King Creosote & Jon Hopkins – Diamond Mine

Posted in Chroniques on March 30th, 2011 by Dat'


And not much sleep



A dire vrai, j’avais presque envie de coller, en introduction, mon article précédant, parce que je ne sais pas trop quoi dire d’autre en ce moment. Pour faire un point niveau musique, les disques n’arrivent plus en magasin à Tokyo (normal) et de toute façon ces derniers sont fermés avant même que l’on sorte du taff. Depuis quelques jours, vu que le rythme de vie reprend son déroulement normal, j’ai un peu plus de temps pour réécouter de la musique. Pour m’y réinvestir aussi. Hâte de me refoutre dans les photos aussi, même si les premières grosses soirées risquent d’être étranges. Ecrasés par les basses dans un club, on ne sentira pas, au moins, les répliques incessantes. Bol d’air.

Evidemment, je voulais parler du nouveau Burial, mais Hyperdub semble toussoter pour la sortie de ce dernier, qui devait être dispo aujourd’hui en digital. Il ne le sera que dans la semaine selon le label. Le format Ep, ça me va pour le moment, toujours pas vraiment le temps de me fondre dans un disque entier. Même si le nouveau Grems et le Alexi Perala aka Astrobotnia me font de l’œil. Et voilà que je tombe sur une news parlant d’un disque d’Hopkins, qui avait marqué tous les cœurs férus d’electronica avec son précédant disque, en duo ici avec un certain King Creosote. Je sens que cela va me faire chier, mais je clique quand même, j’écoute, je chiale.






Bon, on va évacuer deux trois trucs d’emblée. King Creosote, connaît pas, jamais entendu parlé. Le disque, il est surement sorti en LP, mais vu qu’il est impossible de trouver de la flotte au Japon, je pense que pour les nouveaux disques, il va falloir attendre belle lurette. Donc itunes, emballé c’est pesé, pas d’avis sur le packaging. Mais comptez sur moi pour craquer dès son arrivée en magasin. En plus le disque est méga court, 7 titres, pour 32 minutes au compteur, on ne va pas s’étouffer en le bouffant.

Bref, vu le duo, je m’attendais à de la pop-electronica sans prise de risque. C’est un peu ça, mais c’est encore mieux. First Watch nous emmène dans un troquet de campagne, joli field recording, notes de pianos à tomber. Tu sens que tu ne vas pas te marrer, mais en même temps tout est aérien, léger, jamais pesant. Et Tim Creosote déboule sur Jon Taylor’s Month Away. Voix pure, mais un peu raillée. Le minet qui aurait trop bu de bière et fumé trop de clope. Qui fait le beau sur la place du village avec sa gratte, mais qui en a gros sur la patate. La guitare, elle crachouille, engourdie, graduellement avalée par un orgue électronique du plus bel effet, avant de revenir accompagnée de nappes cristallines. Le travail sur les sonorités est assez incroyable, d’une préciosité absolue. Mais surtout, le truc donne envie de crever tellement les mélodies sont belles. Quand le titre s’envole en son milieu, c’est la colonne vertébrale qui se retrouve complètement séchée par l’émotion. Attention, pas l’envolée de zozo à grand renfort de violons cramés. Tout est dans la retenue, avec chœurs d’anges discrets, claviers plus appuyés.  La conclusion s’enfonce dans un bruit blanc, avec des chœurs qui reviennent en fond sonore, c’est putain de sublime, ça m’a littéralement raillé la gueule. Et dieu sait que ces temps ci, on est tous sur la brèche, alors un truc pareil, ça te cible directement le cœur, et ça s’agrippe jusqu’à ce que tu craques.

Plus loin (enfin pas à des kilomètres non plus, vu le nombre de morceaux), il y a Running On The Fumes, folk-song funèbre, désabusée, pure, paradoxalement pleine d’espoir. Avec cette voix, cette guitare, et tout ces petits bruits non identifiés. Ces frémissements électroniques, ces nappes qui te baisent le moral, cette richesse folle, ces hululements célestes hallucinants. Et King Creosote qui pousse de plus en plus, prostré sur sa compagne à corde.  Ecouter ce morceau, regarder par la fenêtre, le pays se meurt, mais tu as encore la force de trouver ça beau. J’ai failli en chialer devant mon ordi, comme un vieux sac aviné qui pense à son premier amour. Là, je suis en train d’écrire ces lignes en réécoutant le morceau, comme d’hab, c’est du simultané, et je vous jure que je me bouffe les lèvres pour ne pas hurler en silence, pour évacuer le tout, pour dégager la merde, comme souvent quand on se prend un coup de fusil à pompe dans le bide, une vague d’émotions à la con, ingérable.

Le plus drôle, c’est que le disque enchaine sur Bubble, autre moissonneuse batteuse de colonnes vertébrales. L’électronique y est un peu plus affirmée, avec des rythmes glitchés, electronica rêveuse plaqué dans les nuages par un orgue electro mélancolique, et un chant à la mélodie presque pop. Clochettes candides, zébrures, noisy, on a notre electronica-pop. Et vlan, voilà que le morceau s’envole de nouveau, avec une voix féminine qui se greffe au tout, et qui rend le morceau absolument sublime, note de synthés, gratte fragile, église étouffée par les lierres et la mousse des bois, et ça monte, ça monte, ça t’arrache le cœur, ça te tire des larmes grosses comme des camions, ça te flingue le mental mais en même temps ça te donne envie de courir comme un con, d’aller voir tes potes pour boire une bière, et de rire aux éclats pour toute une nuit.




Voilà, sinon Your Own Spell va te casser aussi, Bats In The Attic, un peu plus straightforward-pop, est tout aussi réussie, avec cette montée d’accordéons ( ?) à l’horizon. Et Your Young Voice finira le disque parfaitement. Je suis un peu sur la brèche ces temps ci, c’est peut être aussi pour cela que ce mini-album marche aussi bien maintenant alors qu’il aurait pu m’en toucher une sans faire bouger l’autre en temps normal. Je ne sais pas, aucune idée, repères brouillés.

Mais je trouve ce disque superbe, affolant, hallucinant de maitrise et de retenue, d’une beauté dingue, d’une mélancolie parfaitement dosée. Une grosse baffe, qui enfonce le moral à coup de talon, mais qui refile un peu de soleil dans le même mouvement, désenchantement apaisé et réconfortant. J’écris ça un peu à l’arrache, d’une traite, désolé pour le texte un peu décousu, mais quitte à se prendre une claque, autant en parler tant que la bouche saigne.








King Creosote & Jon Hopkins – Diamond Mine Teaser






7 Titres – Domino

Dat’





Contamination 2.0 / Japon

Posted in Chroniques on March 25th, 2011 by Dat'


Phase 2


La peur, l’inquiétude, le stress de la première semaine, digne du plus pété des blockbuster, s’est transformée en lassitude, presque apathique. On rentre dans la deuxième phase, celle moins spectaculaire, plus attentiste, plus vicieuse aussi. Celle qui, personnellement, me provoque un malaise plus important. Fini les explosions, l’exode (ahem), les consignes nucléaires d’urgence, les breaking news tous les jours. Bonjour la lente contamination de la bouffe, les pluies radioactives, les conseils de confinement, la reprise du boulot avec les idées noires, les yeux rivés sur les rapports environnementaux. Moins d’exagération du coté des medias, qui se sont de toute façon tous barrés de leur point de reportage, pour rester plantés sur les toits des love hotel d’Osaka. L’hystérie des proches en France est retombée, proportionnellement avec la place qu’occupe désormais la crise japonaise dans les headlines : le “sors, sors vite du Japon bordel !” s’est mué en “fais gaffe au cancer de la thyroide”


A Tokyo, le train-train quotidien reprend, les entreprises ont majoritairement ré-ouvertes leur portes, il faut bien aller bosser de toute façon. C’est moins le bordel dans le métro, dans les têtes aussi. C’est redevenu normal en surface, mais la ville est sous perfusion, elle tourne en service minimum : Les néons multicolores ne sont plus là, problème d’électricité. L’eau est rationnée (encore faut il en trouver), les légumes bradés (encore faut il avoir les couilles d’en manger), les magasins fermés ou ouverts que quelques heures dans la journée, et les gens restent chez eux après le boulot. La grande méchante et décriée “consommation à outrance”  n’est plus là. Et c’est bien dommage, car sans cette dernière, la ville est triste et malade.

Le bordel du nucléaire devient de plus en plus abstrait et diffus dans les consciences, alors qu’il commence pourtant à déteindre méchamment sur notre vie quotidienne. La contamination s’étend sur Tokyo, tranquillement, chaque jour. Si au moins il y avait quelques zombies pour se marrer… mais non, on égrène juste un ou deux légumes interdits de plus. Puis l’eau de Tokyo qui devient impropre mais en fait non mais en fait oui mais en fait juste un peu. Le poisson va surement être banni de l’alimentation pendant un bail. Macdo va faire fortune. Ah non, la viande devrait être pourrie dans pas longtemps, elle aussi. Le compteur des morts, au nord, augmente également, mais le nombre est de plus en plus noyé dans la fumée, comme une simple update. Les tremblements de terre enfin, devenus de simples formalités, tellement récurrents (il y en a eu carrement plus de 700 en dix jours www.japanquakemap.com ) que cela en devient à peine moins banal qu’une sonnerie de téléphone.


On marche donc, léthargique, à aller au boulot la gueule en vrac, prostré sous notre parapluie, pour éviter les mini-pluies acides, à checker tout ce que l’on achète, à ne pas trop savoir quel conseil suivre, à se doucher plus souvent. Juste “au cas où”. On a bien conscience que l’on ne va pas mourir dans la seconde en marchant sous la flotte ou en bouffant une feuille de salade (d’autant plus que le taux de radioactivité sur Tokyo semble encore bénin). Mais tant qu’à devoir accumuler de la merde dans l’organisme pendant des années, autant repousser ça le plus tard possible.





Asobi Seksu – Trails (Holy Other Remix) by HOLY OTHER



Dat’





Tremblement de Tsunami Atomique / Japon

Posted in Chroniques on March 18th, 2011 by Dat'


Phase 1


Pas encore cramé par les radiations, on résiste. Evidemment pas d’article depuis quelques temps, vu la situation ici au Japon. Simple update pour donner des nouvelles, pour ceux qui m’en demandent, pour ceux qui écarquillent les yeux devant les infos en France. Faire attention, ne prenez pas tout pour argent comptant.


A Tokyo, il n’y a PAS de scène de panique. Il n’y a PAS d’exode massive. Il n’y a PAS de tickets de train à 1500 euros. Il n’y a PAS de radiation à taux dangereux (pour le moment du moins). Les infos distillées par les médias français nous rendent fou. Pire, nous enragent. Les déclarations à l’emporte pièce, sans aucune explications, comparant Fukushima avec Tchernobyl nous desservent, nous cassent le moral, nous brisent la gueule. Assurer les gros titres, préparer les cantonales, c’est bien. Mais préserver la combativité déjà érodée des gens sur place, c’est mieux. Car ces gros titres racoleurs tuent le moral de nos parents, nos proches qui voient ça, et qui frisent l’hystérie en nous demandant de rentrer, et on les comprend en allant sur les sites internet de BFM tv,  TF1 et autres conneries relayées par une majorité des médias. Bien joué les mecs.

Interviewer un Français en parlant d’un « tgv » rempli, alors que l’on place ces derniers sur le siège du fond, pour éviter soigneusement de montrer que le wagon est vide, c’est malhonnête. Oublier de localiser chaque déclaration sur la radioactivité/situation nucléaire (et donc par cette omission d’une précision géographique généraliser cette situation sur tout le Japon) c’est au mieux du détournement d’information. Allez se filmer en demandant de faire tester son niveau de radiation dans un hôpital à Tokyo, en sachant pertinemment que l’on ne pourra pas le faire, qu’il n’y a pas de radiation élevée à Tokyo et que le refus provoquera chez les spectateurs du JT des « Oh mon dieu, les Japonais nous cachent des choses, tout le monde à Tokyo va mourir sans le savoir et Koh-Lanta va être annulé, c’est terrible », c’est créer de l’info sur du vide.

Evidemment tout cela peut changer d’un jour à l’autre et rendre mon deuxieme paragraphe caduque. Ca peut peter, on perdra tous peut être notre calme, à se taper dessus pour rentrer dans le premier avion. Mais ce n’est pas le cas pour le moment, contrairement à ce que l’on voit à travers la lucarne.

De plus, la situation reste terrible à Sendai, et dans le nord du Japon. Les territoires sont dévastés, irradiés, ruines sous la neige, routes bloquées. C’est à la The Road, on se demande comment les gens tiennent, on admire, on ravale ses plaintes parce qu’un conducteur de taxi tente de se contrôler en me racontant qu’il n’a toujours pas de nouvelle de ses proches.


Bien sur, rester au Japon c’est une vie quotidienne transformée en mind-fuck total, avec l’épée de damoclès de la centrale, les répliques de tremblement de terre une ou deux fois par jour (et violentes), les traversées en vélo dans des rues toutes calmes, la pénurie de bouffe, les coupures d’électricités constamment annoncées/annulées, les moyens de transport arrêtés, les graphiques de radiations arrivant à tout bout de champ, les nuits sur la moquette/canapé des potes pour jamais se retrouver coincé seul, l’affolement des médias, et surtout l’inquiétude de nos proches en France, absolument ingérable mentalement pour nous. Comme disait un pote, on se croirait dans Fort-Boyard, avec tout le monde qui nous répète à l’hystérie « Sors, sors, il n’y a plus de temps, sors vite du Japon graaaaah ! », à nous demander presque si on a pas perdu l’esprit, à base de “tu veux mourir ou quoi?”.


Ceux qui pestent sur les centrales nucléaires en France, allez y, le débat est légitime. Mais si vous pouviez utiliser vos brillantes idées pour trouver des solutions et nous sortir de la merde au Japon, ça serait mieux. La croisade anti-nucléaire, ça peut attendre deux semaines.



La musique ? Depuis une presque une semaine, je n’en avais pas écouté une seule seconde. De toute façon tout est fermé. Là j’ai ouvert mon laptop, je me suis callé avec mon casque, j’ai vu qu’il y avait un Burial / Four Tet / Thom Yorke de prévu, j’ai écouté le premier morceau (« ego »), et être au calme en écoutant de la musique, j’en ai eu la gorge serré, le dernier tiers m’a flingué.



Bref, en espérant que tout va se calmer, Keep Updating, en espérant aussi que cela ne continue pas de partir en vrille, parce que l’on a deja dépassé les scénars de films catastrophes avec cet empilement hallucinant et sans discontinuer d’événements dingues, merci pour vos messages par mail/facebook/commentaires aussi !


Yop,


Dat’





Gil Scott-Heron & Jamie xx – We’re New Here

Posted in Chroniques on March 1st, 2011 by Dat'


Will you show me around ?



J’avais déjà dis énormément de bien du disque de Gil Scott Heron paru l’année dernière, que ce soit dans la chronique traitant de ce I’m New Here, comme dans le top 2010. Malgré son coté déconstruit, incomplet, bancal, presque incohérent, le tout dégageait une telle force, une telle beauté, et surtout une telle odeur de mort et de solitude, que le LP m’avait complètement abasourdi. Je me rappelle encore de ma première vision sur youtube de Me & The Devil, les yeux écarquillés, pour aller directement acheter chez le disquaire. Salué pour l’audace de son contenu (il fallait avoir des couilles de foutre une ancienne gloire soul sur de l’électro décharnée, là où de belles instrues mièvres auraient suffit à rassurer les charts) ou conspué pour sa noirceur et son manque de contenu (on ne peut pas contredire ces deux arguments) le retour d’Heron d’entre les morts n’avait que rarement laissé indifférent.

Reste qu’avec un album aussi claudiquant et court, le boss de XL recordings a eu l’idée, l’année dernière, de demander à l’ultra courtisé Jamie xx de remixer l’album en son entier (vous savez, ce qu’aurait du faire Burial avec HeligoLand). Même pas “remixer” en fait, mais carrement échafauder le tout à nouveau. Le rendre plus clinquant, plus évident, moins funèbre et désespéré. Et vu le talent du bonhomme pour balancer des refontes Uk Garage absolument mortelles, cette réunion Heron / Jamie ne pouvait que m’obliger à faire “refresh” sur la page amazon du disque pendant des semaines, afin de voir le libérateur “disponible sous 24heures” apparaitre.






La pochette, sublime, reflète cette dualité générationnelle imprégnant l’œuvre dans sa globalité, télescopant les sinusoïdales évanescentes d’un saltimbanque de l’agonie dans un vert prégnant, tandis que ce rectangle étouffé de pourpre cristallise le génie d’un juvénile artiste prêt à troquer les spasmes camés de sa formation d’antan pour une allégorie non sincèrement cette pochette est immonde, j’ai eu des putains de convulsions en voyant l’artwork pour la première fois, j’ai failli tourner de l’œil en ouvrant ma boite aux lettres, qui a eu une idée pareille ? (Jamie xx justement, le mec est bien parti pour faire une carrière dans le design) Heureusement que la photo des deux bonhommes dans le livret sauve le tout d’une agression de la rétine assez hallucinante. A moins que cette cover soit une représentation abstraite et expérimentale du Songs about fucking de Big Black. Dans ce cas là, je dis bravo.



La première surprise, c’est de voir que le tracklisting diffère franchement de l’album original. Ceux qui s’attendaient (j’en fais parti) à une symétrie Uk garage d’I’m New Here vont être drôlement déçus. Déjà, il y a le choix (intelligent) de ne pas s’attaquer à tous les titres. A dire vrai, deux des trois bijoux absolus (Me & the Devil / Where did the night go / NY is killing me) de l’original n’apparaissent même pas sur la galette. Jamie xx a peut être flippé de toucher à Me & The Devil, et on peut le comprendre, vu le monument qu’est ce morceau. On a donc des titres qui passent à la trappe, d’autres qui apparaissent sans prévenir. Ce qui ne change pas par contre, c’est que le disque est trop court, 35 minutes seulement alors que l’intérêt principal de cette refonte, c’était de donner un peu plus de longueur à la trop brève tirade originale. Je commence à me lasser de dire ça, mais sincèrement, il va falloir arrêter avec ces demi-disques…

Bref, pour parler musique, la ballade acoustique I’m New Here, est ici transfigurée, et fait office de superbe ouverture pour l’album. Si Gil Scott-Heron commence en déclamant un spoken-word de sa voix cassée, Jamie xx déboule rapidement avec des nappes cristallines à tomber. Ca se mêle au bonhomme, donnant une allure aérienne et presque joyeuse au morceau. 1min25, gros choc, voix pitchée, sonorités sublime, dance en slow motion, puis rythme gigantesque qui vient télescoper le tout. On part dans un dub enchanteur, soundsystem dans la neige, les murs tremblent, notre colonne vertébrale aussi. La conclusion est bourrée d’émotion, c’est du tire-larmes ensoleillé. Génial.

Et dès le deuxieme titre, on s’éloigne du matos original, pour balancer une nouvelle version de Home is where the hatred is, sur une instrue tout aussi folle, entre clochettes bouffées par les échos et rythmes aussi secs que grand’mamie oubliée sur son canapé. Les lyrics sont évidemment affolants, la prod totalement perchée, rien a dire, je me suis pris ce morceau en pleine mâchoire. On part aussi dans le conceptuel avec Running, qui avait bien besoin d’un lifting vu le minimalisme de l’original. Jamie xx s’énerve, c’est saccadé, beat qui explose dans tous les sens, allures pimp, baffes qui partent, la nuque prend cher. Mais le morceau s’envole réellement en sa moitié, le tout se braquant subitement avant de partir dans une tirade émo-8bits terrible, soutenant le ton grave de l’américain, pour un abstract hiphop qui saccagera tout palpitant sensible au genre.

