We sing to the beat of bad kissers clinking teeth
J’avais laissé tombé Sufjan il y a quelques temps, avalé par le flot des sorties et des nouveaux artistes. Aucun grief de ma part envers le bonhomme, d’autant plus que son Illinois fait parti des galettes que nous pouvons qualifier, sans rougir, de majestueuses. Bon son coffret sur Noel m’avait bien refroidi, pour le concept simplement, car je suis un enfoiré sans cœur. Alors voilà que l’américain se pointe avec une nouvelle plaque, renouant avec ses amours electronica, tout en gardant cette débauche de mélodies et de song-writing en cathédrale. Le retard frustrant, dans ma contrée, du Lp de Darkstar aidant, je lache un « pourquoi pas ? » désabusé en prenant le nouveau Sufjan Stevens chez le disquaire.
Discman aidant, je peux fourrer la galette dans mes oreilles dès la sortie du magasin, fin près le voyage en métro. Crevé, affalé sur la banquette moquette du wagonnet. J’en ai loupé ma station, émerveillé.
Le packaging est bien foutu, avec un livret constitué d’une bd sous psychotrope difficilement compréhensible, débouchant sur la fin du monde. Soit.
Et si ce The Age of Adz est écrasé par les machines, Sufjan Stevens n’a pas oublié ses émois acoustiques, avec un premier titre tout en retenu, Futile Devices. Piano, cordes pincées, voix trainante, la mélodie est jolie, c’est nickel pour débuter l’album. Et ce petit moment de recueillement va accentuer le contraste avec les missives suivantes, Too Much sortant l’artillerie lourde niveau cassures Idm. Ca grésille dans tous les sens, les rythmes explosent, jolie Drill’n Bass explosée et presque violente. Pourtant, le tout va sonner guilleret, car Sufjan cabotine dessus, en plus d’une mélodie candide et cœurs féminins. (et un bruit façon aéroport de Roissy. C’est terrible, le tout n’en fini pas de monter, des cordes grandiloquentes déboules, violons sur déchirures violentes, puis repartir sur des incartades pop lumineuses. Ok, j’en déjà pour ma monnaie. Et ce morceau, qui est déjà énorme, va tout d’un coup se briser, passer d’un piano en fin de vie se battant avec les explosions noise, puis tomber sur des synthés analordiens à la mélodie dépressive que l’on ne croise normalement que chez Warp. Les violons chialent, ça progresse et t’arrache la gueule, petits flutiaux qui chantent au loin, tes cheveux se dressent, tu sens que tu vas te prendre une belle mandale, et pan, tout explose dans un trip James-Bondien-émo avec des chœurs, et des synthés à crever, histoire de te finir avec un revers de pelle.
Rythmes ‘tronica toujours, mais plus espacés cette fois, pour une chanson electro-pop à crever, I Walked. Beats sourds et noisy, claviers qui se languissent, et un Sufjan qui te lâche un chant à la mélodie parfaite, le truc qui reste dans le cortex pour la journée. Les refrains sont taillés à la perfection, les synthés s’en mêlent, space opéra vs neurasthénie. « I walked, as you walked but i won’t probably go very far ». Le mec est triste et cela se sent. Des chœurs féminins déboulent et te plantent des ailes dans le cul, d’autant plus que les à-coups indus s’intensifient. La dernière minute, elle te passe le palpitant à la moulinette, avec le chant qui se perd dans les échos et s’étire vers l’infini. Bordel, ça n’à l’air de rien comme ça, le morceau est même assez simple. Mais quand on se fait parasiter par la mélodie, c’est fini on est obligé de gueuler la dernière phase vocale avec le mec. Au moins.
Mais niveau chanson pop belle à crever, il y a encore mieux. Genre stratosphérique avec Vesuvius. Piano, voix lancinante démultipliée. Sufjan se parle à lui même, il ne va pas bien. Ce morceau, ce n’est qu’une montée, graduelle, avec des éléments qui se greffent petit à petit sur une mélodie absolument sublime. Car c’est elle qui fait tout, qui t’arrache les tympans avec sa tristesse. Le reste n’est qu’apparat. Mais quels apparats ! Chœurs, rythmes abstract-electronica, synthés qui s’enroulent, ça baise dans tes oreilles, et ça continue de monter méchamment, toi tu écoutes sans bouger parce que c’est comme si tu te prenais un camion dans le bide. Et ce camion, il ne fait pas que te rouler dessus, mais il te traine sur l’autoroute bien violemment juste après. Parce que la deuxième partie du morceau commence, et Sufjan lâche les chevaux, la mélodie devient incroyable, les chœurs tonnent, les bleeps electro volent, et toi, encore une fois, tu gueules le texte la main sur le cœur, en balançant des « Vesuvius Fire and Fire Follow me now as i favor the ghost» t’es par terre, alors on te balance une grosse saturation noise, puis on redanse autour de ton cadavre en mode Folklore américain. Putain.
