglais semble fortement apprécier l’electronica. Alors il va saupoudrer ses tubes de synthés terribles, de beats façon cavalcades et autres ruptures escarpées. Il suffit de prendre Start Making Noise, qui démarre sur une pop mélancolique cristalline, avant que le tout parte dans un fracas Drum avec des breaks mutants, qui explosent de partout. Ça prend la gueule, ça tire les tripes, le tout soulevé par cette voix plutot classe. Alors comme dans tous les disques flirtant dangereusement avec la pop fm, il y a un ou deux titres un peu guimauve, mais tout se fait balayer par des morceaux d’une évidence rare, comme les superbes No Handed III, Save Us ou Pyramids. Même quand on se débarrasse de l’apparat électronique, pour une balade acoustique ( The Dark Below), le mec fout les jetons.
Bref, TOT a tout pour griller une major et tourner sur tous les autoradios d’Europe… Mais cela n’arrivera sûrement jamais, vu la distribution anémique de l’album. Barf, les plus beaux secrets sont souvent les mieux gardés. Malheureusement.







L’amer Béton de l’année, aka les deux extrêmes du Shoegaze.






M83 : Saturdays=Youth VS Pyramids : Pyramids

Je crois que l’on ne pouvait pas trouver deux disques aussi opposés, tout en officiant dans le même genre, le Shoegaze. Celui de M83 très électronique, on ne le présente plus. Ce nouvel album, bien qu’un peu inégal, recèle de vrais trésors. Rien que son introduction, sublime, en apesanteur totale, genre fantôme de ta défunte bien aimée qui vient t’effleurer une nuit de pleine lune. C’est beau à crever. Impossible de ne pas se laisser dériver sur un matelas au milieu d’un océan pacifique mental (désolé, j’ai pas trouvé mieux). Même chose pour Skin of the Night, Graveyard Girl, Highway of Endless dream et compagnie… Sans escamoter l’epopée electro de 8 minutes de Couleurs, héroique.
Pour le disque Pyramids, du groupe… Pyramids, c’est le contraire. Les murs de guitares éthérées et planants sont pilonnés par les rythmiques ultra violentes, flirtant avec le Black Métal ou le Hardcore, et les compositions sont parasitées par des couches sonores colossales, genre bruit du vent amplifié fois mille. Au milieu de tout ça, le chanteur, que l’on croirait échappée de Sigur Ros, essaie de miauler au milieu de ce maelstrom aberrant, susurrant des comptines pop qui semblent se faire engloutir par un monstre géant. Enorme disque, une des claques de l’année pour moi, et Alien 2008 sans hésitation.

Pourtant, un point commun existe entre ces deux disques. Murs de guitares certes, et brouillard sonore aussi. Mais surtout cette volonté de faire planer, de faire rêver, de vous envoyer gambader dans un cumulonimbus. De casser les notions de temps et d’espace. La ligne est la même, seul le moyen d’y parvenir diffère : M83 regarde vers le ciel, alors que Pyramids se précipite en enfer.







Best shop ever aka Norman Records, meilleur magasin pour acheter ses disques sur le net



Yep, il n’y a pas photo, Norman Records assure, et efface presque ma culpabilité de ne pas toujours retourner, souvent en vain, les rayons d’un disquaire pour trouver une perle rare. Des prix souvent intéressants, une gamme de choix assez folle, des petites chroniques assez sinceres du produit, argent débité seulement à l’envoi et (surtout) bonbons Maoam en bonus dans chaque commande (avec parfois un petit mot doux écrit à la main)… Norman Records se présente, pour moi, comme la meilleure alternative quand un disque n’est pas trouvable en magasin.

http://www.normanrecords.com/







Les meilleurs trucs gratuits à télécharger sur le web en 2008, et qui ne sont donc pas très chers





Ghostly Swim – Ghostly Swim

Adult Swim sont des habitués de compilations et autres friandises gratuites. Apres un album bourré d’inédits du label Definitive Jux, ou une compil de Hiphop Africain, les mecs s’attaquent à l’électronique dérivant vers la pop, avec The Chap, Dabrye, Matthew Dear ou Michna. Artwork bien branlé, sélection de titres superbes, aucune excuse n’est valable pour ne pas télécharger le fichier. Surtout que la compilation contient un petit miracle, Then it Happened, titre de Milosh, pop electro qui s’envole petit à petit vers le paradis, en nous violant le coeur au passage. Et qui justifie à lui seul le fait de chopper ce Ghostly Swim.

Téléchargeable ici : http://www.adultswim.com/music/ghostlyswim/index.html



Radioclit & Esau Mwamwaya – The Very Best

Radioclit s’associe le temps d’une mixtape (et plus à venir, si l’on en croit les sites web respectifs) avec le chanteur Malawi Esau Mwamwaya pour exploser les codes du genre. Le concept, c’est de faire cohabiter certains titres bien connus (M.I.A, Mickeal Jackson, Beatles, Aaliyah…) ou non (Architecture in Helsinki, Radioclit…) avec la voix, superbe, de Esau. Boyz ou Hearth in Races deviennent des tueries affolantes, et l’on apprend que ParaOne devrait tenter de faire un voyage en Afrique, vu que le mélange “Chants Malawi + instrue de Bâtards Sensibles” est à tomber. Filer ça gratuit, c’est limite bizarre, il y a anguille sous roche.

Téléchargeable ici : http://content.verbsite.com/greenowl/Music/TVBmixtape.zip



Jarring Effects – JFX Bits # 3

Le label Lyonnais Jarring Effects continue son bonhomme de chemin, et offre sa troisième compilation bourrée d’inédits de toute la clique lyonnaise, mais plus encore. Jarring a petit à petit ouvert son champ d’action, s’affranchissant du Dub pour taper dans l’électro pure, le hip-hop ou le Rock. Et laisse carte blanche à des pays musicalement méconnus comme l’Afrique du Sud, comme l’en atteste sa compile Capetown Beats (et l’indispensable Mc Totally rad & Dj fuck ). Le Mc Ben Sharpa en atteste, présent sur la compile. Où l’on pourra retrouver aussi Filastine dans une veine plus Breakbeat, le dubstep traumatisant d’Opti et Ohmwerk, l’électro tribalo-mystique de Von Magnet ou l’alien France Loisir. Sans compter la présence de Ghislain Poirer et Demaster, en guest. Gratuite la compilation, mais les dons sont acceptés, et les razzias des artistes susnommés chez vos disquaires recommandées.

Téléchargeable ici : http://jarringeffects.net/index.php?page=news&news=164







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Mais aussi (et enfin ² )





– Les gros retours de groupes que l’on croyait décédés dans leurs studio, ou en retraite sur une île paradisiaque : Bomb The Bass, Guns’n Roses, Leila, Portishead… Ce qui est cool, c’est que ces retours s’avèrent presque tous probants, et parfois surprenants. On attend toujours Massive Attack par contre, avec un disque qui devait sortir en 2006. Puis 2007. Puis 2008. Puis… euh…


– Le nouveau concept des dates de sorties fallacieuses. Quand j’évoque le mot crise, je ne parle pas des majors qui chialent depuis des années sans bouger leur cul, où des rois de la finance qui se défenestrent à cause de Madoff. Je pense surtout à la situation catastrophique de la distribution des Cds indé en France. Retards, annulations, introuvables en magasin… les matérialistes chevronnés s’arrachent les cheveux.


