Gang Gang Dance – Retina Riddim



Blink Of A Sightless







Un nouveau disque de Gang Gang Dance, groupe extraordinaire et inclassable sortant une musique qui n’a pas d’équivalent dans le psychédélisme tribal, comme derniers shamans encore vivant sur cette pauvre planète. Leur dernier album, God’s Money arrivait à faire le pont impossible entre Brian Wilson, Animal collective, Aphex Twin, Dead Can Dance et bien trop de références encore. Accoucher d’un disque parfait en somme.

Et voila que la bande revient avec un disque + un Dvd, Retina Riddim le premier comprenant une seule piste d’une demi heure, et l’autre un film d’environ 35 minutes. De Graw étant le membre le plus impliqué sur ce projet… On est interloqué, on regarde l’objet avec curiosité et circonspection. Mais impossible de ne pas se laisser tenter quand on a posé au moins une fois l’oreille sur l’un des précédents disques du collectif.












Pochette rectangle qui dépassera d’une tête tous vos autres disques soigneusement rangés, Retina Riddim se déplie en deux battants dévoilants des gorilles (animal semblant avoir une place dans le coeur du groupe, vu leurs déclarations… ) qui se regardent dans une glace avec un air circonspect, le tout contenant aussi un simili « poster » avec une photo bien énigmatique d’une part, et les crédits du disque au verso qui sont tout simplement illisibles (car agencés comme des mots croisés…)








Et là, un problème se pose. Evidemment, on écoute le disque de fond en comble avant d’en parler. A partir du moment ou le projet d’en faire un texte est établi, à chaque écoute, on se demande bien comment présenter tout ça… Ok, dans le cas présent, vu le caractere indescriptible de la galette, on va faire un « moi je », qui traverse plusieurs villes du monde, diverses ambiances, tant ces 30 minutes de musique changent du tout au tout : Château versaillais, Rave londonienne, jungle amazonienne, village africain, plages d’Australie… Oui bonne idée. Sauf que tout fini par s’entremêler, et qu’il est bien difficile d’être dans plusieurs pays à la fois…
Bon on va se la jouer gros trip de drogué, avec différents effets qui vous démonte la tête, vous faisant voir toute sorte d’horizons, vous faisant planer avant de vous occire de la meilleure des façons… Ouaip facile, bonne idée de chronique. Sauf que même avec cette méthode, le tout reste trop périlleux à décrire, et donnerait un résultat bien obscur, reléguant Las Vegas Parano à une simple nouvelle du Journal de Mickey.


Alors on va se limite à une simple description, tant bien que mal, de ce Retina Riddim. Un simple petit tour du propriétaire, sans exercice de style stérile et compliqué. Car ce disque l’est bien trop… Sans être une seule seconde prise de tête. Une petite demi-heure donc, 25 minutes pour être précis, de musique. Qui ne s’interromps jamais. Une grosse piste quoi. Mais attention, plus comparable à un Roller Coaster pour drogué qu’une longue plage d’ambiant tirant vers la somnolence.








Presque étonnant, ce Retina Riddim débute sur une musique classique, des violons fragiles, faiblards, collés les uns sur les autres, tentant de vous arracher une larmichette, grinçant ou montant vers les cieux. Musique de chambre moderne. Mais des percussions sourdes se font entendre. Des choeurs au loin, perlant comme si des naïades dansaient autour d’un feu. Qui font irrémédiablement penser au très bon disque de Panda Bear, « Person Pitch »
Et ce ne sera pas la seule analogie que l’on fera avec ce disque. Car la démarche, au fond, est foncièrement semblable, même si Gang Gang Dance nous offre ici une (seule) balade bien plus diversifiée que la dernière galette du petit gars des Animal Collective (groupe parcourant la même route que GGD). On assiste à un ensemble de collages, de jeux d’échos, de sonorités tribales, de relents conséquents de LSD, de choeurs planants…

