A Place To Bury Strangers – Exploding Head



Freak From Desire





Il y a des disques qui semblent avoir été créé pour vos oreilles. Pas de surprise en les écoutant, n s’avait à quoi s’attendre, et on prend violemment son pied car le tout s’adresse directement à votre coeur, tout en s’escrimant à nous foutre des coups de talons dans la gueule. Le premier album d’A Place To Bury Strangers était tout tracé pour pétrir ma colonne vertébrale, ce qu’il avait fait sans sommation. Une galette incroyable, affolante, mais difficile à encaisser d’une traite.

Mais pris au bon dosage, cet amas supersonique grisant et crissant posé par ces 3 New Yorkais pouvait clairement se poser comme l’un des renouveaux d’un Wall-Of-Sound qui avait bien besoin de se retrouver de nouveau sur le devant de la scène. Plus âpre et moins policé qu’un The Pains of Being Pure at Heart, et mieux branlé/moins branle-couilles qu’un Wavves, APTBS a joué avec mon impatience en annonçant son nouveau Exploding Head, qui promettait de cadrer les débats sur 10 gros titres façon réacteur de 747 en pleine gueule. Mais beau et mélancolique, le réacteur, tant qu’à faire.













Le groupe n’a en tout cas pas changé son gout pour les pochettes moches et minimalistes. Le packaging semble toujours sortir d’une photocopie de l’arriere du magain, genre le vendeur veut se faire de l’argent de poche en remplaçant les cd neufs par des Cdr. Il n’a même pas pris la peine de faire les photocopies en couleurs, l’enfoiré.


Le disque, lui va démarrer sur les chapeaux de roues, et convier tous les éléments inhérents à APTBS : Guitares étirées en mode shoegaze, ligne de basse folle, chant nonchalant, batterie métallique et saturations electro qui s’envolent. It’s Nothing va pourtant imprimer une petite évolution dans le son du groupe : (un tout petit peu) Moins radical. Les morceaux ne sont plus des océans Noise dans lequel se noie une litanie pop, mais plus des compos évidentes qui se retrouvent dérouillées par des assauts ultra cradingues. (On va dire que le groupe a privilégié une direction prise parfois sur le premier opus, comme sur I know i’ll see you, et moins les pétages de plombs absolus).
Sur l’ouverture d’Exploding Head, le premier riff entendu est imparable, incroyablement jouissif, et envoie notre cerveau valdinguer contre les murs en dix secondes. La voix, bien que semblant toujours au bord du suicide, balance un truc que l’on pourrait chanter sous la douche après avoir foutu 3 doses de Cocaine dans ses miel-pops. Attention, morceau imparable et structure identifiable, certes. Mais on a toujours la preuve que le leader du groupe maitrise bien son business à distortion (le mec à une entreprise de tuning/modification de pedales à effets, un truc dans le genre, et l’on peut aisément comprendre que les clients en ont pour leur argents en écoutant les disques du groupe) car le tout est noyé dans des reverberations qui fileraient la trique à un Kevin Shields.

A dire, vrai, c’est le single In Your Heart qui m’a foutu la première mandale du disque, et qui m’a fait accepté sans peine la tournure nouvelle du groupe. Non mais ce riff de départ, sublime, cristallin, défoncé. Donnez moi ce riff, je veux le chérir, le cajoler, le faire gueuler, je veux tuer mes voisins avec. vlan, la batterie est sèche comme la mort, les le chanteur lance un couplet affolant, tubesque. Qui tient autant de la pop que d’une New-Wave anémiée. Le refrain est incroyable, hymne de stade pour drogué, les spectateurs se mutilent et s’arrachent les intestins pendant la mi-temps. Et au milieu du titre, cette guitare incroyable va s’envoler toute seule, dans un solo qui me fout les boules à chaque fois, la colonne cisaillée en mille-morceaux. Le titre repart dans sa course effrénée, tentant d’éviter le déluge noisy qui pointe, et qui va tout embarquer dans les 30 dernières secondes, avec un final épico-noisy qui à rasé mon paté de maison à la première écoute. A fond. Tube énorme. Ouai les références pleuvent, ouai ça ressemble trop à [insérer-un-nom]. Mais bordel, quand aussi jouissif, pas de problème, je tend la joue pour me prendre le coup de coude.
Tu n’es même pas à la moitié du morceau que tu as déjà pris la bouteille de coka pour micro, et que tu te mets à sauter dans ton appartement en gueulant des lyrics incompréhensibles. Casser ses meubles avec APTBS, un bon hobby.

Dans le genre merde-j’ai-avalé-mes-lunettes-en-faisant-du-Headbaging-tout-seul-comme-un-con, Dead Beat se pose en challenger de poids. S’il n’a pas la beauté froide du diamant décris juste au dessus, il se pare d’une introduction de folie, qui n’est pas sans rappeler certains exercices des zozos de Christine23Onna : Ligne de basse Tarantinesque dérouillées par de grosses zébrures electro-noise, genre rockabilly psyché vs Terminator. Le chanteur à pas l’air content alors il dit des “what the fuck, don’t play with my heart” pendant que le tout se soulève histoire de vous crever les tympans. Imparable. (arf déjà dit, l’adjectif risque de revenir souvent).

