Nankotsu sellers







Nous savons tous que dans l’électronique / Hip-Hop nippon, surnagent quelques têtes, indétrônables, et au rayonnement tel que certains se posent en incontournables de la scène internationale dans leurs discipline respective… ( Qui a dit Dj Krush? Shogu Tokumaru? Cornelius? Tha Blue Herb? Dj Honda? Koda kum…euuh..)

Honte à moi, je ne connaissais point le groupe Cappablack, pourtant considéré comme un groupe incontournable dans la musique “underground” nipponne avec leur ancienne galette “The state Of night”…


Façades And Skeletons, sorti le mois dernier sur le très bon Label “Scape”, permet donc de découvrir ce groupe qui arrive en 60 minutes à se hisser dans les meilleurs disques provenant du Japon qui ait pu échouer dans mes oreilles…









Livret assez épuré mais classieux avec ces photos d’une galerie Japonaise bien sombre et d’un menu d’un Fastfood en detail.

Pour dépeindre rapidement ce Façade and Skeletons, nous plonge la tête de force en pleine électronique froide, à la structure et aux beats bien HipHop, s’offrant sur une demie douzaine de titres, avec l’américain Awol One, qui n’est plus à présenter, et “Emirp” un MC japonais qui semble être la dernière révélation du genre.





Counterattack Intro, morceau à part entière, ne nous ferra pas mentir sur le penchant assumé Hiphop du duo japonais, avec basses bien lourdes et samples scratchés. Rien de révolutionnaire certes, mais une bonne mise en bouche avant le morceau suivant, premier d’une longue série de tueries bien sombres et expérimentales…





Slide Around est clairement représentative de l’ambiance générale de l’album. Beats rampant, sourds, structure peuplée de petits cliquetis en tout genre, synthés fantomatiques planants. L’ambiance est malsaine, presque mystique, et s’offre le luxe d’inviter “Awol One” dans sa transe. Le flow de l’americain, comme à l’accoutumée, est étonnant à la première écoute, traînant, lymphatique au possible, presque lent, comme si tous les psychotropes du monde s’accumulaient sur ses épaules. Mais cette indolence prononcée sied parfaitement à l’ambiance noire et métallique du morceau. On pense tout de suite au groupe “Antipop consortium”, ou à un Shinso du maître Krush en plus épuré. Enorme.


Pas le temps de reprendre ses esprits, car Cappablack assène un autre trésor, avec en featuring le Japonais “Emirp” sur New Tone le tout dans sa langue natale s’il vous plait. Morceau qui nous fait presque croire que le japonais a été inventée pour le HipHop, sec, claquant. Avec une diction rapide au possible, Emirp impressionne sur un rythme (En 6/8 comme ils disent) non moins saisissant, complètement décomposé, polymorphe, mutant. Il nous donnerait presque envie de sauter les morceaux pour écouter directement ses autres performances sur ce disque.






On arrête d’enfiler les diamants? Un disque de la sorte se doit de connaitre une petite pause, un creux, même insignifiant, pour reposer ces auditeurs après 2 baffes aussi conséquentes?
Raté. Evil Clap va réveiller votre penchant pour la musique électronique aride et belle comme la nuit.
Le son tout d’abord, frappant au possible, d’une qualité extrême. Un son architectural, au mastering étonnant au casque. (La preuve irréfutable étant de se retourner instinctivement ou de retirer son casque à l’arrivé de certaines sonorités sur cette piste, comme si elles débarquaient de l’extérieur. Déroutant la première fois).
On sublime le tout avec une mélodie crachée par un synthé rachitique, tout droit sorti des derniers disques d’Autechre. A dire vrai, Le morceau même aurait pu être enfanté par ce groupe mythique de Warp, dépouillé de toute abstraction trop importune.
Même basses massives, mêmes rythmes concassés caractéristiques, se nécrosant comme une balle rebondissante en fin de vie (difficile à décrire évidemment), même lignes de synthés déshumanisées. Minimaliste au possible, et pourtant indispensable au demeurant, Evil Clap est LA réussite instrumentale de cet album, à écouter avec concentration évidemment…





Awol One se permettra même de nous piétiner tendrement après l’égorgement perpetré par Cappablack sur les 3 tueries précédentes avec Hear No Speak No et ses basses ultra massives. Faire trembler les murs en poussant le son à fond, n’effaçant pourtant au grand jamais la voix fétide d’Awol One, se transformant petit à petit en vrai Zombie, aux grés des modifications de ses interventions par les machines des deux japonais.