My Cloud (que je n’arrive pas à situer…) pose l’ambiance avec un abstract-soul qui se paye de belles montées de bruit blanc, et l’on file dans l’espace avec le planant The Crutch, qui couvre sa rythmique épileptique avec des nappes épiques. Un résultat sympathique mais cristallisant peut être le seul morceau anodin de la galette.




Pour soutenir la thèse d’un album de “re-création” et pas de simple remix, il suffit de balancer les trois dernières missives de We’re New Here, déboulonnant complètement les fresques originales. Le funèbre Your Soul and Mine se transforme en house-trance débridée et hallucinée, avec un Gil Scott Heron qui n’a strictement plus rien à faire dans le coin. Le titre est néanmoins excellent, ultra plaisant, sorte de Delorean, mais le pyjama rose et envolées kitchs en moins. Pour le coup, le choix de Jamie xx m’impressionne : N’importe qui aurait renforcé l’odeur de mort du morceau original, sinistre comme jamais. Mais le beatmaker préfère balancer une refonte house ensoleillée et sexuelle. Allez savoir pourquoi.

Le seul des trois diamants du I’m new here à passer à la casserole sur cette galette, c’est NY is killing me. Et vu la beauté et la force absolue de l’originale, les MPC devaient suer le stress. Après une jolie complainte au piano (trop courte bordel !), le titre part dans un Uk Garage bouncy absolument imparable, au basses pachydermiques. Là encore, rien à voir avec la track de base, si ce n’est les quelques exclamations de Gil Scott Heron, mais c’est maitrisé de bout en bout. La mélodie rachitique parasite le cerveau, les échos percent les tympans, et les rythmes finissent de traumatiser les riverains. Tout en gardant les incantations dingues d’Heron. Encore une fois, le morceau bascule en sa moitié, avec des voix pitchées bien puputes Uk Garage et la mélodie construite avec des piaillements qui me volent le cœur sans forcer.

L’autre tour de force du disque, c’est I’ll Take Care of You, balade soul en retenue, devenue ici morceau Chicago-house incroyable, mâtiné de guitares à la XX et de claviers divins. La première moitié se la joue laidback, on fait danser pépère, avant de lâcher les chevaux, et de partir sur 3 minutes orgasmiques, avec un groove à faire danser les cadavres. Surement la plus grande réussite de ce We’re New Here, celle qui sublime clairement le matériel de base, qui s’en écarte sans le jeter à la poubelle, qui emporte Heron dans un espace plus lumineux, mais pas si éloigné des tirades qu’il balançait auparavant.





Evidemment, beaucoup vont faire la gueule, en arguant le fait que ce soit un scandale de salir, de détruire, de déféquer sur l’album original (il suffit de voir les commentaires hallucinants sur TheGuardian.uk). Pourtant, difficile de critiquer la démarche d’XL recordings pour le coup. Les mecs sortent de la démarche ordinaire du “on va sortir un album de remix moyen pour prolonger la durée de vie de l’original” pour carrément se dire “on va refaire entièrement un nouveau disque”. Comme si ce dernier avait toujours eu deux facettes.  Ne pas être déçu par ce disque en le comparant à son paternel, vu que ce We’re New Here n’a rien de commun avec I’m New Here, les morceaux étant à des années lumières des originaux (NY is Killing me, Running et Ur Sould and Mine en tête). Jamie xx ne dévalise pas Heron, il ne torture pas des compositions déjà créées, il ne nivelle pas le bas des compositions qui se suffisent (comme souvent) à elles mêmes. Le mec prend la voix d’Heron, et compose entièrement un disque autour de lui. On aime, ou pas. Mais ce disque n’ayant strictement aucun rapport avec l’ancien, pas de quoi crier au meurtre. Petite déception par contre, aucune valeur ajoutée sur les interludes. Le seul vrai rapport entre ces deux LP n’est pas musical, mais structurel : Cette refonte est presque aussi courte que l’originale (il fallait le faire), trop avare en “vrais” morceaux (8 seulement), et reste frustrante, voir imparfaite. Mais le talent de Jamie xx pour tailler des instrues est trop évident pour que la galette reste dans l’ombre de son modèle. Le prochain The XX risque d’être mortel.

Apres avoir eu la vision d’un mec mourant sur I’m New Here, ce bien foutu We’re New Here offre celle d’un jeune épileptique, avide d’arpenter le monde. Les deux connaissent le bitume, les deux vivent la mégalopole, les deux se fondent dans la nuit noire. L’un a failli y crever seul dans les caniveaux, labouré par la solitude, tandis que l’autre l’arpente avec ses baskets et son ghetto-blaster. Dans les deux cas, la musique y est fascinante.






Gil Scott-Heron & Jamie xx – I’m New Here






Gil Scott-Heron & Jamie xx – NY is Killing Me






13 Titres – XL Recordings

Dat’




Tim Hecker – Ravedeath, 1972

Posted in Chroniques on February 21st, 2011 by Dat'


Studio Suicide



Je vais repartir dans mon discours de vieux grabataire ronchon, mais c’est drôlement chiant quand la “haute technologie” vous lâche : Le lecteur cd de mon macbookprogris a décidé de mourir sans les honneurs, et après avoir acheté un Superdrive pour rien (sous les bons conseils de nos potos d’apple store), vu que cela ne marche que sur les nouveaux MacNikeAirTruc, (Heureusement, j’ai pu être remboursé, merci bien) je me suis retrouvé un peu con, à ne plus pouvoir écouter mes disques chez moi. Bref je ne peux écouter mes Cd que sur mon fidèle Discman vieux d’une demi-douzaine d’année  exclusivement, qui marche dix fois mieux qu’un macbook d’il y a deux ans, déjà cramé donc, d’autant plus que je ne peux plus importer mes cd dans itunes. Et je l’aime bien mon ordi hein, ne me faites point dire ce que…

Heureusement, je vais pouvoir acheter un lecteur CD-usb trop pimp la semaine prochaine, et sauver ce site de la révolte informatique en cours. Alors voilà, là, c’est une chronique faite avec un discman et un casque sur les oreilles, à devoir presser les touches << et >> pour revenir sur un fait marquant, un discman qui fait un “pipipipipi” stressant quand tu mets pause, mais surtout un discman balaise et travailleur, ici c’est à l’ancienne, on est des artisans de la chronique. Forcément décrypter un World’s End Girlfriend avec cette méthode serait comme parler d’un film en tournant soi-même la bobine.

Il faut donc un disque calme, ample, et ça tombe bien, car le maitre de l’ambiant-electronica-shoegazy Tim Hecker revient avec un disque que j’ai attendu comme la mort. Parceque le bonhomme a sorti deux albums splendides coup sur coup (Harmony in Ultraviolet et An Imaginary Country), parce que la pochette de ce Ravedeath 1972 est drôlement belle, parce que les titres des morceaux forcent le respect, et qu’enfin le premier extrait du nouvel LP m’avait renversé à l’écoute. Et que chroniquer ce genre de musique avec un matos un peu rétrograde (mais fidèle), ce n’est pas grave, car il suffit d’appuyer sur play et se laisser emporter.







Alors forcément, il est difficile de faire du piste par piste avec un disque pareil, d’autant plus que Hecker est encore plus évasif que de coutume sur ce disque. Partant du concept de marier electronica et orgue d’église enregistré à Reykjavik, le disque offre, à la première écoute, de longues plages enfumées où les notes d’orgues se perdent dans des murs de sons grésillants. D’autant plus que ce Ravedeath1972 est une réflexion autour des instruments détruits par l’homme, des cd inutiles que l’on écrase par milliers, des pianos balancés par les fenêtres et autre grand mères choisissant le mauvais moment pour traverser la route. Bref, que des choses joyeuses. Alors voila, cet album est drôlement bien dans son ensemble, mélange de nappes cristallines et larsens cradingues. Difficile d’en dire plus. Pourtant de individualités sortent, et cognent en plein bide :


L’ouverture déjà, sublime. The Piano Drop, sensé illustrer l’artwork et le cœur du disque, n’est qu’une montée linéaire. Dérouillée par les parasites, le mur noise, les saturations en tout genre. Au milieu de ce marasme, une mélodie divine, à chialer, qui perce graduellement la coque sauvage, qui se libère, déploie ses ailes et finit par crever dans les échos. Synthés, orgues, cœurs mystiques, j’en sais rien, mais c’est d’une beauté folle. Le morceau a cramé tes enceintes, mais t’as piétiné le cœur dans le même mouvement.
Un peu plus loin, et après avoir été subtilement malmené par In The Fog I & II et leurs ellipses plongeant dans un magma peu rassurant, qui file presque le vertige au casque, la partie III sort l’orgue mélancolique, rayé par des tirades noise du plus bel effet. La mélodie est tire-larme, presque religieuse, et dérouillée par des saturations qui n’en finissent plus de faire trembler la glace. Avant qu’un piano ne se face entendre, quelques notes, océan de bruit qui avale le tout, notes aigues presque sci-fi, on étouffe.

Hatred Of Music I ne s’est révélé qu’après quelques écoutes, avec un piano presque aléatoire, du field recording bizarre, et surtout une mélodie incroyable qui prend petit à petit de l’ampleur. Qui va tout bouffer, comme l’introduction la plus épique d’une electro-shoegaze que l’on aurait coulé sous le béton. Qui hurle à n’en plus finir, volcan qui laisse échapper la vapeur par à-coups, solo de saxo drogué d’un mec qui est convaincu de mourir l’heure d’après. C’est dissonant, plein de désespoir, mais en même temps sublime, démultiplié par les larsens de guitare et autres mille-feuilles électronique. Si tu tombes dedans, tu ressors les cheveux dressés sur la gueule. La partie II rejouera la partition, mais cette fois en plus calme, slow-motion torturé.


In The Air I partage cette même calme dualité, mais c’est In The Air II qui va se la jouer nerveux et nous imprimer son poing dans la tronche avec un tsunami noisy génial, balayant les notes cristallines de l’introduction. Rude, âpre, et pourtant calme et tout en retenu, à tomber. D’autant plus qu’après cette violente petite fresque, l’album se terminera sur un orgue dénué de secousse sismique.
Mais mais mais, le vrai diamant du disque, le morceau qui m’a choppé les trippes, m’a arraché la gorge et crevé le palpitant, c’est Studio Suicide. Je ne peux pas l’expliquer tout comme je ne peux pas dire pourquoi des morceaux comme Analog Paralysis ne me touchent pas des masses. Ce Studio Suicide, c’est prendre un morceau de shoegaze de folie, et de l’écouter au fin fond de la mer, en pleine noyade. Se laisser attirer par le fond, en coulant tranquillement, l’âme ailleurs, le cœur fatigué, les acouphènes qui hurlent, la tête qui tabasse. C’est écouter My Bloody Valentine après un accident de voiture, c’est se taper An Ending de Brian Eno en pleine overdose. De simples oscillations, larsens anémiques, une mélodie quasi-inexistante. Et des échos. Des putains d’échos incroyables, qui forment des chœurs, des chants, des soupirs. Un truc en suspension, qui ne dure que 3 minutes, mais qui pourrait en utiliser 30. Notion du temps annihilée, espace inexistant. Fermer les yeux, avancer à tâtons dans ses souvenirs. On passe ce morceau pendant ton enterrement, que tout le monde lève la tête pour voir si les anges ne surveillent pas ta mise en bière. Absolument sublime.





Ce Tim Hecker n’est franchement pas grand public, et peut être un peu moins marquant que ses deux derniers disques. Quoique, on va plus simplement dire : surtout moins évident que ses deux derniers disques. Plus aride, rêche, monolithique. Il ne crache que rarement ses mélodies à la gueule, et il faut souvent se frayer un chemin au milieu des couches sonores, fouiller le cadavre dans tous les sens pour tenter de trouver son porte monnaie. Mais dès que l’on arrive à mettre la main dessus, c’est franchement superbe. Des plus frontales (The Piano Drop, In The Air II…) aux bijoux cachés qui semblent aphones, avant de vous pulvériser la colonne vertébrale à jamais (Hatred Of Music I, Studio Suicide, je ne m’en remets toujours pas), ce Ravedeath, 1972 risque d’ennuyer autant que de passionner. Seule petit bémol, on ne peut s’empêcher de penser que ce disque serait gigantesque si Hecker lâchait un peu les chevaux. S’il insufflait plus de violences et de sonorités épiques. Tim Hecker vs A Place To Bury Stranger, pourquoi pas ? Ce n’est de toute façon pas un disque que l’on va servir au diner, ou dans la bagnole avec ses potes en buvant des bières, sauf dans le cas ou vous aller leur annoncer que vous avez le projet de les séquestrer longuement avant les bouffer. Un beau projet.


C’est une galette typique dite “à moment”. Un moment qu’il faut choisir, saisir. Réapprendre la nécessité vitale de se déconnecter. Dans cette nuit froide, ce dimanche matin, cette après-soirée aux relents alcoolisés, ce dernier train, cette dépression post-coïtale, cette ballade entre deux buildings, cette envie de regarder le plafond affalé sur son pieu, bref, être convaincu que durant des instants comme ceux là, il faut se plonger dans un disque comme ce nouveau Tim Hecker et rien d’autre. Un instant qui demande un investissement en temps et en âme, mais qui se révèle être une alternative parfaite pour tous ceux qui veulent se perdre quelques minutes.







Tim Hecker – The Piano Drop








12 Titres – Kranky

Dat’






Seefeel – Seefeel

Posted in Chroniques on February 13th, 2011 by Dat'


Le problème majeur des somnifères, c’est de nous faire oublier graduellement qu’il est normal, parfois, de mal dormir.




Le nouvel album de Portishead, je l’ai attendu comme un damné, en me disant presque, à la première écoute, que je pouvais maintenant mourir tranquille. Pour le Massive Attack, l’attente fut rude, à filer dans les rayons disques comme le vent le jour de la sortie. Pour le Plaid, je me mets à genoux tous les matins, pareil pour le prochain The Avalanches, qui sortira bien un jour. Mais alors Seefeel, franchement, c’était oublié.  J’avais pas mal écouté ce groupe il y a une dizaine d’année pourtant, avec surtout la galette sortie il y a 15 ans (!!) sur Warp, dans ma grosse période boulimique du label. Mais le groupe est passé petit à petit dans le néant, à coté d’autres sorties de la même maison comme Brothomstates. (si l’on excepte la petite et timide piqure de rappel pour le Warp20).

Bref, je ne sais pas ce qu’a fait le groupe tout ce temps, mais après avoir fait un concert pour les 20 ans de Warp, Steve Beckett a réussi à convaincre les anglais Seefeel de répondre un album. Line-up ayant changé, car intégrant 2 batteurs japonais, dont un ex membre des Boredoms, carrément.








Et si l’artwork fait très Boards Of Canada, les fresques concoctées par Seefeel sont beaucoup plus secouées que celles des écossais disparus. Comprendre ce que nous reserve la galette, c’est avec Dead Guitars qu’il faut commencer, génial titre grondant, boule de haine menaçante et camée, entre batterie sèche comme la mort, guitares électriques en fin de vie et bassline monstrueuse. On a l’impression de s’engluer dans les parasites, les rugissements de la guitare sont jouissifs. Et le morceau n’en finit pas de monter, d’une façon presque infime, on a l’impression que le tout fait du surplace, mais des détails fusent à foison. Sans oublier cette voix, cristalline, vaporeuse, très shoegaze, qui hulule, difficilement discernable au départ, noyée dans les claviers, pour finir en plaintes quasi-religieuse.  Progression dégueulasse, ornée de guitares qui crissent, se cabrent, implosent. Avec comme conclusion un rugissement absolu, ultra noisy, orgasme pour tympans.

Et tout le disque va se dérouler de la sorte, balançant une musique difficilement descriptible, sorte de Rock minimaliste qui tente de se la jouer abstract, ou electronica-hiphop qui veut se la jouer Shoegaze. Pas franchement de mélodie avec ces guitares. Juste des grondements, des fréquences, des soubresauts. Il n’y a pas vraiment de genre, pas de repaire, certains vont bien s’amuser à essayer de classer le disque.

Le groupe pousse  parfois loin le délire du télescopage des genres, comme sur Making, abstract-hiphop-shoegaze, avec guitares qui tente de détruire les murs, batterie qui claque comme une Mpc et scratchs ( ??) acérés pour secouer le tout. Sur le tout, la voix de Sarah est plus affirmée, rayée par les effets, pour un ensemble qui avance comme une coulée de boue, crise de nerf noise qui ne demande qu’à éclater, laisser échapper de ténus accès de rage sous son coté hypnotique et rassurant. Avec Airless aussi, superbe morceau en apesanteur, mais complètement dérouillé par les effets electronica, une bassline d’enfoirée et une guitare qui ne peut qu’assister avec tristesse qu’au massacre de ses propres cordes. Comme sur la majorité des morceaux du LP, on a l’impression que le tout stagne, s’enfonce, étouffe, overdose de boucles, d’effets. Et pourtant, tout se construit avec préciosité, édifice noise, c’est riche à en crever, et débouche sur un climax cristallin foutrement beau.




Et le groupe sait aussi partir sur une facette moins gargouillis-Idm-expérimentaux pour offrir un pendant plus Shoegaze. Rip-Run, sous son beat Hiphop massif, balance une superbe complainte aérienne,  à raidir la colonne vertébrale. La voix de Sarah se mélange aux synthés façon chant de sirènes, difficile de distinguer qui fait quoi. Puis le morceau plonge dans un abstract salace, cordes qui lâchent quelques notes presque aléatoirement, c’est franchement superbe, la mélodie revient petit à petit, mais le chant ne s’infiltrera plus, remplacé par des grésillements lugubres. Faults, premier extrait du disque, est aussi beaucoup plus aérien et apaisé, avec un visage plus tribal, moins menaçant, berceuse viciée par quelques attaques rugueuses, avant de tirer vers le dubstep chelou grâce à un ronflement monstrueux. Le groupe s’autorisera même quelques complaintes shoegaze-ambiant, avec pour seul son une guitare mugissant dans les échos et les pédales à effets. Souvent brèves vignettes (Step-up, O-on one…) ou longue tirade slow motion (Aug30), ces morceaux sont parfaits pour poser un peu le disque.

Sway plus longue fresque du disque (et l’une des plus belles) du haut de ses 10 minutes, avec son introduction géniale, paraboles grinçantes et larsens cradingues, tentant d’écraser une voix d’ange. On a encore des scratchs non identifiés, fusant comme des poignards, des bruits qui surviennent de nul part, jamais les mêmes, comme si les boucles s’éprenaient elles-mêmes d’une envie d’improviser. Un morceau extrêmement cadré, maitrisé dans les moindres détails, qui prend le parti de mourir à petit feu : les sonorités, au contraire du reste de l’album, qui ne s’empilent pas, mais se dérobent une à une pour laisser une longue trainée de guitare sonner seule, se faisant graduellement bouffer par les parasites noisy.

La bonus track japonaise, Two Jam, repartira sur un terrain plus expérimental et déstructuré, avec une rythmique beaucoup plus sauvage, des hululements mystérieux, de grosses zébrures noisy à faire trembler un immeuble entier, avant de tomber sur une belle conclusion, chœurs macabres souillés par les machines.





