Tango N’Vectif : Last Minute ?point? com




En général, quand la conversation dévie sur la musique électronique venant d’Amérique du sud, on dévie sur le génie Amon Tobin.
Mais depuis 2003 et la sortie d’un certain “Alcachofa”, adoubé par toutes les critiques musicales, Ricardo Villalobos est l’une des figures de proue de l’électronique internationale. Respecté pour la moindre parcelle de ses créations, comme pour chaque calage de disque dans ses mixes.








Etonnement. Je cherche la nouvelle galette de Villalobos dans les rayons. Mais bizarrement, seul un EP est présent. Pas moyen de foutre la main sur autre chose qu’un putain de disque ne présentant que deux pistes en son sein. Pourtant le titre correspond. Jusqu’à ce que je m’aperçoive après de longues minutes que le Cd est justement composé de seulement deux titres, chacun courant sur plus de 30 minutes, comme un con. Besoin de dormir? Sûrement… Besoin de partir bien loin en voyage aussi… En attendant, les yeux creusés et la vision brouillée, on se dirige vers la caisse, séduit et déconcerté par ce concept album de plus d’une heure, scindé qu’une seule fois en son milieu.





Le résultat est évidemment difficile à retranscrire. Un vrai alien. On est habitué avec Villalobos à divers paysages électroniques tirant vers le minimal bien planant mais escarpé. Et Ici ?
Fizheuer Zieheuer va bien entendu prendre son temps pour évoluer. On n’offre pas souvent une demi heure à des machines pour exprimer leur désir de se mouvoir dans nos enceintes. Mais on est pourtant loin de ceux qui vont vous faire passer par de multiples endroits, panoramas et autres folies changeantes toutes les 3 minutes. Le morceau va garder son ossature pendant tout son allant. Une enfilade de trompettes, au rythme enlevé, tonnant discrètement, se fera entendre sans jamais se laisser submerger par les multiples digressions sonores lâchées tel des obus sur une fanfare par Villalobos. Alors on va construire et rajouter comme un pâtissier sur son mille feuille des sonorités métalliques, agressives ou chaleureuses, afin de bousculer le tout sans jamais le torturer ou le détruire.
Petit à petit, on saupoudre un peu de Delay, de Flanger, on modifie bien tranquillement, avec classe, les différentes strates du morceau. Par petites touches, jamais envahissantes, jamais tape à l’oeil. Justement dosé pour ravir nos oreilles sans nous faire tomber dans la lassitude.
On est emballé, enchanté, amusé, surpris quand les trompettes se permettent une petite incartade, prenant alors le pas sur le reste de la rythmique, comme pour un rappel à l’ordre presque militaire, pourtant pleurant de mélancolie… Obligatoirement étonné à chacune de ces incursions que l’on ne voit jamais arriver, noyées dans ces 30 minutes d’électronique…
Puis on se laisse partir dans ce paysage souriant, sautillant et pourtant énigmatique. On ne s’amuse plus à déceler les petites modifications opérées le long du titre. On n’écoute plus les nouvelles strates subtilement distillées par Villalobos. On se perd juste dans ce long voyage au pays des machines latines, de cette Fanfare androïde…


Un trip, une balade, une expédition, un voyage… Au choix. Seule certitude, on n’a point envie de presser stop et de rentrer violemment au bercail, dans cette ville morne et grise.





Justement.
Ricardo Villalobos, en bon tour-opérator, veut absolument nous faire éviter les affres du Jet-lag.
De la remise à zéro.
De la déprime due au retour dans sa piaule merdique après une semaine de fête.
Du lavage de draps et de la copine après un Bukkake ô combien galvanisant.
De la dernière bière sans bulle après ouverture façon abreuvage salutaire.
De la coupure de courant en plein WoW.
Du réveil soudain en plein songe de cul…

Bref du traumatisme horrible du à un changement trop soudain.





Même si la première piste aurait pu se suffire à elle même, le musicien du jour va nous proposer un long atterrissage pour nous remettre petit à petit les pieds sur terre… Villalobos s’occupe du voyage ET du transport. Mais la réalité est bien moins rose que celle proposée lors de la fanfare du premier titre. Fizbeat va donc se révéler bien plus aride, plus dense, plus métallique. Presque dénuée d’émotion, car justement tronquée de ses trompettes dans son ensemble, cette deuxième piste claque tel un tube en fer sur la tête du caniche de Josette… Bientôt mort le caniche donc.
Fizbeat est le pendant désenchanté de Fizheuer Zieheuer. Même structure, même durée hallucinante dépassant la demie heure, elle va se tourner vers des modifications et des beats bien plus présents, claquants et résonnants comme la mort. Nous n’avions pas envie de quitter l’enchantement du premier titre, et l’on espère pourtant l’atterrissage prestement de cette angoissante conclusion. Le titre s’autorise des ralentissements, des accélérations, mutant toujours aussi subtilement, pendant sa longue vie. On est presque dérangé, pris à la gorge par ce semblant d’étouffement des sons qui survient presque imperceptiblement sur le dernier segment du titre. On croit même percevoir de sourds battements de coeurs. Oh, sûrement la peur et le soulagement mêlé de voir et sentir l’avion poser ses roues sur le tarmac sans encombre.
Les vacances sont finies, les gens se lèvent et se bousculent pour prendre leurs bagages à main, sans aucune considération pour votre pauvre personne. Celles qui étaient si chaleureuses dans les ambiances latines proposées il y a peu vous marchent sur la gueule.


Le disque est fini, l’aérogare est désincarné, froid, sans vie.







Je vais devoir encore attendre 3 heures pour avoir mes valises… Fait chier…








Mon cher Ricardo Villabos. Si, sur une même structure sonore, tu rajoutes en place ou en plus de la fanfare, des Accordéons, je signe chez toi pour un voyage d’au moins un An, quelles qu’en soit les clauses, et cela les yeux fermés. A bon entendeur, merci…

This entry was posted on Saturday, January 27th, 2007 at 2:39 pm and is filed under Chroniques. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0 feed. You can leave a response, or trackback from your own site.