Ra Loves You







On ne va pas réécrire un Pamphlet sur RA qui nous a déjà impressionné en ce début d’année avec son album Wxfdswxc2 chez Sublight, qui reste pour le moment LE disque à ne pas rater en 2007 pour tout amateur d’électro bien ravagée. On ne reparlera donc pas non plus de son talent de designer/graphiste tout aussi explosif et immanquable que ses compositions musicales.
Bizarrement, Planet-Mu, le grand label de Mike Paradinas, Venetian Snares, Shitmat, Vibert et compagnie, sort un disque avec pour titre vedette Ev.Panic, titre pourtant présent sur le premier album de RA, « Raoul Loves You » sorti il y a plus de 3 ans.

Pour récupérer un artiste qui a tellement de talent que le laisser sur Sublight ne lui rendrait pas grâce ? Car le boss du label d’origine de RA, Coredump, s’est malheureusement envolé trop tôt, et qu’il était bien dommage de laisser ce disque orphelin, une sorte d’hommage ?

Reste que Planet-Mu se débrouille pour sortir ce Ev.Panic redone en édition vinyle (sublime) ET disque (avec deux titres de plus)















Comme à l’accoutumé, les éditions vinyles sont bien plus difficiles à trouver, on se rabat sans regret sur le Compact disque, gratifié de 2 titres supplémentaires et d’un petit livret. On se répétera mais le travail graphique de Ra pour habiller ses disques est encore une fois superbe avec ces créatures cauchemardesques et pourtant presque attachantes.
Mais Ev.Panic Redone, au final qu’est-ce donc ? Le morceau original donc, agrémenté de plusieurs remixs tout frais, dont ceux de dDamage, Venetian Snares ou µ-zic, plus deux titres inédits. De quoi se rassasier pour quelques temps donc.









Malgré ses 3 ans d’age, Ev.Panic n’a clairement pas vieillit. Autour de voix cutées au maximum, des basses lourdes s’infiltrent pour donner un air assez sombre au tout. Mais très vite tout se brise, pour voler dans un éclat de sonorités cristallines surplombées de scratchs discrets… Sombre sans s’appesantir, sans être lourdingue, on reconnaît immédiatement la patte de RA sur ce morceau sans même l’aide de cette fin flirtant avec le bordel sonore, avec ce « cri » de machine assez caractéristique du bonhomme. Morceau qui donnera bien évidemment envie de se plonger dans son premier album qui contenait cette pièce maîtresse.


Niveau patte sonore, on ne sera pas décontenancé par le son de dDamage, qui remix ici le Ev.Panic en utilisant ses échantillons habituels : Son bien crade, Synthés dégueulasses et rythmes au bord de l’implosion. Rien de bien marquant, mais cela reste très agréable à écouté, avec ce soulèvement des machines en conclusion faisant penser au petit chef d’oeuvre du groupe, « Radio Ape ». Une question reste néanmoins posée : pourquoi avoir calé en fin de piste un sample de notre maître à tous, le Roi Heenok ?


La bave au lèvre, le remix de Venetian Snares se fait attendre (Pas besoin de rappeler que je guette chaque apparition de ce gars comme un mort de faim). Et comme prévu, mieux vaut éloigner les enfants des enceintes tant le tout transpire la destruction contrôlée. On pense même à un Windowlicker en son début, avec ce mélange de voix malsaines et de sons distordus… Mais Aaron funk est bien moins sage que son compère des Cornouailles, et le titre tombe vite dans un trip complètement saccadé, sans véritable structure apparente, mais jouissif au possible. Windowlicker était un Puzzle que Venetian Snares a balayé d’un coup de pied rageur.


L’édit de RA sur le même titre ( Ev.Panic Ev.Terror Edit ) sera le seul à ressembler plus ou moins au morceau original. Enfin en apparence, tant le titre se met à exploser, crisser, hurler de toute part à chaque montée d’origine. On a donc un Edit plein de rage, complètement malade, qui supplante l’original, à faire saigner toute oreille présente dans un périmètre donné. Effarant et indispensable pour les amateurs….
En passant le morceau à fond, on a enfin trouvé une nouvelle méthode sympa pour tuer les chatons à la naissance.










