I don’t mind, it was all me
Il était une fois James Blake, jeune anglais maigrichon fricotant avec Mount Kimbie, et propulsé comme grand espoir du Uk Garage après quelques Ep de folie (on se souvient avec émotion de CMYK ou The Bells Sketch), naviguant entre synthés sublimes, rythmes 2step et gestion du silence ultra maitrisée (Klavierwerke). En parallèle, il avait son projet Harmonimix avec des remix goguenards ou foutant le vertige, histoire de palper les billets de façon anonyme. Bref, de quoi donner beaucoup d’espoirs à tous ceux qui attendaient un vrai LP de Uk Garage qui secouerait le monde.
Le premier LP de Blake est arrivé, et ce fut le drame. L’anglais troque sa musique pleine de cyprine pour un garage matiné de r’n’b geignard bourré de vocodeur et de vibes pour amoureux neurasthéniques. Etait-ce surprenant ? Oui. Etait-ce mauvais ? Pas tant que ça. Pourtant la critique se déchaine et s’ouvre en deux camps, tel le Grand Fossé d’Asterix. Je n’ai pas vraiment compris l’engouement incroyable autour du LP de James Blake à sa sortie, mais j’ai encore moins pigé tout l’acharnement qu’il y a eu contre lui. Car si l’anglais a effectivement policé sa musique, sortant du pour Uk Garage pour flirter avec le R’n’b minimaliste, le bonhomme garde quand même toute son identité sur son premier Lp. Certes, 50% du disque frôlait l’horreur. Mais il y avait de belles choses, comme les 3 premiers morceaux qui auraient clairement pu se faufiler dans ses précédents Ep sans problèmes. James Blake fait du 2step en slow motion, et utilise son (bien bel) organe au lieu de sampler des midinettes… et pourquoi pas ? Le disque ne tenait certes debout que grâce à une poignée de tracks, mais James Blake ne reniait pas vraiment son passé, si l’on excepte l’usage de la voix. D’autant plus, même si c’est bien subjectif, que je trouvais le changement d’orientation moins téléphoné/craignos que pour Darkstar ou (iiiiirk) Nicolas Jaar.
Bref, sur ce nouvel album, Blake avait deux solutions, vu que l’on savait que la recette du LP1 allait être conservée : continuer le boulot, mais en donnant un peu plus d’importance au coté “vicié” de ses morceaux. Où foncer dans la pop ringarde histoire de s’ouvrir à un plus grand public.
Et vu la gueule des deux pochettes, immondes, en mode Zara vs Topman, on pouvait clairement flipper sur la réponse au dilemme du dessus. Et autant vous l’avouer tout de suite, le disque est comme son précédent : ultra bancal, peuplé de morceaux qui me font autant d’effet que des miettes de Kango délicatement pressées sur mon scrotum (aucun effet donc, à part une éruption cutanée), mais qui comporte aussi de belles choses.
Des morceaux inoffensifs, qui feront surement larmoyer les cœurs sensibles, mais qui manquent réellement d’ardeur, on peut en trouver une belle pelletée. Et contrairement au premier LP qui avait une ouverture impeccable avec 3 morceaux solides, ce nouveau disque commence en sens inverse, et nous fait grincer des dents : Overgrown aurait pu être pas mal (beaux passages mélodiques sur le chant) mais on s’emmerde rapidement, c’est trop vide, trop simple, et la montée est loin d’être assez épique pour toucher. I Am Sold ne passionne pas des masses non plus, avec ce trip-hop dépressif, qui ne débouche sur rien, à part un ennui impossible à feindre. Pire, le morceau, en restant très ombrageux, ne met même pas en exergue les talents mélodiques de Blake, sa seule arme de valeur au final.
Et puis, tout à coup, le miracle. Life Round Here déboule, et nous fout dans la tronche pile ce que voulais entendre. Ce que le mec devait faire, sa mission, l’aboutissement du “hey je viens du Uk Garage mais maintenant je vais chanter”. Rythme hiphop ultra classe, synthé sublime, tout en variation, qui file la gaule. Chant plus assuré, plus proche du maquereau claquant des doigts sur les trottoirs de Farmington que du petit oisillon mourant londonien que l’on avait l’habitude d’entendre. Ce truc est un tube, mais un tube vicié. Drogué. Comme si l’on écoutait la paire (impossible de ne pas y penser) Timbaland – Aaliyah repris par un nerd hypocondriaque venant de se découvrir des velléités de fripouille.
