I’ve killed a turtle once
Les choix de carrière sont parfois impénétrables. Après avoir attendu quasiment dix ans pour balancer un nouvel album en 2012, via le mi-figue mi-raisin Scintilli, Plaid revient sans crier gare 2 ans plus tard avec Reachy Prints. Et cette fois, les anglais semblent resserrer les rangs. Scintilli, qui gardait en son cœur de superbes morceaux, s’éparpillait un peu, empêchant encore le groupe d’accoucher d’un sans faute. Difficile de dire si le groupe s’en est rendu compte, mais en 2014, Plaid revient avec un album court, sans interlude, histoire de privilégier la mandale directe et le traumatisme mélodique. Car c’est bien ça que l’on cherche à chaque nouvelle livraison du groupe. Contrairement à Autechre et consort, il n’est jamais histoire de limites repoussées, de chambardement. On veut juste de la mélodie, de la belle, de là joyeusement mélancolique. Ca tombe bien, Reachy Prints a mis la barre haute de ce point de vu là.
Plus que tout autre formation, et en tant que fanatique invétéré de Plaid (aucune objectivité ici, et à jamais), je n’attends qu’une putain de chose en lançant un nouvel LP du groupe : je veux juste me faire fracturer le cerveau à coup de mélodie. Chercher le morceau qui va m’accompagner pendant dix ans, comme trop de productions du duo, depuis 15 ans déjà. Parce que les Even Spring, les Rakimou, les IO, les Light Rain, je les chante parfois dans la rue, souvent dans la douche, exclusivement dans ma tête, histoire de ne pas passer pour un fou. Des morceaux qui se pointent sans prévenir, régulièrement quand je cherche le sommeil, quand mes pensées vagabondes, quand je suis bourré, quand je suis triste, quand je suis heureux. Traumatisé à vie, certainement. J’ai toujours placé Plaid au dessus de tout ce qui se fait en electronica, malgré l’absence d’un album ultime, pour la simple et bonne raison que ces deux mecs ont réussi à se placer ad vitam eternam dans mes synapses. Scintilli ? Je n’arrivais pas à piger si c’était moi qui avait grandi, ou si le LP manquait d’un je-ne-sais-quoi de magie pour réellement me flinguer l’échine.
9 morceaux (ou 10 avec le bonus), pas de fioriture, de l’efficace, pas de beatless, la promesse était belle en lançant Reachy Prints. OH va respecter le cahier des charges. Presque du fan-service. Pas de surprise. Mais bordel, que c’est beau. Des harpounettes qui pleuvent la mélodie des anges en intro. Puis une constante progression, avec tout ce qu’il faut d’airs cristallins et de mélopée émo. Ca ne ferra que monter, monter, des paillons dans le ventre, et des étoiles plein la tête. Cela en serait presque cliché, correspondant à ce que l’on attend de Plaid à 100%, un peu comme le (très bon) premier single Hawkmoth également, dont j’avais parlé il y a quelques semaines. Mais on ne parle pas du vieux cliché racorni, mais bien de la photo pleine de vie, frappante, débordant de contraste et de couleurs.
Mais le groupe ne va pas s’escrimer à nous ressortir du fan-service. Car la première vraie claque du disque, c’est avec Nafovanny qu’on se la prend. Où l’on entend Plaid faire du Plaid, mais une dose d’inédit en plus. Rythme binaire, bassline caverneuse, on avance pendant deux minutes dans un tunnel hypnotique. Ce n’est pas sombre, il y a juste ce qu’il faut d’oppressant, avant qu’un synthé sublime déboule. 1min15, une complainte parabolique fait son entrée et terrasse les cœurs encore durs. C’est beau comme la mort, et tu sais déjà que tu tiens là un des tous meilleurs morceaux de Plaid. Le choc intervient au bout de 2 min quand tout s’éteint, se calme et que la mélodie se fait divine. Divine. A la première écoute, impossible de ne pas lâcher un « whao, bordel » de circonstance, sous la perfection d’un changement pareil. La track qui s’escrimait au départ dans les bas-fonds, part sur un voyage en apesanteur, candide, cotonneux, sublime, qui n’en fini plus de monter vers les étoiles. Je n’avais pas été aussi impressionné par un morceau du groupe depuis This City (on remonte loin). C’est la claque, c’est le son originel des anglais, la même beauté, la même émotion, mais pimpé par une perfection dans la production assez ahurissante, et ce coté aventureux que l’on pensait avoir perdu. Un coup de maitre.