Etonnante mixture que ce Seefeel. A dire vrai, cet album est surement la livraison la plus expérimentale sortie sur Warp depuis un bon bout de temps. Pas évident à la première écoute, pas fait pour plaire non plus, trop neurasthénique, grondant et hypnotique. Les anglais balancent de grosses guitares bien dégueux pour construire des structures IDM-isées. On à l’impression d’entendre Pale Saints se la jouer electronica-hypnotique, ou surtout CircleSquare se la jouer abstract-dubstep minimaliste. (impossible de ne pas penser au Canadien sur certains morceaux de ce Seefeel, avec cette musique faite avec presque rien, sinon des guitares électriques mourantes et des rythmes d’une sècheresse absolue). Cette constante mutation, cette évolution géniale dans chaque morceau qui fourmillent de détails donnent un ensemble fascinant. A écouter très fort, ou au casque.

En utilisant les mêmes éléments, en tabassant quasiment tout autant, ce Seefeel se pose pourtant presque comme le négatif/l’antithèse de Salem. C’est le bonhomme mélancolique, qui pleure encore dans une photo de son ex-petite amie qui a les cheveux au vent et le soleil dans le dos, là où son frère hardcore se branle dans les parkings pour éjaculer sur les poignées de portes des bagnoles. C’est aussi pour cela que tout le monde va s’en foutre de ce Seefeel. Parce qu’être romantico-neurasthénique, ça ne marche plus, ça n’interresse plus grand monde. Il faut absolument vomir du sang, pas des mots doux.

C’est beau, meurtri d’une violence sourde et grondante, c’est superbement construit, passionnant, riche à filer le vertige, et ce n’est surtout pas le plus mauvais des disques pour pleurer la disparition de Broadcast.






Seefeel – Dead Guitars





12 titres – Warp / Beat Records

Dat’





KG – Adieu à l’électronique

Posted in Chroniques on February 1st, 2011 by Dat'


Die, tronica, die !



Pour continuer à arpenter les disques qui m’ont marqué, notamment ceux sortis chez Gooom, il est difficile, après avoir parlé d’AKA, de ne pas me pencher sur ce KG. Parceque que le disque fut “important” à mes yeux, puis tombé dans l’oubli, ne bénéficiant pas de la même exposition que ces potos AKA ou M83, alors qu’il en avait le même potentiel. KG, c’est un groupe mutant, indéfinissable, sans tenant ni aboutissant. Leur premier disque sur Gooom (le bien nommé Greatest Hits) montre que la formation fait de la musique depuis un bail, avec des morceaux tirés d’obcures Ep absolument introuvables. Puis le label laisse entendre que le mec est finalement seul au manette (remy bux), mais en fait non. Puis on essaie de faire passer cette entité pour un girl’s band, avec photos de nanas indies, faux noms et mensurations à l’appui. KG qui va disparaitre dans le néant quelques années après, avec la fin de Gooom.

Un groupe sale, difficile à vendre et marketer, adepte de l’absurdité sourde et d’une communication brouillée. Il n’y avait que Gooom pour pouvoir gérer ça avec classe. Des titres d’albums (Greatest Hits, Adieu à l’electronique donc) aux chronologies faussement vraies (la césure de Greatest Hits, façon groupe de stade dans la place depuis 20 ans), aux pochettes et tracklisting drogués (le premier disque et son artwork cliché, ce deuxième disque avec sa tracklist de 99 morceaux, même nom pour tous), KG, c’était un peu le vilain petit canard de Gooom, l’entité batarde, autant dans ses visuels que dans sa musique, croisement entre un M83 cancéreux et un Abstrackt Keal Agram noisy. Niveau voyage sonore, ça crisse, ça hurle, c’est sublime, ça n’arrête pas de monter, d’exploser, de faire chialer, mur de sons, bruit blanc et beats d’enfoirés.






Avec les nouvelles technologies, il y a eu basculement dans la manière de faire chier les auditeurs. Le morceau bonus placé après 20 minutes de silence, c’était insupportable au lecteur, à devoir chercher cette dernière en gardant le bouton avance rapide pressé jusqu’à nécrose du pouce. Il suffit désormais de cliquer sur la bonne minute dans Itunes. KG avait adopté une technique différente sur cet Adieu à l’électronique : Le disque est composé de 99 morceaux, tous intitulés S.P.E.C.T.R.E, avec un simple numéro pour faire la différence.
Un morceau supplémentaire est callé sur le Spectre 68, à l’époque, on pouvait y aller directement avec le bouton >>, en comptant dans sa tête, se promettant un gage si on foirait son coup. (ouai je me marrais bien dans ma jeunesse). En plus, tu pouvais chercher avec avidité s’il y avait des surprises ailleurs. Maintenant, ce disque de KG corrompt ton Itunes avec 100 morceaux à 90% vides, Genius se grille complètement, Last-fm sort les contraventions et les Ipod font la grève du shuffle. Ces mecs sont tellement alterno que je suis sur qu’ils avaient prévu le coup. Mr discman est fier d’être encore vivant.

Pour revenir au Tracklisting, certains morceaux ne servent à rien, et seuls les Spectre 1 à 5, 7 à 10 et 68 proposent de t’exploser le cerveau. (Oui il n’y a pas de 6eme morceau, c’est intriguant, je vous l’accorde). Et c’est sans compter les petites surprises suicidaires peuplant les morceaux.


Et si Adieu à l’électronique est ravagé de bout en bout part cet écrin electro-shoegaze-cradingue, il brasse un paquet d’influences et de genres différents. Spectre 1, sur le départ, c’est comme une tuerie de Fluke balayée par une tempête de sable, la horde du contrevent coincée dans un Wipeout. Cavalcade dérouillée, handclaps bien secs, synthés lunaires, ça n’arrête pas de monter, les boites à rythmes s’affolent. Le morceau se calme alors tu penses repartir sur un tunnel techno jouissif, mais tout se brise, les machines se cabrent, bruit blanc, ça sature, claviers dissonants, montée épique, mélodie noyée dans l’acide. Puis une note. Une seule. Une putain de note incroyable, qui sonne pendant quelques secondes et meurt dans les échos, en emportant le morceau entier.

Spectre 2, c’est le diamant absolu, déboulant comme un tube rock avec sa basse menaçante, une note là encore, répétée ad-nauseam. Litanie qui gronde, lignes blade-runnesques. Le choc, hurlement shoegaze, qui soulève la terre, explose tout, puis s’éteint pour une mélodie émo cristalline qui te donne envie de chialer, synthés qui filent vers le ciel et confîment au sublime, les anges te sautent sur la gueule, et de nouveau l’explosion absolue, synthés poussés à bloc, drill’n bass incontrôlée. De nouveau le calme, tirade ambiant pour les larmichettes, avant les assauts finaux, déluge noise-bruit blanc à t’arracher la colonne vertébrale pour te la replanter aussi sec au fond de la glotte. Le morceau absolu.

Plus loin, c’est la violence qui prendra le pas sur l’émo-épique, avec un Spectre 5, hargneux, marche militaire dissonante, parasitée par une stridence façon dentiste, sur lit d’orgues dépressifs. On est pas loin d’un Ventolin en slow-motion, qui va tomber dans la techno baroque, à coup de chœurs fantomatiques sortant du chaos, église écrabouillée dans une casse à auto. Interlude 8bits étonnant, avant la charge finale, entre perceuse hysterique, Gameboy mélancolique, chants religieux et maelstrom indus. On vient se faire mind-fucker, pas de soucis.




Voyant tes tympans en sang, KG compatit, Spectre 7 va sortir l’electronica Warpienne. A la KG. Tri Repetae piétiné par des guitares en fin de vie, qui hurlent à la mort, respirent sur des cadavres d’ampli, saturent en s’étranglant comme jamais. Le le clavier terrible finira de t’arracher le cœur, qui est de toute façon trop malmenée par les variations sonores de la conclusion. Spectre 8, on casse le rythme, balade electro-hiphop-shoegaze lunaire et sublime. Belle comme la mort, avec les rythmes qui tabasseraient une foule entière, des synthés pachydermiques, et une mélodie incroyable. Doppelbanger ne s’y était pas trompé, n’importe qui tuerait pour poser sur un truc pareil. Spectre 9, toujours aussi cradinque et balayé par la horde-noise, se paie un délire disco du feu de dieu, superbe. Avec un kick ultra massif, des synthés bidouillés dans tous les sens, c’est la boule à facette qui continue de briller alors qu’il n’y a que cadavres amoncelés en dessous. Lève la main en l’air, qu’on te la coupe. Milieu du morceau, tout se coupe, silence inexplicable puis rayure horrible qui traumatisera trop d’oreilles (ne pas écouter le morceau en voiture la première fois), pour repartir sur une Disco-émo folle, doublée d’une montée shoegaze qui va voler ton cœur et jongler avec les comètes pendant plus de 3 minutes, montée épique vs orgues mélancoliques, à tomber.

Je n’ai pas parler de Spectre 4 mais il est bien aussi, longue épopée aquatique de guitares torturées et mélodies ambiant. Ou Spectre 10, morceau electro épique bourré de soubresaut, track que les Daft Punk ont essayé de faire 20 fois pour Tron, sans succès, avant de se résigner à faire une Bo toute pourrave. Et Spectre 68, charge Shoegazo-débile hallucinante, ultra massive, façon My Bloody Valentine qui se fait démonter par des clowns héroïnomanes, eux même sodomisés par des pingouins arc-en-ciel ayant passé leur enfance dans la poudre, le tout remixé par une presse hydraulique. Un beau programme. Il n’y a que Spectre 3 pour faire pale figure, dissonante badinerie luttant contre les carries, ça sature, ça crisse, il y a de la mélodie, mais c’est trop harassant pour emporter l’âme. Le morceau étant sauvé in-extremis par une montée finale complètement hystérique, assez dingue.





Cet Adieu à l’électronique est sublime. C’est un disque épique, sale, violent, d’une beauté folle. Un disque transgenre, malade, abouti mais abscons, frisant avec l’auto-saccage. C’est le M83 batard du label. Le M83 raté, le shoegaze harakiri, le mouton noir psychotique, étouffé par la mélancolie. En simplifiant, c’est shoegaze-émo épique, même recette… mais plongée dans une usine, salopée au maximum, jouissif par son image éclopée. Qui préfère la fraise du dentiste aux violons sentimentaux. Celui qui avait le potentiel d’exploser et d’avoir une trajectoire similaire au groupe d’Antibes, a préféré pousser le vice de l’autodestruction au maximum. Ne pas jouer du synthé avec les doigts, mais taper du poing dessus, et laisser 10 touches appuyées en même temps. Choisir de débrancher les machines pendant les plus beaux moments. L’accident de bagnole, carcasse fumante et viscères sur pare-brise. Les Spectre 1, 2, 5, 7, 8, 9, 68 sont des diamants absolus, qui restent ahurissants 8 ans après. A écouter sur un bon soundsystem/casque, ou certains morceaux friseront avec l’inaudible (3, 5 & 9 par exemple, impossible à écouter décemment sur les enceintes d’un ordi portable). Pas d’usure temporelle, ces fresques sont déjà complètement ravagées. Les quelques choix absurdes renforcent la facette asociale du tout (les arrêts brutaux, les sursauts de volume, les silences aberrants, le tracklisting tiré par les cheveux, les voix d’intro annonçant le numéro des Spectres façon livre musical…)


Ce disque donc, sale, crade, au blaze absolument incroyable, a disparu avec son (ses?) créateur, et le label qui va avec. C’est pourtant l’un des plus beaux trésors de la musique électronique française, cathédrale noisy s’effondrant littéralement sur elle-même.






Mp3 :

KG – S.P.E.C.T.R.E. 2





99 Titres – Gooom

Dat’





TOP 2010 – Rétrospective

Posted in Chroniques on January 5th, 2011 by Dat'



Rétro 2010 :


Après deux années folles, 2010 s’est révélé un peu moins intensive niveau sorties. Moins impressionnante peut-être, moins soutenue sûrement, mais tout aussi passionnante que 2008 et 2009.

Comme l’année dernière, ce top ne prêche pas le goût unique, et se présente comme une sélection bien personnelle pour dépenser avec amour et passion son 13 mois, ou l’argent de feu mémé. Evitez les coups de talons si vous n’adhérez pas à ce top donc, qui est de toute façon bien trop personnel, et surtout n’hésitez pas à poster vos coups de coeur en commentaire, pour compléter/enrichir cet article… 
Car évidemment, il doit y avoir de grands absents, oubliés, ou pas écoutés.

Cette rétrospective se présente avec un Top 12 album, sans distinction de genres, un top de 3 EP, la Top track 2010, untop demi-album et deux trois trucs supplémentaires… :

Les titres des disques en orange renvoient aux chroniques respectives (le cas écheant)






> Top album 2010 :



World’s End Girlfriend – Seven Idiots

Dans ma tête, il est incontestable, le chef d’œuvre de l’année. World’s End Girlfriend semblait tourner en rond depuis deux disques, il fait table rase. WEG ce n’est plus du post-rock electronica dépressif. C’est devenu un guitar hero. C’est du Metal complètement barré, mélange avec du rock émo, lui même mélange à une drill’n bass hystérique. C’est un disque électronique hallucinant, une galette rock qui te détruit la colonne vertébrale. Sous l’ultra violence des compositions, sous les coups de butoirs noisy hallucinants, il y a surtout des mélodies qui te flinguent, qui te crèvent, qui t’arrachent la gueule. Tu as envie de chialer sur les deux dernières minutes de Ulysses Gazer? C’est normal, ce sont les deux putains de meilleures minutes de 2010. Seven Idiots, c’est aussi un disque qui te tire vers le fond, parce que le concept, c’est de commencer dans la niaiserie du paradis, passer par les turbulences du purgatoire pour finir rétamé par l’enfer. C’est un diamant absolu, une galette qui m’a étranglé 100 fois. Tu écoutes les deux premiers morceaux, tu penses que le disque est foiré. Que nenni. Ce World’s End Girlfriend, il me file un sourire incroyable, la chair de poule, l’envie de planer, de mourir, d’hurler. Une galette d’une beauté et d’une violence folle, absolument monumentale. /Chronique de World’s End Girlfriend – Seven Idiots ICI/


– Sufjan Stevens – The Age of Adz

Apres avoir tenté de créer des petites merveilles pop, Sufjan Stevens part en couille et veut bâtir des cathédrales. Et on lâche (presque) les flutiaux et les banjos pour une électronique cramée, frôlant la grandiloquence sur certains morceaux (Too Much, I want to be well…). Drill’n bass déstructurée, revirements fous, c’est encore une fois dans les mélodies que ce disque se révèle, porté par des morceaux d’une beauté et d’une simplicité folle derrière la tonne d’apparats (Vesivius, I Walked…). C’est un disque à fusible, ces derniers sautant un à un, offrant des virages brusques à la plupart des morceaux. Ces fusibles on les attend à chaque fois, on se les prend dans le bide. Sinon Sufjan peut se targuer d’avoir le plus beau passage autotune/melodyne de 2010 sur Impossible Soul, fresque frôlant la demi-heure. Morceaux pop à tomber, électronica défoncée ou complaintes quasi-religieuses, on a pas fini de décortiquer ce The Age of Adz. Mr Sufjan s’est déchiré. / Chronique de Sufjan Stevens – The Age of Adz ICI/


– Ventura – We Recruit

Vu que ce disque n’invente rien, n’est pas forcément impressionnant, n’est pas révolutionnaire, j’ai presque envie de recopier le texte fait pour le disque de Rone dans le Top l’année dernière. Ce Ventura, au premier abord, il a l’air sympathique, simplement. Pas plus. Puis les morceaux se révèlent, agrippent, parasite. Le trio Suisse sait parfaitement faire du rock, et balance de vraies pépites, directes, débiles, sérieuses, brutes, abrasives, belles comme la mort. Un rock mi-degueu mi-émo, un truc qui prend la gueule autant qu’il démonte la nuque. Ils arrivent même à put Paris dans a bottle. Au final, on en revient à ce constat : Qu’est-ce qu’un disque que l’on a écouté toute l’année, que l’on connait par coeur? Qui vous flingue à chaque break, à chaque refrain, à chaque tabassage abrasif? Qui vous rappelle vos périodes d’ado, à jouer de la guitare comme un con avec ses bras, seul dans sa piaule? À bouger les lèvres dans la rue, en tentant de chanter les refrains? Qui se trouve surtout être réponse à l’inlassable question “bon j’écoute quoi aujourd’hui?” : Et bien c’est l’un des meilleurs disques de 2010. /Chronique du Ventura – We Recruit ICI/



– Grems – Brokabilly

Non mais le mec, il avait déjà traumatisé avec son Air Max, aka l’un des tueries absolues du rap made in france, et voila qu’il se permet de revenir me fracturer les esgourdes encore dix fois plus fort. Grems déboule avec un disque complètement craqué, hors norme. Car Grems, en plus d’avoir un flow d’enfoiré, a décidé de pousser le vice comme jamais d’exploser sa recette deepkho, de poser sur de la techno, du broken, de la house, de l’electro cannibalo-experimentale. Alors ça tape sur des compos qui sentent Detroit (La Barbe), ou Chicago (Miki) voir bien Uk (Le broka, Tuer le chat, Ne pleure pas…), sans compter quelques bombes indescriptibles (Rencontre avec un ballon, Carlos, Dimanche rmx…). Les instrues sont dingues, les textes sont dingues, le flow est dingue. Complètement fou pour accoucher d’un album pareil, ou justement seul mec sain d’esprit, allez savoir. Le mec est devenu complètement ingérable avec ce disque, hors contrôle. Grems est parti trop loin, que le rap français ne se fatigue pas à le rattraper, ce n’est pas possible, il est déjà dans un univers parallèle. /Chronique du Grems – Broka Billy ICI/


– Tame Impala – Innerspeaker

Gros disque de Hippie, ce Innerspeaker m’a littéralement retourné le cerveau. Au départ assez anodin, le Lp s’est révélé indispensable dès la beauté des mélodies agrippées (Le tout semblant assez hermétique au départ). Semblable à un disque des Beatles passez sous drogue (Du moins, plus de drogues qu’un disque normal des Beatles), la galette a parasité tous mes trajets en train, mes longues marches, mes soirées bières avec deux trois potes. Par ses rythmes de folie d’une part, vachement secs, qui n’arrêtent plus de rouler sur le disque, avec une batterie qui tonne comme un sampler. Ces guitares  crades, bouffées par les effets, façon solo cramés par l’héroïne. L’orgue, les synthés qui se glissent en fond, et cette voix lancinante, noyée dans les échos. Ces refrains imparables, glissant sur ce bordel de fûts matraqués. Trop typé hype pour être hype, mais trop bon pour être ignoré. I don’t really miiiiiiiiiiinnnnd…


Gil Scott Heron – I’m New Here

Ce disque sent l’isolement, pue la mort. Et ce n’est pas surprenant, vu que Gil Scott Heron l’a frôlé. Grande star déchue, puis hobo rongé par la came, le bonhomme revient là où l’on ne l’attendait pas : Avec un disque de musique électronique aussi malade que lui, aussi cassé, aussi éclaté, aussi détruit que la vie du chanteur. Un disque défectueux, sombre, comateux et pourtant trop explicite sur la tristesse, la solitude, la misère humaine. Les lyrics te violent le moral. Et les instrues finissent de d’enterrer à coup de pompe dans la gueule. Certains morceaux sont des chef d’œuvres absolus, tant par les textes que la musique. (Me and the Devil, NY is killing me, Where did the night go, The crutch…), des poèmes cancéreux absolument incroyables. Ce disque est surement trop court, trop bancal, trop incomplet pour être un grand disque… Mais vu la décharge électrique ahurissante que je me suis pris à la première écoute de Me and the devil et Ny is killing me, ce I’m New Here doit d’être placé au dessus de la mêlée. /Chronique du Gil Scott Heron – I’m New Here ICI/



–  Deepchord presents Echospace – Liumin

La pochette illustre on ne peut mieux cet album : Une plongée nocturne dans le Tokyo urbain d’aujourd’hui. Rod Modell relance son projo Echospace avec son pote Hitchell, pour un disque de techno monolithique, ultra homogène, quasi-linéaire. Cette ville, qui vit littéralement sur ce double disque, parasite les compositions lunaires du duo : la mégalopole japonaise s’intercale entre chaque morceau du cd1 et porte carrément le cd2, galette de field-recordings ambiant simplement axé sur des sonorités Tokyoites. C’est une techno froide, massive, étouffante, mais aussi superbe, aride, insomniaque. Ce disque, c’est se balader à 5 heures du mat’ dans Shibuya, alors que l’on a pas dormi depuis près de 24 heures. Néons grillés, bitume, hang-over, minijupes égarées. Une longue promenade, entre bruit de rue, réminiscences de club, dancefloor dépressif, métro vide et trottoirs qui s’éveillent. Entre deux jours, assis sur le toit d’un d’immeuble. Surplomber Tokyo, et en scruter ses moindres détails. / Chronique du Deepchord presents Echospace – Liumin ICI/


Bun – Adieu à X

Ce Bun, c’est le pendant Abstract-electro-Hiphop du Echospace cité juste au dessus. C’est long, sombre, monolithique, ultra homogène. Là où les têtes de l’abstract se bornent à sortir des galettes d’une demi-heure, le Japonais Bun balance un truc de 75 minutes, 28 morceaux, avec pour seuls titres de morceaux des noms de demoiselles. Vu l’intitulé du disque, on tient peut-être là des émotions post-ruptures. Ce qui est sur, c’est que Bun balance le disque à beat le plus classe de l’année, avec de vrais diamants (Kayoko, meilleur rythme 2010) s’apparentant à la scène nu-abstract façon Nosaj Thing and co ( Rei, Miho, Keiko, Tae, Kumiko…), quelques vignettes plus expérimentales (Naomi, Miyuki, Yoko…) ou à du bon vieux abstract avec le vynil qui craque et les atmosphères enfumées (Kana, Tomo, Hitomi…), tendant parfois carrément vers l’excellence d’un ancien Dj Krush. Je cite ce dernier, car Adieu à X me fait parfois fortement penser au Kakusei de Krush, dans ses sonorités comme dans son agencement, avec cette même précision dans les rythmes, dans les ambiances, qui ne sont pas là pour plaire. C’est neurasthénique, surement trop homogène, presque collection de beat. Mais c’est tellement maitrisé, que cette galette de Bun se place comme le disque parfait pour marcher la nuit, en ville, avec le casque vissé sur les oreilles. Superbe.