L’autre réussite incontestable du disque, c’est le single Retrograde, qui est peut être le plus beau morceau pop de notre Blackounet. Bien plus fouillé et prenant que Limit To Your Love. Parce que le chant est parfait, la mélodie aussi. Mais surtout parce que l’anglais nous sort ses plus beaux claviers. Qu’ils sont beaux ces claviers ! Ils partent au parfait moment, “suddenly I’m hit”, et boum, c’est la fin du monde, on étouffe, abasourdi par cette masse de synthés, comme si un camion te fonçait dessus en klaxonnant comme un fou. Toi, tu es ébloui par les phares, lapin apeuré et paralysé par la cage en métal qui hurle dans ta direction. Surtout, Retrograde cristallise parfaitement ce que fait James Blake sur ses disques. De la pop. Mainstream. Evidente. Mais viciée. Au final, ce morceau, il aurait presque pu atterrir chez Coldplay. L’astuce, c’est que Blake préfère l’écraser, l’exploser, le flinguer avec des synthés bien trop forts, bien trop envahissants. Et grâce à cela que l’on prend du plaisir, c’est ce qui fait toute la différence.
Vous me trouvez bien positif ? Pas de soucis, on repart sur les ratés de la galette, j’en ai encore deux-trois dans la poche. Le mec aurait pu nous épargner Dlm, parce l’on n’est pas chez Birdy, ce n’est pas ce que l’on attend de James, sauf pour faire mouiller les minettes. Là aussi, la mélodie de base est très belle (quand il déclame “the colors of our lights”, ça marche plutôt bien). Le problème est que le morceau repose uniquement sur un piano sans saveur et bien fainéant, avec une conclusion de la honte featuring hululement gospel sans le sou, genre tu viens de taper ton doigt avec un marteau. Frissons de la honte, non merci.
Our Love Come Back se la joue ultra émo, et tu as grave envie de serrer tes enfants dans tes bras, la larme à l’œil, en leur disant que tu les aimes, que reviendras dans deux ans après cette fichue guerre, alors que tu sais pertinemment que tu vas sauter sur une mine comme une merde et mourir en te noyant dans ton propre sang. Mais à part ça, on se fait chier et on regarde sa montre. On va dire que je radote, To The Last balance là aussi une superbe mélodie voix, le mec te sort des couplets/refrains en diamant, à te filer la frousse… mais la musique ne va pas assez loin pour draguer l’échine. Ca reste trop cadré. C’est bien moins catastrophique que les deux premiers titres du disque, mais on sent que l’on aurait pu avoir tellement mieux.
Take A Fall For Me, avec RZA en feat ( ?!?) n’est clairement pas une foirade à proprement parlé. Mais l’on se demande vraiment ce que fait cette track dans le disque. C’est sympa, il y a les fameux synthés fous de Blake, RZA se la joue spoken word romantico-mystique, et le sound design donne le vertige. Mais cela sonne surtout complètement hors propos, en plus de s’arrêter pile au moment où le morceau devient intéressant. Loin de moi l’envie de cracher dessus, mais on aurait bien plus vu le tout sur un projet Harmonimix (il va falloir y penser) que sur ce Lp.
Mais il y a de vraies fusées dans ce disque, bien plus aventureux que le premier LP. Digital Lion, feat Brian Eno (curieux de savoir comment ils se sont repartis les rôles, parce que c’est loin d’être flagrant) fera tonner les subwoof, avec une complainte cristalline qui va rapidement vriller en electro caverneuse, grondante, lugubre, habitée par des voix spectrales. Et quand on commence à s’habituer au traitement, un long klaxon glace le sang, élément indispensable du tout, ouvrant une dernière partie hypnotique, mais se fermant un peu trop abruptement.