– Ce post a été entièrement réalisé sous auto-tune.


– La Hype, c’est toujours aussi bien quand les albums sont bons. MGMT nous refile un excellent délire tribalo-bowie-pop-droguée, avec des hymnes imparables (Kids, The Youth, Time To Pretend…) et escapades dans des ciels bariolés de psychotropes (Of Moons Birds & Monsters, 4th Dimensional Transition ). Le groupe a pris des proportions énormes, et c’est tant mieux. Juste à coté, les Midnight Juggernauts ont enfin atterris en France, pour refiler un album rempli de bombinettes et de voyages interstellaires (Raah, Road to Recovery ! ). Une pop flinguée, qui pourrait flirter avec certaines compositions des Daft Punk (dans les claviers notamment)


– Mais où est-tu, Burial ?. L’album Dj Kicks par Burial, prévu sur K7records, cristallisa le suspense de l’année. On l’annonce pour Juin, avec dedans pleins d’inédits et autres remixes du Londonien. Que dalle. Repoussé. Un Tracklisting déboule sur le net, alléchant, mais qui s’avère être un fake. On annonce Août. Repoussé. Puis Octobre. Nada. Sur les communiqués de presse officiels de K7 ! (Reçus par courrier), ils se fendent d’un “fin 08”, puis d’un vague “2009”. Finalement, Burial annonce sur son myspace qu’il n’a jamais commencé à travailler sur un Dj Kicks. Un suspense digne de Plus belle la vie. (Sinon, un Ep était annoncé pour la fin de l’année, mais y’a pas non plus)


– Je n’ai pas du comprendre le nouvel album de Deerhunter, Microcastle, je me sens seul.


Feadz semble bien préparer 2009, et lâche un Cold as Feadz assez énorme, qui devrait figurer sur le nouveau volume de la compile Eurogirls. On attend ça de pied ferme. Jean Nipon a bien retourné ma platine avec son Lost in Music aussi… Et de même pour le Wearing My Rolex de Wiley, fou. Playtime is not over finalement, et c’est tant mieux.


– Pour l’album en Kit de l’année, c’est Autechre qui gagne le concours. Evénement, Quaristice sort en début d’année. Je saute dessus comme un mort de faim. Comme d’hab, le travail est vertigineux. Mais une étrange impression prédomine. Les morceaux sont courts. Les morceaux ne semblent pas complets. Les morceaux semblent tronqués, amputés. Au moment où ils deviennent intéressants, où tu commences à prendre ton pied, hop, ça se dérobe. Une impression d’avoir des édits, des versions courtes. Mais tu apprends qu’une édition limitée contient un deuxième disque, avec des versions longues de certains titres de Quaristice. Comme c’est étrange… Manque de pot, si tu n’étais pas devant le Warp Store entre 8h00 et 8h02 le jour de la sortie, ben tu l’as dans le cul, pour les versions longues.
Mais heureusement, Autechre pense à nous, et sort un disque digital, Quaristice.Quadrange.ep.ae, avec les versions longues des versions longues alternatives des morceaux originaux. Et l’accompagne d’un autre digital, avec un titre seul, d’une heure, version alternative des versions alternative de la version upgradé de Perlence, titre original présent dans… euh… je ne sais plus. Sinon il y a eu le Digital exclusive Ep pour le japon aussi, avec des versions alternatives de titres présent dans Quaristice (l’original, pas l’alternatif). On alterne entre les disques alternatifs ou non, et on ne sait plus quoi écouter. Ce qui nous emmène à poser une question ô combien capitale : Mais si l’album original Quaristice regroupait finalement des versions courtes et alternatives des longs morceaux servis après ? Putain je suis perdu…


Amadou & Mariam qui filent la frousse à la terre entière avec leur titre Sabali, petite merveille d’électro toute bizarre, qui ouvre un très bon album. Je désespère de trouver des remixeurs chevronnés, qui vont étirer le morceau sur quelques minutes de plus. Des versions alternatives quoi… (bon ok j’arrête)


Little Boots, aka une fille en mini-short ou en pijou, qui a le bon goût de reprendre What is Love d’Haddaway, puis qui fait pêter les score Youtube avec ses compositions électro-pop bricolées dans sa chambre. (il faut dire que sa Meedle Bedroom Version est assez imparable dans le genre) un Ep de prévu, deux trois passages tv, la miss risque d’exploser en 2009.


– Le disque Lemurian de Lone, sorti en catimini, et qui réveille, derrière sa jaquette “Ibiza Anthem Volume 78”, le meilleur de l’electronica brumeuse. Comme si Boards Of Canada (impossible de ne pas faire la comparaison) se faisait chahuter par le hip-hop de Prefuze73. Un très bon disque, passé un peu inaperçu, dommage.


Les disques de moins en moins chers en magasin, c’est toujours aussi sympa.


Les disques de moins en moins trouvables présents en magasin, c’est toujours aussi triste.




Tout ça, et bien plus encore pour 2009, dans le plus grand chaos… les Chroniques Automatiques rempilent au moins pour un an supplementaire !









Dat’







Fuck Buttons – Street Horrrsing

Posted in Chroniques on January 3rd, 2009 by Dat'


Noise, Drone, Angels & Rock’n Roll






On parle beaucoup de Bristol ces temps ci. Portishead, étendard musical de la ville anglaise, avec Massive Attack, sort un nouvel album fin Avril. (This can’t be true !) La bande d’ados de la serie Skins, sortie en Dvd il y a quelques jours, tente de désamorcer le malaise ambiant en prenant drogue sur drogue, errant dans les rues de Bristol. Cette dernière inspire, semble canaliser le spleen dans toute sa splendeur. Comment serait le visage du Trip-hop sans ces rues pas si grises ?


Mais ce n’est pas le point qui nous intéresse ici. On peut même affirmer que les Fuck Buttons sont loin d’être écrasés par le lourd héritage musical de leur bourgade. Ils excelleraient même dans l’annihilation de la bienséance sonore, tout en plongeant le tout dans un écrin mélodique et superbe. Personnellement, je ne les connaissais ni d’eve ni d’adam, tombant un peu par hasard sur le disque en magasin. Ce Street Horrrsing est d’ailleurs le premier album du groupe, simplement précédé d’un Ep tiré à 3 exemplaires. Même si pas mal de médias anglais semblaient attendre la bave aux lèvres cette première galette.

Bienvenu dans ce qui pourrait être le voyage de l’année.


