Robyn – Body Talk

Electronique et émo, mainstream mais barrée, bourrée de gros synthés bien gras et petites idées cramées, c’est la pop que je préfère. C’est parfois niais, mais toujours beau. Le disque qui a le potentiel de plaire autant à la petite sœur qu’aux cramés de musiques expérimentales. Apres avoir été omniprésente cette année avec deux mini album, Robyn veut se la jouer princesse et réuni ces deux gros ep Body talk 1 & 2 (les meilleurs morceaux en plus) en ajoutant 5 titres inédits pour tenter d’avoir l’album de pop-electro parfait. On lui pardonnera quelques écarts un peu dégueux, inhérent à l’exercice (Time Machine, Get Myself Together) car l’album renferme des litanies bien girly aux mélodies nickels (Dancing on my own, Stars4ever qui ne veut plus sortir de ma tête, Dancehall Queen, Hang with me…) et surtout des tueries électro géniales (l’affolant We Dance to the beat, l’imparable None of Dem feat Royksopp, le drogué Dont fucking tell me what to do…). Accessible mais pas racoleur, pile le genre de disque que j’adore me passer le matin ou en rentrant du boulot, bourré de bombinettes empruntant autant à la dance qu’a l’electronica. Bonheur.



– Two Left Ears – Lazy Trace

Excellent disque made in France sorti cette année, le groupe Two Left Ears a balancé un album franchement abouti, d’abstract expérimental, beau comme la mort, bourré de détails et de belles mélodies. Le morceau 18éme est sublime (clip ici), avec sa mélodie parfaite et son déluge de beats qui grillent les neurones. Les mecs filent l’album au prix que tu veux, et manque de pot j’ai vu ça après avoir acheté la version disque pour assez cher sur Tokyo. Le Lp vaut de toute façon l’investissement, comme ça mon discman est content. Grande reussite donc, le groupe se permettant d’écraser du Zelda sous un abstract déglingué (6 pack of Dolls), se la jouer Flying Lotus noisy (Bain de cendres) ou Autechre pop (Birds Under Valium), de lacérer Chiptune et musique classique avec des textures ciselées à la perfection. C’est riche à en crever, bourré de détails, de soubresauts. C’est escarpé, déstructuré, violent et cristallin. Très belle release, il va falloir surveiller ce que donne le bonhomme dans les années à venir.


Deerhunter – Halcyon Digest

Je n’avais vraiment pas été touché par Microcastle/Weird Era, qui a l’air pourtant bien, mais rien à faire, surement impossible de passer après l’hallucinant et cauchemardesque Cryptograms. Alors ce nouveau Deerhunter, je l’attendais avec impatience, histoire de voir si j’allais devoir lâcher le groupe à jamais, ou si Microcastle n’était qu’une mauvaise passe. Bonne pioche, le groupe revient avec un Lp beau comme la mort, poisseux en diable, une descente dans un univers mi-cadaverique mi-cotonneux. C’est pop, mais complètement vicié, malade, bancal. C’est sombre, minimaliste, atrophié. Entre tubes shoegaze désossés et petites vignettes folks fantomatiques, le groupe semble s’être enfermé dans une cave pendant l’enregistrement du disque sans bouffer pendant une semaine, mais avec pas mal de psychotropes dans les poches. Au milieu des gravas, un morceau frôlant le génie absolu, Desire Lines, rock de stade imparable qui se transforme en montée shoegaze absolue et infinie. La deuxième partie du morceau est sublime, abolit toute notion de temps, flingue la colonne vertébrale. Le reste du disque ne t’aidera pas à te relever, mais s’amusera au moins à te chanter des comptines en attendant que tu passes l’arme à gauche.


VHS Head – Trademark Ribbons of Gold

Scriiiitchhhfizzzzz brambram Prrrrffffffcrrrr yeah yeah krrrrrrraaaaa ccccchhhhhhkrrrriiii. Au départ, VHS head c’est un peu ça. Du boucan bien bordélique, avec des voix dedans. Apres le premier choc, on se rend compte que le mystérieux musicien derrière ce pseudo balance une electronica dingue, proche d’un Mr Oizo, dans la déconstruction sadique des samples comme dans le groove imparable émanant de ces fresques chaotiques. Cela sature dans tous les sens, ça explose avec une violence rare, et pourtant, on ne peut que claquer des doigts sur les compositions monstrueuses de VHS. Frisant l’amoncellement inconscient de samples, tout est pourtant parfaitement mené, dosé  à la perfection. Sans compter que le bonhomme en plus de ces délires à la Oizo, partage un amour flagrant pour l’electronica Skam/rephlex/Warp, et plonge certains de ces titres dans un cocon electronica intemporel, beau et dérouillé. Une bien belle plaque, comme l’on n’en fait plus des masses. /La chronique du VHS Head – Trademark Ribbons of Gold ICI/




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> Best EP / 2010


– Das Glow – Phase IV

Das Glow détenteur de l’un des meilleurs Ep de l’electro française (Weiss Gaz) sorti en 2007 , avait continué à balancer des Ep plutôt sympa ces dernières années, sans jamais atteindre la puissance et la beauté de sa première sortie. 4 ans après, le français ne déconne plus. PhaseIV est ahurissant, traumatisant, tellement massif que tu as l’impression de te prendre un immeuble en pleine gueule. Das Glow revient à la techno cathédrale. Earth est sublime, techno grondante et agressive, PhaseIV va traumatiser tout ton quartier, Jerrycan va faire danser les zombies et le quasi-christique Lost Sight célèbrera l’avènement de ces derniers. Un Ep d’enfoiré absolu, une bombe jouissive, incroyable. Passage à tabac d’une violence dingue, ce mec est fou.


Depth Affect – Chorea

Toujours pas d’album en vue, et c’est bien triste. En attendant, les bretons de Depth Affect continuent leur bonhomme de chemin en balançant un Ep bourré de beats abstract et de claviers bien gras, oscillant toujours autant entre pop et hiphop, avec en point d’orgue un morceau génial avec Riddlore en featuring, Else’s Vision, et une superbe complainte synthétique Dammerung, synthétisant ce que Depth Affect peut faire de mieux. Un Lp est attendu en salle trois. C’est urgent. / Chronique du Depth Affect – Chorea ICI /


– Reso – Temjin

Le dubstep bien bourrin, bouffé par les Wobble bass, s’est fané. Repris à toutes les sauces, poussé vers le mainstream plan-plan ou passé dans une mixture débilitante, le dubstep undergrond ne jurent ces temps-ci que par des tracks plus soft et en retenue. Alors quand Reso déboule et balance une musique ultra violente, avec des Wobble bass monumentales, et un son bien cyberpunk, on en peut qu’en tomber raide dingue. Chez Reso, ça clash de partout, les rythmes sont fait d’aciers et les nappes frisent le space-opéra. On est dans le Out from Outwhere d’Amon Tobin, mais en version Wobble bass. Ca t’écrase et te file des gnons pendant 6 morceaux, sans jamais oublier de jouer avec ton cadavre dans l’espace. Ca hurle, ça crisse, et c’est épique comme jamais. Du bon boulot. /Chronique du Reso – Temjin ICI /




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> Best Track / 2010


Caribou – Sun

Ce morceau est immense. En entendant la mélodie qui débute à la 4ème seconde, j’ai tout de suite compris que ce morceau allait voler mon âme. Ces chords dépressives, qui n’en finissent plus de monter. Ce “sun sun sun sun sun sun sun” qui te parasite à vie. Cette montée émo-dance affolante, à me filer les larmes aux yeux. Ces fluctuations dans le son, ces éléments qui giclent de la structure, jouent avec les volumes, saturent puis repartent tranquillement. Tu as l’impression d’entendre la synthèse parfaite entre Boredoms, Underworld et hit machine 94. Plus que la beauté absolue du titre, c’est ce que représente Sun qui me fait chavirer : Ce morceau, c’est l’incarnation parfaite de ce que je recherche avidement, ces espèces de fresques club dépressives. Ces tracks qui peuvent passer en fin de nuit sur un Dancefloor, mais qui sont bouffés par la tristesse. On parle de ce Caribou comme un disque joyeux. Pourtant, moi, il me fout la mort. Surtout ce morceau, qui me tue. Il chiale la tristesse, le regret. Il est une des incarnations parfaites de la solitude dans le club, de l’acouphène au milieu du monstre-foule, du hurlement au milieu des centaines de sourire. Désespoir hédoniste. C’est dommage, le Lp de Caribou n’arrive pas à tenir ce sentiment sur tout le disque (qui aurait été une des galettes de la décennie dans le cas contraire), si l’on excepte l’autre bombe dance-depressive du disque, Hannibal. Voilà, ce Sun, c’est le Vision Creation Newsun des Boredoms remixé par un Haddaway qui vient de se faire larguer.  C’est d’une beauté absolue, c’est la track de l’année, c’est un morceau qui me flingue le moral, mais qui, bizarrement, me porte et me donne envie de courir en écartant les bras. Histoire de voir si, un de ces jours, je vais moi aussi pouvoir m’envoler.

Caribou – Sun by radúz




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> Man of the Year – Waddy “Ninja” Jones


Qui d’autre a pu se targuer, cette année, de se retrouver 15 fois en une de Pitchfork, sur le twitter de Katy Perry, de faire un concert avec Aphex Twin, d’avoir été signé sur Jarring Effects et de passer à la télévision Américaine ? Tout en sachant que cette personne trimait depuis des années dans l’underground sud-africain et un peu français ? (Le Lp Jarring Effects donc, la compile Capetown beat, des feats avec Interlope il y a bien 7 ans). Waddy Jones (désormais Ninja) a tout brulé cette année avec ses clips hallucinés, son rap-rave débile et imparable, ses tatouages complètement pétés, son short pink-floyd. En 2010, l’explosion. Pourtant le bonhomme n’a pas énormément changé sa recette. Pas mal de titres déjà dispos dans sa période Mc Totally Rad ou MaxnormalTv ressortent chez Die Antwoord. Le groupe pousse le vice de singer la Dance 90’s en reprenant ni vu ni connu des morceaux de smile.DK, BronskiBeat ou 20fingers. Waddy Ninja Jones a surement géré de la façon la plus intelligente qui soit sa trajectoire en 2010, en brouillant absolument toutes les pistes autour de l’entité Die Antwoord, quelles soient au niveau de la musique, de l’image, de la promotion, de la vie privée même. Impossible de savoir qui fait quoi, qui est qui, si c’est underground ou mainstream. Et derrière ce nuage de fumé (plein de drogues), il reste un Mc incroyable, aliéné, parfois affolant dans sa maitrise des mots, des sonorités des changements de rythmes. Enfin, si le sacre Die Antwoord peut permettre de remettre un tout petit peu en lumière le disque solo précédant du bonhomme “Mc Totally Rad & Dj Fuck (France) / The Fantastic Kill (S.Afrique)“, galette absolument indispensable, géniale… et bien rien que pour ça, Die Antwoord, mérite une couronne. De toute façon ; il le dit lui-même, on ne peut pas fucker avec le chosen one. / Chronique du Die Antwoord – Sos ICI /




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> Top Videos / 2010




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> Les ½ de disque de l’année : Mount Kimbie / Teengirl Fantasy / Lorn

Sans déconner, d’où vient cette mode gonflante dans l’abstract / 2step / dubstep de sortir des galettes de 30 minutes ? Le plus drôle c’est que les groupes ont du potentiel, mais tous semblent oublier que dans la vie, on peut écouter de la musique pendant plus d’une demi-heure. Et encore, si la demi-heure était folle de bout en bout, pourquoi pas, ça se fait souvent (genre le Dibiase). Mais non, là on te colle une demi-douzaine de morceaux frisant le génie, au milieu de vignettes ronflantes. Le Mount Kimbie, c’était l’album que j’attendais le plus cette année, après deux excellents Ep l’année précédente. Le groupe que je place comme des petits génies en devenir. Ce Crooks & Lovers, c’est clairement l’une des meilleures galettes de 2010. Et l’un des plus gros gâchis aussi. Car trop incomplet, court, bancal. Des morceaux absolument énormes côtoient des trucs vraiment anodins. Ce qui nous donne 20 minutes de grande musique, de tirades superbes et ultra maitrisées. Mais 20 minutes pour un LP ultra attendu, c’est franchement raide. Peut être le disque que j’ai le plus écouté cette année (avec le Ventura et le Grems), qui m’a émerveillé avec ses Before I Move Off ou Carbonated, mais aussi celui qui m’a le plus frustré, vu sa durée et ses ternes reliquats. Je reviens, je vais m’arracher les cheveux.

Encore plus cocasse avec Teengirl Fantasy, qui invente un nouveau concept, aka je coupe qualitativement mon disque en deux, juste pour rigoler, avec une première moitié absolument insipide et une deuxième géniale. On a même plus à s’emmerder à chercher les bons morceaux dans cette galette, il suffit de simplement commencer à écouter le disque à partir de la piste 5. (Il y a 9 morceaux sur cet album, autant dire que c’est Byzance) Pratique, le groupe s’occupe de faire le trie pour nous, merci Teengirl Fantasy. Et dieu sait si justement, à partir de la track 5, le disque défonce, avec en point d’orgue un Cheaters sublime. Drôlement sympa cet LP de 18 minutes.

Pour Lorn, c’est la même rengaine, pour l’un des disques les plus attendu de l’année, produit par Clark et sorti chez FlyLo. Tu vas chez le disquaire, tu l’achètes, il coute cher mais tu es content comme tout, tu le fais claquer dans ton discman puis tu pousses un gros soupir empreint d’abattement en voyant un joli 32 minutes s’afficher au compteur. En enlevant les morceaux qui font grrr grrr grrr je suis mechant et ceux qui ne décollent jamais, ça fait pas besef non plus. Et pourtant, quand le bonhomme lâche les poneys, ou se fait mélancolique, le disque est mortel.

/Chronique du Mount Kimbie – Crooks & Lovers ICI ainsi que la chronique du Teengirl Fantasy – 7am ICI /




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> Les moments trop top des Chroniques Automatiques de cette année 2010 ! (attention, auto-promo, link dans les images)


L’interview de Grems :

La mixtape Les Autoroutes de la Nuit – Pitchoun x Chroniques Automatiques : France vs Japon :

Les lives :

La serie des Night Night Night :




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> Anecdotes 2010 :


– Apres quelques années de silence, écrasé par l’aura Yelle, Tepr revient avec une idée bien sympathique : filer gratuitement un morceau inédit et un mix par mois. Et si l’on n’est plus dans la même division que son diamant absolu Cote Ouest, le breton déroule de nouveau ses synthés bien gras, ses amours dance et ses progressions presque émo, drôlement belles. En espérant que le bonhomme, un de ces jours, se remette à bosser sur un vrai Lp.


– Le meilleur morceau Dance Hit Machine de l’année à été balancé par… Radio Dept, un groupe de pop brumeuse presque shoegaze, sur leur très bonne galette Cinging To The Scheme (avec une superbe pochette). Never Follow Suit, c’est le morceau aliéné parfait, avec ces petits claviers Ace Of Base, cette mélodie terrible, ces vieux violons synthétiques tout pourris et ce chant pop drogués par-dessus. Si le groupe essaie de se mettre à faire des tubes pareils pour leur prochain Lp, cela risque d’être grand.


– FlyLo a la bonne idée de rééditer sur son label le Lp Moustache, le chef d’œuvre absolu de Mr Oizo, une demi-décennie après sa sortie en France. Une bien bonne initiative.


– Shugo Tokumaru, qui fut le mec ayant accouché d’un des plus beaux disques de 2008, voir tout simplement l’un des meilleurs LP sorti du Japon sur ces dernières années, était de retour en 2010 avec Port Entropy. Alors forcément, je fais la queue à la première heure, je saute sur l’album en bavant, et me disant que ça y est, le Japonais va aller encore plus loin que son Exit, histoire de tuer la musique mondiale. Manque de pot, ce nouveau Tokumaru fait la tronche. Cela reste joli, mais c’est trop niais, trop linéaire, sans grande surprise ni prise de risque. Le musicien, devenu extrêmement populaire au Japon, a décidé de lisser sa musique au maximum, pour accoucher d’un disque à mille lieux du chef d’œuvre d’inventivité qu’était Exit. Le moment tristesse de l’année pour mon petit cœur.


– Cette année, j’ai enfin pu voir un concert avec un groupe qui vomit sur son public en s’enfonçant des moufles dans la gorge. J’avais toujours rêvé de cela, c’était le but de ma vie, merci Oshiripenpenz.