Autre tour de force épique-émo-pop-drill’nbass-orchestrale ( ?), I Want To Be Well se pose bien assis sur ta tronche, pour que la grosse baffe soit inéducable. Il démarre sur les chapeaux de roues, avec un rythme drum dérouillé, des petites flutes façon Walt Dinsey en train de se faire démonter dans une impasse. Encore une fois, c’est construction en mille feuilles, ça fuse de partout, rythme explosés, voix de partout et synthés géniaux qui se battent dans le fond. Le morceau change de structure toutes les 30 secondes, ça passe de la pop de stade au dépeçage electro en règle. Sauf qu’à un moment, tout se cabre, et l’on entend plus que l’americain déclamer des incessants « I Want to be well, i want to be well » accompagné d’une petite guitare acoustique. Des larsens saturés se font entendre, on sent que ça va encore nous briser la nuque, des choeurs, des bleeps Idm, ça gronde comme jamais, et le Sufjan pete les plombs et gueule des « Im Not Fucking AROUND » alors que tout explose cavalcade céleste genre drill’n bass qui veut faire du post-rock, ça se calme de nouveau, puis c’est de nouveau la grosse mandale, et l’américain qui Fuck toujours pas around. Le morceau devient ultra bruyant, les chœurs sont tellement balaises que tu as l’impression de te prendre 3 églises italiennes sur la tronche.
Mais Sufjan ne fait pas que dans l’électronique qualité dosée, et s’amuse aussi à nous refiler des trips acoustiques, moins dingos que sur ces albums précédents, mais tout aussi mélodiques et mélancoliques. Now That I’m Older est un ravissement pour les noreilles, avec une belle intro pleine de piano, de violons et de chœurs fantomatiques, en mode mélange Baten Kaitos vs Merriweather Pavillion. On garde le coté aquatique de ce dernier, le morceau fait mille couches, et ondule avec grâce dans nos oreilles telle la facétieuse marée du mont st michel, et tout pleins d’autres métaphores merdiques. Oui non donc, tout est en respiration, murmures, hululements qui s’effacent et ressurgissent, pop slow-motion enfumée et droguée. Sufjan se pare d’une voix cristalline, les instruments forment une espèce de mélasse hypnotique, et le dernier tiers est super émo, franchement beau.
Bad Communication sera tout aussi mystérieuse, avec quelques bleeps electros en plus, des petits cliquetis façon harpe et autres bidules indéfinissables. Mais c’est All For Myself qui rafle la mise, avec un morceau montant par deux fois dans les strates de l’émerveillement. Le vynile craqué des couplets se transforme en montée orchestrale/chœurs/stufjan en état de grâce qui te flingue l’échine en deux tours de piste.
La Tracklist de l’album est bien gonflée, avec pas mal de morceau dépassant les 5 minutes. Certes. Mais c’est la conclusion qui dépasse toutes les espérances, avec 26 minutes au compteur, et sans silence à la con pour caser une bonus track inutile. Non, ici, avec Impossible Soul, c’est un vrai morceau, une fresque tarée frisant la demi-heure que l’américain nous colle dans le nombril. Piano répétitif, hululement et harpe again, rythme qui claque, et presque génial quand le tout part dans des refrains super joyeux, solo de guitare bien crade rachitique dont Lil’ Wayne est friand et autres cassures un peu noisy. Rien de spécial, mais drôlement bien foutu, et franchement beau. Le morceau va petit à petit virer sur quelque chose de plus opaque, un peu moins engageant, entre orchestre et Idm bizarre. Cela s’étire un peu en longueur, mais le tout reste assez plaisant, sans être extraordinaire.