Cela va paraître con, voir téléphoné, mais j’ai su que ce Street Horrrsing allait être une petite merveille des la deuxième minute de Sweet Love For Planet Earth. Deux minutes, rien de plus. C’est suffisant pour se dire que la petite mélodie fragile est sublime. Qu’on ne pouvait pas trouver mieux. C’est suffisant pour se sentir étouffé, impressionné par cette gigantesque saturation, qui débarque progressivement, viciant littéralement les petits bleeps cristallins flottant dans vos tympans. Ces deux premières minutes, c’est superposer la pureté absolue avec un chaos qui gronde en arrière plan. Qui attend son heure avant de tout ravager. C’est imaginer un petit enfant se baladant sur un tapis de neige, blanc comme le paradis, avec en ligne d’horizon une énorme entité sombre comme la mort, ouvrir lentement sa bouche pour, à terme, tout engloutir. On assiste à la progression de cette dualité, les yeux écarquillés, presque pétrifié par le spectacle qui se déroule dans nos oreilles. Le sublime persiste, rajoutant de la sensibilité en greffant un clavier aérien pour surplomber la mélodie. La saturation, le grondement s’amplifie. Tonne, résonne, sans éclater. Adopte même un certain contour musical. On surveille sa proie, on ne la fait pas fuir. Une voix éclate. Le chanteur du groupe hurle, crie, s’arrache les viscères. Les vocaux nous sont littéralement crachés à la gueule. Aussi violemment qu’un bon groupe de Hardcore-screamo. Mais la phase de “chant” semble tellement lointaine qu’elle ne nous agresse pas. On prend cela comme un avertissement, comme un homme, qui crie au loin sa détresse de voir autant de beauté se faire engloutir par ce maelstrom lent, sourd, gigantesque.

La musique expérimentale devrait toujours être comme ce titre. Tout en tutoyant les limites de l’acceptable musicalement parlant, elle n’a jamais été aussi agréable. Apaisante. Ce morceau happe littéralement pendant ses 10 minutes. C’est beau. C’est juste trop beau. Il pourrait y avoir le feu dans votre baraque que vous n’auriez pas tiqué une seule seconde. Le monde s’est arrêté de tourner pendant 10 minutes. On a été déconnecté du monde réel. Pour planer dans un rêve fait de saturations, de nappes angéliques, de hurlements étouffés, de mélodies pures comme le diamant.










On entend les debuts de la seconde plage Ribs Out, mais on reste scotché sur l’essai précédent. Impossible de s’en défaire. Ce court morceau tribal, que l’on croirait sorti d’un Gang Gang Dance, sert donc de marche pied. D’un repos presque nécessaire. Pour bien encaisser le retour au monde réel. Les morceaux s’enchaîneront tous de la sorte pour le coup, s’emboîtant les uns dans les autres malgré des atmosphères parfois différentes. Comme pour passer d’une fresque à une autre sans heurt, sans silence, sans vide. Le silence semble gêner les Fuck Buttons. Et si l’on excepte cet essai, tous les titres de Street horrrsing durent entre 8 et 10 minutes.
C’est dans sa conclusion qu’une saturation de plus en plus dense se fait entendre, débouchant sur un Okay, Lets Talk About Magic clairement plus “Noise” que ces deux camarades. La boucle, ultra rêche, tourne en boucle jusqu’à overdose, laissant à peine le chant pour les vocaux toujours aussi hurlés et pourtant effacés de Benjamin. Comme si le mec s’évertuait à crier dans un mégaphone à 3 km de nous. Changement de fréquence, la saturation s’intensifie, forme une vague, presque nauséeuse, un mur de “son”, entre le bruit blanc et le grondement d’un dragon. Un rythme tribal s’installe, emporte le tout dans une transe sereine, mais militaire. Oh no ! Saturations… percussions. Va-t-on être abruti au bout de 3 minutes comme avec Black Dice ?
Bien au contraire. Tout est doucereux. Le bruit vous enveloppe, vous cajole, vous effleure. Malgré sa masse considérable, il ne vous violente pas. Il s’insinue dans vos synapses, il vous bouscule sans vous faire tomber. Je ne sais pas, imaginez Merzbow vous chanter une berceuse. La saturation est sur la gamme parfaite. L’équilibre parfait. Ni trop sourd, ni trop aigu. Ni trop violent, ni trop effacé. Fuck Buttons tient là la saturation parfaite. Créé la “masse” sonore parfaite.

Mais arretons de parler Magie, fonçons dans la chambre à coucher. C’est ce que propose Race You To My Bedroom / Spirit Rise, qui déboule avec un mur de son encore plus monstrueux que celui qui habite le titre précédent. Toujours aussi sourd et serein, il n’en est pas moins aussi imposant que la montagne elle même. Levez la tête, imaginez le plus grand des géants, qui tend vers vous une main accueillante. Vous vous approchez, mais vous flippez dur. C’est la même chose en abordant ce morceau. On se demande si tout ne va pas nous exploser à la gueule, nous renvoyant au pire des disques de Harsch Noise. La main du Gulliver approche, et, au lieu de nous écraser comme une merde, se permet juste de nous tapoter gentiment la tête.
Mur de son, larsen ahurissant certes, mais orgue mélancolique qui perle en fond. Qui tente de se faire entendre au milieu de ce Chaos sourd et maîtrisé. Merzbow qui remixe M83. Les vocaux scandés reviennent à la charge, paraissant encore plus désespérés, comme le dernier des appels radio avant la fin du monde. On hurle, on hurle! La météorite va bientôt impacter la terre. On court dans tous les sens, sans but apparent, comme de pauvres lemmings apeurés. La saturation gagne encore du galon. Presque inimaginable. Mais l’orgue, funeste, superbe, vaut aussi se tailler la part du lion. Faire un dernier baroud d’honneur à l’humanité avant son anéantissement total. Orgue VS mur de son = combat de fin du monde.









On pense qu’il ne peut y avoir rien d’autre après un tel tableau. Pourtant le retour à “l’humain”, au concret, va se faire d’une façon progressive. Alors que le marasme faiblit, un rythme binaire, House Techno, va se faire entendre. Pilonne à l’horizon, avant de devenir chef d’orchestre de Bright Tomorrow. Ce morceau, c’est la pièce électro du disque. Alors que les autres tendant surtout vers un Rock Drone progressif (ok la frontiere est mince), ici, les teintes sont clairement électro. Mais l’électronique rêveuse. Celle qui, sous le beat appuyé, laisse perler un synthé-orgue clair, mélancolique à en chialer. Et un sample, une nappe qui tourne à l’infinie.

