Lightning Bolt : Interview 15/11/2009
Une interview mal préparée donne toujours… (2)
Avoir eu l’occasion d’assister à un live de Lightning Bolt, c’est déjà cool. Sur cette tournée japonaise (Sold out sur sa quasi-totalité ! ), et ce concert en particulier Dimanche dernière, le duo New-Yorkais nous a servi une recette qui participe largement à l’aura du groupe. Ces fameux lives guérillas, à même la foule, avec un Brian Gibson, impassible, qui torture sa basse à l’infini, et Brian Chippendale, le batteur fou, autant occupé à matraquer ses futs qu’à repousser la foule qui lui tombe dessus. Un live de Lightning Bolt, c’est être assuré de se retrouver au milieu d’une mare humaine prête à en découdre. Ca tombait bien, ce soir là, on a vu, dans le desordre : Des gens voler, un mec rebondissant partout en saignant du nez, des coups de coude, un gars à moitié à poil sauter partout, de la sueur, des paires de jambes toucher le plafond de la salle (si si). Au milieu, Lightning Bolt, qui envoie la sauce comme jamais, un bordel de folie, qui nous transforme en zombie, qui transporte, tabasse, dérouille. Essayer de proteger son appareil photo. Prendre son pied, se fondre dans un magma cathartique ayant peu d’équivalent.
Sinon avant Lightning Bolt, il y avait DMBQ, un groupe japonais assez énorme que je ne connaissais pas. Qui envoyait méchamment, sorte de Rock alien protéiforme. Avec un chanteur se foutant subitement un masque à gaz pour amplifier son micro, qui se met à cracher sur le public ou qui s’accroche aux projecteurs du plafond. Aussi, un guitariste qui attaquait les gens avec des objets sympathiques. J’ai reçu un glaçon en pleine arcade sourcilière, elle ne s’est pas ouverte, une bien bonne nouvelle. Ah oui, et un surtout batteur qui joue de la batterie sur le public. Pas DANS le public hein… SUR le public. Dessus quoi. Heureusement, j’ai pris des photos, à voir en fin d’article, sinon comment croire un truc pareil. Je vais vite creuser du coté de leurs disques.
Et hop, j’ai tout à coup l’occasion d’interviewer Lightning Bolt (Brian Chippendale, le batteur, vraiment marrant, même après plus d’une heure de folie), sans avoir de questions préparées à l’avance, et alors que l’on est encore en train de se remettre de la bourrasque balancée par les deux New-yorkais pendant plus d’une heure.
Donc a l’instar de la rencontre avec Antipop Consortium l’année dernière, c’est fait à l’arrache, alors faut improviser et je rage après coup en pensant à toutes les questions oubliées. (Sur le travail graphique de Brian Chip par ex). Pas grave, on fera mieux la prochaine fois.
“Its all about survival”
– Dat’ : Vous avez eu des problèmes il y a 3 ans, lors de votre précédant passage au Japon ?
Brian Chippendale : Oui, on a eu un problème de Visa. Enfin, officiellement, c’était juste un problème de Visa. On est arrivé à l’aeroport, il y avait tous les détails dans des dossiers, tout ce que nous avions fait au niveau du groupe, et ce que nous allions faire au japon. Ils nous attendaient à l’arrivé de l’avion, et au final, on a du repartir aux Usa sans poser les pieds à Tokyo. On suspecte le fait que quelqu’un ait appelé le bureau d’immigration avant que nous arrivions, pour nous foutre des bâtons dans les roues, mais on n’a jamais vraiment su qui et pourquoi…
– Tourner au Japon finalement, ça se passe comment, comparé à d’autres pays ?
BC : On a fait 10 dates déjà, c’est vraiment fun. Bon, il y a une chose que je n’aime vraiment pas, c’est que les gens semblent fumer dix fois trop, et c’est difficile, je ne suis habitué à nager dans la fumée. Ca te tue quand tu veux chanter…
Par contre, les gens aux Japon sont vraiment incroyables, super amicaux et réceptifs. Enthousiasme énorme, toujours enclin à t’aider et à discuter sans arrières pensées, les spectateurs nous aident même à charger/décharger notre matos !