– La Hype, c’est toujours aussi bien quand les albums sont toujours bons. On a parlé du génial Deerhunter plus haut. Mais il y a aussi l’impeccable LCD Soundsystem, nickel de bout en bout, bien que n’ayant pas la même longévité dans mes n’oreilles que le Sound Of Silver. BATHS, très beau, surprenant. Crystal Castles enfin, surprenant, en arrivant à surclasser leur premier album malgré l’abandon des sonorités 8bits. On se tape un génial moment crise nerf (Doe Deer), de bien jolies excavations pop (Celestica…), des rouleaux compresseurs Rave avec de bons gros synthés putes frisant la perfection (Baptism) et un alien absolu pour clore le disque, qui se case parmi mes morceaux préférés de l’année (Le très beau I’am made of chalk)


– On va me poser la question pour le nouveau Kanye West, et la réponse va être un peu la même que pour son disque précédant. J’aime beaucoup, mais l’album n’est pas complètement réussi je trouve. Des morceaux énormes côtoient des morceaux vraiment pas top, voir mauvais. Bref, un album bien cool, mais qui ne m’a pas transcendé.


– Je ne me suis toujours pas remis du Few Nolder de 2009. C’est normal ? Il faut que Planet Mu force se mec à sortir un nouveau disque, tout de suite. Flingue sur la tempe, virement bancaire, coke & cream, ce qu’il veut, mais vite vite vite.


– Il nous aura bien fait marrer Lil B, avec ses pochettes absolument stupéfiantes, son record du monde de “bitch” et “dick” dans tous ses morceaux, ses 500 clips à l’arrache, sa post-production horrible rendant parfois ses tapes inaudibles, son album d’ambiant complètement absurde. Ouai bien marrant ce Lil B. Pourtant, sur son demi-million de tracks, il y a deux morceaux de lui qui m’ont parasité toute l’année. Son B.O.R et surtout le  Im God, parfait, qui trône (je n’en suis pas fier) dans le top 5 de mes morceaux les plus écoutés cette année.


– Une bien bonne idée orchestrée cette année par Mr Playlist Society, c’est le Top des blogs francophones. Nous étions 60 à avoir la possibilité de se taper dessus pour arriver à former un top musical 2010. Avec des blogs tellement trop biens comme ceux d’Adikt, Brainfeeders & Mindfuckers, Laisseriez vous votre fille coucher avec un rock addict et pleins d’autres trop cool aussi… Après des votes d’une violence insoutenable, ça donne un classement consultable ici, (et sur la quasi totalités les blogs, donc dans mes pages aussi)


Pitchoun prépare des trucs méchants pour 2011, avec de nouvelles cassettes, de nouvelles Autoroutes, et autres friandises. Cooler Than Cucumber prépare des trucs super chauds pour 2011, avec surtout [Censored/its a surprise]


– A1 Bassline, apres avoir balancé un excellent Ep en 2008, rêvent avec Breathless, une galette deux titres qui fera battre le palpitant de tous les fanas de The Prodigy mâtiné de dance pupute. Yeah Yeah wouhou baby, ce genre de trucs. Imparable.


– Ah ! Il parait que Flying Lotus a révolutionné le solfège cette année avec son Cosmogramma. Et bien pas moyen pour ma part, je n’y arrive toujours pas. Je ne dois pas piger le truc, ce disque me fait chier, tout comme son précédant, et j’en ai presque honte en fait, j’ai l’impression d’être tout seul, ça m’inquiète. Et pourtant, j’ai vu le mec en live, et je l’ai trouvé génial (c’était d’ailleurs le seul type à ne pas faire la gueule durant le Warp festival). De plus, dans ce Cosmogramma, il y a un morceau absolument sublime, Zodiac Shit, une des plus belles fresques de l’année, que j’ai du écouter une bonne 50aines de fois. Sauf que le truc fait 1min30 et qu’après, cela repart en couille. Je ne comprends pas. Ne me tapez pas.


– Le Plaid, il est ou le nouvel album de Plaid ? Graaaaaaaaaaaaah !


– J’ai attendu comme un dingue le nouveau Gorillaz, qui ne s’était pas révélé franchement excitant au final. Magie de noël, Damon Albarn déboule avec autre Lp de Gorillaz, The Fall, enregistré à l’arrache pendant sa tournée. Et bien, le tout se révèle plutôt plaisant, car malgré quelques horreurs (Phoner Arizona, Detroit…) le disque peut se targuer d’avoir une vraie ligne directrice changeant du fourre-tout de Plastic Beach, et surtout contenant des chansons pop bien sympathiques (Shytown, Little plastic bags, Aspen Forest, Revolving Doors et surtout les excellent Hillbilly Man et Amarillo). Cela serait top que DMouse ou Dan The Automator reviennent pour le prochain Lp par contre, ils sont mine de rien bien plus sémillants qu’un Ipad.


– Je ne peux pas ne pas reparler très rapidement de l’entame du dernier disque d’Himuro Yoshiteru, ces trois premiers morceaux ultra massifs, electronica dérouillée, jouissive, hurlante, superbe et presque traumatisante. En plus, le reste du disque défonce.


– Pour ma pomme, cette année, c’était aussi l’année du déménagement du site des Chroniques Automatiques. Merci vraiment d’avoir suivi le changement, de ne pas vous être carapaté ailleurs non plus. Évidemment, encore quelques bugs, toujours ce rythme aléatoire de parution des chroniques doublé par ma fainéantise légendaire, j’en suis désolé.

N’hésitez pas à faire tourner un maximum l’adresse de cette nouvelle version, à linker le tout, car évidemment changer d’url, ça ne fait pas plaisir à Google. Merci aux musiciens qui me font un minimum confiance… Thx to Pitchoun Team, Bombyx et Vodkatronic, Darren_w et surtout surtout merci encore à tout ceux qui commentent et échangent dans ces pages, c’est comme ça que le site continue à vivre. (Qui rentre dans la 5ème année !…) Pour tout ceux qui viennent régulièrement dans ces pages et veulent papoter un peu plus musique ou autre, n’hésitez pas à m’envoyer des mails sur ma page Facebook, en précisant votre pseudo (histoire que je vous reconnaisse mine de rien), c’est toujours avec grand plaisir !

Merci encore, bonne année tout ça, surtout la santé évidemment. Et bien plus encore pour 2011, dans le plus grand chaos, les Chroniques Automatiques rempilent pour au moins un an supplémentaire !


yop,



Dat’

Chroniques Automatiques




VHS Head – Trademark Ribbons Of Gold

Posted in Chroniques on December 29th, 2010 by Dat'



Jagabee Jagabee



Ce qui est bien avec Skam, à l’instar de Rephlex, c’est que l’on a une chance sur deux de tomber sur un producteur qui vient de nul-part, avec aucune possibilité de savoir qui est réellement derrière le projet. Avec souvent deux solutions : 1/ Un mec perdu dans un village Anglais s’étant tellement emmerdé durant son adolescence qu’il a eu la bonne idée de devenir un petit génie de la musique. 2/ Une grosse tête connue de l’electronica qui se paie une petite incartade anonyme, avec le flot de rumeurs qui va avec. En ce qui concerne VHS Head, toujours pas de confirmation, on parle autant de ce pseudo comme étant le side project d’un des membres de Boards Of Canada (ahah) ou des Gescom, même si le bonhomme pourrait tout simplement n’être qu’un nouveau talent lancé par le label.

Pour sur, c’est que ce VHS Head est un amoureux des vieux films, avec ces titres plus ou moins référencés, et une pochette toujours réduite au minimum, malgré l’usuel et cool sticker en braille de Skam.







Et franchement, il m’a suffit de quelques secondes pour convaincu que ce Trademarks Ribbons Of Gold allait se révéler démoniaque. Apres une première lugubre introduction, le disque explose dès Sunset Everett balance une déconstruction pop imparable, avec une demoiselle qui se retrouve coupée en morceau, une superbe mélodie très Plaid qui déboule régulièrement, et un morceau qui n’arrête plus de se faire fracasser, entre solos de guitares chelous, dialogues inintelligibles et attentats noisy. C’est absolument génial, le morceau est complètement barré tout en restant vraiment beau, et à surtout le mérite d’être (presque) dansant. Car c’est ce groove, qui manque à 99% des disques d’électro dérouillés, et que l’on retrouve d’ailleurs chez un Mr Oizo, qui illumine ce morceau. Malgré les saturations cradingues qui te tombent sur la tronche, tu as envie de claquer des doigts, de mettre tes lunettes de soleil et de faire des pas de danse dans le métro. De chanter “It feel pa pu pa pé té sa !” (C’est le chorus bizarre du morceau, ne m’en demandez pas trop) devant le distributeur de monnaie, en tapant en rythme ton code de carte bancaire, parce que c’est trop pimp. Barré et imparable.

Et si l’on veut sauter contre les murs en devenant fou, suffit de se jeter sur l’autre bombinette de ce début d’album, avec The Murder Cycles, pépite dance complètement rétamée par les pluies acides du musicien. Tu as ce petit sample servant de mélodie (le tintement cristallin qui fait “Tidiiii”) au milieu d’un fracas absolu, tsunami orgiaque de changements de structures et autres déflagrations dégueulasses. Grand chambardement, qui va pourtant échouer en son milieu sur un vieux sample de film asiatique, des chœurs malades, puis repartir à fond les ballons dans un simulacre de Daft Punk jouissif. Va falloir passer ça dans une bagnole sans prévenir le conducteur, juste pour rire.

Franco Zoom To Nowhere va revenir sur les terres d’un Mr Oizo (on ne les avait pas quitté en terme de style, mais bien de violence), c’est du Funk tubesque pendant 1minutes, puis ça part sur un truc cradingue qui n’a rien à voir mais qui est tout aussi fou, pour revenir nous casser la gueule en mode Warp qui sodomise les BeeGees et Corona. Et des fresques dans le genre, petits diamants de groove et de concassage sonores, il y en a des tonnes, entre le fou Guinea Pig Film, qui aurait pu se caller dans Moustache sans rougir, ou Giniasi, tuerie de moins de deux minutes, faisant copuler un Guitar Hero avec un synthé imparable. Le tout passé à tabac par trois cents tonnes de gravas noise. Bonheur.




Le plus drôle, c’est que VHS Head se la joue ptit con, car en plus de piler et déchiqueter les bandes sons des vieux films, il semble même prêt à mettre en pièce ses idoles. On a l’impression que le bonhomme fait des clins d’œil au Windowlicker d’Aphex Twin sur un tiers du disque et semble carrément dérouiller Autechre à coup de batte de baseball sur Dpp39. A dire vrai, cela doit être mon imagination, (après quelques vérifications, sans huissier) mais j’ai même cru qu’il samplait Ipacial Section (du lp Untilted) sur ce morceau, avec cette mélodie métallique saccadés, cette même note qui tonne vingt fois en mode épileptique en 3 secondes. Au final, c’est le même procédé, le même « son » aussi, mais pas les mêmes notes. Malin le VHS. Et si chez Autechre, c’était en mode dépressif pour terminer une fresque hallucinante, ici, on noie le tout dans une drill’n bass hardcore mélangée a des exclamations Soul et un combat de sabre (sisi). En plus le tout s’intègre TELLEMENT BIEN avec le morceau suivant que tu as l’impression d’etre  sur un même morceau pendant 8 minutes : plaisir maximum, nuages, soleil, nu dans les hautes herbes, tout ça.

En fait non, c’est Remote Control qui commence, autre grand incontournable de l’album, monstruosité épique, commençant avec un clavier psychédélique génial qui va faire plaisir à Ceephax, et une drill’n bass glitchée franchement agressive. Tu as des voix passées au hachoirs qui font “Tu tu wah wah wah yeah”, des circonvolutions electronica qui pleuvent en rafale, tu ne comprends rien, mais c’est tellement beau et cramé dans le même mouvement que tu ne peux qu’écarquiller les oreilles en te disant que tu viens de te faire rouler dessus par une girafe rose à moteur. Le milieu de morceau passe en mode Jean Michel Jarre pour psychotiques, et la fin tente de se la jouer 80’s émo plein de sentiments, sauf que vu les beats lacérés et le hurlement façon film d’horreur, tu as plus envie de te rogner les trippes sans anesthésie que de faire des câlins à ta peluche.

Sinon il y a des pistes plus calme, bien Skam/rephlex/Warp, genre le superbe The Stuff, qui te refais vivre l’electronica mode synthés claviers tout fragiles avec une très belle mélodie sur sa conclusion, après avoir tenté de clasher tes voisins pendant 2 grosses minutes. Ou Brain Damaged, drill épique écrasé par de gros claviers vintages. Voir Seen Enough, funk émo lacérée par les pulsions sadiques du musicien. Bref, de toute façon, il y a 20 morceaux, et 19 énormes, on ne va pas tous les faire. La majorité absolument mortels, complètements cramés, bourrés de détails, amas improbable de folie incroyablement maitrisée. En plus le mec pourrait se la jouer album d’une demi-heure, mais même pas, le disque et rempli à ras bord, peu de vignettes ou d’interludes inutiles, c’est tout bénef.





Comme précisé plus haut, l’exercice de déconstruction fait fortement penser à Mr Oizo. Pour les clins d’œil débiles mais surtout pour ce sens du groove haché menu, au métronome plus electronica que Quentin Dupieux. Chez VHS Head, on n’a pas peur de tout casser et c’est parfois franchement violent (The Murder Cycles, Remote Control…) Difficile de s’entarter le disque dès le matin, et le Lp peut faire grincer quelques dents sur les premières écoutes. Mais tout se fait d’une façon presque sentimentale, avec de belles mélodies qui tentent de survivre dans le chaos ambiant, ou jaillissant du maelstrom glitché. Car ce sont, encore une fois, ces mélodies, ces choix de samples, qui tirent le disque vers le haut, et rendent ce dernier indispensable. Ces samples donc, parlons en, il doit y en avoir trois mille, impossible de tous les reconnaitre, VHS Head se la joue Girl Talk version boucherie émo, et passe tout à la moulinette, à tel point qu’il est difficile de discerner si la mélodie du coin a été crachée par les synthés du producteur, ou extirpée d’un obscure vynile puis détruite avec une sauvagerie savamment calculée.


Avec moins d’humour absurde que notre français à barbe, mais aussi moins de je-m’en-foutisme, VHS Head ne joue finalement pas sur le même terrain que le français, et offre une alternative franchement bien gaulée, dans un style d’électro sauvage qui n’a plus pignon sur rue, et surtout que peu maitrisent avec talent (Le disque fait aussi pas mal penser du Utabi pour le coup).
C’est le bordel jouissif, le capharnaüm candide, l’ultra violence et la mélancolie électronica qui copulent sur une bien belle galette.





VHS Head – Sunset Everett




VHS Head – The Murder Cycles






20 Titres – Skam
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Lone – Emerald Fantasy Tracks

Posted in Chroniques on December 23rd, 2010 by Dat'


Sleep Alone



Difficile de le cacher, Lone était mon petit favori d’il y a deux ans, avec son très beau Lemurian, sorte de Nu-abstract noyé dans un grain enfumé façon Boards Of Canada, et mâtiné de nappes nostaligico-nauséeuses à la Paradinas. Passé un peu inaperçu, à cause d’un contenu pas vraiment tapageur, et d’une pochette étonnante, ce Lemurian avait pourtant marqué mon petit cœur sur 2008. L’année suivante, rebelote, Lone revient avec carrément 2 Lp, Ecstasy & Friends et Kona Triangle en collab avec K. and Brause. Sans compter quelques Ep distillés ici et là. Comme pour Lemurian, ces deux livraisons étaient très bonnes, mais le beatmaker avait un peu déçu car ses deux nouvelles galettes étaient des copies conformes de son premier jet. Pas franchement d’évolution et encore moins de prise de risque, les deux Lone enthousiasmaient car les fondations étaient bonnes, mais pouvaient aussi inquiéter sur le devenir du bonhomme, peut être enclin à faire du surplace. Pépère

2010, fin de l’année, l’américain déboule de nouveau, presque sans crier gare, avec un nouveau petit Lp, Emerald Fantasy Tracks, troisième déclinaison de bords de mer sur artwork, à croire que Lone est obsédé par la plage et le sable fin. Bonne nouvelle, la musique de ce dernier n’est plus axée que sur l’envie de lézarder en pleine crise de mélancolie sur une serviette de bain. Si le tout semble toujours en post-dépression, Lone semble avoir un peu envie de noyer ça en faisant là fête. Et ça, en plus de faire évoluer les sonorités de l’anglais, ça fait du bien.






Et en parlant de Dance, je ne déconnais pas. Lone sort les synthés puputes, les hérésies trance, les claviers dont la cours de récréation était friande. Cloud 909 sort de la brume et tu sens que tu écoutes un Lone car c’est dans le brouillard, c’est étouffé, c’est compressé. Sauf que cette fois, en bonus, tu as un synthé absolument mortel, un beat techno bucheron et petites friandises dancefloor. Dès la première minute, ces nappes mélancolico-planantes faussent le décors, ce n’est pas la soirée hédoniste dans une piscine à Miami, mais bien le souvenir écornée de cette dernière. 2 minutes 45, les synthés ultra grillés se mêlent à des tirades tire-larmes à crever, c’est beau et dançant, parfaitement équilibré. Boards Of Canada toujours, mais sous ecstasy.

Et comme les autres disques de l’anglais, difficile de faire du cas par cas, car c’est extrêmement homogène. Ca plait ou ça repousse. Aquamarine en horrifiera certains en ressortant les vieilles 808 du placard. Mais entre les vieux handclaps grillés et les synthés épileptiques, perso, c’est tout gagné. D’autant plus que le morceau est encore vrillé par quelques éclairs neurasthéniques et ressac sur galets, avant de repartir dans Trance megamix 6, pour crever sur une fin triste et superbe, la folie de la rave vintage faisant place à une descente analordienne géniale. (dommage que cette dernière ne soit pas plus longue pour le coup). Même combat pour l’excellent Moon Beam Harp, et pour le plus « Lone d’avant », Petcrane Beach Track, plus ensoleillé et downtempo que ses potes du dessus.
Enorme réussite enfin avec Ultramarine enfin, Deep house sombre qui va graduellement s’ouvrir sur un synthé mal de mer cristallin, avant de laisser le soleil bronzer sur les boites à rythme. Le morceau va se briser en son milieu pour partir sur une techno lumineuse, superbe, avec handclaps mortels, mélodie mélancolique géniale qui n’en finit plus de filer vers le ciel. Absolument mortel.

Mais le prix du rouleau-compresseur-dance-imparable-j’ai-les-cheveux-qui-se-dressent-sur-la-gueule-quand-je-l’entends-à-chaque-fois-débouler-dans-mes-écouteurs est à remettre à Re-Schooling. Ligne mélodique ahurissante, beat house enlevé, petits gémissements pas piqués des hannetons, exercice Chicago, ici étouffé par la compression si caractéristique à Lone. L’effet sonore est génial dans le casque. Et en écoutant le morceau d’une oreille attentive, cette bombinette dance se retrouve elle aussi parasitée par un va et vient désabusé, avec ces claviers chialant après la première minute, et chords émo sur le dernier tiers.

Le dernier morceau du lot ralentira un peu le métronomes, pour aller de nouveau flirter sur les terres de Lemurian et Ecstasy & Friends, avec The Birds don’t fly this high, complainte cotonneuse avec craquements de vyniles, rythme bouffé et mélodie qui n’aurait pas fait tache chez µ-ziq. C’est beau, claquement de doigts, sofa, notion du temps fallacieuse, un des meilleurs morceaux de la galette, contrebalançant parfaitement les parties de jambes en l’air plus hédonistes qui le précède.