C’est simple, le mimétisme est presque flagrant avec les travaux de The Field, ou mieux, de M83 période Dead cities, Red Seas and Lost Ghost. La musique qui vous donne envie de courir les bras écartés dans un champ de fleurs, pied nu, en souriant jusqu’aux oreilles. Celle qui vous vole le coeur avant que vos jambes ne s’évaporent. Celle qui vous transporte dans un rêve extatique. On court dans l’herbe, on regarde les nuages, on tient la main de la personne que l’on aime en riant, en hurlant de joie.
Mais le sol se dérobe, et l’on retombe en enfer, dans un gouffre sans fin. La déchirure est aberrante, on reste coi, pétrifié par cette rupture impensable, presque sadique après tant de beauté. La plus acérée des guitare, ou la pire des machines nous arrache un tsunami à raser un quartier entier. Encore une fois, rien d’agressif. Mais le tout est tellement massif, tellement gigantesque, que le changement est vécu comme si l’on se prenait un train en pleine gueule. L’orgue redouble de puissance. Veut se faire entendre. Peut être pour tenter de cacher les hurlements de l’autre zozo et son micro, qui repasse en mode crise d’hystérie à 10km de là. Le tout finira dans une grâce enchanteresse et abominable. On vient d’assister à un petit miracle de 8 minutes. Non mais sérieusement, c’est quoi ce titre ? Ca sort d’où ? Faut il à se point aimer la beauté pour oser la télescoper avec un chaos presque nihiliste ? Cette perfection, cette sensation, ce plaisir d’être transporté dans les nuages avant de faire une chute traumatisante est elle concevable par des musiciens ?

Colors Move, conclusion de ce Street Horrrsing, va repartir sur les chapeaux de roues avec un lit sonore ahurissant, presque trop “massif”, pour y greffer un rythme tribal endiablé, et un synthé encore une fois bien triste, mais toujours épris d’un espoir, d’une liberté, s’élevant peu à peu dans les air, s’extirpant de ce marasme Tribal Drone. On prend une église, on y place une bande d’incas tétanisés par les percussions, des animaux qui hululent aux gres des variations et environs cents groupes de Metal, qui jouent la même note de guitare en même temps : vous avez le morceau.










Je ne sais que dire. Ce disque des Fuck Buttons n’est pas “super bien” ou “plaisant” ou “nul”. Il est juste hors compétition. La mandale est énorme à l’écoute de ce disque. Il cristallise tout ce que je préfère dans la musique expérimentale. Il représente presque ce que devrait être la musique expérimentale. Quelque chose de profond, de sublime, de violent. Sans jamais être harassant. Quelque chose vous arrache le coeur, qui vous démonte la gueule, mais toujours sous anesthésie, toujours avec cette impression de flotter au dessus du monde, de surplomber le conflit, de rire aux grés des chocs monstrueux qui se produisent en contrebas. C’est M83 qui rencontre Merzbow qui rencontre les Pink Floyd.
Ce disque pourrait être l’oeuvre majeure d’un genre mineur. Peut etre parce qu’il est tourné vers quelque chose de foncièrement moins radical que les racines sur lesquelles il prend pied. On pourrait parler de disque grand public, alors qu’il serait abhorré, honnis par 99% de la population normalement constituée.
Mais cela ne serait pas rendre grâce à la quasi perfection des arrangements, de la gestion des montée en puissance, de la gestion du temps, de la durée des pistes, coulant d’une façon quasi-naturelle. De la beauté des compositions aussi, mêlant pureté et chaos avec une justesse absolue, rarement entendue.



Ce Street Horrrsing est un énorme coup de coeur. Le plus gros coup de coeur de ce début d’année. Il serait sorti en fin d’année dernière que le constat aurait été le même.

Il serait suicidaire de le conseiller. Mais il serait honteux de ne pas prendre ce risque.


Le plus facile étant donc de vous conseiller ardemment d’écouter ce titre, au casque, ou avec un son bien fort, confortablement installé. Peut être alors que vous aussi, vous allez vous laisser happer, dériver, au bout de deux minutes :






FUCK BUTTONS – Sweet Love For Planet Earth (Clic Droit / Enregistrer Sous)








6 Titres – ATP Records
Dat’










Depth Affect – Hero Crisis

Posted in Chroniques on January 3rd, 2009 by Dat'


The irony of it all





On ne va pas commencer une thèse sur l’Abstract Hiphop. Déjà parce que personne ne s’est accordé pour réellement définir le genre, augurant presque autant d’âpres discussions que la polka islandaise ou l’IDM. Mais surtout car beaucoup soutiennent que le genre est bien mort et enterré depuis quelques années. Ou pire, qu’il est ringard, décrépit et sénile. Ce à quoi je ne pourrai jamais me résoudre. Certes, le mouvement, autrefois florissant, presque générique, décliné à l’envie, avec autant de nouveaux disques par semaine dans les magasins que de visites aux chiottes s’est vu se ratatiner en terme de sorties, nécrosant la qualité de ces dernières dans le même temps.

Surtout après une orgie de disques indispensables, Mo’Wax et Ninja Tune en tête, comme ceux de dieu-sur-terre Dj Krush, Dj shadow, Cam, La Funk Mob and co, qui sentent maintenant parfois les vieux vyniles cradingues. (Excepté Dj Krush hein, soyons subjectif) Mais je ne parle pas de cette frange d’Abstract. Mes derniers vrais émois en la matière remontent alors à quelques années, quand le genre s’est paré d’une dorure plus électro. (Quand je parle d’émoi, c’est le vrai, le grand, celui qui vous transporte pendant des années à l’écoute d’un seul disque. Celui que l’on connaît par coeur, sa moindre parcelle de synthé, le moindre positionnement de beat, la plus imperceptible des variations mélodiques…) Pour être précis, je crois bien que les derniers à avoir pu incarner le genre dans mon coeur furent les regrettés Abstrackt Keal Agram, et les disques de Tepr. Ouaip, j’en ai déjà parlé dans ses pages, mais AKA représentait presque la perfection dans le genre, le seul groupe qui avait réussi à cristalliser tout ce que je pouvais aimer de mieux dans cette frange musicale, portant l’Abstract sur des terrains alors inexplorés par des frenchy : Un beat Hip-hop super sec, à vous flinguer la nuque, noyé dans des fulgurances électroniques à crever (Allez on prend le titre “Rivière” absolument ahurissant, ou “Audio Crash”, ou “U38” ) voir même un soupçon de pop / shoegaze ( voir encore “Rivière”, “Bad Thriller” ou “La nuit s’éternise” ) Bref des petits bijoux que j’écoute depuis des années sans me lasser, et que j’écouterai encore dans 10 ans, assuré de défendre ce groupe jusqu’à ma mort. Bref… Tepr, c’était un peu la même chose, mais en ayant en plus les couilles de plonger le tout dans un écrin parfois Dance putassiere super jouissive, à faire grimper aux rideaux mes petits tympans en manque de sensations un peu grasses.
Il y a eu Prefuze73 aussi, avec son Extinguished Outtakes, disque injustement passé inaperçu, où de simples chutes de studios formaient au final le meilleur album du mec (un comble), et l’une des toutes meilleures galettes du genre. A dire vrai, un seul disque a réveillé cette petite fée enfouie dans mon coeur depuis des années : Le Facades and Skeleton des Cappablack, sorti l’année dernière. Ne me faite pas dire ce que je n’ai pas dis, il y en a eu des tas d’autres très bons, (les Lilea Narratives ou Flying Lotus ont titillé sans faire chavirer) mais pas un seul ne fut assez puissant pour tenir la comparaison une seconde avec les anciens orgasmes sonores.




