Ne vous inquiétez pas, la jeunesse va bien.
River Bones, on l’avait croisé dans ses pages il y a plus d’un an, avec un album improbable, Mort, qui sortait de nul part, perdu dans la masse gazeuse de milliers de bandcamp, mais dont le traumatisme est encore présent. Mélange improbable de trap religieuse, de mélancolie à la Burial et d’ambiant sectaire, l’album était une folie pure, un monolithe magnifique, massif et dangereux. Il y avait des écueils, des erreurs de jeunesse oui. Mais le français impressionnait en aspirant toutes ses influences, pour recracher une mélasse indescriptible. Comment définir sa musique ? Un terme seulement : prière thug.
Mais plus grand-chose depuis pile un an, et son EP footwork énervé A Greater Love. Pas un seul son estampillé River Bones, à part un side-project d’ambiant flippant. Alors, quand le bonhomme déboule sans crier gare 365 jours après sa dernière galette, on ne peut que se balancer en levant les bras de bonheur. Même si l’on va morfler dur.
On va aller droit au but, le premier morceau de ce disque est un putain de chef d’œuvre, une des tracks de l’année. River Bones a fait un vrai saut en un an, et la richesse, la profondeur de ses productions filent le vertige. Sur Unsex, tout donne la frousse. L’intro, magnifique, avec cette mélodie à chialer. Ce coté seul, perdu dans l’espace, à dériver alors que parasites et bruits blancs emplissent les tympans. Puis, c’est la déflagration. Le Footwork, cher à River Bones depuis son dernier Ep, déboule ici en hurlant, et tabasse tout ce qui bouge. Gang dans le métro, agression sonore, transe épileptique, on est pourtant toujours en train de planer car les fantômes chantent encore clairement à l’horizon. Alors tu vois les étoiles te foncer dans la gueule pendant que les anges te bercent, et c’est putain de magnifique. Ces voix qui se mettent à chanter pile à 2min, c’est la folie pure. Mais le passage à tabac ne dur qu’un temps, et le silence se fait, avec un sample mortel qui te fait penser que tu vas basculer dans la caribbean music. Un couple de minutes dans le vide, ambiant mortuaire, passage sublime, un des plus beaux moments de cette salope d’année 2014. Sérieusement, c’est quoi ce break ahurissant, beatless, qui filerait les larmes aux yeux à n’importe quel cœur de pierre ? C’est la mort, toujours, mais sereine, presque espérée. L’euthanasie après de longs mois de lutte.
Et le lyonnais n’en a pas fini avec tes esgourdes, et repart dans la violence, avec un dernier tiers sonnant comme du Mount Kimbie vs Juke, via cette mélodie en pointillé, voix en rafales et hystérie des rythmes. La conclusion furibarde fracasse la colonne. Tout est aspiré dans ce morceau : du footwork, de l’ambiant, de la musique world/religieuse, du Burial, du 2step. Et pourtant, le mélange se tient à la perfection. Mieux, on décèle les influences, mais elles sont annihilées, concassées, pour recracher d’un mélange quasi inédit. Ahurissant morceau.
Serene optera pour un traumatisme plus éthéré, lente intro renvoyant à Mort, entre prières vaudous et hiphop enfumé, avec une profondeur et des détails dans le son qui étourdissent, avant de filer vers une prière imposante mais lumineuse. Rive Bones convie toutes les religions pour un morceau mystique, Prière Thug absolue, trap de cathédrale, chute dans le gouffre. Tu écoutes ça, tu as envie de te convertir direct. Quelle religion? Aucune idée, mais croire en dieu semble tout à coup vraiment cool.
United repart sur une techno footwork pure, morceau le plus enlevé de l’EP, avec rythme soutenu et prod cauchemardesque. Là encore, le vertige est de mise, avec ses hurlements semblant sortir de manga ou films de kung fu, mais transformés ici en hurlements inhumains, en démons sortant des enfers. Certains morceaux de World’s End Girlfriend passeraient pour du Disney à coté de ce bordel sans nom. Et après la baston règlementaire, quasi épileptique, le morceau va encore s’ouvrir, doucement, avec des samples de voix prenant le contrepied du purgatoire précédent, dance émo matinée de “Love You / Love you” pitchés, pour un final oscillant entre un Phon.O sous crack et du footwork cancéreux. Tornade folle, gâteau aux mille étages, c’est usant mais jouissif, comme le plus dangereux des rollercoaster.
Après une correction pareille, il faut poser l’ambiance, et Severe, du haut de ses 9 minutes, s’en chargera. Samples en pagaille, ville fantôme d’on ne sait où qui mute graduellement en monstre sacré (flippante intro néanmoins), le morceau passera par toutes les circonvolutions, fourmillant de samples/field recording/voix non identifiées, avec une mélodie simple qui rate parfois une note pour devenir légèrement nauséeuse. On devrait se sentir bien dans ce lieu pieu, et pourtant tout tangue, tout tourne, pour fleurter avec l’angoisse totale pile à la moitié. Bien heureux sont les meurtris, ils arriveront sur une conclusion lumineuse et pacifique. On ne se passera pas ça avant d’aller au boulot, mais bordel, quelle folie.
River Bones n’est pas terroriste, et finira son Ep par un titre presque pop, le plus ouvert de ses albums surement, avec Us, balade trap en slo-motion avec chant vocodé, renvoyant autant aux derniers Burial qu’au très vieux morceau d’Alif Tree, Both Sides, mais après avoir avalé une bouteille de sirop pour la toux cul sec. C’est beau, mélancolique, et encore sacrement religieux, même si le prédicateur se prend carrément pour Future.
Commençant à être vieux, je suis impressionné par la propension qu’ont certains jeunes à tout aspirer pour recracher d’une mixture inédite. A l’instar d’un Krampf, River Bones impressionne par ses productions, par cette capacité à créer une musique référencée mais pourtant venue d’ailleurs. On sent où le français veut en venir, et l’on sait d’où il vient. Mais en plus de gérer un bon disque, le gars arrive à porter le genre au stade supérieur.
Car le footwork a besoin de mecs comme ça, d’aventuriers bordéliques sortant un genre musical de son carcan trop âpre. Ils sont trop peu. Il y a Kuedo, oui. Et River Bones maintenant. Nécessaire pour une écoute de salon, de nuit avec le cœur crevé, et pas seulement en dansant comme un fou dans un club. Il y a une richesse hallucinante dans ce Pure, qui efface tous les défauts et (rares) erreurs de jeunesse que l’on sentait poindre sur ses précédentes productions. Des morceaux magnifiques (Unsex et Severe en premier), un Ep sans un morceau raté, et surtout, une puissance émotionnelle folle pour les amoureux de musique mystique. Ce n’est même pas du fan-service, rassurant en te servant une musique belle mais déjà entendue. Nope. River Bones va piocher partout et te sort une recette incroyable : il y a autant d’ambiant que de black metal chez River Bones. Autant d’electronica que de footwork, autant de Burial que de world music, autant de dance pute que prières fanatiques choppées dans des âshram perdus en haut d’une montagne.
Je m’enflamme ? Peut être. Mais écoute Unsex avec le cœur brisé, et revient me dire que tu n’as pas été bousculé. River Bones est perdu dans la galaxie des milliers de bandcamp, oui. Mais il vient de balancer un EP indispensable, une des meilleures sorties de l’année, c’est assuré.
5 titres – Autoprod
Dat’
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This entry was posted on Monday, December 8th, 2014 at 2:31 am and is filed under Chroniques. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0 feed. You can leave a response, or trackback from your own site.
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