L’autre commotion provoquée par l’album, c’est Ropen, adoptant lui aussi un parti pris que l’on entendait que trop peu chez les anglais. Plus expérimental et obscure que ses pairs, le morceau s’avance en mélasse émotionnelle aux rythmes pachydermiques, d’une puissance folle. La mélodie, loin d’être évidente, renverse tout, coulée de lave zebrée de sursauts jouissifs. On est dans complainte de fin du monde, mais à la Plaid, avec des synthés qui te chialent leur tristesse de façon absolue. Dépression, amours perdus, mémoires floues, mais avec amour. Longue chute en slow motion, qui n’a pas vraiment de développement, de break, de conclusion, ce morceau est l’autre exercice majeur de Reachy Print, un versant moins évident du groupe, renvoyant légèrement à certaines tirades d’Autechre, voir à Come To Dust, diamant noir du dernier Boards Of Canada. Marche militaire d’éclopés, armée balayée par le vent, Ropen impressionne, désarçonne presque, nous balançant un Plaid qui prend enfin des risques, montrant un visage déjà aperçu mais jamais réellement contemplé. Un des meilleurs morceaux du groupe, tout disque confondu.
Et Reachy Prints n’a pas fini de foutre des claques : on a pas mal entendu Wallet, et sa frustre video, morceau de folie, réunissant ce qui se fait de mieux chez les anglais, mais avec, là aussi, une profondeur étonnante. Les rythmes tabassent, les bugs sonores remplissent le spectre. Mais c’est là encore la mélodie qui va tout emporter, faire saigner les palpitants, draguer l’échine. Si le milieu du morceau pourrait presque faire du surplace, le dernier tiers s’amuse à prendre ta colonne vertébrale pour en faire des papillotes. Pas besoin de trop en faire, le morceau reste toujours en retenu, presque discret face au coté bigger than life de Oh ou Nofovanny, pour une simple comptine mélancolique qui ne sert qu’à te rappeler tes vies passées.
Il y a évidemment le gargantuesque et épique Matin Lunaire, fresque electro-pop légère et colorée comme une bulle de savon, entre fragilité pure et chute dans un puits de néon. Une pop star japonaise pourrait chanter sur ce morceau et ça serait bien. Une armée de filles en fleur pourrait découvrir la vie sur ce morceau, et ça serait bien. Un mec défoncé qui rentre chez lui avec des souvenirs roses plein la tête pourrait écouter à fond ce morceau, le casque enfoncé sur les oreilles, et ça serait bien. La dernière minute du morceau est magique, une putain de conclusion joyeuse, à nous donner envie de sortir les cotillons.
Tether renouera avec le Plaid que l’on connaît bien, le crasseux qui laisse exploser sans prévenir la mélodie divine, le strip club qui se mut en jardin pour enfant, la solitude sourde qui se fait exploser par des arpèges lumineux qui partent dans tous les sens. Mais c’est sans commune mesure avec Liverpool St, qui a pas mal divisé. Et je ne pige pas pourquoi. Tu vas me dire que c’est niais, que c’est sucré, que l’on frôle le Disneyland. Oui, mais merde, c’est ça qui est bon. Parce que c’est putain de beau. C’est le moment où les arcs en ciel te tombent sur la tronche, où les monstres se mettent à danser comme des cons, où tu délivres enfin la princesse pour que vous puissiez copuler sauvagement. C’est la mélodie débile mais parfaite, belle comme le jour, candide à en crever. C’est une sorte de symphonie qui se brise et vrille vers une electro flingué, avec Plaid qui nous sort l’un des synthés indispensables du disque. Ce morceau, c’est le moment où tu balances dans ta bouche des Fizzy Pazzy, quinze ans après avoir mangé le dernier paquet : tu te sens idiot de succomber à ce plaisir enfantin… mais ce gout sucré, ce bonbon qui claque de partout dans la bouche, cette langue colorée qui te fait passer pour un débile, c’est la sensation que tu cherches tous les jours en allant te casser le cul au boulot, pour un salaire de misère. Débile oui, mais heureux.