Mais le disque n’est (heureusement) pas fait que de refontes d’Ev.Panic et propose donc deux inédits :

Le cimetière des éléphants tout d’abord, qui renoue avec le coté Hip-hop de RA. Gros Beat caverneux à fêler les vitres, mélodie fragile en fond, et suintements robotiques rendant le morceau presque « vivant ». Des simili-orgues massifs se mettent à grouiller donnant un aspect presque militaire au tout, le tout bardé de scratchs mutants. Et le titre va monter en puissance pendant tout son déroulement, pour attendre un final avec une intensité qui en cassera plus d’un.

Quand à Mother Slug c’est un parachutage direct dans son dernier album, avec cette ambiance ultra étouffante, où les machines semblent hurler de douleur, ces beats complètements cassés, qui s’enroulent sur eux même pour mieux gicler sur les murs. La mélodie claudicante, façon veille fanfare de manège abandonné, rajoute un coté gravement malsain et hésitant au tout.









Mais, si l’on fait ici le compte, il manque un titre. Ce petit dernier, c’est encore un remix de Ev.Panic, par µ-Zic AKA Mike Paradinas AKA dieu-sur-la-terre. Et autant l’annoncer sans attendre, il est juste grandiose. Mais surtout très étonnant. Lente marche électronique, où le sample de voix cutées refait surface, laisse supposer une construction en mille-feuille, avec un beat bien lourd et surtout des synthés puant le cadavres, fantomatiques et désincarnés au possible. On sent pointer l’ambiance de son album à venir, Duntisbourne Abbots Soulmate Devastation Technique (Enfin sur les maigres extraits qui ont été savamment distillé pour le moment) et ses fresques bien plus calmes et introspectives. Le tout reste juste superbe. Mais la surprise ne tarde pas à venir : Le sample vocal est tout à coup placé « en entier », sans modification. Tiens, c’est du français. Pour se rendre compte rapidemment, les yeux écarquillés, que la partie vocale bizarroïde que l’on entend depuis le début du disque n’est autre que le refrain de l’ultra kitsch titre « Eve leve toi » de Julie Pietri !!! ( Eve lève toi et danse avec la vie / L’écho de ta voix est venue jusqu’à moi )
Et je peux vous dire que d’entendre une Julie Pietri légèrement pitchée noyée sous des claviers sépulcraux et des baffes bien crades, ça vous rend juste mal à l’aise. Le morceau se mue en un espèce d’Alien malsain, oscillant entre beauté absolue et peinture morbide, voir perverse. Une longue descente après une fête débauchée, qui tourne au bad trip presque cauchemardesque. Le tout sur plus de 8 minutes. Merci Mike, on n’aura pas besoin de prendre des drogues ce soir.












Levons déjà une inconnue, en étant couvert s’il vous plait, mais contrairement à pas mal de disques « remix d’un titre» dans le genre, ce Ev.Panic Redone peut s’écouter d’une traite sans trop de problème, les remix tranchants clairement avec le morceau originel. (Excepté le Ev.terror edit, qui est « juste » une version façon nitroglycérine de son grand frère) Bon point. D’autant plus s’il l’on apprécie l’univers bien particulier de RA. Pas trop de redite donc…
Il pourra aussi donner envie à certains de découvrir le premier opus du bonhomme, Raoul Loves You d’où est tiré la première version de « Ev.Panic ».

Ev.Panic Redone peut être considéré donc comme un Bonus quelques mois après la sortie de l’incontournable/indispensable Wxfdswxc2 (Hesitez pas à sauter dessus). Et imprime bien profond par la même occasion que RA est un type sur qui l’on va (doit) compter dans les années à venir pour secouer un peu la musique électronique hexagonale.





Rien n’est plus plaisant que de torturer ses machines le sourire aux lèvres.










PS : Fuck, Sublight Records ferme ses portes. L’un des plus bouillonnants labels de musique électronique s’en va. R.I.P Sublight.









7 titres – Planet-Mu
Dat’

This entry was posted on Wednesday, July 4th, 2007 at 8:38 am and is filed under Chroniques. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0 feed. You can leave a response, or trackback from your own site.