Le temps d’y penser que le titre nous plonge dans un manège un peu cassé, un peu vieillot, tournant sans grand espoir d’avoir des enfants juchés sur ses cheveux en plastique, le tout toujours parasité par de bruits plus ou moins identifiables, virant d’une tribu indigène en plein transe à des machines d’usines fonctionnant à plein régime. Et hop, on est parachuté dans un rythme enlevé, plein de percussions africaines, samples d’instruments du Moyen Orient qui mutent par réverbérations et autres éclairs indus détruisant la bonne marche du tout…
La voix si unique de la chanteuse du groupe n’apparaît presque pas, fantomatique, noyée dans ce maelstrom tribal, qui explose tout à coup et vire dans une Electro acid à toute allure, accompagnée de prières, semblable à un Luke Vibert ou un Ceephax bien énervé. Psychotique, on passe de la musique tribale à celle d’une Rave champêtre. Mais ce n’est pas tout, car l’électronique vire carrément au Thunderdome, avec des Basses ultra puissantes typiques du Hardcore, balayant vos tympans comme des vulgaires châteaux de sables. Le choc est de la partie à la première écoute, à ne pas écouter en voiture pour éviter l’accident. Mais le tout s’apaise après quelques minutes, pour mourir sur des nappes de synthés désincarnées…

Pas le temps de se retourner, Retina Riddim va nous proposer un collage de sons, de voix, de rythmes, tirant vers le Hip-hop mutant, parsemé de drones et de fûts maltraités. On se croirait presque dans une relecture du spectacle Stomp faite par des dégénérés. Les violons vont refaire surface pour se mêler au tout, c’est superbe. Et surtout cohérent. Donnée importante pour un disque de Gang Gang Dance. Un lego musical.
Et cela va continuer sur une bonne demi-douzaine de minutes, à renouer par petite strate avec la saveur « tribale » du commencement, à nous faire de plus en plus planer, en jonchant la structure d’échos et de brisures informatiques.
La conclusion sera un peu énigmatique, avec ce clavier sorti d’on ne sait ou, de ces bruits bambous entrechoqués, et de ces samples tout droits sorti d’un jeu de combat ou de vieux films crapoteux…







Voila pour la partie musicale. Le Dvd donc… Le Dvd ? Impossible de remettre la main dessus. Bizarre. Sûrement égaré, dans ma pile de Cd. Une des premières fois que cela m’arrive. Il suffit de l’avoir glissé par inadvertance dans un boîtier que l’on a rangé, et hop, introuvable. Alors ce texte sera mis à jours si je retombe sur l’objet… Dommageable quand même.








Que retirer de ce Retina Riddim ? Que l’on tire vers quelque chose de presque « arty », riche, planant et torturé. Cela ne ressemble à rien de connu, balaye dix styles différents en une demi heure. On pense à un Panda Bear crade et désincarné, à de multiples paysages mis bout à bout de la plus belle des façons.
Intérressant pour les fans de Gang Gang Dance, complètement inutile pour les néophytes du groupe…
Pour ceux qui ne connaissent pas vraiment, il serait même péché de commencer la découverte avec ce disque. IL FAUT écouter le précédent, God’s Money, absolument hallucinant et incontournable.



Pour le reste, et comme il est défini dans le Sommaire de ces pages, ce disque est un vrai « alien musical » qui, de part son caractère expérimental sans compromis, ne plaira à personne… ou presque…









1 Titre (25 minutes) – The Social Registry
Dat’










  1. Gee23 Says:

    Quand je lis ce genre de critique j’ai toujours un peu peur que ce ne soit pas écoutable car trop expérimental tu vois ce que je veux dire ???

  2. Dat' Says:

    Ben là, tout est “écoutable” (pas d’agression sonore ou autre) mais cela reste extremement perché…

    L’album “God’s Money” est bien plus abordable pour découvrir le groupe…

  3. Gee23 Says:

    Je note b(en fait je devrais noter tout ton blog ….) ^^

  4. DRunxx Says:

    ben voila ^^

    sinon je suis définitivement pas fan de “l’expérience” dvd+cd en mème temps (comme c’est censé se lire normalement, selon le groupe). Et ce de façon générale (les Liars et d’autres groupes l’ont fait). ça fait un peu performance du pauvre.

  5. Dat' Says:

    D’ailleurs, je n’ai toujours pas retrouvé le Dvd u_u

  6. Ktin, visiteur Says:

    tiens c’est marrant, moi c’est justement sur cet album-là que j’ai le plus tilté en découvrant Gang Gang Dance récemment… en même temps, je suis fan de Panda Bear 😉

  7. suede headliner fabric Says:

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