Fat Jon & Styrofoam – The Same Channel



Hip-Pop en l’Air





Le Hip Hop est bien le genre musical le plus difficile à classer, des qu’il sort de son carcan d’origine. (Déjà immensément riche)
On déborde de hipHop transgenre, éclectique au possible, pouvant ravir avec un peu d’effort même les plus obstiner à cracher su ce courant musical. Mais peu se sont fondus avec la Pop. La vraie, la travaillée, l’aérienne.
Oh, nous pouvons citer quelques exemples, avec, l’un des plus probant, 13+God, où le fabuleux groupe The Notwist se fondait entre le flow halluciné du MC Dose One et la MPC assassine de Jel. Mais il manquait une vraie cohésion au tout, les univers semblant constamment se frôler sans jamais véritablement se fondre, excepté sur une rachitique poignée de titres…
Puis débarque, presque trop discrètement, l’association entre Fat Jon et Styrofoam.
Le premier est surtout connu pour avoir réalisé une bonne partie de la BO de l’énorme série Samurai Champloo, et le deuxième a sortie quelques albums de Pop électronique sur « Morr Music » (Lali Puna, Mùm…)
Deux destinés radicalement opposés se télescopent donc sur le bien nommé The Same Channel










The Same Channel donc. Car Fat Jon et Styrofoam, sans nous pondre la galette ultime, arrivent à se caler et se compléter subtilement l’un et l’autre. Le flow grave contre le vocodeur et les synthés. Sans esbroufe ni fioriture. Même la pochette pourrait se la jouer Sam Fischer entre les milliers d’autres disques d’un ogre comme virgin…




Le premier titre, Acid Rain Robot Repair, est l’un des meilleurs représentant de ce que l’on peut trouver dans « The Same Channel » :
Flow grave et rapide de Fat Jon sur une instrue bien planante, le refrain étant monopolisé par un Styrofoam, chantant d’une voix trafiquée au vocodeur.
A dire vrai, Beaucoup de chansons de l’album se développent sur ce schéma de « couplet Fat Jon » / « Refrain Styrofoam ».
Runnin’ Circle en est une copie presque conforme dans la structure, en plus réussie, avec une mélodie imparable, entre violons et synthés sur le fil. Les couplets Hip hop sont eux faiblement plus chahutés. L’écoute procure un drôle de sentiment de nostalgie, le titre respirant la tristesse contenue. La fusion est parfaite, et sans tutoyer les sommets, le tout semble bien plus cohérent que les essais d’un 13+God. Bleed enfonce cet avis, en proposant le meilleur titre de l’album, entre les deux précités.
Du haut de ses 8 minutes, Bleed propose un long voyage ouaté, entre immenses vagues de claviers et cordes de harpes pincées, donnant un aspect cristallin, éthéré et céleste au tout. Se dégageant de toute structure, Fat Jon intervient entre deux plaintes de Styrofoam, avant de laisser les machines s’emballer et s’envoler pendant de longues minutes. La piste vous emporte loin, et l’écouter couché risque de vous embarquer rapidement dans les nuages.
Comme si un The Divine Comedy electro se retrouvait à chahuter la Cote Ouest…





A contrario, un titre comme Space Gangsta sentira l’urbanisme et le HipHop noir à plein nez, rêche et sombre par rapport au reste de la galette, des effets dub pour seul échappatoire. Pas d’incursion pop significative de la part du Machiniste, on est plus qu’étonné de savoir que le titre fut choisi comme premier extrait de l’album. Pas mauvais en soi, même plutot plaisant, mais clairement pas représentatif du contenu de ce « The Same Channel », loin de là…

On sera bien plus conquis par un The Middle toujours bien « Hip Hop » dans l’âme, mais faisant corps avec le concept de Hipop : Longue intro, beats appuyés et refrains toujours du même calibre. Mais le titre sait prendre son temps, en s’étirant sur plus de 8 minutes, pour nous envoyer encore la tête dans les étoiles. Tout est doux, planant, paisible au possible, à fortiori quand un discret piano viendra s’ajouter à la danse, pour mourir longuement sur la voix suave de Styrofoam et ses bidouillages électroniques.
Les deux derniers pistes, suivant directement ce dernier, ne nous sortiront pas de notre voluptueuse torpeur :
Générique Genes et Upgrade ne s’envelopperont dans aucune digressions, se déployant de toute leur grâce sur des lits de synthés, à peine titillés par les voix des deux compères, rien de plus…
On nous tire dans la somnolence par la main, et avec le sourire. Pas le sommeil du à un ennui intempestif, mais celui d’un bien être, qui vous force presque à fermer les yeux pour se laisser tomber dans les bras de Morphés…







« The Same Channel » n’est clairement pas l’album de l’année. Il reste néanmoins un Transgenre hip Hop qui vaut vraiment le coup d’oreille, comme si Air et The Roots passaient la nuit ensemble. A ne pas écouter le matin au saut du lit, sous peine de foncer tête baissée dans son moelleux coussin encore chaud d’une nuit complète à le pétrir, le disque manquant d’une pincée de folie. Mais le soir, après une rude journée de boulot, bien calé dans les transports en commun, le casque vissé sur les oreilles, ou affalé de tout son poids sur son matelas, ce disque peut faire des merveilles…








>>> Runnin’ Circles en écoute
(Re-appuyer sur lecture des que le son faiblit pour écouter le titre en entier…)









10 titres
  1. Interceptor Says:

    Très joli ce Runnin’ Circles. 😮

  2. Deep Blue, visiteur Says:

    Abstract hip hop : un genre qui vaut vraiment le detour 😉

  3. Tai game ban ca an xu Says:

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