Sans oublier le monstrueux Everything Always Goes Wrong, avec son mur de guitare crachant comme cents dérapages au frein à main, et des couplets impara… (merde, chié). Le break du milieu, entre rythme militaire et guitares folles, avant une montée mélodique incroyable, finira d’éclater les mâchoires. On aura même le droit à des titres plus pop-shoegaze comme l’excellent Exploding Head ou l’oubliable Smile When You Smile (qui peut certes de pavaner au moins pour sa fin en or)








Mais mais mais mais mais, où sont les cathédrales noisy-pop-indus-ultra-crades du premier opus ? Où sont les crises de nerf à la To Fix the Gash in Your Head, qui ferait passer Machine Gun de Portishead pour la Bo d’un Pixar? Ben déjà, elles étaient pas mal presentes sur les titres ci-dessus, censé être calmes. Ne pas s’inquiéter, le petit cousin sera de toute façon traumatisé.

Reste que pour nos morveux les plus récalcitrants, APTBS a pensé à nous. Lost Feeling sera le premier à parasiter les neurones, même si le titre semble au départ presque posé, avec son rythme tribal, son chant toujours lymphatique mais bien mis en avant (la voix est moins noyée dans le bruit sur ce disque, d’une maniere générale). Ca avance bon an mal an sur deux minutes, même si l’on sent le tonnerre gronder, une guitare s’évertuant à rugir en fond sonore. Et quand on commence à s’habituer à cette machinerie claudiquante, une saturation géante, par deux fois, nous prend par les cheveux et nous jette à terre, en n’oubliant pas de nous peler la gueule en la frottant sur le goudron. Le pire, ce’st que cela reste super beau, et jamais “violent”. Dur, âpre et assourdissant, oui. Mais douloureux, jamais. Au contraire, les soulèvements, vous caressent, câlinent, avant de vous étrangler et vous écraser. On voit pas venir le coup de grâce venir, et l’on prend son pied jusqu’à la limite sonique tolérée.

Ego Death en sera bien plus sombre, avec chant calme et guttural, violé par une batterie indus, et surtout une gratte qui ne se maitrise plus, qui laisse échapper les soubresauts avec des effets de folie, avant qu’un Tgv noise vienne rouler sur le morceau, histoire de l’envoyer dans l’espace dans un décollage tonitruant. Roller-coaster de la saturation shoegaze, les deux dernières minutes agissent comme un typhon passant dans le casque. (Par contre si l’introduction n’est pas un copier/coller du “New kind of kick” des Cramps, c’est que j’ai perdu une oreille)

Le groupe a d’ailleurs gardé sa plus grosse cartouche pour la conclusion du disque grâce à I Lived My Life To Stand In The Shadow Of Your Heart. Là ce n’est même plus une explosion sympa ou un mur du son qui accroche. Non, APTBS décide carrément de te passer les tympans au napalm. Pourtant, au départ, ils jouent les malins en balançant une première partie imparable (…), entre guitare cradingue de folie, batterie en mode hystérie et chant toujours aussi anémié, mais incroyablement accrocheur. Bref, le morceau est une tuerie, pendant 3 minutes, on se prend un tube ultra crade dans la mâchoire, on saute partout et on se casse des bouteilles de bière sur la tête. Mais le morceau part dans un tunnel presque minimaliste. La guitare est presque seule, on sent, vu le coté empressé du tout, que quelque chose va nous sauter à la trombine.
Mieux, c’est carrément la terre qui nous avale, le building qui nous tombe dessus, le tapis de bombe. Une énoooooooorme saturation nous écrabouille, écharpe, déchire. (je me suis même surpris à lâcher un “oh putain” dans le métro). On en sait même plus si c’est des guitares ou des machines qui hurlent, nous tabassent, nous brule, on se retrouve dans une capsule noise affolante, renversante, qui nous fait sauter la tête, pendant que nos tympans montent au rideau. Cette fin de morceau, c’est quasiment légitimer l’album en son entier. Nous avoir fait courir dans des nuages métalliques et mélancoliques, pour nous surprendre et nous écraser sur la toute fin. Ecraser. C’est surement le mot parfait pour définir ce climax, cette conclusion. Qui nous balaye, lamine, terrasse.