Component And Variables souffre sans contestation possible de la comparaison avec ses prédécesseurs. Non pas qu’il soit dénué d’intérêt, loin de là… Cette rythmique 8 bits décharnée, parsemée de scratchs bien sentis et habillée d’une rythmique Hiphop bien lourde est même plutôt agréable, malgré sa déstructuration quasi incessante. Il ne restera simplement pas dans les mémoires. D’autant plus que ce morceau est celui donné en téléchargement libre sur Internet pour “représenter” cet Album. Ne vous y fiez pas, il pourrait même vous induire en erreur sur la qualité étourdissante de ce disque… Passer outre ce morceau pour une première écoute, puis délectez vous en entre les multiples bombes qui composent ce “Facades and Skeletons”






D’autant plus que City Of Amnesia le succède. Bénéficiant d’une longue entré en matière de presque deux minutes, où un piano donne le ton à des voix fantomatiques et autres sons non indentifiables prenant de plus en plus d’importance, City Of Amnesia va exploser superbement avec une rythmique bien appuyée, vous donnant irrémédiablement l’envie de vous tordre le coup en bougeant de haut en bas. Le morceau va même flirter avec l’orgasme en faisant intervenir succinctement un accordéon pour lui faire pleurer quelques notes. On filtre le tout, on le porte aux nues. Sublime.





Dans un registre plus guilleret, 5th Dimension (anti-Imperialisme disco) va étonner avec son sample oriental et son ossature Hiphop, rendant le tout vraiment agréable, et Harder To Unravel qui lorgnera vers le funk dépouillé, sympa bien qu’un peu répétitif. Les deux morceaux seront séparés par un intriguant Them In Us, interlude de 30 secondes.






On va revenir dans la performance vocale sur la dernière ligne droite de l’album, avec deux morceaux où le talent d’Emrip et de ses beatmakers du jour va encore jaillir de toute part :

Akurai-Mirai nous replonge dans les ambiances métalliques et taillées à la serpe de Cappablack, avec une instrue peut être encore plus barrée que New Tone bien que moins cadencée. Emrip se porte comme un charme dans ce qui aurait pu se dissimuler dans la Bande Original d’un Tetsuo sans problème. Le tout impressionne encore, d’un point de vu vocal comme instrumental. La dernière apparition d’Emrip étonnera d’autant plus sur Tokatonton, le titre prenant le contre pied total avec ses deux autres featurings, l’ambiance étant plus proche d’un du Hiphop enfumé que d’une partouze de circuits électriques.
Apaisante, hypnotisante même, ce morceau donne surtout envie de voir ce dont est capable le MC Japonais en solo, ayant la stature d’un Ill bosstino de Tha Blue Herb en éclosion… Un sans faute sur ce disque pour Emirp…





La conclusion se fera du coté de Suikinkutsu 09.12.2003. Basé sur les sonorités d’un Suikinkutsu, sorte de pot japonais amplifiant le bruit de l’eau contenue en son sein (je l’ai appris avec cet album, je vous rassure). Le morceau offre donc des sonorités cristallines et apaisantes. Rehaussé d’une rythmique sourde, Cappablack a le bon goût de faire intervenir à nouveau un Accordéon, variant sur les multiples digressions sonores égrenées durant ces 4 minutes apaisantes, presque sédatives. (Dans le bon sens du terme…) On ne pouvait pas rêver mieux pour mettre un point final à ce “Facades And Skeletons”, qui fera date.







On va ratisser large. Ce disque va clairement plaire à tout amateur d’électronique un peu expérimentale, noire, froide et disloquée. Mais cette facette n’est qu’un pan de cette galette, qui ravira tout autant les amateurs de HipHop bien perché. D’ou mon hésitation de classer ce disque dans la catégorie “HipHop” ou “électro”, même s’il se retrouvera dans les deux catégories de l’index des chroniques…


En attendant, vous aimez Dj Krush (surtout son “Shinso” ou “Jaku”), Antipop Consortium, Amon tobin, Abstract Keal Agram, Autechre, le Rap Japonais, et toute autre expérimentation sonore, penchez vous sur ce disque, il en vaut vraiment la peine, flirtant bien des fois avec l’excellence…






De ce pas, je vais voir de quoi il en retourne sur l’album du meme groupe sensé être culte dans le Hiphop japonais, “The State Of night”…







merci Internet Explorer, qui efface tout en pleine écriture au fait… vous excuserez donc le coté fignolé un peu “à la hate”

This entry was posted on Tuesday, October 23rd, 2007 at 7:20 pm and is filed under Chroniques. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0 feed. You can leave a response, or trackback from your own site.