Mais mais mais… c’est ici que le tout bascule. Le morceau se fait aspirer, se ralenti, se noie, s’asphyxie. Deux minutes de chute, pour déboucher sur une mélodie sublime (je pese mes mots), avec piano et synthés à l’agonie. Et vlan, voilà que Stufjan redébarque, et chante dans un Vocoder qui n’a rien a faire là. Sauf que c’est beau. Vraiment. A la première écoute, j’en ai la gueule cassée. The-Dream réverait de faire ça. Et cet autotune, incongru au départ, se fond sur une instrue parasitée par des voix spectrales à chialer, un piano aquatique incroyable, et des cassures electronica nécrosées. Et ça monte, ça monte, ça te flingue la colonne en même temps, car tu as un ENORME beat mixé avec des synthés aigues, les voix prennent de la force, ça bastonne à l’horizon, c’est génial, tout simplement l’une des meilleures parties de l’album. C’est sincèrement beau à en chialer, ça y est, tout le monde peut dire que l’autotune c’est cool, même les folkeux au dernier rang. Enfin non, ce n’est même pas l’autotune en fait, on s’en bat les roubignoles de ce truc, c’est vraiment l’instrue derrière, cette mélodie incroyable, décharnée, ces voix qui s’enroulent de partout, à crever.
Et hop, la fresque part dans sa nouvelle phase, plus joyeuse, sorte d’Animal Collective en mode pote, qui chantent dans leur cuisine après avoir bouloté trop de bière. Le rythme est dingue, et Sufjan appelle tout son gang pour finir en apothéose. C’est super joyeux, tu as envie de chanter avec eux en tapant dans les mains les « boy, we can do much more together / its not impossible » se répètent à l’infini, donc toi aussi tu y crois à fond, Sufjan vient de te faire une séance de coach moral. Les violons volent, les synthés partent dans tout les sens, ça rayonne comme la mort, c’est lumineux et on souri comme des niais en écoutant ça et en plus cette partie dure presque 10 minutes, donc tu en as pour ton argent, et te laisser la possibilité de planifier des soirées gospel droguées dans ton appart pour quelques mois. Top. Sauf que le morceau se fait encore aspirer dans les ténèbres, l’ambiance se délite, les instruments se barrent, seul le chanteur et sa guitare reste après avoir essuyé un break electro déstructuré bizarre. Et encore une fois (et cela tombe bien, vu que ce sont les dernières minutes de la galette), c’est absolument mortel, sublime et compagnie. La mélodie à la guitare m’a déchiré le cœur, Sufjan repart dans la dépression, c’est super triste, gros contraste avec la folie joyeuse le précédant. L’optimiste « Boy, we can do much more together » se transforme en « boy, we made such a mess together », alors l’ambiance va de pair. Mélodie superbe, conclusion parfaite, sincèrement.
C’est bien. En même pas deux mois, on se tape deux disques à la richesse incroyable, dévalant sur une année 2010 avec des battes de baseball. Le World’s End Girlfriend et ce Sufjan Stevens partagent plusieurs choses. La richesse des compositions évidemment, burinés par des centaines d’éléments. Les structures escarpées aussi, Sufjan choisissant de foutre le bordel dans ces pop-song en revenant à l’électronique déstructurée. Mais surtout, ils partagent ce même sens mélodique, absolument génial, qui fait tout, qui porte le disque, qui le sublime. Ce The Age Of Adz est grand à ce niveau là. On pourra parler de tout les apparats de ce derniers, de la multitude de détails parasitant tous les morceaux, de la production tellement léchée qu’elle en devient folle. Mais c’est vraiment les mélodies qui survivent au tout. Ces petits moments qui te volent le cœur pour te l’écraser à coup de pompe.
Et contrairement à ses potos de l’indé, Sufjan Stevens n’axe pas son discours sur des arc-en-ciel se faisant enculer par des dinosaures, ou de feux d’artifices maculés de drogues sur une plage de Las Vegas. Nah. Sufjan il a l’air cramé, pas bien, désabusé. Alors il en parle, et ça participe à la beauté du tout. C’est joyeux, mais bancal moralement. C’est euphorique la majorité du temps, mais il y a toujours des relents mélancoliques qui perlent tout au long de la galette.
Bref, ce Age Of Adz est absolument mortel, fantastique, tu le chantes dans ta douche même s’il semble impossible à composer. Bouffé par l’electronica, soigné par la beauté pop. Ultra compliqué, destructuré, fou, mais évident, voir absolu, dans ses mélodies. Je n’y croyais pas en l’achetant, j’ai eu tort, une vraie bombe.
Sufjan Stevens – I Walked
Sufjan Stevens – Too Much
11 Titres – Asthmatic Kitty Records
written by Dat’
This entry was posted on Wednesday, November 3rd, 2010 at 5:49 pm and is filed under Chroniques. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0 feed. You can leave a response, or trackback from your own site.
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