Oh je sais, je suis un peu lourd avec mes bonus tracks japonaises, mais si certains groupes Warp se foutent un peu de la gueule des japonais, Plaid a toujours pris le bordel au sérieux, avec en point d’orgue le Miamivice de Spokes, ou le fou Outside Orange qui offrait une bien belle plus-value à Scintilli. Le groupe avait prévenu, ils ont écarté quelques morceaux de Reachy Prints, pour accoucher d’un tracklist resserré. Et l’on peut imaginer qu’Away en faisait parti. Morceau qui tournait déjà en live, ce titre bonus fait rentrer le chant pour la première fois sur le disque, pour des apparats très Spokes. Et clairement, si Away n’invente rien, Plaid pousse le trip dans ses retranchements, entre voix d’anges dérouillées par une rythmique imprévisible et mélodie de folie. On croirait presque entendre Imogen Heap en train de se taillader les follicules avec un tesson de bouteille. Après 3 minutes de délire quasi-christique, la dernière minute est absolument folle, à te filer la chair de poule. Pas forcément cohérent avec le reste du disque, mais niveau rouleau compresseur émotionnel, on est plutôt bien servi.
Au final, dans ce disque ultra cohérent, seul Slam pourra paraître un peu frustre, loin des effusions épiques des autres morceaux, avec un ensemble plus linaire, avec une progression timide et un peu empruntée, mais qui se révèle plutôt agréable après quelques écoutes, sans avoir la magie d’un Wallet.
Assez étonnant ces retours en force. On pensait Warp en petite forme, avec des tauliers partant en vrille et des nouvelles signatures loin d’être savoureuses. Mais il y a eu BOC l’année dernière. Et Plaid cette année. Plaid, impérial, toujours aussi fragile et candide, discret et enthousiaste. Comme toujours avec le groupe, on est loin de l’album qui révolutionne tout, du LP qui va changer la face du monde électronique. Mais ce n’est clairement pas ce qui semble les intéresser. Eux veulent juste enchanter les gens, infiltrer nos cerveaux, nous accompagner pour de nouveaux moments de vie. Réactiver les mémoires. Bousculer la mélancolie. Donner, tranquillement, l’envie de voler.
Et pour la première fois depuis un bail, le groupe déboule avec un album complet, efficace, homogène, pertinent à 100%. Elles sont loin, les velléités de fresques sans fin, d’album à multiples facettes, de tracks intervalles. S’il est difficile de placer Reachy Print comme le meilleur disque du groupe, il en est peut être le plus implacable, le plus facile à ingérer, tout en étant le plus riche, le plus dense. Il y a encore les tics et mélodies inhérentes aux anglais, mais les morceaux débordent de détails, de synthés inédits chez Plaid, d’exercices risqués (Ropen, Liverpool St, Nafovonny…), avec une production en mode 3D que l’on entendait pas forcément auparavant.
Certes, il y a toujours du fan service. Mais en écoutant ce Reachy Prints, chose qui m’avait grandement manqué sur Scintilli, je me surprends à nouveau à rêver, à sourire comme un con, à vouloir courir en pleine rue, la nuit, les bras écartés en me marrant. A avoir une mini larme aux yeux au détour d’une litanie mélancolique. Penser aux âmes tristes et disparues. Et me dire que peut-être, je risque de chanter certains de ces morceaux dans 10 ans encore.
Plus que tout, Reachy Prints me rassure légèrement : finalement, je n’ai pas totalement perdu mon âme d’enfant.
PLAID – MATIN LUNAIRE from Clement Oberto on Vimeo.
Plaid – Wallet
10 titres – Warp / Beat Record
Dat’
TWITTER (viens parler de Ca avec moi sur twitter)
This entry was posted on Friday, June 20th, 2014 at 5:45 am and is filed under Chroniques. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0 feed. You can leave a response, or trackback from your own site.
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