Pour les oreilles avides de sensation un groupe avait ravivé une flamme un peu morne ces derniers temps : Les nantais de Deft Affect, repérés par Alias, ne tarrissant pas d’éloges sur la formation (excusez du peu) lors d’un live ouvert par cette derniere. Depth Affect avait pondu un très bon premier album, Arche Lymb (à la superbe pochette d’ailleurs) conseillé pour tous amateurs, presque abandonnés à déterrer leurs vieux disque pour continuer à prendre leur pied. Autant vous dire qu’à l’annonce de la sortie du deuxième opus de ces messieurs, il y avait de quoi baver dur.
















Pour tout vous avouer, la pochette m’a donné des sueurs froides. Elle est très belle, super classe avec ce cavalier tout en dentelles et autres préciosités en intérieur gravées avec doigté. Mais elle me rappelle l’artwork du premier disque de Ghost Cauldron, qui fait partie des pochettes les plus moches du monde. Ca n’a rien à voir hein, mais un traumatisme pareil ne s’oublie pas. Comme voir la tête de son ancien bourreau dix fois pendant une promenade, obnubilé par le mal que ce dernier vous a fait. La pochette de Ghost Cauldron, c’était un peu comme le film Souviens-toi l’été dernier je t’avais écorché la cornée, un tuc moche vous poursuit sans relâche, se plaçant en filigrane devant vos yeux quoi que vous fassiez. (Il parait que les possesseurs du dernier Madonna souffriraient du même symptôme)






Tout ce dont je parlais plus haut va revenir en pleine face dès l’écoute de Junior International, premier titre de la galette. Débutant sur un gros synthé bien gras partant méchamment en saccade, le titre va petit à petit accueillir les handclaps de rigueur, plus une voix cutée, un peu r’n’b, qui égrène deux ou trois syllabes en mouvement perpétuel. Vlan, le rythme bien sourd démarre, cible directement votre nuque, et fracasse bien le tout. Une seule image : Le Cote Ouest de Tepr. Même synthés massif, mêmes rythmes électros, même progression pouvant habiller à merveille une composition hip-hop. Break, le tout devient plus calme, presque aquatique, très beau. On laisse parler la mélodie, étouffée, comme un tube Dance un peu ralenti, maltraité par des percus acérées. On monte, on progresse, le beat administre des claques cinglantes, marteau sur bloc de glace, le synthé reprend ses droits, imposant, chanteuse à la voix hachée, colonne vertébrale brisée. On est là, la bouche grande ouverte, à se demander ce que l’on vient de se prendre sur la gueule, qu’une guitare acoustique cristalline accompagne la mort du clavier. Le procédé, pourtant presque classique, confine au sublime ici, tant la litanie égrenée par la gratte est limpide et évidente. Ce superbe titre ne pouvait pas donner plus envie de se jeter corps et âme dans ce disque. Ceux qui aiment le coup de la guitare acoustique qui s’invite au milieu du bal en auront pour leur argent, plusieurs titres de Hero Crisis fonctionnent sur cette ossature :

Radish Field semble d’ailleurs reprendre les choses là où Tepr (encore ? !) les avaient arrêté à la fin de son titre culte 8 bits love : grosse artillerie dancefloor-chiptune qui se transformait à terme en comptine folk fantomatique. Bref, la gratte balance ses notes d’une façon appuyée, toute solitaire, avant qu’une ligne de basse bien crade dynamite le tout. Des bribes de lyrics se font encore entendre, malaxés dans le hachoir de Depth Affect, avant que le morceau parte dans une direction juste tubesque, à vous faire lever les bras en riant et en criant que la vie c’est cool, comme toujours. Frein à main, la gratte reprend ses droits, zébrée d’un synthé saturé, avant que de petites clochettes distillent un peu plus de douceur au tout. Passage planant, presque candide, l’uppercut n’en est que plus violent des que la phase imparable revient en trombe, pour finir sur les rotules. C’est beau, c’est électro, c’est hiphop, c’est pop, ça tue.

Dorothea Land se lovera dans un moule similaire, défonçant vos oreilles avec un rythme ultra appuyé sur des cordes fragiles et un gimmick (on va croire que je le fais exprès) que je jurerai déjà avoir entendu sur un disque d’AKA. Le morceau fera même encore plus place à la Pop que ses camarades, avec des petits intermèdes de chants enjôleurs entre deux tempêtes synthétiques. On frôle la correction vu les mandales administrées.








La bonne nouvelle, c’est que Depht Affect n’a pas peur de nous tirer des larmichettes en privilégiant toujours la mélodie vomie par des claviers crados plutôt que la stricte bastonnade de rythmes trop secs, et cela sur la totalité du disque. Il suffit d’écouter Girl’s Math pour finir de s’en convaincre, titre tout en progression, laissant une voix pitchée au max hululer comme une gamine, le tout sur une ascension de claviers juste dantesque. C’est superbe, ça vous prend à la gorge, tout en vous donnant envie de foutre des jantes imports en diamant sur votre caisse pour cruiser dans le centre ville, le bras se balançant hors de la fenêtre et le son à fond. Le mélange parfait de Hiphop cradingue et de mélancolie enfantine.

Même combat pour Cotton Candy, portant parfaitement son nom, oscillant constamment entre petite ritournelle ensoleillée et gros tube electro-hiphop de folie, à brûler un quartier entier. Le morceau osera même s’engager, après un énième break guitare-voix, dans une partouze Dance-idm, hésitant entre façade putassiere jouissive et synthés pleuvant dans tous les coins. Impressionnant de maîtrise et de construction. Hero Crisis sera lui le morceau le plus direct du disque, affichant clairement ses ambitions “Abstract hip-hop” implacables, prêt à faire danser les foules. Mais ce dernier se laissera bouffer par une petite mélodie fragile et cristalline, contrastant avec le coté rouleau compresseur du tout, et n’étant pas sans rappeler certains exercices de Nil.








Le disque des Nantais ne se bornera pas à utiliser des bout de syllabes hachées et pitchées comme seules présences vocales sur l’album, en invitant deux Mc à participer à la fete : Giovanni “Subtitle” Marks habite Street Level, et je vous jure qu’il n’est pas venu pour rien. Le morceau est juste ahurissant. Subtitle gère toujours comme un dieu, débitant d’une voix grave un flow qui pourrait épouser presque n’importe quel assaut rythmique. Mais c’est clairement l’instrue qui impressionne : Difficile d’expliquer le phénomène. Beat bien saccadé, parasite en tout genre, et des nappes de synthés qui semblent intervenir en “reverse” sur chaque phrase du Mc, transportant le tout dans le royaume de l’extatique et du fascinant. Comme si l’aspect mélodique était ralenti et passé à l’envers, alors que les beats tabasseraient comme jamais. Sans compter que les refrains vous cassent littéralement la mâchoire, entre tube génial et objet expérimental non identifié. Et quand Depth Affect clame le jeu, c’est pour vous enfoncer dans un passage tunnel rappelant presque Chris Clark avec ces lignes toutes fragiles, à tuer un homme tellement qu’elles sont belles. Tuerie absolue, fourmillant de détails, et des synthés qui frôlent le coup de génie. On arrive à la fin qu’on le repasse pour essayer de comprendre ce que l’on vient de se prendre en pleine face. Je l’ai écouté 30 fois, toujours pas compris.