Difficile d’être objectif, ce disque de A Place To Bury Strangers étant presque du fan-service pour moi, regroupant tous les éléments que j’adore plus que tout dans cette musique : Mur du son impressionnant, rythmes crevés, saturations (in)contrôlées, mélodies mélancolico-chialantes, envolée shoegaze, et petites fragments de pop complètement concassés au milieu du chaos. Car se sont ben des tubes que le groupe salope, détruit, implose. APTBS pourrait tourner sur Mtv, mais ils semblent trop adeptes du suicide sonore pour s’en occuper. Car entre l’incroyable In My Heart, le drogué Dead Beat, le génial Everything Always Goes Wrong, ou la fin complètement orgasmique de l’album, on peut dire que le groupe ne se refuse rien, et semble vraiment exceller, sans jamais trop en faire, ni prendre pour finalité de cracher du bruit pour cracher du bruit. (Il faudra faire par contre le choix d’une bonne sono ou d’un bon casque, le disque étant insupportale sur les enceintes crachotantes d’un ordi portable par ex…)

Certes, il y a pas mal de groupes ces temps ci qui surfent sur un revival guitares crades / pop noisy / compos saturées. Les textes pourront aussi en énerver certains, typiquement shoegaze, avec des histoires d’amours qui vont pas, des coeurs brisées, des canettes vides et des cheveux qui bougent au ralenti sur un travelling de soleil couchant la vie c’est trop dur. Mais pour moi, avec Exploding Head, le groupe compile tout ce qui peut se faire de mieux dans le genre, et recrache une copie quasi-parfaite, ultra digeste (risque du genre), et ne faisant jamais l’impasse entre la vraie fureur noise et la mélodie pop, trouvant l’équilibre absolu entre les deux entités.


Grand disque, superbe et jouissif comme la mort. Mind-blowing, comme dirait l’autre.












A Place To Bury Strangers – In Your Heart













A Place To Bury Strangers – To Fix The Gash In Your Head (premier album)











10 Titres – Mute
Dat’










  1. cardiattack, visiteur Says:

    Yeah, une nouvelle critique pile-poil avant que j’aille me coucher (merci la nuit blanche). Ca a l’air assez dément quand même, mais j’aime beaucoup “In Your Heart”.

    Au fait, aura-t-on le droit à une rétrospective 2009 de ta part ?

  2. funky5, visiteur Says:

    petite info en passant LES GOURMETS on sorti un album en telechargement libre “tout doit disparaitre”
    http://www.gourmets-music.com
    SYMPA

  3. Dat' Says:

    Cardiattack ==> Effectivement, belle nuit blanche vu l’heure de ton post…
    Si tu aimes In Your Heart, tu devrais apprécier le disque…

    Sinon yep, la sempiternelle bonne grosse rétrospective est dans les rangs !! Pour tout début janvier, l’année n’est pas encore finie ahah. (Jamais trop pigé les top qui paraissent fin novembre d’ailleurs…)
    Cette année 2009 a été vraiment énorme pour le coup…

    Funky5 ==> Yep, justement, je vais en parler de ce nouveau Gourmets… dans la rétrospective… !

  4. Aeneman Says:

    C’était excellent en concert. 100dB (hu…) et mon disque préféré de 2009.

    Bon bah voilà au moins j’ai pas besoin de le chroniquer tu l’as fait ^^

    Par contre je le trouve moins abrasif que le premier mais vachement plus catchy et entêtant. Et puis cette dernière piste… j’adore.

    Enfin…si Jesus & Mary Chain s’était accouplés à Kevin Shields nul doute que ce disque serait leur progéniture…

    Ah PUTAIN et ce final quoi LOL WUT xD…la dernière fois que j’ai fait écouter ce titre à des potes il m’ont demandé si la chaîne hifi était grillée ou si le son déconnait mdr…

    A plus mon brave.

    ps: toujours au Japon toi?

  5. Aeneman Says:

    Si t’as au fait d’autres disques de ce calibre dans ton calbut et aussi bruitistes, je suis preneur dude hein!

  6. Aenem', visiteur Says:

    110 dB je voulais dire…

  7. Dat' Says:

    Oui, c’est un peu ça… Moins abrasif, mais clairement imparable !
    On va dire que le coté “pop” du groupe est un peu moins noyé dans les larsens… même si ça reste toujours le gros océan crade.

    Dans le genre imparable-shoegaze-noisy, il y a le dernier Fuck Buttons qui vaut vraiment le coup d’oreille. Et pour reprendre ta phrase, comme APTBS, ils sont moins abrasifs et plus entêtants sur ce nouveau disque ahah… (moins noise, bcp plus shoegaze)

    Bon par contre, les concerts/club à 250dB, pour le coup, je trouve ça assez con… (Un peu comme Dalek par ex)
    Un truc à s’arracher les tympans pour la vie ça…

  8. Aeneman Says:

    J’ai pas dit que fouttre le concert à 110dB c’était intelligent, mais là sur le coup c’était le volume “idéal” pour ce type de musique. Après je te dis pas que si c’était plus haut je serais pas sorti de la salle hein..

    Hmm le dernier Fuck Buttons tu dis? j’avais pas trop apprécié le premier…je tenterai de filer une chance au second alors, thanks du conseil! 🙂

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