Avec ce Emerald Fantasy Tracks, Lone nous refile presque ce qu’il promettait avec la pochette de son album Lemurian. De la musique Rave, synthés un peu putes, beats qui tabassent. Sauf que sous ses lunettes de soleil, la belle demoiselle chiale, et chaque morceau de ce nouvel Lp est buriné par la mélancolie. Que cette dernière arrive en bout de bourse après une nuit de fête (Aquamarine) ou qu’elle court tout au long d’une soirée bikini (Ultramarine) les morceaux du LP nagent tous entre deux eaux, allégresse et mélancolie, à flinguer les hanches et le cœur dans le même mouvement. Le tout renforcé par ce nuage sonore constant, cotonneux, bouffant avec brio le disque de part en part. C’est un peu Ibiza en psychothérapie, Dancefloor grillé à 5 heures du mat’, un mélange génial, beau et jouissif.

Mais clairement, pour décrire ce Lone, pas besoin de chercher plus loin que la pochette : C’est le souvenir, un peu heureux, vaguement mélancolique, de cette soirée passée sur la plage avec cette rencontre d’un soir, à s’embrasser autour d’une bière. Le moment où l’on hésite, où l’on se sent bien, même si l’impression de faire une connerie nous tenaille.
Deux âmes tristes dans une brève bulle de joie, alors que la Rave crève le ciel à 200 mètres de là.





Lone – Cloud909




Lone – The Birds don’t fly so high






8 Titres – Magic Wire Records

written by Dat’




Phaeleh – Fallen Light

Posted in Chroniques on December 12th, 2010 by Dat'


Fallen Fight



J’ai cherché sur Wikileaks la biographie de Phaeleh, mais même là bas, que dalle, aucune information, à part que le mec vient de Bristol. Cet anglais avait caressé les tympans avec son mini-album Within The Emptyness, assez inégal, mais tutoyant parfois les sommets avec un Uk Garage planant superbement taillé. Quand il sentait le bitume, il était génial, mais un peu moins convaincant dans le trip world-uk-garage-feu-sur-plage.

Mais il est facile de voler mon ptit cœur, il suffit de balancer quelques rythmes 2-step, des voix puputes qui font “yeah baby i loose your love whohouoo” à la mode dans le dubstep-2step, et de beaux synthés bien deep. Phaeleh promettait du beau, et vu que Pangaea n’est toujours pas décidé à sortir un album, je ne pouvais que sauter sur ce Fallen Light, premier vrai gros Lp du bonhomme.







Et si la pochette fait vraiment minimum syndical (décidemment), le packaging contient enfin un disque faisant plus de 30 minutes. Et quand je citais le Uk Garage, ce n’etait pas des paroles en l’air. Il n’y a plus de raison de parler de Dubstep dans le coin, du moins celui que l’on a à l’esprit actuellement, même si ce Fallen Light sera forcément affilié à tout ça. En plus le premier titre va en faire flipper beaucoup. Ecouter Afterglow ? T’assume pas. Trop niais, trop pop, trop émo. Moi ça tombe bien, ces feulements anglais un peu ringards sur fond de Uk breaké, j’adore. C’est beau. Soundmouse, demoiselle british en feat sur deux morceaux du disque, se balade avec des lyrics pas très compliqués sur des instrues à tomber. Les chorus, entre la voix de la demoiselle, et les clochettes fragiles, me flinguent. Plus qu’une extrapolation de ce que les mecs comme Burial ou FaltyDL tentent de déconstruire, c’est un retour vers le Uk suave du milieu des 90.  Artful Dodger & Craig David, i’m here. Breathe In Air est peut être encore mieux, encore plus pop, le rythme est dingue, il fourmille dans tes tympans et il s’y plait. Les synthés te rappellent la dernière fois ou tu te roulais nu dans les nuages. Ne dis pas non, j’ai des photos.

Mais si ces deux superbes saillies peuvent faire flipper pas mal de monde, et cela peut se comprendre, Phaeleh nous balance un vrai album de Uk-2step-dub, superbe dans certains morceaux. Justement, après la popisante ouverture, il y a Losing You, et là on chiale instantanément, parce que c’est un peu le genre de morceau fan-service qui peut me draguer les yeux fermer. Evidemment, pour cet album, les comparaisons déboulent, et on est obligé de placer Burial, Clubroot ou Pangaea dans le lot. Mais voilà, Phaeleh est moins mystérieux et enfumé que ses compères. Plus direct, plus mélodique, plus Uk garage donc, ça fait presque revival pour un genre tombé en désuétude et ressuscité d’une façon plus fantomatique par les précités. Le rythme est incroyable, parfait, le groove qui me rend fou, le genre de beat que je pourrai écouter toute une nuit. Ca claque, c’est bancal, ça boite mais en même temps ça te fout des coups de talons dans le bide. Et par dessus le tout, c’est une mélodie franchement belle, accompagné de voix r’n’b puputes dont je ne pourrais jamais me lasser, à base de “i’m loving you / i’m losing you”. La dualité est sublime, tu as un peu de cordes, un peu de percus teintées world qui ne font pas taches contrairement au mini album précédant, qualité parfaitement dosée. Le break de la 3 minute me file la chiale, et le morceau repart pour une deuxième partie parfaitement menée.
Même combat pour Lament, avec un travail parfait sur les voix, spectrales, entre chœurs expirés se fondant dans les cordes, et petites exclamations pitchées parfaites. Le rythme claque encore comme jamais, ce n’est que succession de synthés de bells, de corde, au casque, c’est aff(ri)olant.




Autre petit miracle avec Delusions, superbe missive uk-2step plus atmosphérique, avec pour ligne rouge un piano sombre et pesant. Ca gargouille de partout, le rythme déboule d’une façon incroyable, faut voir ton système tressauter devant tant de classe, tu as tes enceintes qui te demandent un mouchoirs tellement elles rafolent de cracher un morceau pareil. “Say how can i loooove you”, le morceau n’est qu’une succession de pauses mélodiques et d’échauffourées 2step incroyables, sur 7 putains de minutes. Je veux entendre ça dans un nightclub, une salle de concert, un cinéma, un appart avec un system Bang & Olufsen, bref, n’importe où je peux m’affaler sur un sofa avec une bière et une qualité sonore de folie, juste pour écouter ce morceau et avoir envie de crever.

Paraphrases pour les excellents Hollow et Sundown (un peu plus binaire sur le rythme et sublime dans ses synthés). Ellipse poussera le vice de faire monter la sauce avec une introduction de folie : Synthés émo qui prennent de l’importance, voix pitchées perdues à l’horizon, bleeps bizarres. Des claquements déboulent, le métronome n’est toujours pas complet, et ce n’est qu’au bout de deux minutes que tu te prends un sac d’angelots dans la tronche. Encore une fois, les chœurs enfumés, un peu Adrian Sherwood, te dissèquent la colonne.

Mais si 90% du disque est en mode Uk Garage-2step, Phaeleh s’autorise quelques digressions dub. Un peu moins inspirées peut être, car plus génériques (genre Badman, seul représentant Dubstep du disque, avec sa wobble caverneuse pas folichonne). Mantra sera bien plus convaincante, elle aussi assez Sherwoodienne, car mélangeant synthés dub et rythmes Uk. Reste que Plateau est le morceau tendance dub à s’en sortir avec les honneurs, car froids comme la mort, synthés résonnant en mode caverne de glace, pas si loin d’un Scuba des grands soirs.
Et apres un très beau interlude ambiant, Ghosts Of Memories, Phaeleh termine son album avec un superbe et épique Fallen Light, où violons chevauchent rythmes fish & chips. Encore une fois, cela n’en fini plus de monter, la mélodie est superbe, les voix pitchées me filent la frousse, et le beat fini le travail sans bavure. Un peu plus agressif que le reste de l’album, le morceau fait office de parfaite conclusion, car moins sec, beaucoup plus massif et spatial que le reste du Lp.




Là où le Uk/2step est passé de mode, ne s’escrime qu’à ne sortir que des Ep vyniles, ou des trucs inchoppables si l’on n’habite pas à Londres, Phaeleh fait plaisir. Il assume le truc jusqu’au bout, ne noie pas sa mixture sous un building expérimental. Il balance une musique seche, directe, planante, parfaitement ciblé pour mes esgourdes. Ceux qui ont adoré le Remember Me de Clubroot, sur le disque bonus de son MMXII se doivent de sauter sur ce disque. Qui est parfois un peu cliché, mais tellement bien branlé que l’on ne peut que s’incliner. Les morceaux avec Soundmouse me font penser à pleins de trucs que j’écoutais il y a un bail. Ce n’est pas tout jeune. Phaeleh me sort un peu le Lp dont j’avais besoin, un truc qui ne file pas du 2step-garage sur deux trois morceaux, mais bien sur la (quasi) totalité de la galette.

Alors tu vas me dire qu’il est sympa ce disque, mais parfois niais, voir inoffensif. Trop Uk, pas assez Step. Les voix pitchées, les I miss you, les trucs sucrés, tout ces machins. Certes. Mais les premières déclarations enflammées, on les a oublié? Tu n’arrivais plus à manger, pendant presque une semaine, pour au final ne jamais la donner. Ca ne fais pas sourire, nostalgie et j’en passe ? Cœur noué, cour de récré, rires en cours, tout ce bordel ? Quand tu rentrais chez toi avec un Prodigy dans les tympans, en pensant être, pendant 30minutes, le roi du monde. Les potes surtout, les potes. Le moment où tu changes de ville, parce que l’université. A bientôt ? Non. Et puis la pluie, les sorties de boite, les retours de concerts, avec le casque sur les oreilles, en longeant les quais. Le boulot, l’ennui, l’usure. Bordel, ça fait du bien d’être niais.  Il est beau ce disque. Xxxo, tout ça.





Phaeleh – Delusions (Short Version)





Phaeleh – Losing You




Phaeleh – Afterglow





13 Titres – Afterglo Records
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Teengirl Fantasy – 7am

Posted in Chroniques on November 28th, 2010 by Dat'


Forever 21



Tu dors pendant les party. Danser complètement peté, ça te fais chier. Cendrier, siège au bar, moue d’ennui pour armée, rien n’est plus plaisant que de dodeliner mollement de la tête en caressant le faux buffet. Stroboscope, t’es morte, la tête dans le vomi, avachie sur le canapé. Dans les toilettes, tu te cognes contre la porte, escalier, tu viens de foirer une marche. Sang dans les gencives, tu n’as pas honte, tout le monde t’a déjà oublié. A force, la femme de ta vie, ce n’est que l’acouphène, le parasite. Ne pas s’occuper de sa minijupe égarée, le pull est assez long, il ferait office de sexy cache misère pour le reste de la nuit. Musique trop forte, tu passes tes journées dans les clubs, tu vas baiser. Fumée, paquet de clope vide, cheveux longs, tes jarretelles déchirées, affolante, le club tangue, les messieurs semblent désemparés.  T’es lourd, tu passes ta vie à te frotter. Tu bois pour oublier. Dans trois heures, il faut aller bosser. Tu cherches partout le papier avec son numéro. Tu as envie de prendre ta douche. T’es gorgé. Coït avorté. Etudiants c’est la tourné, désincarné. Oreos pour faire passer la boisson.

7am, after all, l’univers parallèle, le moment où tu te rends compte que tu es fatigué, que tu as trop pris, que tu es en train de te paumer, tu ne reconnais plus grand monde, tu as envie de dormir et de hurler. De te laisser porter, assis comme une merde, ou de te mettre dans un coin et regarder le monstre-foule sauter. Notion du temps abstraite, maelstrom de couleurs, de basses grondantes et de verres cassés. On flanche, les murs guident, les regards sont perdus, c’est la grande mer de l’incertitude, du flot ouaté, début de claque violente, de la redescente tant redoutée, épilepsie lumière. Tu ne comprends rien, une simple succession de rythmes et de synthés en slowmotion. La musique était merdique au départ mais maintenant elle te plait, car bouillie ralentie où tout se chevauche, s’enlace et te fait planer, tête dans les étoiles et ventre bientôt dans le caniveau.







Niveau critique de l’album, ça va aller vite. Déjà, la pochette est déguelasse, mélange entre typographie Word classe de collège et Powerpoint sous windows95©. A mille lieux de leur incroyable site officiel (fouillez dans les categories, c’est hum… sublime), s’inspirer de ça aurait pu faire un excellent packaging) Mais surtout, la première moitié du disque est ratée. Mais alors vraiment. Déjà, en achetant la galette, et en voyant qu’elle ne faisant que 35 minutes, j’ai grogné, même s’il l’on commence à s’y habituer. Par contre, après avoir trouvé la moitié du cd à chier, j’ai blêmit. Le plus drôle, c’est que sur la première moitié du disque, qui comporte seulement 9 morceaux (c’est Byzance franchement, faut pas en faire trop les mecs), il y en a 2 qui dépassent à peines deux minutes. La bonne blague.

Alors oui, donc, les 4 premiers morceaux c’est simple, In an Arena et In The Rain c’est des synthés linéaires avec une rythm-box rachitique qui fait boum boum clap clap avec autant d’entrain que la boite vocale du Pole Emploi. C’est un peu retro, vaguement planant, assez pauvre d’un point de vue technique et mélodique, on est mal barré. Make The Move commence avec un gimmick assez cool, elle ne dure que deux minutes, et recycle le truc à l’infini, bref, le tout ne sert à rien, il y a plus de variation en écoutant mon linge sauter dans le seche-linge. Sur cette première moitié du LP, il n’y a que l’ouverture Vibes qui se révèle plaisante, avec cette jolie progression planante qui finit sur une belle ouverture Techno. Mais bon, ce n’est pas non plus la grande folie, c’est juste sympathique.




Bref, on fait la gueule, on se dit que pour le prix du Lp, on aurait mieux fait de s’acheter des Rollmops chez le traiteur. Et c’est là qu’intervient le 5ème morceau de ce Teengirl Fantasy, Floor To Floor, qui nous réveille avec son gros beat de bucheron. Les synthés s’enroulent, du bruit blanc s’immisce dans le tout, l’intro interpelle forcément. Et pan, au bout d’une minute, on bascule dans le bonheur, avec voix pitchées, mélodie sable chaud, claviers superbes, techno bien cool. Fini l’espèce de bouille retro linéaire chiante servie sur la première moitié du disque, place à une électronique bidouillé au cœur mou, mélange entre Delorean, Mount Kimbie et Lone. On a le droit à un petit break dark, bouffé par les saturations et les rémanences hardware, avant de repartir sur une dernière minute lumineuse. Vraiment top.

Attendez, Nick Weiss et Logan Takahashi, le duo derrière le disque, après m’avoir redonné (un peu ) le sourire, m’administrent une claque énorme avec le titre suivant, confirmant que la deuxième moitié de leur disque est à des kilomètres de la première. Cheaters est une bombe absolue, une superbe missive techno planante, pas mal Chicago, un peu Technasia. Tout est parfaitement placé, la mélodie est affolante, les synthés s’envolent jusqu’au nirvana. Au milieu, une prière, un sample sorti d’un morceau super joyeux, transformé ici en complainte triste à se flinguer la colonne vertébrale, avec un orateur Soul fou qui chiale ses viscères sur ce lit house cristallin, c’est génial, tout est parfaitement construit autour des exclamations. Le morceau n’en fini plus de monter, c’est super beau, hypnotique, ça progresse par couche pour un final quasi-orgasmique. C’est danser en Slow-motion la tête dans le sac, écouter de la house sur le toit de plus haut de Tokyo en pleine nuit les bras grands ouverts, s’endormir au milieu d’un dancefloor en position fœtale. J’ai fais du vélo en ville en écoutant ce truc, j’avais l’impression de m’envoler, vitesse, j’ai frôle l’accident.

Le groupe balance un morceau beaucoup moins abstrait, avec un titre qui décrit on ne peut mieux le Lp, Dancing In Slow-Motion, (Ils auraient du appeler la 2eme moitié du disque comme ça) Moins abstrait, car la voix d’une certaine Shannon Funchess n’est pas sample mais featuring, on a donc un morceau de disco drogué dans les oreilles, les rythmes éclopés sont bourrés de reverbs, plutôt réussi, et salvateur au milieu des tracks aériennes du disque. Et c’est pour mieux retomber dans la fumée sur les deux derniers morceaux, Koi Pond démarrant avec une grosse nappe ralentie, bruit du vent dans le parking, ça transpire l’émo avec claviers mystérieux et voix fantomatiques burialisées, avant qu’un rythme se fasse entendre à la 3ème minute pour secouer le tout… 45 secondes, car on retombe dans le Slow-motion cristallin sur la fin du morceau. Etouffe, tu écoutes de la musique electro avec un sac plastique sur la tête. Joli.

Forever The Feeling rapportera un peu de candeur et de soleil dans le disque, avec un rythme tribal bizarre, imparable, super entrainant, ciblant la nuque direct, breaks bizarres, borognymes robotiques. Ca pourrait être un tube mais il est 7h du mat’ après nuit blanche, alors on a un truc tout vicié et bizarre dans les oreilles. Cœur du morceau, une mélodie grave se fait entendre, et la track part dans un trip hédoniste jouissif qui n’aurait pas fait tache chez Animal Collective version House, il ne manque plus que les exclamations camées, la dernière minute est épique, la grande classe Nestor.





Alors forcément je ne sais pas si l’on peut parler d’album réussi, quand la moitié du disque déçoit anormalement et l’autre transporte autant. 7am peut être, mais l’on aurait pu séparer la galette en deux EP nommés : « se faire chier dans une lounge à 11pm » pour la première moitié, et « So great to dance In Slow-Motion at 7am » pour la deuxième. Car cette deuxième partie est franchement réussie, habitant des morceaux superbes, drôlement bien troussés, hypnotiques, bourrés de gimmicks que j’adore. J’ai vraiment hâte de voir ce que le groupe nous réserve pour la suite, ça peut être grand. En attendant, du bonheur en rafale avec un bout de ce 7am, contenant d’excellents morceaux. Dommage que Teengirl Fantasy ait oublié de faire un album en entier.





Teengirl Fantasy – Cheaters





9 Titres – Merok Records

written by Dat’





Arm & Iris – Les Courants Forts

Posted in Chroniques on November 18th, 2010 by Dat'


Et il y ce putain de point de côté qui me diminue



Cette galette, je l’attendais avec une grande curiosité. D’une parce que les apparitions d’Iris se font plus que rares. Deux-trois trucs avec Grems, Psykick Lyrikah, Para One ou SoulSodium, et pas grand chose d‘autre car le monsieur est surtout photographe. De deux parce que Arm, il me parasite depuis qu’il m’avait déboité la mâchoire avec ses premiers featurings sur Idwet et Gooom (le gigantesque Et la Nuit s’éternise évidemment, sur l’immense Bad Thriller… Mais aussi Rico Flam II et sa prod ultra hargneuse, sans oublier le 1er Hamlet. Tiens, cela serait cool qu’Idwet revienne sur la place et ressorte des disques par rafales. Breton qui m’a renversé, comme pas mal de gens, avec son groupe Psykick Lyrikah, évidemment.

Et voilà qu’il y a un an, le sémillant Neska d’Adikt me lache une petite info, en m’assurant qu’un Lp réunissant Arm et Iris allait sortir, un jour. On se marre, on se dit que le mec joue avec nos nerfs (car il faut savoir que Neska se délecte, en sirotant sa bière, de voir les gens souffrir de l’attente. C’est d’ailleurs pour cela qu’il tient un blog sur les sorties de disque, histoire de voir les gens se dire “ah non, encore deux mois avant que cet album génial sorte”, un vrai sadique j’vous dis.)

L’autre belle news, c’est que le disque, en plus de réunir deux voix que j’aime énormément, propose quelques prods composées par My Dog is Gay en ce moment Fortune et ex-moitié d’Abstrackt Keal Agram. (Tout en rameutant pas mal de producteurs entendus du temps de SoulSodium) Il n’en faut pas plus pour emballer mon palpitant. il ne manque plus qu’un retour de Soklak et je peux etre heureux.