Pour le deuxieme feat, c’est le dérouillé Awol One qui prend place aux cotés des Nantais. Bon, histoire de ne pas etre objectif pour un sous, Awol One est bien l’un de mes Mc préféré, tout de suite indentifiable avec son flow indescriptible, entre le vieillard flegmatique completement alcoolique et le pimp qui se serait étouffé avec un paquet entier d’élastiques (sautez sur son Self Titled ) Et le mec va encore nous étonner sur Dusty Record, morceau tenant plus de la comptine pop bien alien que d’un hip-hop sombre souvent de rigueur. Le titre n’aurait pas été renié par un DoseOne sous acide, Dusty Record laisse un Awol One chantonner d’une voix monocorde sur une instrue toute jolie et sucrée, aux contours clairement mélancoliques, avec des lyrics bien tristes et résignés, noyant les souvenirs d’un amour perdu dans un tas de disques poussiéreux… On est loin des attentats sonores perpétrés entre le Mc californien et les petits génies japonais de Cappablack.
Mais bizarrement, le titre se révèle au final énorme, distillant son charme d’une façon bien pernicieuse, presque perverse, pour vous squatter le cerveau pendant 24heures.

Et histoire de finir loin de toutes ses considérations mélodiques, tubesques et/ou mélancoliques, Depth Affect balance en conclusion de disque un crépusculaire Base Camp Wolf, tout en saturations et changements de fréquences, semblant presque faire hurler les machines sous l’effets de tortures que nous laisseront sous plis, frolant la Noise sourde post-apocalyptique.









Pas besoin d’aller plus loin, les Nantais de Depth Affect balancent un album dantesque, plus homogène et mélodique que son prédécesseur, plus électronique aussi. On trouve ça beau, on trouve ça imparable, et les morceaux ébouriffants, comme le Street Level feat Subtitle ou Junior International contrebalancent parfaitement les petites perles mélancolico-electronico-hiphop (ouf) peuplant Hero Crisis (Dusty Records feat Awol One, Girl’s Math, Radish Field…)

Cet album fait du bien, et tombe pile au bon moment. Il est l’un des seuls à assurer le terrain dans cet Abstract-electro-hiphop de plus en plus délaissé, ou utilisé à des fins trop directes et sans grande profondeur…



Ce Hero Crisis est de toute façon juste indispensable pour tout ceux qui se sont reconnu dans l’introduction de cet article. Et pour les autres, il est fortement recommandé. Excellent disque.












Depth Affect – Junior International (Teaser)









12 Titres – Autres directions
Dat’










Pigeon Funk – The largest bird in the history of the planet… ever !

Posted in Chroniques on December 28th, 2008 by Dat'


On pige






Si l’année 2008 fut assez extraordinaire en terme de surprises, de sorties de qualité et de découvertes, on peut clairement dire que la situation du disque (je ne parle pas des ventes), dans sa distribution comme dans sa présence en magasin, fut catastrophique. Disques qui débarquent avec un mois de retards, impossibilité de commander une galette précise, références inexistantes…
C’est bien simple, cette année a introduit un nouveau concept dans le marché du disque cette année : l’inutilité des dates de sorties. Tu attendais le dernier Popnoname en octobre ? Grattes toi les roubignoles, il ne sortira que mi-novembre dans la Fnac du coin. Le Gang Gang Dance ? oui, mais que en import islandais, le jour de sa sortie. Les disques estampillés Planet-Mu ? Oula il ne faut pas trop pousser non plus, mieux vaut se tourner vers le net cher monsieur…

Ce disque de Pigeon Funk, je ne pensais sincèrement ne jamais le croiser dans mes magasins préférés. D’ailleurs, il était officiellement disponible depuis Octobre, sans être référencé dans aucun magasin. J’avais fais une crois dessus inconsciemment, étouffé par la myriade de bonnes sorties déboulant de partout dans nos oreilles. Et voila que cet album débarque dans les rayons, la bouche en coeur, sa pochette jurant méchamment avec les artworks bien léchés des enclaves électroniques de nos supermarchés à décibels. La distribution, prise en charge par Kompakt, a du aider un minimum.

Alors, qu’est-ce que Pigeon Funk ? Difficile de tartiner des tonnes sur le sujet. Impossible de mettre la main sur leur premier disque sorti il y a quatre ans. Duo direct from San francisco, composé de Kit Clayton et Sutehk, qui ont sorti, séparément, pas mal de trucs sur des maisons bien respectées. C’est Musique Risquée, label Montréalais créé par Akufen et Deadbeat (excusez du peu) entre autre, et subdivision de Mutek, qui s’occupe de sortir ce premier Lp officiel.






















Il est évident qu’un petit paragraphe devait être mis de coté pour le packaging. Pour faire simple, c’est sûrement la pochette la plus débile qui m’a été donné de voir depuis un bail. Conçue comme un dépliant de télé-achat, ce The Largest bird in the history of the planet… ever ! multiplie les slogans bidons à faire bander un Pierre Bellemard, (“Safe for kids ! compatible with most cd players ! Exclusive offer ! “ j’en passe et des meilleurs…) et les dissémine un peu partout dans le digipack, pour que la fête soit plus folle. Impossible de ne pas passer quelques minutes à scruter le boîtier pour se délecter de toutes ses conneries et badineries. Un bon point. D’autant plus que le délire ne s’arrête pas là, le duo s’étant fendu de clips déglingués pour vanter les mérites du piaf en toc qu’il tente de nous refourguer. On se retrouve avec 6 vidéos parlant de l’oiseau en long, large et travers… sans nous faire entendre une minute de leur musique. La palme revient au site officiel du groupe, juste indescriptible . Bref, la drogue, c’est mal.

En attendant, si l’on excepte la réputation du groupe et de ses deux têtes, toujours pas de réelle idée sur le son de ce volatile funky. En schématisant, la mission des deux zozos serait de lacérer, exploser, détourner ou rendre absurde des boucles au groove affolant. Comme un certain Mr Oizo vous allez me dire, mais nous y reviendrons. (À croire que toutes les volailles s’y engouffrent avec plaisir)







Mess Call, premier titre du lot, est parfait pour se donner une idée de ce que l’on va trouver dans la galette. Du moins partiellement, vu que les ambiances changent parfois du tout au tout, n’ayant que pour point commun ce groove salace imparable. Le morceau démarre sur une boucle faite de bruits plus ou moins identifiables, entre cris de gallinacés, machins en fer pas huilés qui tournent et cochons égorgés, le tout soutenu par quelques beats sourds de rigueur. On se demande où l’on vient de tomber, quand le tout se déplie sur une mélodie bordélique, puis sur un superbe break accordéon + handclap. Comme si les deux américains avaient voulu faire une cover du Logan Rock Witch d’Aphex après avoir descendu une bouteille de vodka.