Ah, et la bouffe au Japon est affolante (rires)
– Lightning Bolt est bien connu pour jouer directement au milieu du public, à même les spectateurs, sans barrières. Comment gérez la foule et ses aléas, quelle ne vous écrase pas ?
BC : Je pense que c’est de la chance, tout simplement. Juste de la chance. Bon, encore une fois, au Japon, les gens ont un espèce de savoir-vivre, ils arrivent à se contrôler, à devenir dingue sans dépasser certaines limites. Mais au final, ce soir, quelqu’un est littéralement tombé sur ma batterie donc bon… Mais je crois que c’etait un étranger justement (rires).
Apres c’est les gens bourrés qui sont compliqués à gérer. Par exemple hier soir, j’ai frappé quelqu’un trois fois avec mes baguettes sans faire gaffe, le mec n’arretait pas de tomber sur la batterie au moment où je tapais dessus, donc j’ai du lui blesser la main, le poigner. Enfin, ça fait varier les rythmes (rires)
– Justement, d’ou vient cette idée de jouer au milieu de la foule. Ou tous ces lives dans des Parkings, sous des ponts, en face de la salle de concert ou le concert est prévu… ?
BC : Difficile à dire. On a commencé à faire des lives à même la foule il y a des années. Au départ, on était sur la scène, la haut, à jouer devant 10 personnes maximum qui nous regardaient bizarrement. On s’est dit, “qu’est ce que l’on fout là haut ?” et on a décidé de descendre de la scene. On va dire qu’au début, personne ne venait nous voir en live, il n’y avait que 3 personnes, donc ça allait, ce n’etait pas trop dangereux (rires)
Maintenant, les lives tournent bizarrement parfois, ça devient difficile. Je me suis ouverts le doigt durant un concert cette semaine, parce que les spectateurs étaient trop proches, collés à la batterie, et ils n’arrêtaient pas de faire bouger cette dernière, ça m’a blessé sans que je m’en rende compte.
Faire des lives de la sorte, c’est assez intimidant en fait. A chaque fois, la seconde avant de commencer, on prend une grosse respiration, et Brian et moi, on se dit “Il faut y aller”. C’est comme aller au combat, à un pugilat. Mais on veut vraiment garder cette configuration en live. “Its all about Survival”.
Bon, récemment, on a du rejouer sur scène, on n’a pas le choix quand on est programmé dans un très grand festival, c’est diffèrent d’une petite salle. Le feeling est vraiment different, une sorte d’adrénaline en moins, mais c’est étrange, parfois Lightning Bolt sonne plus sauvage et barré quand on joue sur scène, car on n’a pas à s’inquiéter des instruments qui bougent, des gens qui te tombent dessus, d’une foule qui risque de t’écrabouiller. On peut vraiment se lâcher.
– Vous pensez quoi de la scène underground japonaise ? Je veux dire, Lightning Bolt fait parti des cercles des “fucked-up bands”, et justement, au Japon, il y en a beaucoup…
BC : Il y a énormément de bons groupes au japon. Beaucoup plus de “fucked-up bands” que dans les autres pays, tous concentrés sur un espace pas si grand. Et beaucoup défoncent, et méritent vraiment le coup d’oeil. DMBQ est un groupe fou, assez incroyable. Guitar Wolf est vraiment détraqué comme groupe aussi, dans un genre plus rock. Zero Reality, avec qui on a joué, sont fous, groupe de Noise rock Free Jazz fracassé. On a joué avec Masonna aussi, à Osaka, durant cete tournée ! Ce mec est affolant. Je l’ai vu pour la première fois vers la fin des 90 aux USA, durant le Merzbow / Masonna tour, et c’est un des trucs les plus dingue qu’il m’a été donné de voir…
– Tu as fais le 77Boadrum, projet dirigé par les Boredoms, c’était comment ? (77 batteurs en spirale jouent en même temps)
BC : Ouai, c’était un rêve des Boredoms, ils avaient bien préparé leur coup. C’est vraiment énorme. J’étais un peu méfiant quand on m’a parlé de ce projet, j’avais peur que cela soit du genre une version géante du “on s’assoit ensemble et on tappe sur des bongos” mais en fait c’était génial, complètement fou. La spirale des batteurs, le temps parfait, le couché de soleil pile à la fin, qui donnait directement sur le New York Bridge.