Seul petit problème, le label ne vend pas le disque hors Europe. Embettant quand on est au Japon. Et je fais pour acheter la version cd, je vous le demande ? J’ai du me retourner vers Itunes, tout de Beatles vêtu, la mort dans l’âme. Mon discman, qui est déjà à l’agonie après une demi-douzaine de bons et loyaux services, n’en revient toujours pas, il me traite de connard. Alors pour la sempiternelle description du packaging, on repassera. Mais tout le monde s’accorde pour dire qu’il est beau, que LZO Records a fait du bon boulot. Alors c’est qu’il doit être beau.


Forcément, je le disais plus haut, avec le premier titre j’ai frôlé la fracture du myocarde vu l’affiche : Arm, Iris, et Lionel Pierre qui ressuscite son projet My Dog Is Gay pour refiler quelques anciennes prods au duo. Et ce que l’on peut dire, c’est que l’on reconnaît totalement ce qui faisait le charme d’A.Keal Agram. Mêmes synthés caverneux, mêmes samples de voix charcutés, massif beat clopinant, mélodie sombre, et les deux Mc qui se débattent avec un flegme quasi-déconcertant sur le maelstrom. Puis le titre se braque et tombe sur quelque chose de plus calme et retenu, toujours mijoté à la façon du mythique duo breton. Cavale à travers parc, rues vides, arriver à l’heure, lyrics superbement ecris. Minuit Pile, je ne sais pas si la nuit s’éternise, mais elle a “pris du souffle” et parasite nos tympans. Bonheur.
My dog Is Gay reviendra en fin de plaque pour une prod un peu moins référencée avec Case Départ, mais tout aussi dantesque, en faisant flirter guitare cristalline, bassline viciée et mélodie superbe. Tout en progression, avec des rythmes de plus en plus claquants, lit parfait pour Iris & Arm, qui nous prennent à la gorge avant de laisser la mélodie s’ébattre sur plus d’une minute, avant de se barrer à jamais.

Autre revenant, même si toujours présent sur la scène musicale, c’est Robert Le Magnifique sur Le Lièvre, qui balance une prod électronique complètement cramée, bourrée de parasites et saturations. Iris cabotine en démolissant proverbes et maximes et Robert noie ses platines dans le chaos. Bien jouissif.
 Des productions bien allumées, agressives et aliénées, on en trouve une autre poignée dans Les Courants Fort, avec le plutôt expérimental Initial, Masque, Etincelle, production sans vrai rythme (ou presque) faite de synthés crades, métronome indus et saturations viciées. L’usine prend vie, les grilles s’affaissent, machine et soubresauts, chaine de production en slow-motion. Sous la pluie, des lumières. Et Pourtant prend un versant plus rock, avec Mellano caché dans un coin, pour hiphop sur larsens de guitares, violons pesants et portes en aciers mourants.




Mais c’est quand l’album asse sur quelque chose de plus mélodique, posé, qu’il file de vraies mandales. D’une beauté folle, certains morceaux te casse directement la colonne vertébrale en huit. Le producteur de “la Tangente” sur Soul Sodium, qui était le meilleur titre du LP, revient. Sortez les sourires. Et bordel, ce morceau, Les Courants Forts, est absolument sublime. Parfait. Une production d’enfoiré, qui m’a violé l’âme à la première écoute. Tu as le clavier grave, qui, dès les premières notes, te dit que ça va démonter. La grosse montée électro qui te frise la gueule. Arm, bien vénère, bouffe littéralement l’instrue. Ca n’en fini plus de monter, fin du couplet, explosion, mélodie simili-8bits à chialer sur guitares paraboliques. Iris prend le relais, te tabasse à coup de talon avec des lyrics bien plus graphiques, on t’illumine la gueule, le refrain est dingue, toi aussi tu as envie de lever le doigt vers le ciel en scandant les chorus, qui se répètent ad-nauseam, tu as le temps de l’apprendre par cœur et taper dans les murs. La dernière minute est superbe, et les dernières secondes en mode Gameboy dépressives te finissent en mode pied de biche.

Il y a est aussi foutrement belle, en phase avec le dernier Psykick, rythmes cassé, violons qui te dressent les cheveux sur le bourrichon, Le Parasite s’est déchiré à la prod. Les couplets de Arm et Iris sont séparés par des cordes tire-larmes qui filent la frousse, et quand le deuxième reprend son rap, c’est à se damner.

Et outre les deux morceaux du dessus, c’est Arm qui tue le Lp à coup de machines, avec deux productions sublimes. Plus J’approche laisse les instrues âpre et saturées de Vu d’ici (et ses explosions un peu systématiques, bien que réussies) pour un Hiphop qui claque, beau comme la mort, à se taper la bougie sur le cul. Un modèle de cassage de nuques, à force de suivre le métronome, un rythme pur, simple, qui claque, nickel. Et un synthé bouffé par les reverbs, entre dub électronique et sonate droguée. Tout est distillé à la perfection, les nappes fragiles sont presentes des le départ, fines lignes sonores qui deviennent cordes émo-vole-cœur, cœur qui de toute façon stoppe de battre dès que les samples de voix viennent chialer leur mélancolie. Grand.

Attendez, il y a au moins aussi absolu avec Goutte d’eau, Arm offrant une production pour un solo d’Iris. Le texte d’une part, le plus simple et évident du disque. Le plus touchant, le plus beau aussi. Parce qu’il parle de tout, de rien. De toi, de moi, de lui, de nos journées de merdes. Parce qu’il contient la meilleure phrase de cette année sur le moment où l’on quitte nos rêves pour se jeter dans le grand bain de la journée/vie. Phrases superbes, plume absolue. Et l’instrue bordel, ce petit diamant. Encore une fois, un métronome qui cingle, des samples de voix pitchées qui me flinguent, placées avec minutie, taillées à la serpe, timing parfait pour nous rentrer dans le lard. Et surtout cette mélodie cristalline, très Plaid, qui sonne dès la fin des couplets, dérouillée par des scratchs de folie. Ce morceau est simple, rien de spécial. D’ailleurs le texte parle du rien, de ces petits moments qui merdent, qui merderont toujours. Le morceau est trop court. Il est parfait. Baffe énorme.





Alors forcément, viennent les conclusions, avec la sortie de Iris & Arm, on va encore se taper partout la sempiternelle morale du bon rap face au grand méchant. Inhérent au genre quand il faut parler de Hiphop sérieux, il faut glisser que cet album va sauver le rap français face aux grand méchant Booba, dont la galette sort le même mois.  Il faut dire aussi Iris & Arm font un travail d’intérêt général, ressuscitent le culte du verbiage, qu’il faut tuer les majors, que Lil’ Wayne reste en prison avec son ipod, tout en faisant des références à une radio qui n’existe plus dans nos spectres musicaux. Je ne sais même pas pourquoi je parle de ça d’ailleurs, j’ai du me lever un peu trop vite, moi aussi. J’ai sûrement dû la faire, cette morale, comme un naze il y a quelques années dans ses pages, je ne me souviens plus. Certes le rap français fait la gueule, s’enfonce dans le mimétisme.
Et pourtant, je n’arrive plus à voir le rapport et le bien fondé de ces prises de positions, de ce sempiternel débat ridicule Booba & co vs Arm & co. Comme comparer Alva Noto et Daft Punk, ou une mouette avec une armoire. Ca n’a rien à voir. On peut aimer repasser ses fringues et manger des carottes, les deux ne sont pas indissociables. J’apprécie même les ballades en vélo et le poisson pané, je suis trop un fou. Affirmer aimer La Rumeur ou le Psykick Lyrikah ces temps-ci, c’est limite se sentir obligé de prendre position et conchier le reste, histoire de sonner crédible. Bientôt il va falloir s’excuser d’avoir du rap égo-trip dans sa pile de disque. Pourquoi obliger la constante prise au serieux? C’est fatiguant.

Est-ce franchement à cause de l’un que l’on entend moins l’autre ? Je ne sais pas si je me tasse, mais ça commence à me faire chier de réfléchir là dessus, de conspuer les genres. Ca m’emmerde. Dur, je dois perdre mes tympans. En même temps, je dis ça, mais il y a tellement peu de disque comme celui de Iris et Arm depuis une poignée d’années, que l’on ne risque pas de se prendre la tête bien longtemps sur le débat…


Car Les Courants Forts fait carton plein. Qualité extrême, Grace à ses deux Mc évidemment, indiscutables de maitrise, dans leurs textes comme dans le flow, désabusé et prophétique pour Iris et plein d’aplomb et de tension pour Arm. Les deux sont parfaitement complémentaires, et l’écriture moins abstraite et plus détaillée du premier s’amourache parfaitement des phases escarpées du deuxième. L’équilibre est impressionnant.

La galette est aussi portée par des productions de haute volée, et multiplier les compositeurs permet de rendre une copie un peu moins homogène que les Psykick, ce qui est salvateur. D’autant plus qu’Arm, encore une fois, rayonne vocalement, mais aussi musicalement, avec ses deux bijoux de production que sont Plus J’approche et Goutte d’eau. Son prochain Lp pourrait être dantesque avec une facette un peu plus tournée vers ce type de prod.

Mais surtout, ce disque touche. Par sa beauté évidente, sa richesse aussi, ses mélodies folles, son averse de mots. On a l’impression d’avoir entre les oreilles un disque de potes, avec plusieurs mecs qui se retrouvent pour accoucher d’une musique qu’ils aiment par-dessus tout. Un disque qui semble être fait par des types qui bossent toute la journée, composent le soir, et dorment quand ils peuvent. Ca sent les nuits blanches, le boulot alimentaire, la vue sur la ville, les toits d’immeubles, le dernier métro, les néons qui grésillent, les papiers griffonnés sur le coin d’un bureau. A fleur de peau, écrit avec le stylo qui tremble, déclamé avec force. C’est un disque de Hiphop sec, sombre, brut, escarpé, à cœur ouvert.

Et grâce à cela, on tient sûrement avec Les Courants Forts l’un des plus beaux disques de 2010. Pas le meilleur, pas le plus impressionnant, pas le plus dingue. Mais l’un des plus beaux,  sans hésitation.









10 Titres – LZO Records
written by Dat’





Solar Bears – She Was Coloured In

Posted in Chroniques on November 11th, 2010 by Dat'


Pas de Panda / Du Paradinas



Encore un groupe dégoté par Paradinas qui sort de nul part, (enfin si, d’Irlande) et qui n’avait casé qu’un seul Ep avant de se lancer dans le grand bain des albums. Alors l’intro là, elle ne va pas être extrêmement fournie, si ce n’est pour dire que ce disque, je l’avais au départ évité comme la peste, à cause de sa pochette violente pour la cornée, et son nom louche. Je n’avais même point remarqué que le tout était édité sur Mu, c’est vous dire. Et en me baladant dans le catalogue du label, je retombe sur cet artwork ô combien spirituel, et me persuade d’aller vérifier ce Solar Bears, au cas ou.

Mais je te sens encore méfiant, toi, qui est choqué par cette jaquette cathodique. Pire, je t’entends dire “Ces  loustics, avec ce patronyme savamment choisi, et ce mélange très hype d’electronica vaguement indie, vont faire de l’izi monnaie, pour eux tous les midis, cela va être jour de paye”. A ceci, je ne peux que répondre “certes, mais ils le font rudement bien”







Comme d’hab avec Planet Mu, il n’y a strictement rien dans le livret, donc on passe au demoiselles sonores directement. Et autant le dire, Pand… euh Solar Bears balance un vrai album d’electronica, bourré de belles mélodies candides et vieux synthés crapoteux, (certains rapprocheront ça de Boards Of Canada, et ils n’auront pas tort) comme on en a de moins en moins. Mais les bougres ont la bonne idée de laisser perler, parfois, une petite guitare sympathique (acoustique ou électrique) histoire de bien mettre en exergue les mélodies.
Et en ce sens l’album debute drôlement bien : Forest Of Fountains se la joue contraste, avec une belle montée electro progressive qui va déboucher sur un rythme electro bien funky, entre instrue de Lcd Soundsystem et vieille galette Warp visant les hanches. Pourtant tout s’arrete brutalement pour laisser place à une guitare acoustique cristalline et synthés ambiant. Joli coup.

Children Of Times, avec sa basse fringante, son autotune déréglé et surtout une superbe mélodie cristalline, nous rappellera que Shobaleader One aurait pu être un bon disque. Mais c’est vraiment avec Twin Stars que je suis tombé amoureux du disque. Claviers granuleux, rythmique martiale, ça n’arrête plus de monter avec des synthés cosmiques, épique-slow-motion. Les deux premiers tiers du morceau, c’est une simple progression, ultra linéaire, mais avec une mélodie à chialer. Des éléments qui se greffent petit à petit, qui te prennent à la gorge, qui te démontent le moral. Ca n’a l’air de rien, c’est même franchement banal, et pourtant c’est foutrement bien fait, foutrement beau. Et encore une fois, rupture, le morceau va se terminer sur une longue divagation mélodique planante, genre matinée lumière blanche après nuit sans sommeil. Le meilleur titre du disque.

She Was Coloured In va faire jouer le coté un peu plus Indie du groupe, avec cette guitare caverneuse qui va se greffer aux hululements d’usages des synthés vintages. Le morceau va vite partir dans un truc new-age, à base d’accord de gratte bien trainants, synthé ambiant, violons synthétiques et bells angéliques. Le format du morceau est étrange (un truc dans le genre s’étire en général sur 10 minutes, lui n’en fait que 3min30) mais marche nickel. Le bon et court Head Supernova fera VRAIMENT penser à du Boards Of Canada avant une partie plus hippie, et nous conduira sur l’énorme Crystalline (Be Again), prermier morceau uptempo de la galette. Intro mystérieuse, oui, mais avec une guitare de folie qui déboule, au riff bien senti. On a la moustache qui se frise, on sent le truc bien branlé qui perle. Pan, rythme electro-disco absolument imparable sur synthés complètement drogués et basse lubrique, mélange génial, hanches qui se dévergondent. Et cerveau qui part en vrille quand un gros synthé bien crade, à la mélodie terrible, qui déboule et envoie le tout dans une spirale electronica avec rythme d’enfoiré. Génial, et imparable once again. On aime la petite conclusion dépressive aussi.




Et bizarrement, apres 6 morceaux sans faute, le disque nous tape le syndrome du “ventre mou”. Le tracklisting est un peu plus discutable, les morceaux moins pertinents, moins beaux, moins touchants. Attention, rien de mauvais, ça reste plutôt sympa, et l’on écoute le tout sans déplaisir. Mais cela accroche moins. Le palpitant n’a plus sa dose de mignardises. Oh, attention, dans le lot, il y a le très beau Hidden Lake, morceau d’ambiant zébré de saturations métalliques, avec une mélodie qui en fera défaillir plus d’un.
Quiet Planet, pourquoi pas aussi, titre le plus tabassé de l’album, à la conclusion mélancolique réussie, mais qui pourra saouler après quelques écoutes pour son coté un peu trop “vintage vénère”. Je ne sais pas pourquoi, mais si les mecs font le clip de ce morceau, je suis sur qu’il sera moche, avec pleins d’images degueux façon années 80 dedans. Pour Cub, Solarization et Division, ça me passionne franchement moins, même si c’est purement personnel. (Certaines litanies pourront surement draguer quelques âmes)

Mais, apres ce ventre mou, le disque repart dans les hautes stratosphères de la cocaïne mystique, alignant des petits diamants jusqu’à la fin. Avec en premier lieu le superbe Primary Colours at The Back of my mind, autre mindfuck complet du disque. Deja parce que l’intro, sorte de boucle samplée, très trip hop, et la mélodie cristalline est superbe. Vraiment. Et cette guitare blues qui débarque, qui calle quelques accords cassés sur le tout t’emporte, te choppe l’échine et te la casse d’un coup sec. Tu vois les rues crades de Los Angeles avec des junkies perdus. Tu te revois à la récré au collège, à écouter du Portishead en te disant que c’était trop beau et que la vie c’était simple. Ou marcher la nuit, ton casque sur les oreilles, après une rupture amoureuse.  Ca pourrait être le moment d’un film oû l’un des protagonistes vient de se faire buter dans une impasse sombre, avec la camera qui s’attarde sur le vol d’un sac en plastique au ralenti, histoire de nous faire monter les larmes. Encore une fois, c’est effectué avec brio. Superbe.

Même baffe avec l’excellent Dolls, sa montée electronica-émo-tristounne, qui va se faire balancer par une grosse ligne de basse imparable, et voir débouler des chœurs tribaux façon High Tone, montée de synthés saturés, pour finir sur une guitare psychédélique bien droguée.  Solar Bears te grille la colonne. Je suis client… 
Encore plus avec Neon Colony, qui te sort le morceau Techno de la galette. Alors tu penses que c’est un peu foiré, car après un premier quart super planant et reussi, la mélodie de la guitare, sur le deuxieme quart, est moins heureuse que sur le reste du disque. C’est un peu cheap, un peu cliché, même si cool. Et pan, le morceau se casse, et part sur une superbe techno analordienne top niveau,  façon Yimino ou Rival Consoles, pour citer les ptits nouveaux. C’est beau comme la mort, c’est triste mais plein de sourire, avec un petit mur de bruit blanc sur quelques secondes, bref le genre de final qui m’arrache la gueule. Le disque se finira sur une electronica plus champêtre, en mode ambiant vs guitare acoustique sur Perpetual Meadow, genre Bibio qui vient de se tromper dans son dosage Rivotril. Mais la mélodie finale, entre gratte aigue et piano désaccordé, fait mouche.




Ce disque est étonnant. Car sur le papier, il annonçait la resucée de trottoir, le concept un peu fumeux. (Nom du groupe, pochette, concept batard). Et pourtant, il hypnotise, m’ensorcelle, me séduit. Entourloupe peut être, rien de révolutionnaire, rien d’hallucinant, rien d’absolument renversant non plus. Et pourtant, les morceaux sont tous serrés en rang d’oignons, à la suite, pour filer de jolies claques : 6 tracks au départ, puis 4 à la fin, parfaits. Entre ces deux salves, l’album souffre d’un ventre mou indéniable, mais garde la pèche suffisamment pour nous faire aimer le Lp. Qui va sûrement complètement passer inaperçu à la fin de l’année, et c’est bien dommage.

Ce que j’aime avec Solar Bears, c’est que ces mecs semblent plus aventureux que leurs potes Bibio et Lone (mon héro), talentueux mais néanmoins plus linéaires et plan-plan. Chez Solar Bears, c’est electronica toujours, souvent drôlement belle (Twin Stars, Neon Colony, Crystalline), quelques trucs psyché un peu craqués (Dolls, She Was Coloured In…) et quelques diamants ultra mélancoliques à la beauté pure (Primary Colours in the back of my head, Hidden Lake, Twin Stars encore…)

Planches made in Canada vs Guitar Hero irlandais, avec un peu de drogues et d’Idm au cœur mouillé. Ca fait un excellent Lp, qui risque pendant quelques temps de me parasiter.