Le titre de conclusion, Every Day I Ran replace carrément James Blake dans ses premiers amours, avec un Uk Garage Dub du plus bel effet, avec un toaster samplé et synthés à filer la frousse, quasi tire larmes, bourrés de détails, d’une richesse folle. Bombe droguée du disque, pourtant surement rajoutée au dernier moment, car pas vraiment cohérente avec le reste. Ultra massif dans son rythme, comme dans le mille feuilles de synthés, Every Day I Ran rassure sur la capacité de Blake à balancer des bombinettes abstract. S’il sort ce genre de morceaux sur son tout nouveau label 1800Dinausor, on risque de bien s’amuser dans les mois à venir.
Mais mais mais… la tuerie de la galette, la grenade à fragmentation, c’est Voyeur, sans contestation. C’est le morceau qui m’a fait aimer le disque, c’est la track qui m’a filé une banane pas possible, c’est la mandale qui m’a dynamité les neurones. Pourtant, ça commence pas de façon folichonne, en mode r’n’b romantique, avec piano et métronome déréglé. Une minute de simagrées sentimentales… et le morceau se brise. La voix se nécrose. Le beat déboule, techno métallique folle. Les synthés démarrent, s’enroulent, s’envolent, te fracassent les neurones. Ca n’en fini plus de monter, ça n’en fini plus de tonner, ça n’en fini plus de s’enrouler autour de ta gorge pour t’étouffer. Oh, tu restais tranquille, tu voyais encore le soleil. Mais à 1min55 c’est Silent Hill, c’est le nouveau monde, c’est la fin des temps. C’est un barrissement de tous les diables qui déboule et emporte tout sur son passage. Brule le morceau, noie la voix, te broie les vertèbres. C’est un synthé tellement massif qu’il t’arrache la tronche, te découpe la colonne à coup de petite cuillère. James Blake (on l’avait oublié) continue en boucle de balancer la même phrase depuis 3 minutes, comme un hystérique camé, un fou perdu au milieu des monstres qui envahissent les rues et tabassent tout ce qui bouge. Toi, en écoutant ça, tu as envie de sauter contre les murs, de danser comme un robot, de faire du voguing en avalant des tablettes de tamiflu, de gueuler oui oui oui oui oui au fur et à mesure que le morceau progresse, de façon quasi irrationnelle comparé au reste du disque. Ces synthés mec… CES PUTAINS DE SYNTHES !!!. Ce morceau, c’est l’orgasme absolu, la techno de cathédrale, la longue chute gorgée d’opiacés. Le panard total, meilleur morceau de James Blake all time.
L’album est au final bien plus solide que le précédant. Certes, loin d’être parfait. Certes, avec une bonne moitié de morceaux ratés ou dispensables. Mais on a enfin un vrai album, qui ne donne pas l’impression d’écouter des bouts de morceaux, des ébauches fainéantes (mêmes les tracks foireuses sont, au moins, de vraies tracks). On a du lourd, du puissant, de l’émo en veux-tu en voilà, avec quelques moments de bravoure. Il faut aussi souligner que ce disque est beaucoup plus proche de ce que faisait le musicien avant son virage midinette (Voyeur, Digital Lion, Everyday I Ran qui auraient pu être dans les premiers EP), et pousse parfois la recette “new james Blake” à son paroxysme, nous prouvant qu’il n’avait pas forcément tord de se mettre à la pop (Retrograde et Life Round Here sont absolument parfaits)
Jamais Step, mais toujours un peu Dub, Blake continue de plonger sa pop dans un écrin bourré de synthés mirifiques et d’échos qui plairont aux sales drogués. D’ailleurs, c’est bien un des rares artistes qui m’exciterait plus avec un LP live plutôt que studio, tant l’anglais étire et défonce ses morceaux en concert, de façon assez jouissive.
Ecouter ce James Blake, c’est comme se faire sucer par un She-male. C’est à première vue doucereux, agréable, presque banal, jusqu’à ce que la surprise inattendue nous fasse basculer sur des terrains que nous n’avions pas foncièrement l’habitude d’arpenter. Et à un moment, sortir de sa zone de confort, c’est plus que recommandé.
L’énorme James Blake – Voyeur
Le drogué James Blake – Every Day I Ran
Le beau James Blake – Retrograde
11 Titres – Atlas Recordings
Dat’
This entry was posted on Wednesday, April 10th, 2013 at 5:40 am and is filed under Chroniques. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0 feed. You can leave a response, or trackback from your own site.
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