– Pour parler un peu de votre dernier album, Earthly Delights : en France, dans les chroniques comme les impressions, le morceau Colossus revient vachement souvent, tout le monde semble l’apprecier. Pourtant ce morceau a un son plus “Heavy” que d’habitude, et il est un peu plus accessible que les autres morceaux. C’était l’objectif ?
BC : Les gens aiment vraiment Colossus ? Vous êtes bizarre en France (rires) Tous les fans des Melvins crient “Yeah Colossus !” ? C’est cool ça… On ne veut pas réellement prendre cette direction, c’est juste arrivé, sans vraiment le prévoir. On fait énormément de sessions en impro, et un jour, Brian Gibson est arrivé avec ce Riff, qui sonnait mortel, donc on l’a gardé, c’est tout. On ne réfléchie vraiment pas à une direction à prendre, on s’assoit juste dans un coin et on fait du son sans aucun plan ni projet préalable. On enregistre un peu partout d’ailleurs, en tournée, dans les hôtels, on improvise à fond, et on construit des morceaux apres, avec des bases trouvées comme ça.
– Vous pensez que vous allez un jour vouloir tendre vers des morceaux ou des projets plus calculés ?
BC : Non pas vraiment. On pense pas à des schémas pré-établis avant de créer un morceau, genre “Bon, faut que l’on soit archi-violent sur ce morceau !” ou “Hey, on devrait rajouter un orchestre !” (rires)
A la rigueur, pour nos prochains morceaux, j’aimerai bien que notre musique tende vers un truc plus minimal, juste pour essayer. Enlever les trucs superflus, construire des trucs plus directs. Mais vraiment c’est une idée comme ça, pas d’itinéraire ni planification. Et évidemment toujours garder le duo Basse/Batterie, pas de projet d’expansion de ce coté là non plus.
– Bon parlons un peu electro. Ton jeu de batterie est au final pas si éloigné d’un style de rythme que l’on retrouve dans la Drill’n bass, ou autres genre escarpés. D’ailleurs pas mal de gens qui aiment cette frange de la musique électronique aiment Lightning Bolt. C’est un truc que tu écoutes ?
BC : Ben en fait je n’écoute pas énormément cette frange de la musique electro, même si j’apprécie pas mal. J’avais un ami qui en écoutait beaucoup, des trucs bien barrés, donc je lui en ai piqué pas mal, sans même connaître les noms.
Apres pour mes rythmes, je ne sais pas, bien souvent ils viennent d’eux même. J’ai ce besoin inhérent de faire accélérer les choses, ce qui change parfois radicalement le morceau que l’on joue. Genre, sur certaines ébauchent de morceau, je suis supposé jouer plus lentement, mais au final, je pars en vrille et je vais trop vite, ce qui fait que je dois hacher et tailler les rythmes pour les caller… Ce qui ressemblent finalement à ce qui peut se faire en electro.
– Venetian Snares devrait t’engager pour faire ses rythmes en live…
BC : Ouai, et je jouerai juste des lents “boum boum boum” pour désorienter tout le monde (rires)
– Tu n’as pas peur du Carpal Tunnel Syndrome ou autre, à jouer comme un dingue de la batterie ?