Pigeon funk sait manier le rythme, celui qui s’immisce dans votre cortex, qui vous fait remuer comme un épileptique, et qui rend cool tout petit mouvement de tête cadencé. Car Pigeon Funk, c’est avant tout une électronique craspec, comme l’hypnotique Tufa, Techno rageuse, zébrée de bugs et autres cochoncetés s’incrustant sans cartons d’invitation. Le beat kilométrique, bien parti pour retourner un Dancefloor, se retrouve soulevé par des saturations bruitistes et expé, qui déboulent juste pour foutre le bordel, le sourire aux lèvres. Comme si le Dj, fatigué de faire remuer des clubbeurs en goguette, trouvait marrant de taper sur ses platines toutes les 30 secondes tout en hurlant dans un micro cassé. Le final surpitché et halluciné finira d’achever les plus instables.
Toujours dans le remuage de bassin imparable, on validera le dingue Brukim Lo qui commence dans un bordel noise pas possible, avant de filer sur une 8 bits galopante. C’est marrant, cool, on sirote sa grenadine avec une paille. Mais voila que des beats pachydermiques violent le morceau, qui se transforme en tornade furax. Et quand on repart sur la structure sympatoche du début, une saturation persistante s’agrippe coûte que coûte, pour se transformer en synthé bontempi super con, vite balayé par la bastonnade rythmique.

Même combat pour Bacchanal, imparable ritournelle funk électro dérouillé, au groove affolant, toujours parasité par des incursions cradingues. Le tout fait très Moustache d’Oizo, dans le son comme dans la démarche de flinguer des boucles énorme, de les piétiner, de les rendre malsaine, genre Funk pour Zombie en haillon. Débile mais génial, imparable mais completement fracassé. Parados cassera autant de bassin aliénés que le titre précédant, dans le genre électro Hiphop latino cramé, assortie d’un Mc cracheur de feu.










Mais ce disque Pigeon Funk, c’est aussi pas mal d’aliens, qui jurent, hurlent leur mauvais goût ou leur crétinerie, si on les sort du contexte de l’album. Mais plongés au milieu de pépites électro et dérouillés, ils upgradent le coté frappé du disque, et justifient tout l’apparat drogué qui entoure la galette. Surtout que ces divagations gardent, pour la plupart, gardent ce groove brûlant dont on parlait plus haut. Ce dernier est simplement noyé dans des digressions à peine excusables, mais très souvent bien jouissives.

Dans le lot, The Blue Bus s’ouvre sur une horrible musique d’ascenseur, à s’égorger si ce dernier se coinçait entre deux étages. Mais un free jazz bruitiste et enrayé polira nos tympans à la perceuse, histoire de laver l’affront.
Purple Pigeon se la jouera générique de dessins animés pour gamins dépendants au crack. Bien funky, on claque des doigts en essayant de ne pas éclater de rire à chaque sample façon Hello Kitty sous hélium étranglé par ses propres intestins.
Un peu plus loin, Blues For Raymond nous laissera juste incrédule, avec sa litanie toute guillerette et sa rythmique réglementaire, qui couvre des… euh… des chants ( ??) de personnes soit bourrées, soit mourantes, voir bourrées mourantes. Posez un micro au milieu d’une maison de retraite, et attendez que tous les petits vieux se mettent à chanter en choeurs le générique de Motus, puis lancez une boucle avec votre boite à rythme, et vous y êtes. Cela marche avec des zombies affamés déambulant sans but dans une mégalopole vide et désincarnée, mais la prise de son semble plus périlleuse.

Heureusement, le groupe sait aussi proposer des écrins plus posés, comme Alma Hueco, qui va se la jouer balade latine envoûtante (très beau piano), après une ouverture indus chaotique, ou Not Gonna, et sa boucle assez énorme, chapeautée d’un chant vocodé un peu tristoune, donnant un coté pop au tout. On ne nous épargnera pas les breaks bruitistes dézingués, donnant une impression de “j’ai enregistré le morceau en faisant mes courses chez auchan”


Mais niveau alien, c’est vraiment Pom Pom Yom Pom Pom ( et son marchepied Mise en scène ) qui remportera tous les suffrages, en nous catapultant dans un manège dégénéré, empli de larsens, de cris étranges et d’accordions joyeusement malsains. Le tout change de vitesse, on bascule de la fête foraine attardée à l’attraction cahoteuse et déréglée, en passant par le violon tzigane tire larmes. Le break du milieu est glaçant, fantômes qui te tournent autour de la tête, avant de repartir à fond dans une ronde pour psychotiques à la gueule peinturlurée. C’est le film d’horreur avec le clown qui éviscère les gamins en hurlant de rire, c’est les morts vivants qui dansent comme des cons en tenant des sucres d’orges, c’est les trains-fantômes minables emplis de créatures en cartons cachant un vrai boucher à la fin, qui attends patiemment en léchant sa hache. La conclusion du morceau filera la frousse aux plus téméraires. En fait, l’équivalent de ce morceau, c’est le dernier tiers de Carousel de Mr Bungle, sans les gémissements de Patton. Merci pour le lavage de cerveau.











On peut clairement poser ce The largest bird in the history of the planet… ever ! sur le podium des aliens de l’année 2008. En électro tout du moins. Sous couvert d’une musique étiquetée sérieuse (Avoir Kompakt sur le dos de la pochette ou sortir sous la houlette de Deadbeat et Akufen ), on se retrouve avec un disque qui part dans tous les sens, flirtant avec des limites bien rouges, se baladant au bord du gouffre du bon goût, en se gaussant comme jamais. Electro non minimale à la connerie maximale, cette musique est toujours parasitée, dézinguée et buggée de tous les cotés, dans ses morceaux imparables comme dans ses délires de drogués.

On pense parfois aux excavations de Matmos, dans le genre électro mêlée à des samples improbables. Mais c’est surtout à Mr Oizo que Pigeon Funk renvoie (rien que le morceau Bacchanal, très Moustachesque, en moins expé), dans sa propension à torturer des grooves et des boucles énormes, plongeant le tout dans un écrin ridicule completement assumé. C’est crade, saturé, âpre, ça grince de partout, ça vrille, ça bugge. Mais c’est aussi super drôle, un peu débile et toujours varié.

Bon, les conseilleurs n’étant pas les payeurs, il est difficile de soutenir avec insistance un disque pareil, qui risque de faire fuir autant que de fasciner. Il suffira donc d’affirmer que ce Pigeon Funk est le disque parfait pour ceux qui soutiennent haut et fort : “Oui, je vais en Club avec des moufles et une chemise Titi & Gros minet, et je vous emmerde”











Extraits MP3 :


Pigeon Funk – Bacchanal (Clic droit / enregistrer sous)


Pigeon Funk – Tufa (Clic droit / enregistrer sous)










Pigeon Funk – The largest bird in the history of the planet… Ever !