Solar Bears – Twin Stars





Solar Bears – Primary colours at the back of my head





15 Titres – Planet Mu
written by Dat’





SUFJAN STEVENS – The Age Of Adz

Posted in Chroniques on November 3rd, 2010 by Dat'


We sing to the beat of bad kissers clinking teeth



J’avais laissé tombé Sufjan il y a quelques temps, avalé par le flot des sorties et des nouveaux artistes. Aucun grief de ma part envers le bonhomme, d’autant plus que son Illinois fait parti des galettes que nous pouvons qualifier, sans rougir, de majestueuses. Bon son coffret sur Noel m’avait bien refroidi, pour le concept simplement, car je suis un enfoiré sans cœur. Alors voilà que l’américain se pointe avec une nouvelle plaque, renouant avec ses amours electronica, tout en gardant cette débauche de mélodies et de song-writing en cathédrale.  Le retard frustrant, dans ma contrée, du Lp de Darkstar aidant, je lache un « pourquoi pas ? » désabusé en prenant le nouveau Sufjan Stevens chez le disquaire.
Discman aidant, je peux fourrer la galette dans mes oreilles dès la sortie du magasin, fin près le voyage en métro. Crevé, affalé sur la banquette moquette du wagonnet. J’en ai loupé ma station, émerveillé.






Le packaging est bien foutu, avec un livret constitué d’une bd sous psychotrope difficilement compréhensible, débouchant sur la fin du monde. Soit.

Et si ce The Age of Adz est écrasé par les machines, Sufjan Stevens n’a pas oublié ses émois acoustiques, avec un premier titre tout en retenu,  Futile Devices. Piano, cordes pincées, voix trainante, la mélodie est jolie, c’est nickel pour débuter l’album. Et ce petit moment de recueillement va accentuer le contraste avec les missives suivantes, Too Much sortant l’artillerie lourde niveau cassures Idm. Ca grésille dans tous les sens, les rythmes explosent, jolie Drill’n Bass explosée et presque violente. Pourtant, le tout va sonner guilleret, car Sufjan cabotine dessus, en plus d’une mélodie candide et cœurs féminins. (et un bruit façon aéroport de Roissy. C’est terrible, le tout n’en fini pas de monter, des cordes grandiloquentes déboules, violons sur déchirures violentes, puis repartir sur des incartades pop lumineuses. Ok, j’en déjà pour ma monnaie. Et ce morceau, qui est déjà énorme, va tout d’un coup se briser, passer d’un piano en fin de vie se battant avec les explosions noise, puis tomber sur des synthés analordiens à la mélodie dépressive que l’on ne croise normalement que chez Warp. Les violons chialent, ça progresse et t’arrache la gueule, petits flutiaux qui chantent au loin, tes cheveux se dressent, tu sens que tu vas te prendre une belle mandale, et pan, tout explose dans un trip James-Bondien-émo avec des chœurs, et des synthés à crever, histoire de te finir avec un revers de pelle.

Rythmes ‘tronica toujours, mais plus espacés cette fois, pour une chanson electro-pop à crever, I Walked. Beats sourds et noisy, claviers qui se languissent, et un Sufjan qui te lâche un chant à la mélodie parfaite, le truc qui reste dans le cortex pour la journée. Les refrains sont taillés à la perfection, les synthés s’en mêlent, space opéra vs neurasthénie. « I walked, as you walked but i won’t probably go very far ». Le mec est triste et cela se sent. Des chœurs féminins déboulent et te plantent des ailes dans le cul, d’autant plus que les à-coups indus s’intensifient. La dernière minute, elle te passe le palpitant à la moulinette, avec le chant qui se perd dans les échos et s’étire vers l’infini. Bordel, ça n’à l’air de rien comme ça, le morceau est même assez simple. Mais quand on se fait parasiter par la mélodie, c’est fini on est obligé de gueuler la dernière phase vocale avec le mec. Au moins.

Mais niveau chanson pop belle à crever, il y a encore mieux. Genre stratosphérique avec Vesuvius. Piano, voix lancinante démultipliée. Sufjan se parle à lui même, il ne va pas bien. Ce morceau, ce n’est qu’une montée, graduelle, avec des éléments qui se greffent petit à petit sur une mélodie absolument sublime. Car c’est elle qui fait tout, qui t’arrache les tympans avec sa tristesse. Le reste n’est qu’apparat. Mais quels apparats ! Chœurs, rythmes abstract-electronica, synthés qui s’enroulent, ça baise dans tes oreilles, et ça continue de monter méchamment, toi tu écoutes sans bouger parce que c’est comme si tu te prenais un camion dans le bide. Et ce camion, il ne fait pas que te rouler dessus, mais il te traine sur l’autoroute bien violemment juste après. Parce que la deuxième partie du morceau commence, et Sufjan lâche les chevaux, la mélodie devient incroyable, les chœurs tonnent, les bleeps electro volent, et toi, encore une fois, tu gueules le texte la main sur le cœur, en balançant des « Vesuvius Fire and Fire Follow me now as i favor the ghost» t’es par terre, alors on te balance une grosse saturation noise, puis on redanse autour de ton cadavre en mode Folklore américain. Putain.

Autre tour de force épique-émo-pop-drill’nbass-orchestrale ( ?), I Want To Be Well se pose bien assis sur ta tronche, pour que la grosse baffe soit inéducable. Il démarre sur les chapeaux de roues, avec un rythme drum dérouillé, des petites flutes façon Walt Dinsey en train de se faire démonter dans une impasse. Encore une fois, c’est construction en mille feuilles, ça fuse de partout, rythme explosés, voix de partout et synthés géniaux qui se battent dans le fond. Le morceau change de structure toutes les 30 secondes, ça passe de la pop de stade au dépeçage electro en règle. Sauf qu’à un moment, tout se cabre, et l’on entend plus que l’americain déclamer des incessants « I Want to be well, i want to be well » accompagné d’une petite guitare acoustique. Des larsens saturés se font entendre, on sent que ça va encore nous briser la nuque, des choeurs, des bleeps Idm, ça gronde comme jamais, et le Sufjan pete les plombs et gueule des « Im Not Fucking AROUND » alors que tout explose cavalcade céleste genre drill’n bass qui veut faire du post-rock, ça se calme de nouveau, puis c’est de nouveau la grosse mandale, et l’américain qui Fuck toujours pas around. Le morceau devient ultra bruyant, les chœurs sont tellement balaises que tu as l’impression de te prendre 3 églises italiennes sur la tronche.





Mais Sufjan ne fait pas que dans l’électronique qualité dosée, et s’amuse aussi à nous refiler des trips acoustiques, moins dingos que sur ces albums précédents, mais tout aussi mélodiques et mélancoliques. Now That I’m Older est un ravissement pour les noreilles, avec une belle intro pleine de piano, de violons et de chœurs fantomatiques, en mode mélange Baten Kaitos vs Merriweather Pavillion. On garde le coté aquatique de ce dernier, le morceau fait mille couches, et ondule avec grâce dans nos oreilles telle la facétieuse marée du mont st michel, et tout pleins d’autres métaphores merdiques. Oui non donc, tout est en respiration, murmures, hululements qui s’effacent et ressurgissent, pop slow-motion enfumée et droguée. Sufjan se pare d’une voix cristalline, les instruments forment une espèce de mélasse hypnotique, et le dernier tiers est super émo, franchement beau.

Bad Communication sera tout aussi mystérieuse, avec quelques bleeps electros en plus, des petits cliquetis façon harpe et autres bidules indéfinissables. Mais c’est All For Myself qui rafle la mise, avec un morceau montant par deux fois dans les strates de l’émerveillement. Le vynile craqué des couplets se transforme en montée orchestrale/chœurs/stufjan en état de grâce qui te flingue l’échine en deux tours de piste.

La Tracklist de l’album est bien gonflée, avec pas mal de morceau dépassant les 5 minutes. Certes. Mais c’est la conclusion qui dépasse toutes les espérances, avec 26 minutes au compteur, et sans silence à la con pour caser une bonus track inutile. Non, ici, avec Impossible Soul, c’est un vrai morceau, une fresque tarée frisant la demi-heure que l’américain nous colle dans le nombril. Piano répétitif, hululement et harpe again, rythme qui claque, et presque génial quand le tout part dans des refrains super joyeux, solo de guitare bien crade rachitique dont Lil’ Wayne est friand et autres cassures un peu noisy. Rien de spécial, mais drôlement bien foutu, et franchement beau. Le morceau va petit à petit virer sur quelque chose de plus opaque, un peu moins engageant, entre orchestre et Idm bizarre. Cela s’étire un peu en longueur, mais le tout reste assez plaisant, sans être extraordinaire.
Mais mais mais… c’est ici que le tout bascule. Le morceau se fait aspirer, se ralenti, se noie, s’asphyxie. Deux minutes de chute, pour déboucher sur une mélodie sublime (je pese mes mots), avec piano et synthés à l’agonie. Et vlan, voilà que Stufjan redébarque, et chante dans un Vocoder qui n’a rien a faire là. Sauf que c’est beau. Vraiment. A la première écoute, j’en ai la gueule cassée. The-Dream réverait de faire ça. Et cet autotune, incongru au départ, se fond sur une instrue parasitée par des  voix spectrales à chialer, un piano aquatique incroyable, et des cassures electronica nécrosées.  Et ça monte, ça monte, ça te flingue la colonne en même temps, car tu as un ENORME beat mixé avec des synthés aigues, les voix prennent de la force, ça bastonne à l’horizon, c’est génial, tout simplement l’une des meilleures parties de l’album. C’est sincèrement beau à en chialer, ça y est, tout le monde peut dire que l’autotune c’est cool, même les folkeux au dernier rang. Enfin non, ce n’est même pas l’autotune en fait, on s’en bat les roubignoles de ce truc, c’est vraiment l’instrue derrière, cette mélodie incroyable, décharnée, ces voix qui s’enroulent de partout, à crever.
Et hop, la fresque part dans sa nouvelle phase, plus joyeuse, sorte d’Animal Collective en mode pote, qui chantent dans leur cuisine après avoir bouloté trop de bière. Le rythme est dingue, et Sufjan appelle tout son gang pour finir en apothéose. C’est super joyeux, tu as envie de chanter avec eux en tapant dans les mains les « boy, we can do much more together / its not impossible » se répètent à l’infini, donc toi aussi tu y crois à fond, Sufjan vient de te faire une séance de coach moral. Les violons volent, les synthés partent dans tout les sens, ça rayonne comme la mort, c’est lumineux et on souri comme des niais en écoutant ça et en plus cette partie dure presque 10 minutes, donc tu en as pour ton argent, et te laisser la possibilité de planifier des soirées gospel droguées dans ton appart pour quelques mois. Top. Sauf que le morceau se fait encore aspirer dans les ténèbres, l’ambiance se délite, les instruments se barrent, seul le chanteur et sa guitare reste après avoir essuyé un break electro déstructuré bizarre. Et encore une fois (et cela tombe bien, vu que ce sont les dernières minutes de la galette), c’est absolument mortel, sublime et compagnie. La mélodie à la guitare m’a déchiré le cœur, Sufjan repart dans la dépression, c’est super triste, gros contraste avec la folie joyeuse le précédant. L’optimiste « Boy, we can do much more together » se transforme en « boy, we made such a mess together », alors l’ambiance va de pair. Mélodie superbe, conclusion parfaite, sincèrement.




C’est bien. En même pas deux mois, on se tape deux disques à la richesse incroyable, dévalant sur une année 2010 avec des battes de baseball. Le World’s End Girlfriend et ce Sufjan Stevens partagent plusieurs choses. La richesse des compositions évidemment, burinés par des centaines d’éléments. Les structures escarpées aussi, Sufjan choisissant de foutre le bordel dans ces pop-song en revenant à l’électronique déstructurée. Mais surtout, ils partagent ce même sens mélodique, absolument génial, qui fait tout, qui porte le disque, qui le sublime. Ce The Age Of Adz est grand à ce niveau là. On pourra parler de tout les apparats de ce derniers, de la multitude de détails parasitant tous les morceaux, de la production tellement léchée qu’elle en devient folle. Mais c’est vraiment les mélodies qui survivent au tout. Ces petits moments qui te volent le cœur pour te l’écraser à coup de pompe.

Et contrairement à ses potos de l’indé, Sufjan Stevens n’axe pas son discours sur des arc-en-ciel se faisant enculer par des dinosaures, ou de feux d’artifices maculés de drogues sur une plage de Las Vegas. Nah. Sufjan il a l’air cramé, pas bien, désabusé. Alors il en parle, et ça participe à la beauté du tout. C’est joyeux, mais bancal moralement. C’est euphorique la majorité du temps, mais il y a toujours des relents mélancoliques qui perlent tout au long de la galette.

Bref, ce Age Of Adz est absolument mortel, fantastique, tu le chantes dans ta douche même s’il semble impossible à composer. Bouffé par l’electronica, soigné par la beauté pop. Ultra compliqué, destructuré, fou, mais évident, voir absolu, dans ses mélodies. Je n’y croyais pas en l’achetant, j’ai eu tort, une vraie bombe.






Sufjan Stevens – I Walked






Sufjan Stevens – Too Much





11 Titres – Asthmatic Kitty Records
written by Dat’





LINK – The First Link Ep

Posted in Chroniques on October 20th, 2010 by Dat'


Business Development



Si Link n’a sorti que deux Ep il y a presque 20 ans, Le bonhomme derrière ce projet est bien connu. Mark Pritchard est à la tête d’Harmonic 313, Africa Hitech ou Global Communications, a sorti une cinquantaine de releases et a toujours construit pas mal de liens avec Warp Records. Trop difficile de regrouper tous les pseudos et aliases de l’americain, d’autant plus que certains ne sont apparus que sur simples Ep pressés à l’arrache, en vynile, il y a plus de dix ans.

Ce qui fut (presque) le cas de Link, que je n’ai évidemment pas découvert à sa sortie, car encore plongé dans mes pains au chocolat d’après école. La première fois que je suis tombé dessus, c’est grâce au  fabuleux mix Solid Steel : Now Listen, sorti par Dj Food & Dk en 2001, et qui reste pour moi l’un des meilleurs mix qui puisse exister sur cette petite planete. (Selection parfaite, transitions de folie, et éclectisme dingue qui semble de plus en plus dispraitre dans nos contrées musicales… dans ce mix, que des moments forts, entre le Jeru The Damaja vs Cinematic Orchestra, le Vadim vs Scruff, le The beat vs Mask et forcemment ce Link qui va flirter avec Art Of Noise). 
Sur ce mix donc, traîne un morceau anodin, qui s’avère être une baffe, gigantesque, anonyme à l’époque, pour un tout petit titre, Amenity, casé entre deux géants. Un extrait trop rapide, trop bref, moins de trois minutes de musique, mais avec une mélodie folle, sublime, fracassante. Cette rachitique vignette musicale, j’ai du me la repasser des centaines de fois, bien plus que le disque en entier lui même. A chaque fois la même torgnole, la même claque. Alors évidemment, à l’époque, je cherche la version complète du morceau. Pas de soucis. Mais l’ep entier de Link, lui, est difficilement, trouvable. Jamais réédité, les peer-to-peer encore bien moins présents qu’aujourd’hui, c’était une vraie galère. Alors on se renseigne, je “constitue” l’Ep petit à petit, grappillant les morceaux d’une compile à une autre, (Warp plusieurs fois, des Best-Of techno and co…) et réussissant, à terme, à former ce First Link Ep, avec en plus de plusieurs versions de ses morceaux (qui n’égaleront jamais les originaux bruts), des remixes (genre carrément par Mogwai) and co. J’ai hurlé en bavant à l’acquisition de la réédition de cet Ep il y a quelques années, histoire d’avoir enfin le truc complet.







Alors si l’Ep commence avec une peu engageante Augur Intro, collage de synthés spaciaux pas très excitant, le tout va vitre prendre une toute autre dimension. Animus, c’est le titre electronica parfait, celui qui flotte dans l’ombre d’Aphex Twin ou de Plaid. Avec ses petits sons de basses qui sortent tout droit d’une machine crapoteuse. Ces synthés fantomatiques superbes, en apesanteur, qui te raidissent l’échine en deux hululements. Et si les racines de Link semblent être Techno, c’est bien un rythme drum’n bass, calme et posé, qui va s’infiltrer sur le tout. Sauf que ce dernier est presque un faire-valoir, une excuse pour développer une mélodie divine, à chialer, qui mute au grès des clochettes et des nappes ambiant. Deuxième minute, ça fleur l’émo, c’est un synthé rachitique qui meurt, mais cela s’apparente à la complainte tire-larme d’un violon. C’est encore plus beau qu’un “On”, parce que c’est écrasé par la solitude, par la neurasthénie, par ses balades la nuit dans une ville balayée par la pluie. Au moins. Et quand le bonhomme nous lache une dernière volée rythmique après un break mélodico-ambiant de presque deux minutes, on ramasse sa colonne vertébrale avec une petite brosse.

L’autre morceau imparable et tellement beau qu’il te donne envie de mourir, c’est Arcadian, lui aussi très “petites-mélodies-toutes-fragiles-sur-rythmes-syncopés-qui-te-retournent-la-gueule-tellement-c’est-parfaitement-dosé-et-touché-par-grâce-et-plein-d’autres-métaphores-tirées-par-les-cheveux”. Beaucoup plus court (moins épique aussi, mais plus fragile et plus pertinente niveau émotion) que le G.Communication remix sorti sur la Artificial Intelligence II de Warp, le morceau te file des papillons dans le ventre dès la première seconde. La mélodie est terrible, belle comme tout, le rythme bien plus lourd, vrillé, c’est moins contemplatif et pourtant tout aussi fragile, angélique et tout le toutim.

Mais mais mais… C’est bien Amenity qui remporte tous les suffrages, et qui peut jouir du statut de “un des meilleurs morceaux electro de l’univers” car ce truc me parasite la gueule depuis le jour où j’ai posé une oreille sur ce fameux Solid Steel de Ninja Tune. Ce morceau qui, une fois acquis en version entière, n’est plus jamais ressorti de mes tympans. Car contrairement aux deux autres (et à tous les morceaux estampillés Link d’ailleurs) cet Amenity passe par mille phases différentes, compresse plusieurs styles de musique électronique en 6 minutes, et surtout, belle à chialer. Les synthés mythiques de l’introduction ces trucs incroyables, qui te flinguent le moral à coup de talon. Ce petit grésillement aigue qui se la joue litanie facétieuse. Et surtout cette progression encore plus affolante que des talons aiguilles, que l’on a pas dans les autres missives du bonhomme. On pense que le morceau va lâcher un rythme drum’n bass comme ses deux copains du dessus, mais la première montée échoue sur une phase ambiant géniale. Et voilà que tout gronde, qu’une bassline acid se fait entendre. Ca salope, ça tremble, ça va exploser, un semblant de rythme se fait entendre, et pan, gros pied techno en pleine gueule, à s’en mouiller le froc tellement c’est parfait, superbement placé. C’est fini, dancefloor dépressif, fin de soirée, tu rentres chez toi en pleurant sans avoir pourquoi. Et au final, ce tunnel techno, il ne restera en place que deux petites minutes, avant de s’éteindre et repartir sur les steppes ambiant-electronica-émo du départ. C’est tout con, il n’y a pas grand chose, trois synthés, deux nappes et un beat. Mais la mélodie frôle la perfection absolue, rien de plus.




Voilà, cet Ep, il me hante depuis tellement d’années que j’avais envie de parler, ça me grattait depuis un bail, un peu comme le The MFA d’il y a quelques temps, ou le Dopplebanger. C’est un peu l’histoire d’un Ep qui continue de m’obséder depuis 10 ans, reconstitué aux grès des bacs d’occaz, en mode archéologue, (il me manque d’ailleurs un mini-interlude, présent seulement dans la première édition) puis racheté en poussant des hurlements de lors de sa réédition. Qui reste sans égal pour le coup, Mark Pritchard n’ayant jamais vraiment ressucité le projet, qui n’existe que par un second Ep sorti juste après The First Link, mais qui n’a clairement pas la magie, la beauté et la force du premier opus. Et surtout d’Amenity, petit diamant magnifique, devenu presque anonyme.





Link – Amenity




4 Titres – Evolution

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