BC : Non ça va, pour l’instant mes bras sont encore ok… J’espère qu’ils tiendront encore quelques années (rires)
– Et ton projet solo, Black Pus ? Un vrai album est sorti en 2008…
BC : On a sorti une nouvelle galette il y a peu ! Bon c’est plus un single, mais il y a tous les trucs les plus dingues que je peux faire avec ma batterie et les drums. Black Pus est clairement different de Lightning Bolt. C’est construit plus sur les voix, et avec des Synthés, drums… Juste essayer de prendre son pied, vitesse maximale et tout s’autoriser.
(Des mecs gueulent, ils veulent vider la salle, il faut degager)
– Bon ok, dernière question, deux trois disques à conseiller pour les lecteurs Français qui vont tomber sur cette interview ? Que l’on devrait connaître ?
BC : mmm, il y a ce groupe, Indian Jewelry, ils viennent du Texas. Le nom est bien trouvé, en fait, quand tu conduis travers les Usa, tu vois des tonnes de “Indian Jewelry Stands” le long des routes. Le nouveau cd de ce groupe est vraiment bon ! C’est un peu comme Jesus and Mary Chains, une pop rock bien noisy, bien bizarre. J’aime beaucoup Leonard Cohen aussi, son troisième album, qui avait que 8 titres dedans, vraiment beau, j’ai oublié le nom (Songs About Love And Hate ) J’écoute beaucoup de trucs vraiment différents du son Lightning Bolt en fait…
Ah oui ! il faut vraiment écouter les sorties du label Sublime Frequencies, qui édite des trucs magnifiques complètement barrés, vraiment bizarres, et totalement inconnus à la base. Celui sur les musiques venant de Sumatra est incroyable !! (Radio Sumatra : The Indonesian Fm expérience / Sublime Frequencies)
Photos :
DMBQ Live 15/11/2009 :
Lightning Bolt Live 15/11/2009 :
Lightning Bolt lives Videos :
( Impossible de prendre des videos durant ce carnage, donc on glane quelques vidéos prises sur youtube, qui reflètent toujours bien un Live de L Bolt. Perso, je ne me lasserai jamais de regarder la premiere…)
Lightning Bolt live Hallowen Show
Lightning Bolt live Paris, Vilette Sonique May 2009
Thanks to Cecile & JN
Dat’
This entry was posted on Saturday, November 21st, 2009 at 9:25 am and is filed under INTERVIEWS. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0 feed. You can leave a response, or trackback from your own site.
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Génial !
Bravo pour cette interview, contrairement à ce que tu dis, tu l’as super bien menée, et en plus il a l’air super sympa et content de te répondre :D, j’ai adoré sa réponse à ta remarque sur Venetian Snare mdr ^^
Par contre pas sûr d’aller voir un jour DMBQ en live lol
yes ca avait l air bien j ai loupe ca
c etait ou?
J’ai beaucoup aimé cet interview, on sent la personne très accessible!
rah Lightning Bolt comme c’est bon ça 😎
tu tes gavé sur le coup, je te l’ai toujours dit mais je suis certain que tu peut percer dans ce milieu Dat!
tes chroniques sont déjà excellentissime (et souvent inédite) et si en plus tu te lance des les interviews!
K ==> Merde j’etais certain d’avoir répondu à ta question cette semaine, à croire que j’ai fais sauter mon commentaire sans m’en rendre compte, désolé. Va falloir que je pense à dormir…
Euh donc je disais que c’etait au Fever, salle un peu excentrée mais bien sympa, assez arty…
TKR ==> ahah merci !
Janvier18 & Sylvain ==> il faut dire que le mec est vraiment sympa, super cool, meme apres avoir passé une heure et demi au milieu de gens qui lui sauter sur la tronche en hurlant ^^
Salut Dat’,
c’est juste pour te remercier pour ce que tu fais. Encore merci même si ce n’est pas la première fois. (Je suis un fidèle de longue date!)
La prochaine je te donne l’adresse de mon blog.
Have fun.
Yo mec, je me suis relu ton billet en souvenir de ce plan “lol” ^^. C’était en effet très cake là bas, un très bon souvenir même si sur le coup, je me suis demandé ce qui se tramait :D.
En tout cas, ça fait plaisir à lire.
A très bientôt!
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