12 Titres – Musique Risquée
Dat’











dDamage – 100% Hate

Posted in Chroniques on December 22nd, 2008 by Dat'


100% Scriittchfiiizzz







Ah dDamage. Autant de disques que de labels différents. Autant de têtes fracassées que de Lives dans tout l’hexagone. Autant de collab’ improbables que de morceaux dérouillés à la tronçonneuse. Trop sauvages pour les uns, pas assez pour les autres, les frères Hanak ont traversé cette décennie à coup de samples hachés en mille, de cris distordues et rythmes qui implosent.

dDamage, c’est d’abord un chef d’oeuvre absolu, Radio Ape, sur Planet Mu. Ce missile cristallise l’équilibre parfait entre sauvagerie totale et petites mélodies chétives piétinées par des breaks enragés qui saignent du nez tellement ils sont hors d’eux, avec les veines saillantes, l’écume au coin des lèvres, la pelle pour taper sur la gueule et compagnie. Pas étonnant que Paradinas tomba amoureux du groupe en recevant leur démo. Sinon il y avait des cris, des ritournelles pop violées, des synthés qui se brisaient en deux et des larsens cradingues façon ton-oreille-est-cassée-mais-en-fait-non-c’est-le-disque. Un bonheur.

Sinon, dDamage, c’est le concert le plus jouissif des nuits sonores d’il y a deux ans. Le jeu, c’était d’éviter les bières volantes (concert sponsorisé par K-way) en tentant d’apercevoir les Hanak faire des prises de catch au sampler et avaler les micros à force de crier dedans. En plus, il ne fallait pas mourir étouffé non plus, vu que certains essayaient de marcher sur la tête des autres. Dangereux, mais cool.

Alors après, un Shimmy Shimmy Blade foncièrement Hiphop, avec sa liste de guest à filer le tournis, le tout plongé dans un écrin chaotique et évidemment déchaîné, il était temps pour le duo de revenir tous flingues dehors sur le terrain de l’électro violemment cabossée. Tout en essayant, encore une fois, de lui insuffler un je ne sais quoi de pervers, histoire de transformer ces attentats en petites bombinettes explosives. C’est sous un Artwork dans ta gueule assez énorme de Raoul Sinier, collant parfaitement avec ce que l’on risque de trouver au sein de l’Ep, que ce 100% Hate déboule pour égayer un hiver morne et froid.



















K2000 dans une machine à laver, traînée derrière un camion sur l’autoroute. C’est un peu ça 100% Hate. Une ligne un peu rétro, méchamment entraînante, qui se retrouve parachutée en 2056 sur un terrain de football américain où les robots armés de fusils à pompe ont remplacé nos potes de The Faculty. Imaginez le Testarossa Autodrive de Kavinsky passé dans un mixer devenu fou après avoir croisé le chemin de Cyanure, allongé sur des rythmes saccadés et criards. Ceux qui s’attendaient à de nouvelles incursions dans le hip-hop dérouillé peuvent sortir les mouchoirs, c’est à bord d’un vaisseau spatial tournant ad vitam æternam autour d’une boule à facette pleine de coke que le groupe nous envoie cette fois ci.
Plus concrètement, le titre se développe sur un synthé épileptique et un rythme bien sourd, saturant à chaque coup, pilonnant des petits bruits de lazer qui font piouuu piouuu et des zébrures qui font prrffrrr prrrfrrr. C’est imparable, dansant (si si) et ça fait du bien de réentendre le groupe sur quelque chose de plus frontal, de plus direct, sans évidemment laisser dans le placard toutes les anfractuosités cradingues imputables au duo. Un morceau pour club oui, mais en pleine démolition.

Jb Savage sera tout aussi dangereux pour les hanches et les nuques, avec le rythme qui réveillerait un mort, ses crissements directement sortis d’une usine transformée en Saturday night fever, le tout chapeauté par une mélodie simili-8bits. On croirait le morceau continuellement attaqué par une perceuse, tout en étant secoué par des vibrations énormes. Le dernier tiers péte de partout, se cabre, crisse, explose… ça risque de faire tres mal en Live et cela peut servir de décongestionnant veineux.


Drom Dem Bitches nous jettera sous un rouleau compresseur poisseux, toujours aussi effrayant, tressautant dans tous les coins à chaque beats. T’as l’impression d’être dans un siphon, destination les sous-sols d’une mégalopole futuristes où des tarés camés jusqu’à l’os se trémoussent grâce à un Dj qui s’amuserait à mixer avec une scie sauteuse. Le métronome est completement décomposé, les saturations rendent fou. D’ailleurs je vais peut être me faire huer pour la comparaison, mais ces lignes crades, ces bruits blancs dynamités, le tout placé sur une structure affolante me rappelle une facette d’Electrocaine de Pills. Même travail sur la saleté, sur ces saturations contrôlées, même envie de faire danser et de perdre la tête sur des sons cradingues et révulsés. Sûrement le meilleur morceau de l’Ep.
Au final, seul Pull The 303 Plug calmera les machines (tout est relatif) en balançant un morceau aux teintes Acid, avec son rythme bien sautillant et ses bleeps partant dans tous les sens. Pas dingue, mais cool quand même.










Au final, c’est assez compliqué de parler de dDamage. Il était difficile de faire comprendre que sous ses aspects de fou furieux, Radio Ape était un petit diamant d’une rare profondeur. Difficile aussi d’illustrer que sous la liste de feats impressionnantes qu’il y avait sur Shimmy² Blade une usine sonore en train de se recroqueviller sur elle-même.
Pour 100% Hate, c’est un peu le même problème. On serait tenté de dire que certains plages, comme le morceau titre, ou Jb Savage sont des gros tubes près à retourner n’importe quel Dancefloor. Sauf qu’ils font fondre le cerveau dans le même mouvement. Balancez ça dans un espace public, et vous entendrez tout le monde hurler à la mort.
Tigerbass, la subdivision plus frontale de Tigerbeat6 (le label de Kid606, qui avait déjà accueilli le duo pour leur Ep Ink808) ne s’y est pas trompé, en sortant là une galette qui risque de cramer plus d’un bassin. Bref, on retrouve avec plaisir dDamage, en espérant un futur long format avant la fin du siècle.


Pour le coup l’Ep ouvre une facette plus directe du groupe, étonnante au départ, mais super plaisant au final. D’autant plus que le duo ne délaisse évidemment pas le rôle des pyromanes déglingués qu’ils occupent si bien, l’électro remixée à la perceuse et le coup de talon dans le nez. Mais aussi les roulades par terre avec les yeux exorbités sur un sol puant la crasse et l’alcool, les murs démolis à coup de masse, les bières qui volent, les crises d’épilepsies et les vertiges à cause d’un son trop fort. Tous les petits bonheurs simples de la vie.



Parfait pour les fêtes, histoire de jeter de l’essence sur le sapin pour danser autour, des lumignons enfoncés dans le cul et pleins de guirlandes bien serrées autour de la gorge.












4 titres – Tigerbass
Dat’