Long Time No See
Seekae – Test & Recognise
Seekae, c’était un peu le meilleur album de l’année 2011, il est toujours bon de le rappeler. Puis il y a eu un single très pop l’année dernière, confortant le virage plus conformiste (mais néanmoins qualitatif) à venir des australiens. Enfin, le vide. Jusqu’à cette semaine, avec un nouveau single, pour un Lp qui semble poindre rapidement. Toujours dans la roue de Mount Kimbie, le groupe se met à chanter pépère sur des instrues plus cadrées. Enfin, ça c’est pour la première minute, parce que le morceau part vite dans une pop-uk-psyché presque violente, entre élucubrations Clark-iennes et bugs non identifiés. C’est jouissif, surprenant, puis beau, avec une conclusion que l’on aurait aimé entendre pendant de longues minutes encore. On s’attendait à quelque chose d’assez policé, on se retrouve devant un craquage en règle, émo et drogué. Rien de mieux pour introduire un LP, confiance gagnée.
123mrk – Versatile
Ce gars là, tu as pu le croiser au détour d’un Grems. Il avait signé certaines des plus belles instrues de Buffy Ep avec Djay et Buffy justement, (qu’il va falloir que je chronique un moment ou un autre). Future Classic, toujours sur les bons coups, sort un Ep du français pour le printemps, et dieu que c’est bon. Ouai ouai, des morceaux uk-pupute-émo-voix-pitchées, il y en a plein mes Selector. Mais à chaque fois, et encore plus ici, c’est papillons dans le ventre et cœur plein de larmes. Parce que ce Versatile de 123mrk est beau, pur, dansant. Tu t’attends à une track bien cool, du garage lumineux et souriant, mais tu fais vite face à un break venu de l’espace, entre complainte désespérée d’un camé et une lettre de rupture candide, pleine de légèreté. Fumer du crack en conduisant à l’envers sur une nationale, les psychotropes sont mes ennemis puis mes amis, fais moi un baiser, c’est l’amour, le vrai.
Sky Ferreira – You’re not the one (Cid Rim remix)
Oui, deuxième fois que l’on trouve Sky Ferreira dans un Selector, mais que voulez-vous, on pardonnerait tout à cette jeune droguée pour l’attitude. Mais ici, point de divagation slutty-rock ou pop crade de stade, on part sur un remix beau comme le jour de Cid Rim, pour un abstract hiphop léger et éthéré comme on n’en fait plus depuis la fin de Depth Affect. Car c’est irrémédiablement au duo français que l’on pense en premier lieu à l’écoute de ce You’re not the one. Synthés mélancoliques et tout mignons, chant qui part en vrille, mélodie du bonheur, refonte parfaite, pleine de détails, la réussite est totale.
Hecq – Steeltongued (Raoul Sinier remix)
Ca faisait longtemps (toute proportion gardée) que l’on n’avait pas eu de nouvelle de Raoul Sinier, après un putain d’album bien épique. Et voilà que le bonhomme déboule de nul part pour tabasser tout ce qui bouge avec un Lp de remix, glanés au fils des années. Il y a des refontes connues, d’autres inédites, et surtout ce remix de Steeltongued qui m’était inconnu. C’est ici que l’on retrouve le Ra chef de guerre, le Sinier qui écraserait une ville entière avec un seul putain de synthé, la progression inhumaine et mélodique. Car tout est une histoire de mélodie, pachydermique, glaçante, mélancolique. Un morceau qui n’a pas besoin d’ultra violence pour foutre des beignes, tenant un équilibre difficile, entre émotion et crise de nerf. Tu me diras que c’est ce que Raoul sait faire de mieux, et tu sais que je vais répondre par l’affirmative. Mais l’exercice du remix est parfois casse gueule, souvent inintéressant. Alors quand une track de la sorte arrive à te prendre la gorge et te vriller la colonne, tu te plies en deux pour saluer le retour de l’empereur.
Powell – So We Went Electric
Transformons nous en zombies, et bouffons nous les uns les autres. Se faire sauter le caisson au milieu du monstre foule, asperger les visages avec sa crasse. Ce morceau de Powell, c’est un peu comme écouter du Mr Oizo pendant un crash d’avion. C’est un attentat funky, un sacrilège dansant. Un japonais fou à Shibuya qui passe un tournevis sur un tourne-disque, mais en remuant du bassin sur du Donna Summer. C’est incompréhensible, mais ça te fait bander dans le même mouvement, à l’instar de pas mal de vidéos bizarres peuplant l’internet. Ne lance pas cette track sur ton sound-system tout neuf, ça risque de flinguer directos. J’ai passé pas mal de temps dans mon garage, à taper sur le capot de ma bagnole avec une clef à molette, avec le moteur tournant à plein régime : cela ne sonnait pas aussi bien que So We Went Electric.
Mike Paradinas – Trancework
Le Footwork, c’est très cool. Mike Paradinas, c’est bien sympa aussi, surtout quand on sort un des albums de l’année. Et puis la vieille dance pupute, c’est la madeleine de Proust, la larmichette mélancolique, le bonheur du passé encore trop présent. Alors quand Thump pointe un mix de Paradinas spécial footwork x tube dance trance des années 90, ben tu tombes à la renverse. Tu te dis que le monde est tellement bien fait, qu’il y a des choses dont tu as rêvé, et U-ziq l’a fait. C’est émo, c’est épileptique, c’est tout ce que j’aime dans cette juke éthérée, loin d’être violente mais parfaitement secouée, avec ses moments épiques, ses remix insensés (ATB…) et ses retours vers le passé sortis de nul part (Da Hool qui arrive dans le mix sans frapper à la porte). Difficile de décortiquer ce mix, qui aurait presque pu avoir droit à une chronique entière. Allergiques au genre, partez en courant. Pour les autres, c’est le bonheur absolu, débile à s’en damner, le fan-service inattendu, la sanction inévitable. Une des mixtapes gratos de l’année.
Sick Team – Addiction
Que Sick Team soit le meilleur groupe japonais en activité, ce n’est plus une éventualité. Que Sick Team ait disparu dans les backs depuis 3 ans, c’était par contre plutôt dommageable. Malheureusement, pas de vrai album en vue, Sick Team II étant un gros disque oscillant entre titres inédits et remixes de morceaux déjà connus. Sauf que dans les inédits, tu as toujours ces putains de beats incroyables de Budamunk, coupés et secs à l’extrême, impossible à gérer pour toute nuque digne de ce nom. Sans compter le flegme d’Issugi, et le swag improbable de 5lack. En point d’orgue sur cet Addiction imparable, meilleure track de II, et parfaite introduction à un group(uscule) qui ne finira jamais de nous étonner.
Samaris – Viltu Vitras
Je n’y connais rien en musique techno venue des neiges, si ce n’est quelques disques attrapés au hasard, aux grés d’internet pérégrinations. Oh, il y avait bien le Yagya, assez décevant, avec ses voix pas toujours heureuses. Alors quand on me soutient qu’il faut écouter des nordistes susurrer sur de beaux synthés deep, je serre les dents, et tente de trouver une excuse. D’autant plus qu’il y a des instruments à vent pour habiller le tout. L’horreur. Sauf que c’est super beau. Tout en retenu, plein de classe, de chaleur. Le chant est parfait, pop chétive, ritournelle entêtante et facile à chanter sous la douche, même si l’on y pige rien. La demoiselle est clairement mignonne malgré un clip en stop motion à bannir. Et ces claviers, ces refrains, c’est parfait. Jamais entendu parlé de Samaris, mais avec un single pareil, l’impression est forte, bien que timide et discrète.
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